1-Main Title 2.07
2-Premature Plans 2.08
3-Give Up* 0.14
4-Cooler and Moel 2.27
5-Blythe 2.13
6-Discovery 2.55
7-Various Troubles 2.42
8-Big X* 0.09
9-On The Road 2.57
10-Meanwhile, We Dig* 0.14
11-Betrayal 2.07
12-Hendley's Risk 2.25
13-Road's End 2.01
14-More Action 1.58
15-The Chase 2.50
16-Finale 3.17

*Original Incidental
Dialogue from The Film

Musique  composée par:

Elmer Bernstein

Editeur:

Rykodisc RCD
10711

Producteur de la ressortie:
Andrea Troolin

Artwork and pictures (c) 1963 MGM. Metro-Goldwyn Meyer Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE GREAT ESCAPE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elmer Bernstein
'The Great Escape' (La Grande Evasion) fait partie des grands classiques du cinéma américain que l'on ne présente plus. Le film de John Sturges raconte l'histoire vraie d'un groupe de prisonniers anglais et américains qui organisèrent la plus grande évasion jamais faite dans un camp de prisonnier de haute surveillance allemande, le Stalag III, durant la seconde guerre mondiale. Le film possède un casting spectaculaire réunissant quelques pointures du genre: Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, James Garner, Donald Pleasance, James Donald, Richard Attenborough, etc. En bref, un vrai festival cinématographique pour un film d'aventure qui n'a pas prit une seule ride!

Grand classique de la musique de film, le score d'Elmer Bernstein possède l'un des thèmes les plus populaires dans le monde de la musique de film. Célèbre marche surprenante et éclatante de par son côté enjoué, comique et entraînant, c'est le style d'air que l'on s'ôte difficilement de la tête, tant la marche de 'The Great Escape' marque l'esprit du spectateur/auditeur qui va vraiment passer un bon moment avec 'The Great Escape', la marche étant purement et parfaitement indissociable des images du film de John Sturges. Le plus surprenant dans cette partition orchestrale c'est le ton comédie plutôt léger pour lequel a opté Bernstein dans sa musique. 'The Great Escape' n'est pas vraiment le style musique guerrière à la Ron Goodwin, mais plutôt une sorte de parodie, une certaine forme de pastiche musical qui ne se prend jamais vraiment au sérieux. Ainsi, le 'Main Title' ouvre le film sur des percussions militaires alors que l'on voit à l'écran des convois allemands déposer les prisonniers dans le Stalag III, avant de s'enchaîner sur la célèbre marche que beaucoup rapproche de par son aspect populaire avec l'autre célèbre marche (sifflé) du 'Pont de La Rivière Kwaï'. Le tuba ouvre le rythme de la marche sur un aspect un peu léger où chaque temps est marqué. La célèbre mélodie est alors entamée par les vents (en particulier le fifre, instrument des fanfares par excellence, idéal ici pour son aspect léger et sautillant). Le thème de Bernstein est incroyable de gaieté, de jovialité, symbole de l'espoir de l'évasion, thème optimiste évoquant les rêves de liberté des prisonniers, entraînant et diablement mémorable. En un mot: un classique!

Ce qui vient par la suite est du même acabit. Le colonel Hills incarné par le grand Steve McQueen, qui, rappelons-le, ne fut pas doublé dans le film pour les cascades en moto, possède son propre thème, assez proche du thème principal. Le thème de Hills évoque à la fois le côté fanfaron et tête dure du personnage mais aussi son propre rêve d'évasion, ce qui explique le fait que le thème soit si proche de celui du thème principal qui évoque aussi l'idée de la quête de liberté des prisonniers du Stalag III. Avec ce thème, Bernstein renforce le ton comique de sa partition et offre ainsi à l'auditeur/spectateur une certaine forme d'humour musical proche de la pastiche, Bernstein usant ironiquement des ficelles de la musique de film de guerre sans jamais vraiment en faire une. La légèreté semble avoir été le mot d'ordre de Bernstein sur 'The Great Escape'.

