1-Main Titles/Meghan
Runs from Rabbis 1.56
2-Rose & Denise Visit/
I Am a Writer of Books 1.38
3-Meghan Meets Gordon/
Chang is Out 2.04
4-Relax Meghan/
Meghan's Car Towed 1.30
5-Hooker's Revenge/
The Little Yellow Dress/
Gordon Rinses Eyes 1.30
6-Meghan Escapes/
Surrounded by Hookers 1.46
7-My Heel Hurts/Meghan Tries
To Steal Bike/High Heel Problems 1.24
8-Meghan Meets Scrilla/
Shootout & Escape 1.21
9-Goodbye Scrilla/Gordon
Sees Meghan's Text 1.07
10-Meghan Runs with Scrilla/
Searches Clothes/
Thrown Off the Bus 2.00
11-Gordon Questioned About Subway/
Interrogation/
Cops Pursue Meghan 1.04
12-The Search for Meghan 2.40
13-Meghan Pursued/Crosses
Freeway/Helicopter Rescue 3.32
14-Meghan Sees Tow Yard/
Show Me Your Boobs 0.56
15-Meghan Is Rescued/
Will You Help Me 1.21
16-Meghan Finds Her Car/
Escapes/Hasty Exit 1.52
17-I'm the Breaking Story 2.56
18-The Girl in the Yellow Dress 1.08

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Lakeshore Records LKS 343692

Coordinateur score:
Lola Debney
Superviseur production score:
Stephanie Pereida
Monteurs musique:
Chuck Martin, Jeff Carson,
Liquid Music

Enregistrements instruments:
Dennis Sands
Assistant technique
Debney Productions:
Jaime Hartwick
Mixage:
Chris Fogel
Producteurs exécutifs album:
Skip Williamson, Brian McNelis
Directeur A&R:
Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2014 Lakeshore Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
WALK OF SHAME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
Le délirant « Walk of Shame » (Blackout total) débute sur un montage assez loufoque de journalistes professionnels qui se ratent magistralement en plein direct : le ton est très vite donné ! Le film de Steven Brill raconte l’histoire de Meghan Miles (Banks), intrépide reporter du journal télévisé pour la chaîne locale KZLA qui est sur le point de recevoir une importante promotion déterminante pour le reste de sa carrière. Seulement voilà, quelques semaines plus tard, Meghan apprend par son producteur Dan Karlin (Willie Garson) que son poste sera peut être confié à la journaliste concurrente Wendy Chang, et comme si cela ne suffisait pas, son fiancé la quitte subitement pour une autre femme. Totalement anéantie, Meghan se laisse convaincre par ses amies Rose (Gillian Jacobs) et Denise (Sarah Wright) de partir en soirée afin de faire la fête et de noyer son chagrin dans l’alcool sans limite. Complètement soule, Meghan se retrouve bloquée en haut d’un escalier anti-incendie et croise alors la route de Gordon (James Marsden), un jeune homme qui lui vient en aide et décide de la ramener chez lui. Après quelques jeux sexy en petite tenue et beaucoup de délires en tout genre toute la nuit, Meghan se réveille le lendemain dans le lit de Gordon, en sous-vêtements et avec une terrible gueule de bois. Récupérant ses vêtements, la jeune femme quitte précipitamment la maison de Gordon avec ses clés de voiture (mais sans son téléphone) et se souvient alors qu’elle doit se rendre absolument à Los Angeles pour sa promotion. Seulement voilà : elle se perd très vite dans les rues de la ville, habillée d’une robe jaune ultra sexy que lui a prêté son amie Rose. A cause de sa tenue et de son errance dans les rues, Meghan est prise par erreur pour une prostituée par tous ceux dont elle va croiser la route, incapable de retrouver sa voiture qui a été embarquée par la fourrière de l’autre côté de la ville. C’est le début d’un long calvaire pour la jeune reporter qui va vivre une série de péripéties loufoques et extravagantes, poursuivie par la police, devenue amie par mégarde d’une bande de dealers du coin, traquée par un chauffeur de taxi qui réclame son dû, etc. « Walk of Shame » assume au final son quota de gags loufoques et de situations totalement rocambolesques en jouant sur les quiproquos et les délires en tout genre. Hélas, le film n’a pas rencontré son public à sa sortie en salles en 2014, à tel point que le long-métrage sera diffusé dans un nombre limité de salles, largement massacré par la critique qui n’y a vu qu’une énième comédie satirique à la « Very Bad Trip », doublé d’un humour bassement misogyne - la pauvre Meghan se fait traiter de pute tout le long du film et subit une vague de préjugés terriblement réducteurs et dégradants – Difficile de vraiment sourire face aux péripéties de la malheureuse Meghan, qui se retrouvera changée à tout jamais par cette série d’événements délirants mais pas vraiment drôles. Parfois trash, parfois débile ou juste bêtement vulgaire, « Walk of Shame » ne tient pas totalement ses promesses et échoue dans la catégorie des comédies balourdes plutôt ennuyeuses, qui ne doit son salut qu’à l’interprétation sans faille d’Elizabeth Banks, qui semble être la seule à y croire !

