1-Morag 1.58
2-The Final Battle Begins 4.21
3-Plasma Ball 1.18
4-Quill's Big Retreat 1.37
5-To The Stars 2.51
6-Ronan's Theme 2.23
7-Everyone's An Idiot 1.26
8-What A Bunch Of A-Holes 2.14
9-Busted 1.34
10-The New Meat 0.35
11-The Destroyer 1.36
12-Sanctuary 2.26
13-The Kyln Escape 7.22
14-Don't Mess With
My Walkman 0.44
15-The Great Companion 0.51
16-The Road To Knowhere 0.37
17-The Collector 3.20
18-Ronan's Arrival 0.56
19-The Pod Chase 3.55
20-Sacrifice 3.20
21-We All Got Dead People 1.45
22-The Ballad of The Nova Corps. 1.48
23-Groot Spores 1.11
24-Guardians United 2.46
25-The Big Blast 3.20
26-Groot Cocoon 2.28
27-Black Tears 2.42
28-Citizens Unite 1.15
29-A Nova Upgrade 2.10

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Hollywood Records D002014802

Musique conduite par:
Timothy Williams
Orchestrations de:
Timothy Williams, Neal Desby,
Drew Krassowski, Edward Trybek

Musique additionnelle de:
Timothy Williams, Dieter Hartmann
Mixage et enregistrement:
Gustavo Borner
Monteur musique:
Steve Durkee
Score produit par:
Tyler Bates
Album produit par:
James Gunn, Kevin Fiege,
Dave Jordan

Artwork and pictures (c) 2014 Marvel Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
GUARDIANS OF THE GALAXY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Les films de super-héros ont le vent en poupe depuis maintenant 15 ans, suite au succès du « X-Men » de Bryan Singer au début des années 2000. Toutes les franchises inspirées de Marvel ou d’autres comics books célèbres ou moins connus y sont passées pour la plupart, sans compter tous les projets à venir. C’est pourquoi on attendait pas grand chose de l’adaptation cinématographique de « Guardians of the Galaxy » (Les Gardiens de la Galaxie), blockbuster d’action/aventure inspiré du comic book d’Arnold Drake et Gene Colan publié en 1962 dans le numéro de « Marvel Super-Heroes ». A la grande surprise, le film est confié à James Gunn, réalisateur atypique pour ce type de production auteur du parodique « Tromeo and Juliet » (1996) et du film d’horreur déjanté « Slither » (2006), autant dire que le cinéaste américain n’avait certainement pas le profil pour se lancer dans une adaptation ciné d’un comic book de chez Marvel. Pourtant, quelques années avant, James Gunn avait à nouveau fait parler de lui avec « Super », comédie dramatique indépendante mettant en scène un super-héros trash dans un contexte très politiquement incorrect. Ce goût pour la provocation, Gunn le nourrit depuis ses débuts, et c’est certainement grâce à « Super » que les producteurs de « Guardians of the Galaxy » décidèrent finalement de se tourner vers un cinéaste atypique avec un regard neuf – un pari osé étant donné que « Slither » et « Super » ont été des échecs commerciaux au cinéma – Le long-métrage s’inscrit ainsi dans la phase 2 de la saga cinématographique Marvel, initiée en 2013 par le « Iron Man 3 » de Shane Black. L’histoire de « Guardians of the Galaxy » débute sur Terre en 1988. Le jeune Peter Jason Quill rend visite à l’hôpital à sa mère mourante atteinte d’un cancer en phase terminale. Tandis qu’elle agonise lentement, sa mère lui remet un précieux cadeau. Peu de temps après, un vaisseau spatial débarque et aspire le jeune enfant. 26 ans plus tard, Peter Quill (Chris Pratt), devenu l’aventurier ‘Star-Lord’, se trouve sur la planète abandonnée Morag, où il est devenu un hors-la-loi travaillant pour une bande de mercenaires nommés les Ravageurs, dirigés par Yondu Udonta (Michael Rooker). Peter vole le précieux orbe, un objet mythique aux pouvoirs exceptionnels, convoité par l’empire Kree que dirige d’une main de fer le tyrannique Ronan l’Accusateur (Lee Pace). Ronan a passé un pacte avec le maléfique titan Thanos (Josh Brolin) pour lui remettre l’orbe en échange de la destruction de la planète Xandar, capitale de l’empire de Nova, ennemi suprême des Krees. Ronan espère ainsi rejeter le traité de paix signé entre l’empire de Nova et l’empire Kree en détruisant Xandar afin de venger son peuple pour de bon. Il envoie alors l’assassin Gamora (Zoe Saldana) pour récupérer le précieux objet dérobé par Peter/Star-Lord. Découvrant les pouvoirs colossaux de l’orbe et la menace qui pèse sur la galaxie, l’intrépide hors-la-loi s’allie avec quatre extra-terrestres que tout semble opposer : la tueuse Gamora, le robuste Drax le Destructeur (Dave Bautista) qui rêve d’assouvir sa vengeance suite à la mort de sa famille, le raton laveur tireur d’élite Rocket Raccoon (Sean Gunn) et l’humanoïde-arbre Groot (Vin Diesel). Peter réussit finalement à les convaincre de s’unir tous ensemble pour combattre Ronan, qui a réussi à récupérer l’orbe, et à l’empêcher de détruire Xandar et le reste de la galaxie, et ce avant qu’il ne soit trop tard.

