1-Buried Alive (Main Titles) 4.20
2-Left for Dead 7.52
3-Prodigal Son 3.48
4-Human Pincushions 4.17
5-Asphalt Pancake 1.47
6-Evidence of Bodies 3.11
7-A Troubled Conversation 2.08
8-Cage Match 5.22
9-One Weird Place 1.08
10-House of Ill Repute 2.42
11-Spoiled Chocolate 1.45
12-Be Mine 4Ever 6.18
13-Dental Work 4.50
14-The Wind Up 6.44
15-Triumvirate 8.14
16-An Axe to Grind 6.07
17-First Responder 2.51

Musique  composée par:

Michael Wandmacher

Editeur:

Lions Gate Music no label number

Score produit par:
Michael Wandmacher
Orchestre:
Northwest Sinfonia
Score mixé par:
Mark Curry
Orchestrations:
Susie Benchasil, Michael Wandmacher
Conduit par:
Susie Benchasil
Monteur musique:
Joshua Winget
Programmation électronique,
guitare et percussions de:
Michael Wandmacher

Pour Lionsgate:

Direction musicale:
Jay Faires
Directeur musique:
Tracy McKnight
General Manager & EVP,
Business Affairs:
Lenny Wohl
Superviseur musique film & TV:
Diana Beas
Superviseur finance,
budgets musicaux:
Chris Brown
Soundtracks & Digital Music:
Chris Fagot

Artwork and pictures (c) 2009 Lions Gate Films Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
MY BLOODY VALENTINE 3D
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Wandmacher
« My Bloody Valentine 3D » (Meurtres à la St-Valentin) est le remake du film d’horreur homonyme de 1981, célèbre pour avoir été largement censuré par la MPAA de l’époque (le film aurait été amputé de la plupart des scènes gores/violentes). Réalisé par l’artisan Patrick Lussier – auteur de « Dracula 2001 » et « Drive Angry », et aussi monteur chez Wes Craven – cette nouvelle version 2009 de ce classique du slasher movie des années 80 se propose de revisiter l’histoire d’origine filmée en 3D : dans la petite ville minière américaine d’Harmony, six mineurs se retrouvent bloqués dans un accident survenu le jour de la St-Valentin de 1997. Six jours plus tard, l’équipe de secours découvre les corps des 5 mineurs, tandis que l’unique survivant, Harry Warden (Richard John Walters), est dans le coma, ayant survécu après avoir tué les autres mineurs avec son piolet pour pouvoir respirer. Tom Hanniger (Jensen Ackles), le fils du propriétaire de la mine, est accusé d’avoir provoqué l’accident suite à une négligence due à son inexpérience dans le domaine. Un an plus tard, Harry Warden se réveille de son coma le jour de la St-Valentin et décide de se venger en éliminant les responsables de son accident. Il tue alors 22 personnes avant d’être finalement abattu par deux agents de police. 10 ans plus tard, Tom Hanniger réapparaît à Harmony, hanté par les erreurs de son passé. Il retrouve alors son amour de jeunesse Sarah (Jaime King), qui est aujourd’hui mariée à Axel Palmer (Kerr Smith), le shérif de la ville, espérant ainsi démarrer une nouvelle vie et oublier le passé. Mais rien ne va se passer comme il l’avait prévu, car le tueur minier semble de retour et les meurtres se multiplient à nouveau, comme il y a 10 ans, alors que tout le monde sait qu’Harry Warden est de retour pour terminer ce qu’il a commencé il y a bien longtemps, et accomplir ainsi sa quête de vengeance.