John Debney retrouve avec « Walk of Shame » son domaine de prédilection, la musique de comédie, un registre qu’il connaît sur le bout des doigts et dans lequel il excelle depuis plus de deux décennies déjà. Moins orchestrale que d’habitude, la musique de Debney pour « Walk of Shame » met en avant un ensemble instrumental orienté pop/rock avec quelques éléments électroniques et des instruments solistes, le tout écrit avec un plaisir évident. « Main Titles/Meghan Runs from Rabbis » plante clairement le décor en évoquant la folle journée de Meghan à l’aide d’un premier morceau rock basé sur un riff de guitare électrique trash/basse et de batterie survoltée. La seconde partie dévoile quelques éléments électroniques modernes qui suggèrent clairement l’univers urbain du film et des rues de Los Angeles. « Rose & Denise Visit/I Am A Writer of Books » se veut quand à lui plus chaleureux en utilisant un ensemble de guitares sèches avec un piano et la section rythmique basse/batterie. On retrouve ici le ton pop/orchestrale héritée de scores comédie tels que « No Strings Attached », « Happy New Year » ou « Valentine’s Day ». A signaler un problème qui apparaît très rapidement ici, à savoir l’emploi d’instruments samplés, probablement pour des questions de budget et aussi d’esthétique. Si le principe n’est pas foncièrement mauvais en soi, le résultat est assez approximatif, surtout lorsque Debney tente d’imiter les instruments de l’orchestre symphonique traditionnel de manière cheap et un peu artificielle : c’est d’autant plus flagrant dans les quelques passages mickey-mousing sautillants comme « Meghan Meets Gordon/Chang Is Out » ou « Relax Meghan/Meghan’s Car Towed », des moments assez fonctionnels peu intéressants dans le film et malheureusement un peu gâchés par cette utilisation de sample cheap (notamment dans les sons de pizz et de bois). C’est d’autant plus rageant que John Debney a généralement un peu plus de moyen sur ses musiques de comédie habituelles.

Qu’à cela ne tienne, le compositeur aborde le film avec une malice évidente et un plaisir qu’il communique dans chaque morceau de « Walk of Shame ». C’est le cas dans « Relax Meghan/Meghan’s Car Towed », qui suggère avec ironie les ennuis de la pauvre Meghan avec son lot de pizz/bois bondissants et claviers légers. Dans « Hooker’s Revenge/The Little Yellow Dress/Gordon Rinses Eyes », Debney développe quelques rythmiques hip-hop avec riff de claviers, loop, vibraphone, guitare, basse, percussions et la partie orchestrale samplée qui se limite bien souvent à des trémolos de cordes, des pizz sautillants et quelques bois. La musique évoque même une fausse ambiance de film d’espionnage avec l’emploi de bongos et de riff de basse furtif et assez amusant. Dommage cependant que les cordes samplées cheap du début de « Meghan Escapes/Surrounded by Hookers » ne parviennent pas à convaincre totalement ! En revanche, on appréciera davantage la seconde partie, plus rythmée et dynamique durant laquelle Debney utilise une batterie rock avec guitares électrique, basse, claviers (incluant orgue hammond), synthés et harmonica aux sonorités bluegrass/country trépidantes. Comme souvent dans ce type de musique, les morceaux s’enchaînent rapidement et ne dépassent quasiment jamais les 2 minutes. Du coup, Debney désamorce très vite les ambiances qu’il met en place, manquant cruellement de développement dans ses idées, étant réduit à enchaîner les musiques et les ambiances minute après minute sans prendre le temps de se poser réellement. Néanmoins, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le plaisir évident qui se dégage de morceaux fun comme « My Heels Hurt/Meghan Tries to Steal Bike/High Heel Problems », qui développe davantage les touches rock/blues avec la batterie, les guitares et l’harmonica (sans oublier l’emploi amusant de synthétiseurs analogiques façon années 80-90), dans un style qui rappelle parfois la musique de Robert Folk pour le film « Nothing to Lose ».

