1-Main Title 3.30
2-Kayla 1.48
3-Slice 2.29
4-Alive 2.03
5-Run! 1.59
6-Who is Henry Schow? 2.01
7-Eleanor's Lament 3.33
8-Keller Returns 1.27
9-Suspicious 2.16
10-Loosing Her Up 2.04
11-The Murder 1.24
12-Want a Slice? 2.37
13-At Henry's House 1.18
14-A Corpse in the Basement 1.07
15-Car Crash 1.21
16-Max's Theme 1.24
17-Broken Glass for Dinner 1.24
18-Nightmare 1.04
19-Revenge 1.28
20-Arriving at the Crime Scene 1.07
21-Reflection 1.20
22-In the Basement 3.01
23-Mirror Syndrome 2.13
24-Breaking Glass 1.01
25-It's Over 1.19
26-Mirrors II 4.04

Musique  composée par:

Frederik Wiedmann

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1151

Album produit par:
Matt Verboys, MV Gerhard
Orchestrations:
Hyesu Yang
Orchestre conduit par:
Allan Wilson
Vocalises solo:
Kate Conklin, Katrin Wiedmann
Piano:
Dorian Charnis
Trompette:
Matt Rubin

Artwork and pictures (c) 2010 20th Century Fox Home Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
MIRRORS 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frederik Wiedmann
A l’origine, « Mirrors » est un film d’épouvante d’Alexandre Aja sorti en 2008 et qui était adapté du film coréen « Into the Mirror » (2003) de Kim Sung-ho. La Fox décida de rempiler avec « Mirrors 2 » sorti en direct-to-video en 2010, réalisé cette fois-ci par l’espagnol Victor Garcia. Dans « Mirrors 2 », on y suit les péripéties inquiétantes de Max Matheson (Nick Stahl), un jeune toxicomane qui décide de reprendre sa vie en main et obtient un job en tant que veilleur de nuit dans le centre commercial Mayflower dirigé par son père Jack (William Katt), et qui se situe à la Nouvelle-Orléans. Max est hanté par le souvenir tragique d’un terrible accident de voiture qui causa le décès de sa fiancée Kayla (Jennifer Sipes). Suite au drame, Max, qui suit un traitement avec une psychothérapeute, est fréquemment victime d’hallucinations cauchemardesques et d’étranges visions qu’il ne parvient pas à s’expliquer. Il remplace ainsi le précédent gardien de nuit qui a quitté ses fonctions après s’être mystérieusement gravement blessé au visage dans des circonstances inconnues. Le jeune homme prend son rôle très au sérieux et espère ainsi repartir du bon pied dans la vie afin d’oublier ses problèmes, mais très vite, les visions recommencent, et Max aperçoit une femme morte dans un miroir du Mayflower. Il aperçoit ensuite le reflet de Jenna McCarty (Christy Romano), l’une des dirigeantes du Mayflower, en train d’être décapitée. Quelques minutes plus tard, Max apprend que Jenna a été effectivement retrouvée décapitée dans sa salle de bain. C’est ainsi que le jeune homme découvre que les terrifiantes visions qu’il aperçoit dans les miroirs du centre annoncent la mort de personnes travaillant au Mayflower, et tandis que deux inspecteurs de police enquêtent sur ces meurtres étranges, Max fait une terrible découverte : le fantôme de la femme qu’il aperçoit régulièrement dans les miroirs pourrait bien être celui de la jeune fille qui a disparu il y a plus de deux mois, Eleanor Reigns (Stephanie Honoré Sanchez), et que sa soeur Elizabeth (Emmanuelle Vaugier) recherche désespérément depuis tout ce temps. « Mirrors 2 » délaisse donc l’histoire du premier film et repart sur de nouvelles bases tout en singeant le concept du premier film (et du film coréen de 2003) : hormis une brève allusion au drame du Mayflower dans le premier film lors du générique de début sous forme d’articles de presse, « Mirrors 2 » choisit de développer une nouvelle histoire similaire au récit d’origine, avec un héros hanté par de terrifiantes visions qui prennent vie dans les miroirs du centre commercial, et qui vont le faire basculer dans l’horreur et la quête de vérité. Avec un budget très restreint (DTV oblige !), un casting moyen et des dialogues minables, « Mirrors 2 » avait tout pour se planter, seulement voilà, Victor Garcia connaît son travail et nous livre quelques scènes gores assez réjouissantes, avec au menu du jour, éventration, décapitation, mutilations à grands coups de bris de verre dans la bouche, et même une scène de nudité osée dans une douche, qui se termine en bain de sang (un peu comme dans le premier film d’Aja). A noter que les effets gores sont l’oeuvre de KNB, fameux studio d’effets spéciaux de Greg Nicotero et Howard Berger, grands spécialistes des trucages pour les films d’horreur. Et même si certains effets fonctionnent moins bien que d’autres, faute de moyens, le film s’en tire finalement à bon compte. Niveau réalisation, « Mirrors 2 » est assez plat, avec une direction d’acteur inégale (Emmanuelle Vaugier semble s’ennuyer, comme Nick Stahl qui ne dégage aucune émotion, tandis que Lawrence Turner surjoue à l’extrême à la fin du film !) et un rythme mou et ennuyeux. Restent donc ces scènes gores bien trouvées qui apportent donc un peu de piment à une production paresseuse sans grand éclat.