Si le « Bloody Valentine » de 1981 était un modeste film d’exploitation tourné au Canada avec peu de moyens mais une réelle volonté de verser dans l’horreur pure – tout en s’inspirant des deux célèbres slasher-movies de l’époque, et notamment « Halloween » de John Carpenter (1978) ou « Friday the 13th » de Sean S. Cunningham (1979) – ce « Blooy Valentine 3D » version 2009 va plus loin en permettant à Patrick Lussier de filmer l’horreur avec une caméra HD 4K dernier cri, offrant une nouvelle dimension à l’épouvante. Ce procédé n’est pas neuf car bon nombre de réalisateur de films d’épouvante ont déjà adopté la technique de la 3D auparavant (on se souvient par exemple de « Jaws 3-D » en 1983 ou « Friday the 13th Part III » en 1983), mais Patrick Lussier s’en tire admirablement bien sur « My Bloody Valentine 3D », utilisant toutes les possibilités de cette technologie durant les scènes horrifiques/gores, qui ne manquent pas. Effectivement, si le film de 1981 avait été totalement charcuté par la censure, Lussier se lâche sur la version 2009, allant même jusqu’à réintégrer des plans gores initialement prévus pour le film original : au menu des festivités, tête tranchée en deux, énucléation d’un vieux policier à la retraite, corps atrocement mutilés, coeurs arrachés (que le tueur envoie ensuite au shérif dans une boîte de chocolats en forme de coeur pour la St-Valentin), cadavre retrouvé dans une machine à laver, crâne transpercé, etc. Le film est aussi connu pour une scène très particulière, celle où l’actrice Betsy Rue court pendant près de 10 minutes dehors entièrement nue (et on voit tout, sans aucune censure !) durant la scène de la tuerie du motel : cette scène déjà anthologique est considérée encore aujourd’hui comme l’une des plus longues séquences de film qui montre une jeune femme totalement nue dans un film d’horreur - on pourra toujours trouver cela complètement gratuit et voyeuriste, mais quand on sait à quel point le film canadien de 1981 a été massacré par la censure, c’est une sacré belle revanche pour Patrick Lussier sur son film ! – Pour le reste, pas de quoi s’extasier : le film reprend tous les codes du genre et l’intrigue est similaire à celle du film de 81 : on devine donc tout ce qui va se passer à l’avance, le twist final (même sans avoir vu le film d’origine) est assez prévisible, le scénario sent le réchauffé, les personnages sont creux, les scare jumps sont ringards, etc. Restent des scènes gores violentes et ultra sanglantes, un rythme assez soutenu et une utilisation plutôt fun de la 3D qui font de ce remake une version largement supérieure à celle de 1981.

Le compositeur Michael Wandmacher est devenu un spécialiste des musiques de film d’horreur et de thriller depuis le début des années 2000, composant ainsi des scores pour des films tels que « Cry Wolf » (2005), « The Killing Floor » (2007), « Train » (2008) ou, plus récemment, « Piranha 3D » (2010), « The Last Exorcism Part II » (2013) ou « 13 Sins » (2014). C’est donc sans surprise que Wandmacher fut engagé pour écrire la musique de « My Bloody Valentine 3D », pour un résultat somme toute assez banal et prévisible. Comme souvent avec le compositeur, le score de ce film se partage entre une partie électronique/rock entièrement programmée et interprétée par Wandmacher lui-même, tandis que les parties orchestrales, enregistrées avec les musiciens du Northwest Sinfonia de Seattle, s’articulent autour du trio habituel de cordes/cuivres/percussions. Un premier survol de la partition nous permet très vite de poser une première affirmation : le score de « My Bloody Valentine 3D » ressemble à tous ceux écrits habituellement pour ce type de film. Totalement interchangeable, la musique débute pourtant sur un « Buried Alive (Main Titles) » plutôt nerveux et incisif, avec ses rythmes électroniques, ses cuivres dissonants et ses cordes amples et violentes annonçant le cauchemar des meurtres d’Harry Warden. Cette ouverture dévoile par la même occasion le thème principal (à 1:10 aux cordes), associé à Tom Hanniger dans le film, mais qui risque fort de passer totalement inaperçu lors d’une première écoute. Wandmacher a choisi de restreindre la thématique au maximum, empêchant ainsi son thème principal de se concrétiser réellement, hormis une reprise rock appréciable du thème d’Hanniger dans le final de « First Responder ». La partie électronique est, sans surprise, assez présente pour camper l’univers urbain moderne de ce slasher movie en 3D, même si Wandmacher parvient toujours à offrir une place privilégiée à l’orchestre. Les dissonances et l’atonalité sont ici de mises, là aussi sans surprise, avec bon nombre de mesures de cordes stridentes, de clusters suffocants, de sforzandos tonitruants de cuivres, etc. Etablissant d’emblée l’ambiance horrifique de sa musique, Michael Wandmacher va là où on l’attend et joue la carte de l’épouvante musicale sans grande originalité. Les 7 minutes de « Left for Dead » illustrent ainsi les premières attaques d’Harry Warden dans la mine au début du film, avec le retour des cordes stridentes et des techniques instrumentales avant-gardistes : on remarquera la façon dont Wandmacher fait hurler les cors dans l’aigu, accompagnés parfois de glissandi stridents rapides de piccolo ou d’autres bois aigus, tandis que les nappes synthétiques et les FX en tout genre viennent renforcer le suspense et la tension, rendant la présence d’Harry Warden encore plus maléfique et terrifiante.

