1-In Time Main Theme 1.35
2-Lost Century 1.58
3-Dawn in Dayton 1.26
4-The Cost of Living 1.40
5-Mother's Run 2.55
6-Zones of Time 2.11
7-Welcome to New Greenwich 1.11
8-Waking Up in Time 0.45
9-An Hour Ahead 0.52
10-Ocean 1.33
11-Abduction 2.24
12-Whatever We Have To 2.37
13-Mother's Dress 0.45
14-Clock Watching 2.25
15-Sylvia Shoots 2.08
16-Backseat Love 1.38
17-Giving It Away 1.12
18-Rooftop Chase 2.52
19-You Saved My Life 1.07
20-Surrender 1.53
21-To Be Immortal 1.53
22-Leaving The Zone 1.31
23-In Time Choral Theme 3.20
24-There's Still Time 0.45
25-In Time Main Theme
(Orchestral Version) 2.24

Musique  composée par:

Craig Armstrong

Editeur:

Lakeshore Records LKS342422

Score produit par:
Craig Armstrong
Consultants musicaux:
Dave Jordan, Jojo Villanueva
Consultant musical:
Gary Calamar
Monteur musique:
Zig Gron
Orchestrations:
Matt Dunkley
Préparation musique:
Dakota Music Service
Arrangements additionnels et
programmation de:
David Donaldson, Scott Fraser
Programmation additionnelle:
T.J. Lindgren
Supervision score et
assistant de Craig Armstrong:
Emma Ford
Coordinateur score:
Audrey DeRoche
Music clearance et
Legal Services:
Christine Bergren
Producteurs exécutifs de l'album
pour Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis
Directeur A&R:
Eric Craig
Direction artistique:
John Bergin

Artwork and pictures (c) 2011 Twentieth Century Fox Film Corporation/(p) Regency Entertainment (USA), Inc. in the U.S. (c) 2011 by Monarchy Enterprises S.a.r.l. in the reste of the world. All rights reserved.

Note: ***1/2
IN TIME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Craig Armstrong
Après son fameux « Lord of War » sorti en 2005, le réalisateur néo-zélandais Andrew Niccol n’avait plus rien réalisé depuis quelques années. C’est ainsi que son « In Time » (Time Out) marque son retour tant attendu sur la scène hollywoodienne avec un retour au genre de la science-fiction, registre dans lequel Niccol se fit connaître dans son premier film « Gattaca » sorti en 1997. Film de science-fiction dystopique sorti en 2011, « In Time » nous plonge dans un futur lointain, en 2070, alors que la société est désormais dirigée non plus par l’argent mais par le temps, qui est devenu une nouvelle unité monétaire mondiale, alors que les humains ont été génétiquement modifiés afin de ne plus vieillir au delà de l’âge de 25 ans. Lorsque les humains atteignent cet âge, un compteur intégré dans leur avant-bras fait soudainement son apparition et se met en marche, crédité d’une année : les numéros indiquent ainsi le temps qu’ils leur restent à vivre, et si le compteur arrive à zéro, ils meurent. S’ils veulent vivre plus longtemps, les humains doivent racheter du temps en rechargeant leur compteur au moyen d’appareils que l’on plaque sur le bras ou par apposition du bras d’un autre individu pour transférer le crédit. La société est désormais scindée en deux : les riches, qui disposent d’énormément de temps et vivent quasiment une éternité, sont regroupés dans une zone ultra protégée par des péages très coûteux, hors d’atteinte des pauvres. Ces derniers vivent dans des ghettos et luttent pour trouver un peu de temps et espérer survivre. Will Salas (Justin Timberlake) est l’un de ses individus, qui vit dans le ghetto de Dayton avec sa mère Rachel (Olivia Wilde). Un jour, Will sauve la vie d’Henry Hamilton (Matthew Bomer), un riche homme d’affaires qui a fait fortune il y a plusieurs millénaires. En guise de remerciement, Hamilton lui fait un cadeau inespéré : il offre à Will tout ce qu’il possède sur son compteur, à savoir un siècle de vie, et ce avant de se suicider. Hélas, Will arrive trop tard pour en faire profiter sa mère, à qui il ne reste plus de temps, et qui décède ainsi tragiquement dans ses bras alors qu’elle souhaitait simplement prendre le bus. Persuadé que les riches mentent et volent le temps des pauvres depuis très longtemps, Will se met en tête de quitter le ghetto et de découvrir la vérité, l’occasion pour lui de venger la mort tragique de sa mère et de rétablir l’ordre et la justice. Il se met alors en route vers la zone de New Greenwich, poursuivi par les gardiens du temps de l’agent Raymond Leon (Cillian Murphy) et le sinistre Fortis (Alex Pettyfer). Arrivé dans un casino prestigieux, Will fait la connaissance de Philippe Weis (Vincent Kartheiser), gérant d’une grande banque de temps et propriétaire de plusieurs milliards d’années, qui l’invite alors à une soirée organisée chez lui, en compagnie de sa fille Sylvia (Amanda Seyfried). Mais les gardiens du temps l’ont retrouvé, et Will, qui est suspecté d’avoir assassiné Henry Hamilton, doit de nouveau fuir : prenant en otage Sylvia avec laquelle il s’enfuit, Will décide finalement de braquer des banques de temps en compagnie de Sylvia, qui devient finalement sa complice et cherche à nuire à son père. Ils décident ensuite de redistribuer le temps aux pauvres et de rétablir l’ordre des choses.

