1-Prologue 1.24
2-Main Title 2.22
3-The Talisman 3.15
4-Temple Raid 1.39
5-Touch It 1.03
6-Sonja and the Sword Master 1.49
7-Vanna's Death 2.00
8-The Gate of Brytag 1.47
9-Sonja vs. Brytag 1.14
10-Fighting the Soldiers 3.36
11-The Chamber of Lights 2.02
12-Sorcery 0.46
13-Sonja Teaches Tarn 1.33
14-Treasure in the Cavern 2.07
15-Kalidor and Sonja 1.43
16-A Fair Fight 1.50
17-Entering the Castle 2.12
18-Sonja Defeats the Queen 1.36
19-End Credits 3.42

Musique  composée par:

Ennio Morricone

Editeur:

Perseverance Records PRD 035

Album produit par:
Robin Esterhammer
Musique orchestrée et conduite par:
Ennio Morricone
Orchestre et choeur:
Unione Musiciste of Rome
Copiste:
Donato Salone
Ingénieur son:
Sergio Marcotulli
Album séquencé par:
Gergely Hubai

Edition limitée à 2000 exemplaires.

(c) 1985 MGM/UA Entertainment Company/Dino De Laurentiis Company/Famous Films. All rights reserved.

Note: ***
RED SONJA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ennio Morricone
Avec le succès du mythique « Conan the Barbarian » en 1982, le genre de l’heroic-fantasy explosa tout au long des années 80, un genre exploité et surexploité jusqu’à épuisement complet du filon, voyant défiler un bon nombre de classiques de l’époque et de nanars en tout genre. Si le « Conan » de John Milius fut certainement le point de départ du revival de l’heroic-fantasy dans les années 80, ce fut aussi le film qui propulsa vers l’avant la carrière d’Arnold Schwarzenegger, qui se verra confier des rôles de plus en plus importants au fil des années grâce à ce film culte des eighties. Hélas, « Conan the Destroyer » marquait déjà une forte baisse de régime pour la franchise musclée, avec un film cheap et bâclé et une réalisation paresseuse de l’un des vétérans d’Hollywood, Richard Fleischer (« Soylent Green », « The Vikings », etc.). Boosté par le succès commercial de ce deuxième opus, et malgré de très mauvaises critiques, le producteur Dino DeLaurentiis décida d’exploiter le filon encore une fois en s’inspirant cette fois-ci d’une autre oeuvre de Robert Ervin Howard, « Red Sonja », une guerrière rousse dont les aventures apparurent pour la première fois dans un comic book Marvel de « Conan » en 1973. Alors que Schwarzenegger devait reprendre au départ le rôle de Conan, des problèmes de droit empêchèrent finalement le studio d’utiliser le personnage de Conan et Schwarzy devint finalement le prince Kalidor, d’où le nom du film dans la V.F., « Kalidor, la légende du talisman », un titre stupide étant donné que l’acteur n’a cette fois-ci qu’un rôle secondaire. Le film raconte l’histoire de Sonya la rousse (Brigitte Nielsen), dont les parents et le frère ont été assassinés par la cruelle reine Gedren (Sandahl Bergman) parce qu’elle avait refusé ses avances. Un jour, Sonya reçoit la visite d’un esprit qui lui annonce qu’elle peut se venger de la reine. Après s’être entraînée pendant des années au maniement de l’épée auprès d’un vieux maître, Sonya est enfin prête pour le combat. Pendant ce temps, Gedren et ses troupes saccagent un temple abritant un précieux talisman vert, une puissante relique à l’origine du monde et capable d’offrir des pouvoirs incommensurables à son détenteur. Après avoir tués les prêtresses qui protégeaient le talisman, Gedren récupère la relique et s’apprête à détruire le monde. Sonya, qui vient de croiser la route du prince Kalidor (Schwarzenegger), arrive au même moment et retrouvent Varna, la soeur de Sonya et l’une des prêtresses du temple en train d’agoniser. Avant de mourir, Varna révèle à Sonya les sombres desseins de la reine Gedren. Sonya se lance alors dans une grande quête héroïque de vengeance accompagnée par le prince Kalidor et le jeune prince Tarn (Ernie Reyes, Jr.) et son servant Falkon (Paul L. Smith).

