Original Soundtrack

1-Dive for You 4.21
(Boom Boom Satellites)
2-Burns Attack (Paul Oakenfold) 4.06
3-Good Luck (Basement
Jaxx & Lisa Kekaufa) 4.38
4-One Man Army
(T. Raumschmeire) 3.04
5-Bump Over Hills
(Boom Boom Satellites) 3.26
6-Coro (Ryuichi Sakamoto) 4.07
7-White Car (Atom) 2.48
8-Hand to Phone (Appleseed Version)
(Carl Craig & Adult) 5.43
9-The Dragonfly Who Thought
He Was A Mockinbird (Akufen) 5.37
10-Anthem (Boom Boom
Satellites) 5.19
11-Underdog (Boom Boom
Satellites) 4.35

Original Score

1-Appleseed 0.39
2-Exposed 2.50*
3-Akumu (Nightmare) 3.25
4-Saikai (Reunion) 2.03
5-Kido (Activate) 5.06
6-Utopia 2.12
7-Betrayal 2.46
8-Mother 4.34
9-Crossfire 4.00
10-Kikan (Return) 4.22
11-Password 3.09
12-New Age 2.12

*Composé par Tetsuya Takahashi
et Masayuki Nakano.

Musique  composée par:

Tetsuya Takahashi

Editeur:

Sony Music Records SRCP 371-2

Score produit par:
Tetsuya Takahashi
Superviseur musique:
Teru Yasui

(c) 2004 Appleseed Film Partners/Digital Frontier/Geneon Entertainment/MBS/Micott & Basara K.K./TYO Productions/Toho Company/TBS. All rights reserved.

Note: ***
APPLESEED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tetsuya Takahashi
« Appleseed » est à l’origine une série de mangas de Masamune Shirow publiés entre 1985 et 1989. Il s’agit d’un shonen classique se déroulant dans un univers cyberpunk traditionnel. Shirow est aussi connu comme étant l’auteur du manga culte « Ghost in the Shell ». « Appleseed » a d’abord été adapté sous la forme d’un OAV de 45 minutes sorti en 1988 suivi du long-métrage animé réalisé par Shinji Aramaki en 2004. Le film, entièrement conçu en images de synthèses, est une relecture modernisée du manga de Masamune Shirow retraçant les grandes lignes de la bande dessinée d’origine. L’histoire se déroule sur Terre après la troisième guerre mondiale (2099-2126) qui a ravagé une bonne partie du monde. Des nations renaissent de leurs cendres et de nouvelles puissances font leur apparition tandis que des survivants se réfugient dans des villes en ruines. En 2131, Deunan Knute, une jeune et séduisante guerrière, combat seule sur un champ de bataille à l’intérieur d’une ville dévastée mais sans aucun moyen de communication, ignorant même que la guerre est déjà terminée. Au cours d’un combat contre des ennemis non identifiés, Deunan est capturée par une équipe de l’ES.W.A.T, une branche spéciale du S.W.A.T. conçue par le gouvernement d’Olympus et spécialisée dans la lutte anti-terroriste. L’ES.W.A.T est dirigée par Hitomi et Briareos, une ancienne connaissance de Deunan qui ressurgit soudainement de son passé. Briaeros était autrefois l’amant de Deunan, mais son apparence physique a entièrement changée suite aux combats durant la dernière guerre : il est devenu un cyborg ultra-sophistiqué. Deunan, Hitomi et Briareos se rendent alors à Olympus, où la jeune guerrière découvre une ville futuriste high-tech et utopique peuplée d’êtres artificiels appelés les Bioroïdes, des clones conçus pour réfréner les passions humaines – Hitomi est elle-même un de ces êtres – Des membres-clé du gouvernement d’Olympus s’intéressent alors à la jeune Hitomi, qui possèderait la clé du projet top-secret « Appleseed » sans le savoir. A la suite d’une attaque terroriste, les Bioroïdes sont plus que jamais menacés. Deunan se lance alors dans un long périple pour découvrir les secrets de « Appleseed » et sauver Hitomi et les Bioroïdes avec la complicité de Briaereos et de l’ES.W.A.T, mais son aventure risque d’avoir d’importantes conséquences sur l’avenir de l’humanité.

