1-Son of Zeus 3.23
2-Pirate's Camp 1.46
3-Hercules 0.22
4-Arrival at Lord Cotys' City 1.31
5-Flashback 0.52
6-Athens 0.59
7-Lord Cotys' Palace 1.44
8-I Will Believe in You 1.13
9-The Lion's Tooth 0.52
10-Bessi's Valley 6.29
11-Bessi-Battle 6.12
12-The Campfire 2.02
13-Training 1.43
14-Centaurs 4.26
15-The Battle 4.41
16-Rhesus Caught 0.55
17-Dungeon & I Am Hercules 6.30
18-Kill Eurystheus 2.11
19-Cotys Brings Out Arius 1.44
20-Final Fight & Tydeus' Death 3.28
21-The Statue Falls 2.03
22-Comrades Stand Together 2.04
23-Alternative Ending 3.06
24-End Titles 3.23
25-Choir Theme 1.25

Musique  composée par:

Fernando Velázquez

Editeur:

Sony Classical 88843098892

Musique produite par:
Fernando Velázquez, Johannes Vogel
Préparation musique:
Sam Dudley
Orchestrations:
Robert Elhai, Jessica Dannheisser,
Jaime Gutiérrez Dominguez

Programmation et
arrangements additionnels:
Hybrid
Monteur musique:
Tommy Lockett

Artwork and pictures (c) 2014 Paramount Pictures/Metro-Goldwyn-Mayer. All rights reserved.

Note: ***1/2
HERCULES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Fernando Velázquez
Pour cette deuxième adaptation U.S. 2014 des aventures du héros grec Héraclès, plus connu sous le nom d’Hercule – librement adapté du roman graphique « Hercules : The Thracian Wars » de Steve Moore et Cris Bolsin – on découvre une réinterprétation des exploits du célèbre héros grec, dont les mythiques exploits (les célèbres douze travaux) sont constamment vantés par Iolaos (Reece Ritchie), son neveu, prisonnier au début du film d’une bande de brigands thraces, et rapidement délivré par Hercule (Dwayne Johnson) et ses compagnons d’armes. Le héros et ses amis sont des mercenaires qui ont été payés pour débarrasser la région des brigands. Après avoir amassé leur nouvelle prime suite à leur dernière aventure, Hercule et ses amis reçoivent alors la visite d’Ergenia (Rebecca Ferguson), la fille du roi Cotys (John Hurt) du royaume de Thrace. Ergenia engage Hercule et ses mercenaires pour aider son père à repousser l’armée du roi Rhésos (Tobias Santelmann), un sinistre monarque sorcier doté d’une puissante armée de centaures. A la suite d’une périlleuse bataille contre Rhésos, ce dernier est vaincu et capturé, tandis que Cotys savoure enfin sa victoire finale et qu’Hercule et ses mercenaires empochent une importante récompense en pièces d’or, et ce au prix de lourdes pertes. Mais Hercule, qui reste tourmenté par des visions cauchemardesques de l’assassinat de sa femme Mégara et de ses enfants, comprend peu à peu que la réalité est tout autre, et que le roi Cotys l’a manipulé, lui et les siens, pour parvenir à ses fins et s’est allié avec le roi Eurysthée (Joseph Fiennes), qui a trahi Hercule et n’est autre que l’assassin de sa famille. « Hercules » est donc un énième néo-péplum des années 2000 comme on en voit régulièrement depuis un certain temps à Hollywood : ni bon ni meilleur que le médiocre « The Legend of Hercules » de Renny Harlin sorti peu de temps auparavant, ce « Hercules » à la sauce Brett Ratner est un blockbuster totalement formaté sans aucune originalité particulière : le scénario, bateau et prévisible, amène son lot de twists et de rebondissements dramatiques tout en cumulant les séquences de bataille et de combats sans merci sur fond de décors antiques grecs plutôt réussis et plus aboutis que ceux du film d’Harlin. Niveau casting, Dwayne Johnson est un Hercule convaincant – bien plus que Kellan Lutz dans l’autre version – entouré d’acteurs de seconde zone moins intéressant, hormis peut être quelques vétérans comme Ian McShane, John Hurt ou Rufus Sewell. L’autre problème de taille vient surtout du fait que le film prend de très larges libertés par rapport au comic book d’origine (l’auteur de comics Alan Moore aurait appelé le public à boycotter le film à sa sortie au cinéma en juillet 2014) et délaisse totalement le mythe d’Héraclès pour faire d’Hercule un pur héros d’action-movie U.S. ordinaire, entouré d’une bande de mercenaires façon « Expendables ». En bon artisan qu’il est, Brett Ratner filme les séquences d’action de manière solide, mais se sent obligé d’apporter des touches d’humour stupides et cartoonesques qui viennent constamment casser le sérieux de l’entreprise et démolir tout enjeu dramatique (le paroxysme étant atteint avec le running gag d’Ian McShane, persuadé qu’il va constamment mourir sur le champ de bataille et ne meurt finalement jamais !). Au final, match nul avec ces deux adaptations ratées des aventures d’Hercule à la sauce 2014, fort décevantes l’une comme l’autre !