En s’inspirant d’une nouvelle française de Marcel Aymé, « La Carte » (extraite du recueil « Le Passe-muraille » et publiée en 1943), Andrew Niccol se réapproprie brillamment le concept révolutionnaire de l’oeuvre d’origine et nous propose un thriller de science-fiction tout bonnement étonnant, suivant le concept atypique du temps ayant remplacé l’argent en guise de monnaie, et des compteurs de temps intégrés dans les bras de chaque individu. Dressant un constat plutôt noir et cynique de la civilisation humaine du futur, Niccol surfe sur les thèmes chers au cinéma d’anticipation : l’éternelle lutte des classes, la manipulation des élites, la quête idéale de la jeunesse éternelle et de l’immortalité, la dénonciation du capitalisme sauvage, etc. (On pense parfois à des classiques du genre comme « Logan’s Run », qui abordait déjà un sujet vaguement similaire sur l’idée de la quête de la jeunesse éternelle dans une société soumise au diktat du jeunisme et de l’amusement perpétuel). Abordant un point de vue résolument satirique sur le monde de demain, le cinéaste nous propose ainsi un mélange détonnant d’action, de suspense et de romance avec un Justin Timberlake épatant et très à l’aise dans son rôle, accompagné de quelques rôles solides incluant Amanda Seyfried, Olivia Wilde, Cillian Murphy, Vincent Kartheiser, etc. Hélas, si la première heure fonctionne parfaitement, mettant les différents éléments de l’intrigue en place, on restera davantage circonspect concernant le deuxième acte, moins passionnant et moins abouti, et qui a tendance à délaisser les thèmes abordés dans le début du film. Niccol tombe rapidement dans les pièges des productions hollywoodiennes habituelles en transformant cette satire de la société du futur et du capitalisme sauvage en une sorte de course contre la montre et de chasse à l’homme banale entre gentils et méchants, privilégiant alors l’action sur la réflexion, la forme sur le fond. Dommage, car étant donné le concept audacieux et étonnant du film, il y avait vraiment moyen de faire quelque chose de plus passionnant et de plus abouti. De là à dire qu’Andrew Niccol n’a pas traité son sujet en or de la manière la plus convaincante qui soit, il n’y a qu’un peu à franchir. Il n’en demeure pas moins que « In Time » reste un film de science-fiction plutôt original et assez intéressant dans son genre, une belle surprise à découvrir sans plus tarder !

Le compositeur écossais Craig Armstrong signe pour « In Time » une partition rythmée et moderne, partagée entre orchestre symphonique et rythmes/samples électro-techno habituels. Le mélange de ces deux axes musicaux permet au compositeur d’évoquer à la fois l’humanité (l’orchestre) et la société du futur (l’électronique), le tout avec le style dramatique/mélancolique habituel si cher au compositeur de « Romeo + Juliet », « Moulin Rouge » et « Bone Collector ». Enregistrée à Londres au cours de l’été 2011, la partition de « In Time » mélange orchestre, instruments solistes ethniques (pour évoquer le mélange des cultures et d’ethnies dans la société de 2070) et synthétiseurs modernes pour parvenir à ses fins, évoquant principalement les sentiments et émotions de Will et Sylvia dans un monde futuriste cynique décadent – d’où le recours aux sonorités électro contemporaines – Le score repose essentiellement sur un magnifique thème principal, « In Time Main Theme » qui se distingue par ses accords tragiques et élégiaques de cordes sur fond de loop électro et de duduk arménien pour l’aspect plus exotique/ethnique. Un deuxième thème fait rapidement son apparition dans le film, et, curieusement, il est aussi intitulé « In Time Main Theme » (alors qu’il ne s’agit pas du tout du thème entendu dans la première piste de l’album !). Cette confusion d’intitulé autour de ces deux thèmes peut prêter à sourire, mais que l’on ne s’y trompe pas : ces deux thèmes sont bien présents et bien délimités tout au long du récit. Le premier est associé à l’idée d’une humanité cloisonnée et livrée à l’injustice, tandis que le second évoque la quête de justice de Will pour un monde meilleur, libéré des contraintes imposées par les riches capitalistes qui contrôlent avidement le temps. Quand aux choix stylistiques de la partition, Craig Armstrong les explique très clairement dans une note du livret de l’album :

« J’ai pensé que des éléments de musique européenne, classique, du monde et de l’électronique pourraient se combiner pour créer une oeuvre fascinante. C’était avec ce concept que nous nous sommes embarqués sur cette aventure musicale. »