Avec un scénario assez similaire au manga d’origine, « Appleseed » est au final un anime plutôt bien troussé, avec une animation plutôt originale pour l’époque, puisque l’équipe d’animation dirigée par Shinji Aramaki (spécialiste des designs pour les séries TV de mecha) a mélangé 2D traditionnelle et 3D moderne pour un résultat hybride assez déroutant : incorporer du motion capture dans de l’ombrage de celluloïd était un défi plutôt osé, et de ce point de vue, le film s’en tire à bon compte, même si le mélange n’est pas sans poser quelques problèmes – certains personnages ont l’air complètement artificiels, l’expression faciale des individus paraît limitée, et on regrette le côté épuré de certaines images – Niveau scénario, outre le fait que le film prend d’énormes libertés par rapport au manga de Masamune Shirow, on regrette les faiblesses d’un récit dont on devine trop rapidement les tenants et les aboutissants. Comparé à la complexité dramatique et aux enjeux philosophiques/métaphysiques d’un anime culte comme « Ghost in the Shell », difficile de se sentir vraiment passionné par l’histoire finalement assez simpliste de « Appleseed », qui aborde les thèmes de la création d’une société parfaite, d’un futur apocalyptique et de la conception de clones humains, mais sans grande réflexion particulière. Le scénario se veut pourtant complexe et parsemé de rebondissements, mais quand on prend le temps de le décortiquer réellement, il ne reste qu’une trame morale/philosophique ultra simpliste – de type « la société parfaite n’existe pas, l’humanité doit prévaloir sur le collectif, etc. » - Quand on se souvient des questions existentielles passionnantes que soulevaient un « Ghost in the Shell » bien plus subtil qu’il n’y paraissait, la vision de « Appleseed » peut prêter à sourire (sans oublier un final un peu bâclé et vraiment décevant). Au final, « Appleseed » déçoit par la faiblesse de ses dialogues et la vacuité d’un scénario terne qui recycle tous les clichés des films de mecha/cyberpunk habituels, sans respecter complètement le manga d’origine, et même si les personnages sont finalement assez attachants – on appréciera le look sexy de la jeune Deunan et le design de Briareos, qui apportent tous deux une vraie personnalité au film – et que les scènes d’action sont assez spectaculaires, on reste bien loin ici du niveau des grands classiques de l’animation japonaise !

Hélas, la déception liée aux faiblesses scénaristiques de « Appleseed » va ici de paire avec la musique originale de Tetsuya Takahashi, plutôt fonctionnelle et pas vraiment mémorable. Le score de Takahashi cohabite tout au long du film avec une sélection de morceaux électro d’artistes divers incluant Paul Oakenfold, Basement Jaxx, T. Raumschmiere, Adult, Atom et le groupe électro japonais Boom Boom Satellites fondé en 1995 par Michiyuki Kawashima et Masayuki Nakano. Fait plutôt rare pour un film d’animation japonais : la bande son réunit ainsi des musiciens d’horizons divers, et pas seulement japonais, puisqu’on y trouve aussi des artistes européens (et notamment britanniques). Concernant Tetsuya Takahashi, le choix de ce compositeur était plus qu’évident, le compositeur nippon s’étant spécialisé depuis quelques années dans les compositions pour le cinéma d’animation japonais (les séries TV animées « X-Men », « Blade », « Iron Man », l’ONA « Halo Legends » ou le long-métrage animé « Biohazard : Degeneration »). Pour « Appleseed », Tetsuya Takahashi élabore un score hybride mélangeant orchestrations conventionnelles et parties électroniques/rock typiques des musiques d’anime des années 2000. Le film débute au son du « Burns Attack » de Paul Oakenfold, morceau électro assez prenant durant la confrontation entre Deunan et les cyborgs au début de l’histoire. Le générique s’ouvre ensuite au son du « Good Luck » de Basement Jaxx, tandis que le score de Takahashi apparaît très rapidement, pour apporter une dimension plus dramatique et épique au film, à l’aide d’un orchestre en grande partie synthétique (avec des banques de sons assez correctes pour une fois !). Le score repose sur un thème principal qui apparaît dans le film dans « Crossfire » à 2:36. Il s’agit du leitmotiv principal de la musique de « Appleseed », un thème épique et héroïque qui reviendra aussi dans les films suivants de la saga, mélodie reflétant les exploits de Deunan lors d’une scène de bataille cruciale vers la fin du film. Ecouté dans la globalité, le score apporte un poids dramatique et émotionnel non négligeable aux images de l’anime de Shinji Aramaki. Malgré le côté parfois un peu artificiel des samples orchestraux, la musique joue un rôle-clé dans la compréhension du récit et des émotions, notamment dans la manière dont le score reflète aussi bien les moments les plus intimes et les plus personnels que les envolées épiques et grandioses des scènes d’action comme « Crossfire », « Password » ou le très rock et survolté « Exposed », co-écrit avec Masayuki Nakano.