Le compositeur allemand Frederik Wiedmann retrouve à nouveau le réalisateur Victor Garcia après « Return to House on Haunted Hill » (2007), signant une nouvelle partition horrifique à suspense intense pour « Mirrors 2 », et ce après un premier score très réussi de Javier Navarrete pour le film de 2008. Malgré un budget limité, Frederik Wiedmann se voit confier un orchestre symphonique de taille moyenne (le Bratislava Radio Symphony Orchestra) agrémenté du lot habituel d’éléments synthétiques et des vocalises féminines des deux solistes Kate Conklin et Katrin Wiedmann, qui apportent une couleur particulière à la musique du film. Ces voix mystérieuses, introduites dès l’ouverture dans « Main Title » et très présentes tout au long de l’histoire, personnifient la présence énigmatique d’Eleanor dans les miroirs du film. On retrouve ici le style atmosphérique et sombre de Frederik Wiedmann dès les premières secondes de l’excellent « Main Title » pour le générique de début du film, dans lequel le compositeur se fait plaisir et développe une ouverture tendue et rythmée durant plus de 3 minutes assez intenses, introduisant un premier thème de 4 notes de cordes associé à la vengeance d’Eleanor (plus clairement perceptible vers la fin du morceau). On notera ici le rôle majeur accordé aux cordes, très présentes, tandis que les nappes synthétiques et les quelques éléments électroniques créent une tension certaine, le tout accompagné des mystérieuses vocalises féminines éthérées, alors que le milieu du « Main Title » prend une tournure étrangement mélancolique, avec le thème principal de cordes introduit par un violoncelle à 1:55, et associé à Max dans le film. A noter que l’album nous offre une jolie version de ce thème pour piano et cordes dans la piste « Max’s Theme », un thème mélancolique, intime et torturé qui résume clairement la personnalité du personnage de Nick Stahl dans le film. Niveau thématique, le score de « Mirrors 2 » est d’ailleurs assez pauvre, Wiedmann n’ayant jamais été un grand mélodiste, privilégiant davantage les atmosphères et les trouvailles sonores que les thèmes à proprement parler. Hormis le « Max’s Theme », seule Eleanor possède une identité musicale forte à l’aide des vocalises féminines et de sonorités cristallines évoquant le monde des miroirs. Ayant établi la plupart des sonorités principales du score dans l’excellent « Main Title », Wiedmann peut désormais développer toutes ces idées tout au long du récit, ce qu’il ne manque pas de faire dans « Slice », qui introduit la partie horrifique/suspense du score.