« Guardians of the Galaxy » s’avère être une bien belle surprise que nous offre un James Gunn visiblement très inspiré par son sujet. Avec un budget de 170 millions de dollars, cette superbe production Disney/Marvel a de quoi réjouir les fans des comics books, car le film relate assez fidèlement l’univers des Guardiens de la Galaxie et propose une relecture modernisée riche et audacieuse du genre du space-opera, qui connut ses heures de gloire dans les années 70 avec la saga « Star Wars » et ses nombreux imitateurs qui arrivèrent par la suite tout au long des années 80. A vrai dire, James Gunn va plus loin et fait carrément référence aux années 80 tout au long de son film, à commencer par l’introduction du récit, qui débute sur Terre en 1988 au son de la cultissime chanson « Hooked on a Feeling » du groupe suédois Blue Swede qu’écoute le jeune Peter sur une cassette audio intitulée « Awesome Mix Vol .1 ». Avec des effets spéciaux très réussis et un univers visuellement très riche et bourré de trouvailles, James Gunn s’inspire des grands classiques de la science-fiction, de « Star Wars » à « Blade Runner » en passant par les classiques des années 50/60. Le film se distingue de ses prédécesseurs par un mélange détonnant d’humour irrévérencieux, d’atmosphère sombre, d’émotion et de batailles épiques à la manière des grandes productions hollywoodiennes d’antan. Les producteurs de chez Marvel et Disney souhaitaient que le film possède un vrai caractère, avec une vision décalée du space-opera sans tomber pour autant dans la parodie. Si l’on se rapproche dans l’idée du « Avengers » de Joss Whedon (un groupe de héros se rassemblent pour combattre une menace commune), le traitement de l’histoire et des personnages est ici radicalement différent, tout en faisant des clins d’oeil agréables à la franchise Marvel (cf. Benicio Del Toro dans le rôle du collectionneur, déjà aperçu en séquence post-générique à la fin de « Thor the Dark World »), tout comme Thanos le Titan, qui apparaissait aussi en séquence post-générique à la fin du premier « Avengers ». Certes, le film s’apprécie non seulement pour son côté fun très old school et ses séquences de bataille et de combats épiques, mais la vraie réussite de « Guardians of the Galaxy » tient surtout dans la façon dont James Gunn apporte une vraie émotion à l’histoire et à ses personnages, les rendant particulièrement attachants à force de s’attacher à leurs faiblesses et à leurs travers. Le film propose même quelques scènes d’une poésie visuelle épatante, comme cette séquence quasi féerique où Groot libère d’étranges particules de lumière magiques autour de ses compagnons vers la fin du film. On a d’ailleurs parfois reprocher au film de Gunn de tomber dans le larmoyant, à commencer par le début du film, pas forcément indispensable, mais qui aide pourtant à comprendre par la suite la personnalité de Peter Quill. Outre leur combat commun, les Gardiens de la Galaxie se découvrent très rapidement un autre point commun, celui d’être hanté par un passé sombre peuplé de tragédies diverses. Chacun a perdu un être aimé ou s’est égaré dans sa vie, mais James Gunn n’oublie pas qu’il livre un spectacle hollywoodien avant tout, et l’émotion cohabite astucieusement ici avec l’humour, l’action et l’aventure, avec un fun constant, de bonnes répliques et des références remarquables à la pop-culture des années 80. « Guardians of the Galaxy » s’avère être au final une grande réussite, qui dépoussière le space-opera traditionnel et les films de super héros en y assénant une sacré dose d’émotion et d’humour : sans aucun doute l’un des meilleurs films de la phase 2 Marvel !