« Exposed » (scène de l’attaque terroriste dans les rues de la ville) est effectivement assez typique du style de certaines musiques d’anime japonais moderne, avec ses rythmiques de batterie enragée et sa guitare électrique rock trash sur fond d’orchestrations action assez prenantes. La musique devient même plus sombre dans « Nightmare », faisant intervenir des choeurs synthétiques reflétant l’aspect dramatique et grandiose de cette histoire de conspiration sur fond de création d’une société parfaite. A noter que les choeurs sont souvent associés aux conspirateurs et l’ordinateur GAIA dans le film. Dans « Meeting Again », on découvre la partie plus intimiste de l’histoire et de la musique avec une utilisation douce et tendre d’une harpe (synthétique) avec quelques cordes chaleureuses. Plutôt minimaliste et quasi onirique, le morceau évoque par son atmosphère rêveuse les retrouvailles entre Deunan et Briareos, tandis que « Boot Up » rompt le ton minimaliste avec le retour des choeurs puissants évoquant la conspiration avec un orchestre puissant dominé par les cuivres – incluant des FX de cors dissonants issus de la banque de son « SAM Horns » – les cordes et les percussions (cymbales, timbales, caisse claire). Dommage que l’ensemble paraisse parfois un peu brouillon, car il ne fait nul doute qu’un vrai orchestre aurait sans aucun doute rendu le tout 100 fois plus prenant et épique à l’écran ! Le thème principal réapparaît dans une brève envolée héroïque savoureuse à 3:42 assez typique de l’univers musical de « Appleseed ». Dommage que le Main Theme soit finalement assez peu développé tout au long du film : on aurait aimé l’entendre plus souvent, alors que Tetsuya Takahashi ne s’en sert finalement qu’à 2 ou 3 reprises sur l’album et dans le film. La musique devient plus mystérieuse et étrangement mélancolique dans « Utopia » où l’on retrouve le mélange cordes/choeurs, suivi du sombre et dramatique « Betrayal » et de son envolée percussive finale quasi tribale. Deunan se souvient ensuite de sa mère au cours d’un flashback touchant dans « Mother », autre pièce intime et émouvante de grande qualité pour piano et cordes dans un style lyrique et nostalgique très japonais qui rappelle aussi bien Joe Hisaishi, Nobuo Uematsu ou Yoko Kanno.

Le film et le score atteignent un climax d’émotion dans « Kikan (Return) », morceau-clé de la partition de « Appleseed » pour le moment de la mort (supposée) de Briareos vers la fin du film. A 1:17, on découvre une ligne mélodique intime et nostalgique particulièrement touchante, portée par un hautbois gracieux sur fond de cordes et de cors durant l’agonie de Briareos, qui s’est sacrifié pour sauver la vie de sa bien-aimée Deunan – on notera un problème dans le mixage, puisque certains passages coupent parfois de manière étrangement abrupte en raison d’un ‘delay’ probablement mal configuré dans la programmation des banques de son – « Kikan (Return) » dévoile un passage épique et dramatique généralement très apprécié par les fans de l’univers « Appleseed », entre 3:03 et 3:34, lors du retour de Deunan à Olympus avant la bataille finale. Le morceau « Appleseed » dévoile le thème d’Appleseed et accompagne quand à lui la découverte des secrets du projet Appleseed vers la fin du film dans le pendentif que possédait la mère de Deunan. Le morceau exprime avec emphase et détermination l’excitation de la découverte du secret, tandis que « Crossfire » illustre la bataille finale apocalyptique pour les équipes de l’ESWAT contre la machine araignée-canons géante, et la superbe envolée héroïque du thème pour le grand morceau de bravoure de Deunan et Briareros contre l’araignée géante. L’histoire touche à sa fin dans « New Age », avec les retrouvailles entre les deux amants à la fin de la bataille et la paix retrouvée – dommage que le Main Theme n’ait pas été réemployé en guise de final, cela aurait apporté un petit plus émotionnel non négligeable à la conclusion de l’histoire –

Tetsuya Takahashi livre donc un score d’action assez soigné et robuste pour « Appleseed », mais sans aucune originalité particulière. Certains passages atmosphériques déçoivent par leur côté fonctionnel peu intéressant sur album, tandis que les musiques des scènes de bataille/combats sont généralement de bonne facture et assez intenses en écoute isolée comme sur les images. Tetsuya Takahashi connaît son métier sur le bout des doigts et applique toutes les recettes de la musique orchestrale à la lettre, avec un thème principal héroïque qui aurait largement gagné à être davantage exploité dans le film. Il ne fait nul doute que les fans de la saga « Appleseed » apprécieront l’effort du compositeur sur le film de Shinji Aramaki, mais ceux qui s’attendent à une musique d’anime au niveau de Kenji Kawai, Yoko Kanno ou Naoki Sato risquent d’en rester sur leur faim. Il y a fort à parier que seuls les fans de « Appleseed » y trouveront donc leur compte !




---Quentin Billard