1-Into the Storm 3.01
2-Atonement 2.38
3-Fate 3.20
4-Titus Versus The Tornado 3.56
5-Humanity Arising 2.09
6-Culmination 1.43
7-Prelude to Phenomenon 2.35
8-Providence 3.12
9-The Fire Tornado 4.26
10-Evacuation and Interception 2.35
11-Last Words 2.26
12-We Stand Together 2.27
13-The Titus 1.45
14-Multiple Vortices 1.46
15-Remembrance and Regret 1.51
16-Readying for Incoming Storm 2.35
17-The Power of Nature 1.07
18-Aurora 4.00

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 292 8

Produit par:
Brian Tyler, Joe Lisanti
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique
pour New Line:
Erin Scully
Interprété par:
The Hollywood Studio Symphony

Artwork and pictures (c) 2014 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
INTO THE STORM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
A l’origine de « Into the Storm » (Black Storm), il y a une tentative osée de renouer avec un genre tombé en désuétude dans le cinéma U.S. des années 2000 : le film catastrophe. Alors que le genre a connu ses principaux titres de gloire dans les années 70 avec des classiques tels que « Airport », « The Poseidon Adventure » ou « The Towering Inferno », le genre ressuscita dans les années 90 avec des films tels que « Volcano », « Dante’s Peak », « Daylight » ou « Deep Impact », sans oublier quelques films plus récents comme « 2012 » ou « Contagion ». « Into the Storm » s’empare ainsi des principaux ingrédients du film catastrophe typiquement hollywoodien, tourné ici selon les techniques du ‘found footage’, genre dans lequel l’action est filmée par une caméra live à la manière d’un documentaire amateur, très à la mode dans le cinéma d’épouvante actuel (surtout depuis l’énorme succès de « Blair Witch Project » en 1999). Sorti en 2014 et réalisé par Steven Quale (auteur du médiocre « Final Destination 5 »), « Into the Storm » se déroule dans la ville de Silverton dans l’Oklahoma. Une nuit, un orage extrêmement violent éclate et quatre jeunes amis qui faisaient une tournée nocturne en voiture sont tués par une tornade. Quelques jours plus tard, une équipe de chasseurs de tornades est à l’affût de la prochaine tempête qui, selon la météorologue Allison Stone (Sarah Wayne Callies), devrait surgir dans les environs de Silverton. L’équipe dirigée par Pete Moore (Matt Walsh), réalisateur d’un documentaire sur les tornades, se rend à Riverside, où l’on annonce des vents extrêmement violents. En une journée, la ville de Silverton et ses environs bascule dans le chaos absolu lorsqu’une multitude de tornades sans précédents surgissent brusquement et détruisent tout sur leur passage. Et tandis que des cyclones ravageurs détruisent tout, les habitants deviennent la proie des tornades, tout comme l’équipe de Pete et Gary Morris (Richard Armitage), un père de famille qui, avec son jeune fils Trey (Nathan Kress), recherche son fils aîné Donnie (Max Deacon), qui a disparu suite à une violente tornade qui s’est abattue sur Silverton. « Into the Storm » n’apporte donc rien de nouveau au genre, si ce n’est un semblant de réalisme à travers l’esthétique ‘found footage’ caméra à l’épaule à la manière d’un (faux) documentaire. Le film est une variante du « Twister » de Jan De Bont (1996) avec des effets spéciaux ahurissants – les scènes de tornade sont incroyablement spectaculaires – et un script plutôt banal et bâclé, avec des personnages prévisibles et tous les clichés habituels du genre, y compris dans les stéréotypes bon pensants américains sur la famille (le père de famille qui tente de renouer le dialogue avec ses fils, la jeune mère de famille célibataire qui tente de devenir une bonne mère, etc.). Le problème, c’est qu’en dehors des effets spéciaux, « Into the Storm » n’a rien à raconter en particulier, et se contente trop souvent de multiplier les scènes de destruction et de tornades sans aucun enjeu dramatique réel, outre l’histoire du père qui recherche son fils disparu. Quand au final ultra téléphoné à grand coup de drapeaux américains, il semble surgir tout droit d’un blockbuster U.S. patriotique des années 90, façon « Independence Day » : du kitsch pure barre, pour une série-B à gros budget que l’on oubliera très vite.

Assumant son caractère réaliste (malgré l’exagération totale des scènes de tornade), « Into the Storm » utilise finalement la musique de manière très ponctuelle, et ce à contrario de la plupart des gros blockbusters hollywoodiens actuels. C’est pourquoi le score original de Brian Tyler est assez peu présent dans le film, la partition du compositeur se limitant au final à une quarantaine de minutes pas forcément rachitiques mais pas follement indispensables non plus - à noter que c’est la seconde fois que Brian Tyler travaille sur un film de Steven Quale après « Final Destination 5 » en 2011 – Avoisinant les 48 minutes, le score dans sa globalité reste à ce jour l’une des partitions les plus courtes de Brian Tyler pour le cinéma, mais pas forcément la plus intéressante dans son genre ! Chose plutôt rare, le film démarre sans musique durant le premier quart d’heure, et lorsque le score débarque enfin, c’est pour enfin mettre les bouchées doubles. A la première écoute, on est frappé de retrouver encore une fois les influences habituelles du compositeur, particulièrement notables dans les morceaux d’action, à commencer par le puissant « Atonement », morceau-clé du score teinté d’influences de John Adams (et du « Matrix » de Don Davis), que l’on retrouve aussi dans un autre score d’action composé la même année, « Teenage Mutant Ninja Turtles ». Un morceau comme « Fate » semble surgir tout droit quand à lui de schémas musicaux propres à Hans Zimmer (on pense à « Thin Red Line » !). Tyler profite ici de la masse orchestrale mise à sa disposition, avec un Hollywood Studio Symphony puissant, accompagné de quelques solistes – piano, guitare et percussions, interprétées par le compositeur lui-même – et de l’inévitable chorale épique pour les moments spectaculaires du film. Dans le film, l’un des premiers morceaux entendus est « The Titus », pour l’introduction du Titus, véhicule blindé high-tech de l’équipe des chasseurs de tornade. Il s’agit d’une marche militaire héroïque à la manière des thèmes épiques d’action des années 90 : le thème possède ce côté héroïque/solennel qui rappelle parfois un motif héroïque du « Armageddon » de Trevor Rabin. C’est d’ailleurs ce côté ‘nineties’ qui frappe ici à la première écoute : comme dans le récent « Teenage Mutant Ninja Turtles », « Thor 2 », « Iron Man 3 » ou dans la série des « Expendables », Tyler manifeste de plus en plus son envie de renouer avec la musique orchestrale hollywoodienne des années 80/90, sans pour autant en posséder la force ou la technique nécessaire (ses orchestrations restent toujours monolithiques et désespérément bloquées sur le trio cordes/cuivres/percussions, faisant fi des bois !).