Le but du compositeur était en suite d’unifier le tout avec une esthétique musicale cohérente et globale, ce à quoi Armstrong répond par une approche essentiellement axée autour du traditionnel duo orchestre/synthétiseurs. « Lost Century » impose clairement cette dualité musicale en partageant la musique entre un travail fourni autour des cordes et un ensemble de percussions samplées (provenant en grande partie de la banque de son « Stormdrum » de chez East-West) et de drum loops électro typiques des musiques synthétiques d’aujourd’hui. On pourra noter le rôle intéressant des vocalises féminines de Catherine O’Halloran et du piano atmosphérique dans « Dawn in Dayton » ou le caractère tragique et mélancolique de « The Cost of Living », qui dévoile les accords dramatiques et touchants du thème de Will et Sylvia. Craig Armstrong a toujours apprécié les ambiances dramatiques et mélancoliques, et son travail sur « In Time » ne change rien à la règle, comme le confirme grandement un morceau comme le poignant « Mother’s Run », formidable montée tragique durant la scène où la mère de Will court pour finalement mourir au dernier moment dans ses bras, faute de temps. C’est l’occasion pour Armstrong de développer encore une fois son très beau thème principal qui apporte une émotion constante aux images et rappelle le soin avec lequel Craig Armstrong suggère brillamment les sentiments humains plus que l’action à proprement parler. Certains passages plus électro comme « Zones of Time » déçoivent en revanche par leur côté plus quelconque et impersonnel, semblant surgir tout droit de n’importe quelle partition synthético-orchestrale de chez Remote Control. Element intéressant à noter, l’utilisation de notes vaguement orientalisantes dans le jeu des cordes vers la fin de « Zones of Time » ou au début de « Welcome to New Greenwich », ces sonorités rappelant l’aspect multiculturel et ethnique du ghetto d’où provienent Will et ses proches. Un morceau comme l’intime « Waking Up in Time » est quand à lui assez typique du style habituel de Craig Armstrong, partagé entre le piano et les cordes sur une très belle reprise du thème de Will/Sylvia. On pourrait aussi relever « Ocean » avec son mélange de cordes, piano et sound design atmosphérique tendance new-age.

L’action débute vraiment avec « Abduction », alors que Will kidnappe Sylvia et que les choses commencent à se gâter pour lui. Craig Armstrong décide alors de mettre ici l’accent sur les loops électro et les samples de percussions à la Remote Control, tandis que la partie orchestrale reste très présente et assez fournie, entre des cordes survoltées et des ponctuations de cuivres de l’orchestre de Londres, « Abduction » restant à coup sûr l’un des passages les plus spectaculaires de la partition de « In Time ». Malgré la présence de rythmes électro modernes et de sound design, Craig Armstrong parvient à conserver un ton très mélodique et tonal dans sa partition, usant d’ailleurs régulièrement de tonalités mineures pour mieux souligner l’aspect mélancolique et dramatique de sa musique à l’écran (les tonalités majeures étant quasiment absentes du score !). Là aussi, c’est un truc typique de Craig Armstrong qui semble totalement familier pour les connaisseurs du musicien, qui ne prend guère de risque dans des passages comme l’intime « Backseat Love » ou la très belle reprise du thème principal dramatique dans « Giving it Away » avec des cordes synthétiques et un duduk mystérieux. Finalement, ce sont les passages d’action comme « Rooftop Chase » qui déçoivent davantage par leur côté plus quelconque, usant de formules musicales toutes faites, « Rooftop Chase » étant par ailleurs une variante similaire de l’entraînant « Abduction ». Le matériau action de « Abduction » et « Rooftop Chase » débouche finalement dans un superbe condensé d’1min30, « Leaving the Zone », qui développe le superbe thème principal dramatique sur un rythme électro/action plus nerveux, lors du final du film, « Leaving the Zone » étant un autre passage majeur du score de « In Time ». Difficile aussi de passer à côté de la beauté tragique et élégiaque de « In Time Choral Theme », avec des vocalises féminines éthérées et mélancoliques à couper le souffle, d’un lyrisme sobre et renversant : du grand Craig Armstrong !

Ainsi donc, le compositeur va droit où on l’attend sur « In Time » et apporte un savant mélange d’émotions, de drame, d’action et de rythmes modernes au film d’Andrew Niccol, suggérant chaque émotion et sentiment avec une justesse constante, tandis que le compositeur n’oublie pas pour autant les aspects futuristes et humains du film ainsi que l’idée d’une longue chasse à l’homme sur fond de lutte pour la justice. Ces différents éléments s’agencent et se mélangent ensemble avec un intérêt constant dans le film, et ce même si Craig Armstrong n’apporte rien de bien neuf sur « In Time ». Le score vaut donc pour son habileté à mélanger le lyrisme des deux thèmes mélancoliques – qui apportent un impact émotionnel vibrant à l’écran - et l’aspect plus moderne des rythmes électro/techno du reste de la partition, une jolie réussite absolument typique de Craig Armstrong !





---Quentin Billard