Réalisé avec un budget ultra modeste (à peine 18 millions de dollars) et confié à Richard Fleischer, « Red Sonja » n’était certainement pas le nouvel exploit héroïque annoncé. Tourné à la va-vite et sans grande conviction, le film est un énorme nanar fauché indigne du grand Richard Fleischer, et qu’Arnold Schwarzenegger regrette amèrement, l’acteur ayant déclaré à plusieurs reprises que « Red Sonja » était le pire film dans lequel il avait joué, allant même jusqu’à ironiser sur le fait qu’il montre le film à ses enfants pour les punir lorsqu’ils ont fait des bêtises. La MGM et Dino DeLaurentiis ont profité du fait que Schwarzenegger était la grande star du moment en mettant son nom et son visage en avant sur les affiches du film, reléguant finalement Brigitte Nielsen, l’interprète de Sonya, au second plan – un comble, étant donné qu’elle est l’héroïne principale du film – Dès le départ, rien ne semblait donc fonctionner : décors cheap, dialogues inexistants, réalisation paresseuse, direction d’acteur lamentable - Schwarzy s’ennuie ferme et cela se voit à l’écran, Brigitte Nielsen est l’une des pires amazones du cinéma d’heroic-fantasy U.S., sans oublier l’insupportable Ernie Reyes Jr., qui joue le jeune prince Tarn, sans aucun doute le sidekick le plus lamentable du cinéma des années 80 (l’acteur est plus connu pour « The Last Dragon » et « Teenage Mutant Ninja Turtles »). Et que dire d’un scénario bâclé, dans lequel Sonya traverse plusieurs contrées avec quelques péripéties molles et ennuyeuses, la palme revenant à la longue séquence interminable où Kalidor affronte à mains nues un crocodile mécanique qui sort d’on ne sait où ! Très clairement, « Red Sonja » est un échec lamentable qui montrait déjà les faiblesses du cinéma d’heroic-fantasy au milieu des années 80, un genre qui va très vite s’essouffler jusqu’à s’épuiser complètement dans les années 90. Quand à Schwarzenegger, l’acteur aurait sans aucun doute préféré n’avoir jamais tourné dans un nanar aussi kitsch, indigne d’une filmographie pourtant riche en grands succès !

Difficile d’imaginer qu’un compositeur de génie comme Ennio Morricone ait pu participer à un nanar fauché comme « Red Sonja ». Le maestro fut contacté par Dino DeLaurentiis et participa au projet en raison du fait qu’une partie du film a été produit en Italie. Après les deux scores célèbres de Basil Poledouris pour « Conan the Barbarian » et « Conan the Destroyer », Ennio Morricone avait fort à faire pour reproduire l’univers musical d’heroic-fantasy instauré dans les précédents films de Conan. Il faut dire que le maestro n’était pas étranger au genre, puisqu’il avait déjà écrit la musique de « Hundra » en 1983 sur un sujet assez similaire. D’autre part, on se souvient par ailleurs que Dino DeLaurentiis lui-même avait initialement pensé à Ennio Morricone pour écrire la musique du « Conan » de John Milius en 1982. Enregistrée en Italie avec l’orchestre du Unione Musiciste of Rome (orchestre favori de Morricone), « Red Sonja » s’inscrit dans la continuité de « Hundra » et permet au maestro italien de livrer une grande partition orchestrale/chorale à la fois héroïque, épique, aventureuse et dramatique à la fois. Le film débute sur un « Prologue » grandiose, dévoilant le premier thème du score, un motif de quatre notes mystérieuses, mystiques et quasi spirituelles, avec une chorale éthérée et un orchestre dominé par des cuivres imposants. Morricone accompagne ici les premières apparitions de l’esprit venu parler à Sonya au début du film, avec un mysticisme quasi religieux grandiose et très réussi. Dans « Main Title », Morricone dévoile un second thème, une sorte de chevauchée un brin naïve et assez simpliste pour Kalidor, confiée à une trompette sur fond de cordes et bois staccatos évoquant le rythme de la chevauchée du prince guerrier, thème classique qui rappelle indéniablement celui de « Hundra ». Comme toujours, l’écriture orchestrale de Morricone est extrêmement riche et fournie, avec des harmonies élégantes et classiques, et une utilisation très caractéristique des choeurs si chers au maestro. Le talisman possède son propre matériau thématique dévoilé dans « The Talisman », largement dominé ici par une chorale féminine aux connotations religieuses impressionnantes, sur fond de cordes, vents et harpe (dommage que le morceau contienne un cut totalement raté à 1:06, un ‘edit’ exécuté de façon maladroite comme s’il manquait quelques secondes dans ce passage !).

L’action débute alors durant l’attaque de la reine Gedren et de ses troupes dans le temple des prêtresses du talisman au début du film. A noter ici l’emploi belliqueux et agressif des cuivres (les trompettes sont largement valorisées) avec quelques accords dissonants et sombres plus typiques du style avant-gardiste habituel d’Ennio Morricone (les derniers instants de « The Talisman » rappelle indéniablement certains passages du score de « The Thing » composé en 1982 !). Dans « Temple Raid », le maestro dévoile une idée-clé du score, un motif d’action composé d’une série de 2 notes répétées sur une gamme ascendante de façon agressive et tonitruante. Ce « Battle Theme » illustre clairement les assauts guerriers de la reine Gedren au début du film, et souligne par la même occasion la plupart des scènes de bataille du film. Le motif du talisman revient dans « Touch It » avec sa harpe mystérieuse caractéristique, tandis que le thème mystique/spirituel du « Prologue » est repris dans « Sonja and the Sword Master » pour traduire en musique l’idée que Sonya devient une grande guerrière tout en suivant les précieux conseils de son vieux maître d’arme. Ennio Morricone élabore ainsi une bonne partie de sa musique pour « Red Sonja » autour de cette longue succession de thèmes divers qui parsèment l’intégralité de la musique du film de Richard Fleischer. On retrouve par exemple le thème de chevauchée du prince Kalidor dans « Varna’s Death », tandis que la seconde partie du morceau (durant la mort de la soeur de Sonya) dévoile un thème-clé du score, une mélodie solennelle pour vents, cordes et choeur de toute beauté, probablement le plus beau thème du score de « Red Sonja », qui deviendra une sortie de Love Theme pour Kalidor et Sonya vers la fin du film – dommage que le mixage aléatoire de l’album publié par Perseverance soit parsemé de défauts sonores assez gênants, notamment dans l’emploi de ‘cut’ bizarres ou de fade out trop rapides comme à la fin de « Temple Raid » ou de « Varna’s Death », qui coupe de manière curieusement abrupte –