Les morceaux d’action sont évidemment l’atout majeur du score de « Into the Storm », qui débute avec un premier morceau puissant évoquant le pouvoir colossal des tornades à grand renfort de percussions, ostinati de cordes, choeurs (discrets), rythmes électro en arrière-plan et cuivres imposants. Le thème principal est d’ailleurs dévoilé à partir de 2:17 par un ensemble de cuivres majestueux et grandioses, un thème épique et dramatique qui suggère clairement l’idée de l’aventure, du danger et de la survie. « Atonement » met les bouchées doubles dans un registre action épique spectaculaire, tout comme « Titus Versus the Tornado ». Dommage que les rythmes et l’utilisation des percussions typiques de Brian Tyler n’apportent ici pas grand chose de nouveau, alors que le compositeur semble maîtriser un peu mieux son écriture orchestrale, qui partait parfois un peu dans tous les sens et manquait d’un soupçon de finesse sur ses anciens scores (cf. « John Rambo »). Tyler semble s’améliorer, certes, mais ses orchestrations pâteuses et souvent lourdingues finissent par fatiguer à la longue, d’autant que l’absence de bois est assez regrettable et aurait pourtant permis à la musique de décoller pleinement et d’avoir des couleurs instrumentales bien plus intéressantes durant les morceaux épiques. Autre élément notable : l’influence manifeste des temp-tracks, car, en dehors des références à Zimmer ou John Adams, on retrouve aussi une brève allusion au « Aliens » de James Horner (entre 1:31 et 1:45) dans « Titus Versus the Torndo » durant la scène finale du film – ponctuée de rappels intéressants du thème principal épique pour l’exploit final de Pete dans le Titus – A noter ici un emploi réussi des percussions, Tyler utilisant les tambours taïkos japonais et les enclumes de manière assez magistrale, en plus de ses traditionnelles percussions de batterie ou les timbales, cymbales et gongs de l’orchestre. Dans « Humanity Arising », Tyler dévoile l’aspect plus émotionnel et humain du film de Steven Quale, avec un rappel touchant du thème principal par un piano samplé et lointain. Idem dans « Providence » et ses cordes mélancoliques ou « We Stand Together ».

Omniprésent durant le dernier acte du film, le thème principal accompagne clairement l’idée de la quête de survie des personnages principaux, qui demeurent jusqu’à la fin la proie des immenses tornades destructrices. Le Main Theme est ainsi repris de façon très touchante et retenue dans « We Stand Together » pour apporter un semblant d’humanité aux images du film sans jamais en faire de trop. C’est aussi le cas dans « Remembrance and Regret », qui rappelle à quel point Tyler n’est pas qu’un spécialiste des musiques d’action pétaradantes mais sait aussi presser les bons boutons au bon moment, signant à quelques reprises des thèmes intimistes et touchantes d’une rare justesse (on se souvient notamment du magnifique « Fon’s Theme » de la partition de « Bangkok Dangerous »). A noter que ces passages sont souvent accompagnés de nappes sonores mystérieuses des synthés évoquant la menace des tornades, un élément sonore que l’on retrouve régulièrement tout au long du film. Enfin, ce sont les morceaux d’action épiques comme « Multiple Vortex », « The Fire Tornado » ou le surpuissant « The Power of Nature » qui emportent l’adhésion grâce à leur puissance orchestrale spectaculaire, aussi bien dans le film que sur l’album, tandis que l’histoire se conclut sur le très beau « Aurora », magnifié par la guitare soliste de Brian Tyler, qui apporte une émotion salvatrice au final – comme le rappelle une note extrêmement élogieuse de la part du réalisateur dans le livret de l’album – On ressort donc convaincu de l’écoute de « Into the Storm », même si l’ensemble n’a rien de bien original ni de particulièrement mémorable. Tyler fait des efforts, et cela se sent, mais il reste toujours trop englué dans ses défauts habituels et ne parvient pas à se renouveler vraiment, si bien que ses musiques d’action orchestrales commencent à se ressembler dangereusement. Dans le film, la musique remplit parfaitement son rôle et apporte une tension spectaculaire et une émotion certaine aux images, malgré le peu de musique utilisée dans le film. Décidément, 2014 aura été plus que jamais l’année des gros blockbusters d’action pour Brian Tyler, qui retrousse ses manches et livre une musique d’action épique réussie pour « Into the Storm » bien que sans grande originalité particulière, et qui devrait convaincre les fans du compositeur, en attendant des projets plus intéressants et plus passionnants pour Brian Tyler !



---Quentin Billard