Assumant pleinement le caractère urbain et contemporain de sa musique, John Debney va même jusqu’à imiter le style rap/hip-hop dans « Meghan Meets Scrilla/Shootout & Escape » à l’aide de loops électro survoltés pour la scène où Meghan rencontre Scrilla et ses dealers. Debney pastiche même les sonorités dubstep/drum’n bass durant la scène de la fusillade entre les deux gangs, le tout accompagné de basses techno déchaînées et de samples de voix masculine à la manière d’un remix de DJ. Variant les styles et les ambiances avec un plaisir évident, Debney montre encore une fois qu’il est un musicien touche-à-tout véritablement étonnant, à l’aise dans tous les styles, même là où on ne l’attend pas. Dans « Goodbye Scrilla/Gordon Sees Meghan’s Text », il varie ainsi entre une guitare sèche intime et quelques passages funky de batterie/clavier/basse typique de l’ambiance urbaine de « Walk of Shame ». Idem pour « Meghan Runs with Scrilla/Searches Clothers/Thrown Off the Bus » avec son tempo survolté et son passage rock/blues déchaîné, pour suggérer les nouveaux ennuis de Meghan, poursuivie maintenant par deux policiers obstinés et les rivaux de Scrilla. Entendre Debney s’essayer à du blues pure souche dans la seconde partie de « Searches Clothers/Thrown Off the Bus » fait plaisir à entendre, montrant une autre facette d’un compositeur trop souvent cantonné au style orchestral traditionnel. La musique évolue ainsi jusqu’à la fin, en alternant les ambiances, entre passages hip-hop, morceaux mickey-mousing avec l’orchestre samplé, rythmes pop/rock et moments blues/groovy exaltant. « The Search for Meghan » est assez représentatif de ce mélange de style, puisque la musique débute sur un rythme rapide de batterie avec riff de basse, cuivres/cordes agitées et claviers durant la scène où les amis de Meghan la recherchent partout dans la ville.

Debney se fait plaisir, surtout lorsqu’il expérimente sur le son dans « Meghan Pursued/Crosses Freeway/Helicopter Rescue » où il va même jusqu’à sampler une voix féminine dans un remix électro assez trépidant durant la scène de la traversée de l’autoroute – avec un final orchestral quasi héroïque qui rappelle très clairement Alan Silvestri – Dans « Meghan Is Rescued/Will You Help Me », l’humour et le fun urbain des précédents morceaux cède la place à une musique pop plus chaleureuse avec les cordes, les guitares et la section rythmique, dans un style proche de « Valentine’s Day ». C’est aussi le cas dans « I’m the Breaking Story » où l’on devine une certaine émotion et une insouciance touchante avec un rythme léger et continu lorsque Meghan révèle à la fin du film son intention de prendre un nouveau départ dans sa vie. « I’m the Breaking Story » se montre rafraîchissant dans sa manière de développer une très jolie mélodie partagée entre claviers, guitares, voix féminine samplée et même sifflet plutôt amusant, sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux de « Walk of Shame ». John Debney se fait donc plaisir avec le film de Steven Brill et offre à « Walk of Shame » une musique fun, amusante et débridée, mélangeant rock, pop, blues, hip-hop/rap, électro et passages orchestraux plus conventionnels, le tout parfaitement unifié et plutôt cohérent sur l’album comme dans le film. Le compositeur se voit ainsi offrir l’opportunité de délaisser l’approche orchestrale habituelle, ici reléguée au second plan au profit de morceaux plus contemporains et urbains d’esprit, dans un style à mi-chemin entre le « Nothing to Lose » de Robert Folk et le « Midnight Run » de Danny Elfman. Si vous cherchez une musique comédie de John Debney qui se distingue un peu de la masse, « Walk of Shame » devrait vous séduire par son mélange de styles et sa bonne humeur constante, même si le score n’a rien de follement original et risque de décevoir par son manque flagrant de thème fédérateur et la trop courte durée de la plupart des morceaux. Néanmoins, force est de constater que la musique remplit parfaitement son rôle sur les images et apporte un fun considérable au film de Steven Brill : les fans de John Debney apprécieront à coup sûr !




---Quentin Billard