L’action se prolonge durant les passages plus sombres et guerriers comme « The Gate of Brytag » ou « Sonja vs. Brytag », un morceau d’action solide durant l’affrontement entre Sonya et Brytag, parsemé de notes staccatos dissonantes de hautbois, de trompettes en sourdines et de ponctuations staccatos de cordes plus typiques des musiques thriller composées par Ennio Morricone dans les années 80/90. Dans « Fighting the Soldiers », le motif de la bataille est repris en grande pompe de manière épique avec une chorale scandant le nom « Sonya » dans un style qui rappelle clairement la musique de Basil Poledouris pour « Conan the Barbarian ». Ennio Morricone respecte ici très clairement toutes les formules musicales habituelles de l’heroic-fantasy et nous offre une musique de bataille épique typique de l’époque, largement valorisée dans le mixage de la musique à l’écran. Le matériau sonore mystique du talisman est repris dans le puissant « The Chamber of Lights », qui prend des proportions quasi surréalistes et religieuses avec l’emploi de la chorale éthérée et d’harmonies complexes (morceau non utilisé dans le film, remplacé par un segment de « The Gate of Brytag »). Le thème solennel de Sonya revient dans « Sonja Teaches Tarn », exprimant l’espoir du renouveau pour Sonya, qui renoue enfin avec les hommes en prodiguant ses précieux conseils au jeune prince Tarn et en découvrant le vrai amour avec le prince Kalidor (cf. « Sonya and Kalidor »). A noter un autre morceau non employé dans le film comme « The Chamber of Lights » : « Treasure in the Cavern », censé accompagner à l’origine la scène du trésor dans la caverne. Morricone avait composé pour cette scène une musique dans une veine extrêmement romantique à la manière du Golden Age hollywoodien, mais le réalisateur a préféré laisser la scène sans musique. Dans « A Fair Fight », on retrouve le thème solennel de Sonya développé de façon puissante et élégante avec une trompette typique d’Ennio Morricone, durant le duel entre Sonya et Kalidor qui marquera le début de leur romance.

Enfin, « Entering the Castle » marque le début de la bataille finale avec le retour du matériau agressif de la fin de « The Talisman » et son écriture orchestrale plus complexe et dissonante, associée à la maléfique reine Gedren dans le film. Le thème de la bataille est repris une dernière fois dans l’affrontement héroïque de « Sonja Defeats the Queen » largement dominé ici par les ponctuations orchestrales/chorales et l’écriture très rythmique des trompettes. La musique se conclut sur l’excellent « End Credits » qui débute de façon étonnante sur un accompagnement de guitare basse avec la chorale en arrière-fond, et la mélodie du thème solennel/Love Theme pour Sonya et Kalidor reprise aux flûtes alto avec la trompette soliste et une section rythmique pop/rock un brin plus moderne. On ressort donc plutôt satisfait par l’écoute de la partition de « Red Sonja », qui reste à n’en point douter un effort mineur de la part d’Ennio Morricone pour l’un des plus mauvais films qu’il ait eut à mettre en musique au cours des années 80, et ce même si sa musique reste extrêmement généreuse, mélodiquement assez riche et pleine de bonnes idées. Le maestro italien tente de sauver les meubles et fait ce qu’il peut pour rendre cette aventure crédible, mais rien n’y fait, la sauce ne prend pas et la musique s’apprécie finalement davantage sur l’album de Perseverance Records qui permet de découvrir quelques passages inédits (hormis quelques omissions regrettables) et ce malgré quelques petits défauts sonores. Mixée généreusement sur les images, la partition de « Red Sonja » aurait pu donner une tournure épique et intense au film de Richard Fleischer, comme l’avait fait si brillamment Basil Poledouris sur « Conan the Barbarian » quelques années auparavant, mais malheureusement, le tout semble avoir été gâché par un manque de conviction flagrant de la part des concepteurs du film, qui n’ont pas su comment mener à bien leur objectif, faisant de cet énième film d’heroic-fantasy un nanar 80’s fauché qui ne profite même pas de la généreuse partition d’Ennio Morricone, probablement le seul élément vraiment positif de ce naufrage artistique regrettable !




---Quentin Billard