Visiblement à l’aise dans ces longues plages de suspense, Michael Wandmacher sait aussi faire éclater l’orchestre dans des sursauts de terreur impressionnants mais bien souvent trop brouillons, qui se limitent à un amoncellement de dissonances stridentes – curieusement, l’orchestre crédité sur l’album semble sonner de manière un brin ‘cheap’ par moment, comme s’il s’agissait de samples d’orchestre, ce qui renforce le côté série-B modeste de la musique dans le film – Ce caractère brouillon, on le retrouve souvent dans le pupitre des cuivres, que Wandmacher utilise systématiquement dans les effets sonores (sforzandos, glissandi rapides, trilles, etc.) au lieu de leur offrir des parties plus conséquentes. Ajoutons à cela un mixage souvent noyé dans la réverbération pour certains passages – ce qui pourrait expliquer en partie le côté ‘synthétique’ de certains passages orchestraux – et l’on obtient un résultat pas vraiment passionnant à écouter sur l’album, même si le résultat à l’écran est indiscutablement réussi. La guitare électrique et le piano de « Prodigal Son » tentent de calmer le jeu en annonçant le retour d’Hanniger dans la ville d’Harmony, un passage minimaliste qui dévoile quelques sonorités rock plus typiques du compositeur. C’est alors que l’on rebascule à nouveau dans l’horreur avec le déchaîné « Human Pincushions », 4 minutes d’anarchie orchestrale pure et dure où se multiplient dissonances, stridences, synthés brumeux et samples d’orchestre à tous les étages durant une nouvelle scène d’attaque du mineur fou. Certains passages frôlent la cacophonie pure afin de mieux retranscrire la violence des meurtres d’Harry Warden à l’écran, Wandmacher profitant de l’énergie massive du Northwest Sinfonia pour libérer ses assauts de terreur musicale sans la moindre subtilité. Bourrin à l’extrême, le score ne profite même pas d’un quelconque thème principal comme dans les musiques horrifiques de Christopher Young ou de Marco Beltrami : Wandmacher n’est guère prompt à s’embarrasser de détails et prend le chemin le plus direct pour arriver à ses fins, quitte à nous perdre en route !

Les morceaux se suivent alors et se ressemblent dangereusement, sans apporter le moindre truc particulier aux images du film. Le compositeur se contente bien souvent de recycler les formules musicales des scores de slasher movie moderne, expérimentant autour de l’électronique atmosphérique comme il le fait dans « Asphalt Pancake » ou dans « Evidence of Bodies » sans grande imagination particulière. Quelques passages plus mystérieux et mélancoliques permettent de refléter les sentiments des personnages principaux, comme dans l’intime « A Troubled Conversation » et son joli mélange de piano et synthé, tandis que les sonorités rock reviennent dans « Cage Match » pour la fameuse scène du meurtre de la blonde nue dans le motel : ici aussi, la violence des attaques du mineur psychopathe est largement retranscrite par une accumulation de dissonances, de sursauts orchestraux anarchiques et de percussions synthétiques/métalliques évoquant l’immense pioche que le tueur utilise pour massacrer ses victimes. Ici aussi, on regrettera la quasi absence d’éléments thématiques forts, alors qu’une identité musicale bien distincte pour le tueur et les proies du psychopathe aurait gagnée à être mieux traitée dans la musique de Wandmacher. La guitare électrique en écho de « One Weird Place » apporte une touche de mystère supplémentaire à l’intrigue du film, mais ce sont les assauts orchestraux cacophoniques qui reprennent très vite le dessus durant les dernières séquences de meurtre du film (« House of Ill Repute », « Be Mine 4Ever », « Dental Work », « The Wind-Up » ou les interminables « Triumvirate » et « An Axe to Grind »), des morceaux longs et fastidieux qui risquent fort de provoquer une migraine chez les néophytes et ceux qui sont allergiques aux musiques de film d’horreur moderne.

Ainsi donc, Michael Wandmacher signe pour « My Bloody Valentine 3D » un score d’épouvante/suspense plutôt énergique et violent mais aussi extrêmement prévisible et sans surprise, typique des musiques horrifiques d’aujourd’hui : thématique restreinte et quasi inexistante (le compositeur affirme pourtant lors d’interviews que les thèmes sont les éléments qui manquent le plus de nos jours dans les musiques de film d’horreur, et qu’il essaie toujours de travailler dans ce sens !), cacophonie déraisonnée dans les sursauts de terreur, suspense prévisible, samples synthétiques ordinaires façon Steve Jablonsky ou Elia Cmiral, etc. Tout fonctionne parfaitement dans le film mais la musique ne laisse aucun souvenir particulier, à cause d’un caractère quelconque et impersonnel. Michael Wandmacher joue sur les recettes de la musique horrifique hollywoodienne qu’il applique de A à Z, mais échoue à apporter un semblant de personnalité à son oeuvre, si bien est que le score de « My Bloody Valentine 3D » termine sa course dans la catégorie des musiques d’épouvante fonctionnelles, recyclables et interchangeables, comme on en entend à la pelle de nos jours par des tâcherons sans inspiration.




---Quentin Billard