Le compositeur espagnol Fernando Velázquez est plus connu pour ses musiques de films d’épouvante tels que « Mama », « Devil », « Shiver », « Babycall » ou bien encore « El Orfanato ». Généralement acclamé par les béophiles, Velazquez est un compositeur touche-à-tout reconnu pour ses mélodies subtiles et ses orchestrations classiques et élégantes. C’est donc sans surprise que le musicien se voit aujourd’hui confier les rennes de la partition d’un gros blockbuster hollywoodien comme « Hercules », à la manière de son collègue Javier Navarrete sur « Wrath of the Titans » (2012). A la première écoute, difficile de retrouver le style classique si cher à Velazquez, tant le score d’Hercules semble être passé encore une fois par l’inévitable case « temp-track » : rythmes électros et percussions banales façon Hans Zimmer/Remote Control sont encore une fois de la partie, le compositeur étant obligé de céder à son tour à un exercice de style incroyablement impersonnel et fortement contrariant. Comme beaucoup de ses confrères actuels, Fernando Velazquez compose donc pour « Hercules » une musique calquée sur le style Remote Control très à la mode à l’heure actuelle à Hollywood, avec un score d’action orchestral essentiellement centré autour d’un Main Theme savoureusement héroïque associé aux exploits d’Hercule dans le film. Le thème apparaît aux cuivres dès les premières secondes de « Son of Zeus » avant d’être intégralement développé dans un puissant tutti orchestral/choral épique à souhait à partir de 0:26. L’héroïsme old school de cette mélodie apporte un certain panache au film et aux exploits de Dwayne Johnson à l’écran, et l’on pouvait attendre beaucoup de cette partition en appréciant les orchestrations riches et soignées de cette ouverture. Hélas, rapidement, les sempiternelles percussions modernes à la Zimmer/Remote Control apparaissent dès la première minute, trahissant une énième concession au style musical à la mode de nos jours à Hollywood. Dès lors, les éléments électroniques se mettent en place, et ce même si Velazquez n’a rien perdu de son talent pour les orchestrations classiques et une écriture symphonique sophistiqué, ce que l’on remarque lors des quelques envolées héroïques prenantes à la fin de « Son of Zeus ». Dans « Pirate’s Camp », Velazquez va plus loin en mélangeant cette fois-ci orchestre et section rythmique rock à grand coup de batterie/basse/guitare électrique, dans un style rock/orchestral qui rappelle clairement le « Scorpion King » de John Debney (dans lequel Dwayne Johnson tenait là aussi le rôle principal !) ou certains scores d’action de Brian Tyler. L’idée de mélanger ici ces deux styles est bonne mais sera finalement peu développée tout au long du film.