James Gunn retrouve sur « Guardians of the Galaxy » son fidèle complice, Tyler Bates, qui signe une partition symphonique héroïque et très old school pour les besoins du film. Peu habitué aux grandes musiques symphoniques, Bates était jusqu’à présent connu pour ses scores électroniques modernes chez Zack Snyder ou sur de nombreux films d’épouvante ou des thrillers (cf. l’excellent « Killer Joe » de William Friedkin). Ce n’est pas la première fois que Bates met en musique les aventures d’un groupe de super héros, puisqu’il avait déjà eu l’occasion de faire la musique du « Watchmen » de Snyder en 2009. En revanche, à la première écoute du score dans le film et sur l’album, on reste surpris par l’esthétique symphonique rétro du score de « Guardians of the Galaxy », radicalement opposé à tout ce que fait habituellement le compositeur pour le cinéma. Dépoussiérant à son tour le style musical des space-opera traditionnels façon John Williams, Tyler Bates concocte pour « Guardians of the Galaxy » un score dynamique, riche et coloré, servi par un thème principal héroïque et mémorable pour les Gardiens de la Galaxie. Utilisant toutes les ressources d’un grand orchestre symphonique avec chœurs et éléments électroniques plus modernes, la partition de « Guardians of the Galaxy » va directement là où on l’attend mais avec une force et une énergie rafraîchissante de la part de Tyler Bates. Après une ouverture mystérieuse mélangeant cordes, cuivres et choeurs dans « Morag », le thème principal est dévoilé dans toute sa splendeur dans « The Final Battle Begins », qui illustre la bataille finale (les morceaux ne sont absolument pas présentés sur l’album selon l’ordre chronologique du film !). La mélodie épique et héroïque des Gardiens de la Galaxie apporte un sentiment d’aventure et de noblesse assez grisant, dans la veine des grandes mélodies héroïques old school des films de super-héros d’avant. Le problème, c’est que Tyler Bates n’est certainement pas John Williams, et son écriture reste assez souvent jonchée de défauts et de limites techniques typiques des productions musicales hollywoodiennes d’aujourd’hui. « The Final Battle Begins » reflète ainsi les hauts et les bas de la partition, avec de superbes envolées triomphantes du Main Theme, notamment à 1:32 et à 3:45.

Les orchestrations privilégient les cordes et les cuivres avec une avalanche continuelle de percussions – timbales, caisse claire, cymbales, toms – et une chorale épique assez présente, tandis que les bois sont totalement relégués au second plan. Le problème, outre le caractère monolithique des orchestrations, c’est que l’ensemble reste assez souvent impersonnel, mâtiné d’influences évidentes (celles de Remote Control, comme d’habitude !), mais aussi d’Alan Silvestri dans quelques envolées héroïques, de Brian Tyler, de Steve Jablonsky ou de James Horner (flagrant dans « The Big Blast »). Tyler Bates reprend tous les codes des musiques d’action/aventure des blockbusters actuels sans aucune originalité particulière, et malgré de larges efforts pour écrire une vraie musique symphonique de science-fiction old school, les limites techniques du compositeur se font très cruellement ressentir dans certains passages. Cela n’empêche pas pour autant Bates de passer du bon temps sur certain passage où il se fait plaisir et témoigne même d’une vigueur musicale impressionnante, surtout quand on connaît les précédents ‘ratés’ du musicien (cf. les plagiats honteux de « 300 » ou les maladresses abrutissantes de « Conan the Barbarian »). Si le score déçoit dans certains passages fonctionnels inintéressants comme « Plasma Bell », on apprécie davantage les morceaux d’action et leurs rythmes martiaux plus nerveux sur fond de ponctuations agressives de cuivres comme « Quill’s Big Retreat ». Dommage que le compositeur se sente trop souvent obligé de reprendre le fameux cliché insupportable de ce que certains ont déjà baptisé le « horn of doom », un son de basse descendante repris partout à Hollywood depuis le « Inception » d’Hans Zimmer, et généralement utilisé dans les scènes de ralenti intenses (on l’entend notamment dans « Quill’s Big Retreat » à 0:30). Ces morceaux d’action, peu originaux, ont au moins le mérite d’être écrit correctement – on reste loin du ratage intégral de l’inécoutable « Conan » ! – et d’apporter un punch rafraîchissant aux images du film de James Gunn, tandis que les détracteurs de Tyler Bates pousseront probablement un « ouf ! » de soulagement, en se disant « enfin une musique de ce compositeur écrite à peu près correctement ! ». Effectivement, entre la médiocrité absolue de certains anciens scores de Bates et un morceau poignant et poétique comme « To the Stars », il y a un fossé incroyable, et l’on n’aurait jamais cru Bates capable de le franchir ! « To the Stars » développe le thème principal sous un angle plus intime et mélancolique au piano avec cordes et voix féminine, un très beau morceau qui rappelle aussi l’aspect plus dramatique et émotionnel du film.