Wiedmann connaît le boulot et l’on retrouve dans « Slice » son goût habituel pour les expérimentations sonores étranges, même si l’on regrette le côté prévisible et parfois impersonnel du score. Le compositeur mélange ici cordes dissonantes, effets avant-gardistes et nappes sonores électroniques avec le lot habituel de rythmes synthétiques et même quelques clusters de cuivres enragés et survoltés durant l’une des scènes gores du film. Dans « Alive », la musique prend une tournure plus dramatique avec un mélange plus dense de cordes et de violoncelle soliste. Dans « Kayla », on découvre l’un des rares moments tendres du score, avec un piano fragile (en partie samplé) et quelques cordes mélancoliques pour les flashbacks de la fiancée de Max dans le film - A noter que le morceau évoque curieusement les musiques plus minimalistes et intimes de Thomas Newman – Dans « Run ! », Wiedmann fait monter la tension durant la scène de poursuite vers la fin du film à grand renfort de cordes surexcitées, de cuivres dissonants et de rythmes électroniques agressifs. « Eleanor’s Lament » est l’un des morceaux-clé du score de « Mirrors 2 », développant les sonorités cristallines et les vocalises féminines d’Eleanor avec des harmonies de cordes mystérieuses et torturées très herrmanniennes d’esprit – sans oublier la présence du violoncelle soliste – Wiedmann se montre d’ailleurs plus inspiré dans ces moments mystérieux où il laisse planer une ambiance ambiguë et vaguement tourmentée (cf. « Suspicious »), tandis que les passages horrifiques sont très clairement fonctionnels et sans grand éclat. C’est le cas de « Keller Returns », « The Murder », « A Corpse in the Basement », « Nightmare », « Breaking Glass » ou « Broken Glass for Dinner », qui accompagnent la plupart des scènes gores/horrifiques du film avec une intensité constante, et toujours ces expérimentations sonores si chères au compositeur (cf. le final de « Nightmare » et ces sons de verre étranges).

« Revenge » fait monter la tension d’un cran en apportant une dimension tragique et déterminée à la musique et un rappel des accords mineurs torturés d’Eleanor, tandis que le motif de cordes de la vengeance (un groupe de 4 notes) est directement repris du « Main Title » et développé ici de façon plus judicieuse. « In the Basement » nous propose quelques trouvailles sonores intéressantes autour des dissonances glauques, tandis que « Mirror Syndrome » évoque le monde des miroirs à l’aide d’un piano samplé (dont les notes sont jouées à l’envers) et de sonorités de verre avec les vocalises féminines d’Eleanor. Enfin, Frederik Wiedmann se fait plaisir au cours du générique de fin et propose un joli condensé de 4 minutes de ses principales idées pour « Mirrors 2 » : le thème de Max, le motif de la vengeance, les sonorités d’Eleanor, les dissonances horrifiques des cordes et des rythmes électroniques, le violoncelle soliste, etc. « Mirrors 2 » remplit donc parfaitement le cahier des charges à l’écran et va droit là où on l’attend. Frederik Wiedmann applique toutes les recettes du genre à la lettre et offre au film de Victor Garcia une partition horrifique bien plus intéressante et aboutie que celle de « Return to House on Haunted Hill ». Néanmoins, il manque toujours un semblant d’originalité et de personnalité à une musique somme toute encore trop fonctionnelle pour pouvoir convaincre totalement et prétendre rivaliser avec les grands noms du genre (Christopher Young, Marco Beltrami, etc.). Néanmoins, pour un DTV au budget limité, le travail de Wiedmann sur « Mirrors 2 » reste très honnête et plutôt bien exécuté, révélant le goût du compositeur pour les atmosphères sombres et oppressantes, ainsi que les expérimentations sonores avant-gardistes (bien que jamais très audacieuses ni même particulièrement mémorables !). Si vous êtes un inconditionnel du film et des musiques horrifiques mystérieuses et agressives, il va de soi que « Mirrors 2 » devrait vous convaincre pleinement, même si l’on préfèrera davantage le premier score de Javier Naverrete sur « Mirrors », bien plus personnel et abouti.



---Quentin Billard