1-Good Mornin' Gus 1.48
2-Flanagan 0.55
3-Late Night Call 0.53
4-Beautiful North Carolina 1.45
5-Bo's Homer 2.35
6-Mickey's Home Run 1.47
7-Another Hit 2.50
8-Post Clogging 0.56
9-Walking and Talking 1.16
10-Ballgame 0.48
11-Wilson at Bat 3.11
12-Off the Case 1.19
13-He'll Wait 3.58
14-They Choose Bo 1.32
15-Horse With No Name 2.50
16-Get On The Bus, Gus 1.19
17-The Real Deal 3.12
18-Trouble With The Curve 4.29
19-Not All I've Got 2.04
20-On My Way 3.08*

*Interprété par The Neighbors
& Greg Camp
Ecrit par Greg Camp,
Randy Brown, Colby Pollard
et Joe Hester.

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 169 2

Score produit par:
Buck Sanders
Producteur exécutif:
Robert Townson
Orchestre conduit par:
Pete Anthony
Interprété par:
The Hollywood Studio Symphony
Licence musique:
Monica Ciafardini
Mixage score:
Bobby Fernandez
Montage musique:
Daniel J. Johnson
Supervision montage musique:
Chris McGeary
Préparation musique:
Victor Pesavento

Artwork and pictures (c) 2012 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
TROUBLE WITH THE CURVE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
« Trouble with the Curve » (Une nouvelle chance) est le premier long-métrage de Robert Lorenz, et aussi le premier film dans lequel Clint Eastwood ne joue qu’en tant qu’acteur (et producteur), depuis son apparition – non créditée - dans « Casper » de Brad Silberling en 1995. « Trouble with the Curve » raconte l’histoire de Gus Lobel (Eastwood), un recruteur de baseball talentueux qui travaille depuis des années pour l’équipe des Braves d’Atlanta. Son objectif : repérer et former les nouveaux joueurs de baseball. Mais Gus vieillit et commence à perdre la vue, et son contrat est remis en question à cause de son âge et de ses problèmes de santé. Son vieil ami de longue date Peter Klein (John Goodman), qui s’inquiète pour lui, décide de l’envoyer en repérage en Caroline du Nord afin de surveiller Bo Gentry (Joe Massingill), jeune espoir du baseball prometteur. Comprenant que Gus cache des choses au sujet de sa santé, Pete décide de contacter sa fille de 33 ans Mickey (Amy Adams), une brillante et jeune avocate de talent, afin d’accompagner son père et de l’aider dans son travail pour compenser sa vue défaillante. Mickey entretient des relations tendues et conflictuelles avec Gus depuis la mort de sa mère il y a plus de 20 ans, et se montre d’abord réticente à l’accompagner en Caroline du Nord. Mais le périple, difficile et laborieux, sera l’occasion pour Mickey d’offrir une dernière chance à son père, qui l’a abandonné à plusieurs reprises durant son enfance sans aucune raison apparente. « Trouble with the Curve » est donc un drame intimiste doublé d’un énième film de sport mettant en scène le baseball, sport favori des américains depuis toujours. Pour sa première réalisation, Robert Lorenz ne convainc qu’à moitié, posant sa caméra timidement sans aucune audace ni génie formel. Clint Eastwood reste égal à lui-même dans un rôle qui rappelle celui du vétéran fatigué de « Gran Torino ». Face à lui, la jolie Amy Adams se montre plus que jamais craquante et aussi poignante, dans la peau de cette jeune avocate d’une trentaines d’années qui va tenter de renouer le contact avec un père distant qui ne s’est jamais occupé d’elle mais lui a communiqué un goût absolu pour le baseball. L’alchimie entre les deux acteurs est d’ailleurs l’un des points forts de « Trouble with the Curve », le duo fonctionnant à merveille dans le film et nous offrant quelques scènes fort touchantes et pas trop larmoyantes. Niveau casting, on appréciera la qualité des seconds rôles, réunissant quelques vétérans tels que John Goodman, Robert Patrick, Justin Timberlake ou Matthew Lillard. Si l’histoire est effectivement touchante et analyse parfaitement les relations conflictuelles entre un père vieillissant et démissionnaire et une fille -garçon manqué- en manque d’amour paternel et de reconnaissance, on regrettera l’absence de surprise d’un scénario convenu et la platitude extrême de la réalisation de Robert Lorenz, un fait d’autant plus regrettable que le film aurait certainement pris une toute autre tournure entre les mains de Clint Eastwood (sans oublier le fait que le film a été régulièrement comparé au film « Moneyball » sur un sujet assez similaire). Le résultat ne se fit d’ailleurs guère attendre, puisque « Trouble with the Curve » a été un échec critique et commercial cuisant à sa sortie en salles en 2012.