Un nouveau thème héroïque de cuivres chevaleresque est dévoilé dans « Arrival at Lord Cotys’ City », thème majestueux de cuivres associé ici au royaume du roi Cotys. On appréciera ici aussi l’ampleur des orchestrations malgré un renfort trop évident du traditionnel trio cordes/cuivres/percussions alors que les bois, pourtant présents, sont souvent relégués au second plan ou se limitent au rôle de soliste dans les passages d’action. Quel dommage de retrouver aussi le cliché habituel des ostinati de cordes dans « Flashback » ou « Athens », qui développe le thème d’Hercule de manière plus nostalgique et solennelle, mais avec ces notes répétitives de cordes très clairement impersonnelles. On reste dans un registre épique avec « Lord Cotys’ Palace » qui suggère le palais du roi Cotys avec le retour des ostinati de cordes, des harmonies nobles de cuivres et quelques notes de guitare électrique en arrière-plan. Dans « I Will Believe In You », Velazquez dévoile l’aspect plus humain et émotionnel du récit à l’aide d’un mélange entre cordes dramatiques et choeurs mélancoliques, sur fond de rappel au thème principal accompagné de quelques solistes (flûte, cymbalum, etc.). Idem pour « The Lion’s Tooth » qui reprend les éléments de flûte et cymbalum pour une sorte de thème romantique touchant. Hélas, les choses se gatent dans la première scène de bataille dans le village : « Bessi’s Valley » et « Bessi-Battle » sont complètement gâchés par des percussions électroniques envahissantes et des loops électro qui semblent surgir de n’importe quel score d’action de chez Remote Control ou de Brian Tyler. Velazquez se contente d’appliquer ici à la lettre toutes les formules musicales rabâchées maintes fois dans les musiques d’action hollywoodiennes actuelles, à tel point que son style est méconnaissable (même problème pour tous ces compositeurs à qui l’on oblige à rentrer dans un moule – cf. Patrick Doyle sur « Rise of the Planet of the Apes » par exemple !). C’est d’autant plus regrettable que la musique n’est pas exempte de qualité, comme en témoignent ces nombreux rebondissements rythmiques bien amenés dans « Bessi-Battle », au fur et à mesure de l’avancée de la bataille enragée contre les agresseurs du village Bessi (6 minutes tout de même !), une écriture extrêmement solide des cuivres et des choeurs, de jolies envolées héroïques (à 5:00) avec un thème d’action solide et quelques rythmes martiaux bien troussés.

Velazquez se montre finalement très appliqué dans son écriture orchestrale mais doit céder trop souvent le pas aux sons du style Brian Tyler/Hans Zimmer/Remote Control de plus en plus insupportable à Hollywood de nos jours. Même un morceau réussi comme la scène de l’entraînement (« Training ») se voit obligé d’avoir recours à des éléments électroniques inutiles alors que l’apport de l’orchestre est amplement suffisant pour stimuler et galvaniser les troupes à l’écran, d’autant que les harmonies héroïques des cuivres dans la première minute font partie des belles réussites de ce score d’action épique somme toute assez fun mais sans personnalité. Difficile de sortir totalement satisfait des musiques de bataille comme « Centaurs » ou « The Battle » tant on a l’impression d’entendre une série de vignettes musicales reprises à droite à gauche des scores d’action d’aujourd’hui. Quand on connaît le réel potentiel de Fernando Velazquez, on est réellement en droit d’en attendre plus de sa part ! Le thème solennel de Cotys est repris de manière guerrière et belliqueuse dans « Rhesus Caught », dévoilant un autre aspect du roi Cotys, plus sombre, plus ambigu, fait confirmé par la noirceur et la brutalité de « Dungeon & I Am Hercules », qui nous propose quelques envolées guerrières de cuivres assez impressionnantes (vers 4:48, qui pourrait presque faire penser à de la musique swashbuckling du temps de Korngold ou de Steiner !). La section rythmique rock revient dans le fun « Kill Eurystheus » tandis que le film se termine sur un déchaînement orchestral enragé avec « Cotys Brings Out Arius », « Final Fight & Tydeus’ Death » et le surpuissant « The Statue Falls », qui nous proposent un joli travail autour des cuivres lors de la bataille finale. La coda épique du « End Titles » permet de retrouver le thème héroïque d’Hercule dans toute sa splendeur sous sa forme la plus symphonique, tandis que « Choir Theme » est un joli ajout de Velazquez à l’album pour une reprise du thème par la chorale a cappella.

Hélas, malgré de bonnes idées, des orchestrations solides, de belles envolées héroïques et un certain fun dans les musiques d’action, le score de « Hercules » manque cruellement de personnalité, d’originalité. On aurait souhaité entendre Fernando Velazquez développer ses propres idées plutôt que de se limiter à un recyclage des formules musicales habituelles héritées des scores d’action modernes. Néanmoins, il y a suffisamment de matière ici pour rendre le score de « Hercules » fun et plaisant à l’écoute, aussi bien sur les images que dans le film, et s’il y a de quoi douter de l’approche musicale du score à l’écran, difficile de résister à l’enthousiasme d’une musique d’action/aventure épique et réussie malgré tout !




---Quentin Billard