Le deuxième thème du score est introduit dans « Ronan’s Theme ». Il s’agit bien entendu du thème du méchant, Ronan l’Accusateur, thème essentiellement dominé par des percussions synthétiques, des pads électro et des sonorités brumeuses, menaçantes et dissonantes. Curieusement, malgré l’appellation « Ronan’s Theme », on ne retiendra pas grand chose du thème de Ronan, qui n’utilise aucune mélodie particulière et privilégie davantage l’atmosphère musicale sombre et électronique associée au despote dans le film. Un troisième motif apparaît à quelques reprises, un thème associé aux Nova Corps qui défendent la planète Xandar. Ce thème épique et héroïque est superbement développé dans le prenant « The Ballad of the Nova Corps », qui prend des allures d’anthem grandiose avec orchestre, chœur et guitare électrique à la manière des grandes envolées épiques du Media Ventures des années 90, sans aucun doute l’un des grands moments du score de Tyler Bates – qui doit aussi beaucoup à son orchestrateur, compositeur additionnel et arrangeur, Timothy Williams, sans aucun doute en grande partie responsable du ton symphonique old school du score – L’action est au cœur même de « Guardians of the Galaxy », avec des déchaînements orchestraux/percussifs intenses mais un peu interchangeables comme « What a Bunch of A-Holes », « The Big Blast », « Sanctuary » ou l’hyper intense « The Kyln Escape » (7 minutes d’action non-stop), qui alignent les mêmes clichés musicaux, à savoir un flot perpétuel de cordes staccatos et mécaniques façon Steve Jablonsky. On reste encore une fois ici dans le giron des studios Remote Control, les compositeurs hollywoodiens actuels étant plus que jamais obligés de singer ce style musical à la mode selon les desideratas de producteurs qui ne jurent plus que par Hans Zimmer et sa bande. C’est pourquoi on préfèrera se concentrer dans « Guardians of the Galaxy » sur les passages plus élégants et émouvants comme l’envolée triomphante du thème dans « The Great Companion » ou le tragique « Sacrifice », sans oublier « Groot Spores », pour l’une des plus belles scènes du film, un instant de féerie pure assez surréaliste, lorsque Groot libère des spores lumineux incandescents dans l’air. Le morceau est accompagné de cordes quasi romantiques et ‘old fahsion’, avec des choeurs grandioses et des arpèges rapides de synthétiseurs kitsch très 90’s – on croirait presque entendre du James Horner ou du Robert Folk de l’époque – C’est dans ces moments d’inspiration soudaine et fulgurante que la musique de Tyler Bates se montre sous son meilleur jour, sans oublier ces moments dramatiques prenants où le destin des héros reste incertain, comme dans les bouleversants « Sacrifice » et « Groot Cocoon », ou le mélancolique « We All Got Dead People », ainsi que les grands moments d’espoir comme pour l’union des gardiens triomphants dans le final du superbe « Guardians United ».

Il faut vraiment saluer l’effort de Tyler Bates dans deux morceaux en particulier, « Groot Spores » et « Groot Cocoon », qui développent une mélodie élégante et majestueuse pleine d’espoir, associée à Groot dans le film et à ses étranges pouvoirs. Développée en douceur dans la scène magique des spores lumineuses, la mélodie de Groot revient dans toute sa splendeur, portée par des choeurs grandioses dans « Groot Cocoon » pour la renaissance de l’humanoïde-arbre. S’il fallait même chercher 2 morceaux mémorables dans toute la carrière de Tyler Bates, il se pourrait bien que « Groot Spores » et « Groot Cocoon » y figurent à coup sûr ! A leurs côtés, on trouve aussi quelques belles envolées épiques qui colleront des frissons aux plus grincheux, comme dans les triomphants « Black Tears » et « A Nova Upgrade ». Tyler Bates a donc relevé brillamment le défi de s’essayer à son tour à la musique de film de super-héros avec « Guardians of the Galaxy », signant une musique certes assez inégale mais exécutée avec brio, reflétant un vrai plaisir musical qui doit beaucoup à la volonté du réalisateur et du compositeur de nous offrir une aventure old school plutôt maîtrisée, si bien que, malgré certains passages inintéressants et impersonnels, on se plait à découvrir de vrais moments de poésie et d’émotion pure dans une musique finalement assez généreuse, servie par un thème principal héroïque assez solide qui apporte une vraie force au film et aux personnages principaux. Du coup, le score apporte une réelle plus-value au long-métrage de James Gunn, personnifiant chaque scène et chaque action avec une force continue, et une émotion pleinement assumée de bout en bout, chose plutôt rare de nos jours dans un blockbuster hollywoodien ce cette envergure. Constat réaliste : si Tyler Bates est donc capable d’écrire une musique correcte et plutôt bien troussée comme « Guardians of the Galaxy », on peut parier qu’il saura rebondir à l’avenir et livrer de bien meilleures choses que ce qu’il nous a donné à entendre au cours de ces 5/6 dernières années fort décevantes !




---Quentin Billard