Marco Beltrami signe pour « Trouble with the Curve » une partition intimiste et lyrique teintée de touches blues/country qui lui permettent de s’éloigner un temps des films d’épouvante et des thrillers qu’il met régulièrement en musique depuis de nombreuses années déjà. Avec l’aide des musiciens du Hollywood Studio Symphony et de quelques instruments solistes, Marco Beltrami élabore une musique chaleureuse et nostalgique sur les images du long-métrage de Robert Lorenz, aidée d’un thème principal touchant pour la relation entre Gus et Mickey – thème finalement assez peu développé dans le film. Pour le reste, il faudra se contenter de deux aspects majeurs ici : une utilisation des guitares acoustiques/électriques dévoilées dès le début du récit dans « Good Mornin’ Gus », apportant un côté blues/country essentiel au personnage de Clint Eastwood dans le film tout en renforçant l’ambiance ‘americana’ typique des musiques de films de sport. Dans « Flanagan », Beltrami nous introduit au personnage campé par Justin Timberlake dans le film à l’aide d’un ensemble de cordes avec guitares sèches rythmiques et piano. On devine ici un certain enthousiasme et une énergie rafraîchissante, devenue plutôt rare chez Beltrami, que l’on cantonne trop souvent aux musiques horrifiques/à suspense. Dans « Late Night Call », Beltrami suggère les tentatives ratées de Mickey pour renouer le contact avec son père, avec un mélange de cordes/guitare/harpe/piano, le compositeur conservant ici une certaine retenue et une approche minimaliste qui rappelle certains travaux de Thomas Newman ou Mychael Danna sur ce type de film. Le thème principal apparaît pour la première fois dans « Beautiful North Carolina », reconnaissable grâce à sa mélodie de 4 notes de cordes avec quelques vents et le groupe des guitares americana et du piano. On ressent ici le lyrisme habituel de Beltrami sur les drames et les comédies intimistes, un lyrisme délicat qui apporte un plus à la partition de « Trouble with the Curve », même si la musique reste finalement peu valorisée dans le film et souvent reléguée à son statut fonctionnel d’accompagnement musical (e vous attendez pas ici à de grandes envolées poignantes à la « Soul Surfer » !).

Un morceau comme « Bo’s Homer » est typique du travail de Marco Beltrami sur « Trouble with the Curve » : quelques cordes rythmiques, des petites percussions, la harpe, les trompettes et les guitares suffisent à accompagner l’une des nombreuses scènes de baseball du film, avec les rythmes syncopés et les métriques typiques du compositeur – notamment dans l’emploi des mesures à 7 temps - qui rappelle vaguement ses travaux sur les films d’action. On appréciera la tendresse de « Mickey’s Home Run » avec son piano délicat et son mélange ultra conventionnel de cordes et de harpe, tandis que les guitares restent toujours très présentes, notamment au cours d’un très beau rappel du thème principal à la guitare électrique à 1:04. Les scènes de baseball offrent l’occasion à Beltrami de nous offrir quelques passages plus énergiques et un brin plus enthousiasmants comme dans « Another Hit » où l’alternance entre guitares, piano et orchestre fonctionne parfaitement sur les images comme sur l’album. On note ici le retour des rythmes sur une mesure à 7 temps, un motif rythmique utilisé régulièrement dans le film pour les scènes de sport. Curieusement, des morceaux intimistes comme « Post Clogging » ou « Walking and Talking » sont typiques des musiques des films de Clint Eastwood : la musique pourrait même avoir été écrite par l’acteur lui-même ou par son fidèle complice Lennie Niehaus (on s’imagine sans problème que les temp-tracks originaux devaient d’ailleurs contenir des musiques d’anciens films d’Eastwood !). On notera l’utilisation réussie de la trompette soliste et des timbales dans le majestueux « Wilson At Bat », qui apportent un poids dramatique plus important au morceau, sur fond de rappels au thème principal. A noter l’emploi de synthétiseurs atmosphériques dans « Horse With No Name », l’un des rares passages plus sombres et dissonants du score, pour la scène du flashback sur les révélations du passé de Mickey et Gus.

La musique évolue ainsi sans surprise jusqu’aux dernières minutes du film, alternant moments intimes/dramatiques comme « Off the Case », « They Choose Bo » ou « Get on the Bus, Gus » et passages plus majestueux et emphatiques comme « The Real Deal » qui propose une superbe envolée orchestrale du thème principal pour la réconciliation finale entre Mickey et son père, sans oublier l’excellent « Trouble with The Curve » qui développe le Main Theme dans toute sa splendeur. Au final, Marco Beltrami signe pour « Trouble with the Curve » une partition orchestrale soignée, jolie et énergique, écrite avec un plaisir évident mais sans grande originalité particulière. Le problème, c’est que Beltrami va là où on l’attend et ne fait rien pour surprendre ou pour apporter un petit ‘plus’ aux images, comme il l’a pourtant fait récemment dans sa somptueuse musique pour le drame « Soul Surfer » (où il était allé jusqu’à utiliser des chants hawaïens). Du coup, on ressent à moitié convaincu de l’écoute de « Trouble with the Curve », car si le cahier des charges reste parfaitement rempli et que la musique apporte une dose délicate d’émotion et d’énergie au film, on reste déçu par le côté fonctionnel et assez quelconque d’un score intimiste sympathique mais sans grande originalité particulière : Marco Beltrami aurait-il pu faire mieux sur ce film ? Difficile à dire, étant donné la platitude extrême de la réalisation, et, on s’en doute, des demandes limitées du studio, probablement convaincu qu’il ne tenait pas là LE film de l’année et qu’il n’y avait pas besoin de se creuser davantage les méninges. C’est d’autant plus regrettable que l’on n’engage pas un compositeur de la trempe à Marco Beltrami pour écrire une musique intimiste/dramatique interchangeable comme pourrait en écrire à la pelle un compositeur comme John Debney ! Cela étant dit, le score de « Trouble with the Curve » reste plaisant à écouter, aussi bien dans le film que sur les images, et s’apprécie grâce à son instrumentation bluesy réussie, sa délicatesse et son thème principal réussi. Mais ne vous attendez pas à quelque chose de follement mémorable, car on a déjà entendu un Beltrami bien plus inspiré sur ce type de film !




---Quentin Billard