Pourtant, tout n'est pas aussi rose que peut le laisser sous-entendre la musique d'Elmer Bernstein. Les nombreuses séquences s'enchaînant la nuit à l'intérieur du Stalag III montrent le temps qui passe inlassablement dans le camp et le fait que les prisonniers passent des jours et des jours à préparer cette gigantesque évasion sans jamais en voir le bout. Bernstein recourt alors à un motif de cordes assez mystérieux, un peu sombre, sur une série d'accords mineurs évoquant l'aspect menaçant du camp et la possibilité de se faire capturer en pleine préparation du tunnel de l'évasion. Peu de moments sont finalement très sombres dans la musique de Bernstein, ce qui permet d'apporter la plupart du temps un certain décalage assez discret mais néanmoins présent avec les images du film, d'où le côté humoristique et parodique de la partition du compositeur. Bernstein n'oublie pas non plus d'évoquer les préparatifs de l'évasion avec une ambiance musicale furtive qui exprime à merveille le camouflage des prisonniers qui tentent évidemment de ne pas se faire repérer pour réussir leur évasion. Le compositeur a alors recourt à une écriture orchestrale adroite, basée autour des cordes/cuivres/vents aux sonorités très 'sixties', mais aussi très évocatrices des préparatifs d'une évasion, le ton de légèreté étant toujours quasi-présent dans la musique.

Viennent aussi des moments plus intimes et plus doux dans cette oeuvre, exprimant la relations de camaraderie et de complicité qui unit les individus dans le camp, et plus particulièrement les personnages de James Garner (le chapardeur) et celui de Donald Pleasance qui s'aperçoit qu'il devient à moitié aveugle. Quelques rares moments plus doux apparaissent dans ces moments là dans lesquels Bernstein a recours à une belle écriture de flûte soliste et de vents/cordes du plus bel effet. Le problème est que ces passages sont toujours trop courts et pas assez développé dans le film. Un thème sur l'amitié des deux hommes aurait par exemple été la bienvenue. Néanmoins, la partition prend des proportions excitantes alors que plusieurs prisonniers ont réussis à s'évader, dont notamment le colonel Hills. Ainsi, ce sont les poursuites finales sur les routes vers la Suisse qui permettent à Bernstein de créer de bonnes pièces d'action orchestrales jamais vraiment violentes, avec un côté toujours un peu léger, notamment dans 'Roads End', 'The Chase' ou 'More Action', dans lequel les cuivres sont évidemment très présent, ainsi qu'une rythmique martiale toujours un peu ironique dans le contexte de la musique. En parlant d'ironie, ceci est plus flagrant dans les scènes où l'on voit arriver les nazis. Bernstein suggère leur présence par des rythmes martiaux très caricaturaux, des petites piques musicales satiriques pour ces sinistres individus, une idée fort intéressante qui ne fait que rejoindre le talent dont a usé Bernstein pour créer la partition de ce très grand film.

Il est assez amusant de revoir Hills retourner au "frigo" (surnom que donnent les allemands à sa cellule) après de multiples échecs d'évasion, accompagné par son thème léger et fanfaron. A la fin du film, on voit clairement que les soldats n'ont plus besoin de l'accompagner au frigo, car il sait déjà où la cellule se situe et les autres le voient très bien, ce qui est assez comique, dû à la présence de ce thème que l'on retrouve à chaque fois comme une sorte de leitmotiv musical pour caractériser les échecs successifs du personnage. Ce qui peut paraître incroyable avec la musique de Bernstein, c'est qu'elle arrive à donner un aspect relativement comique au film de John Sturges. Sans la partition orchestrale et le talent d'Elmer Bernstein, il y a fort à parier que l'on aurait beaucoup de mal à croire que le film est assez amusant par moment. Pourtant, grâce à la présence du score de Bernstein, c'est bien le sentiment majeur qui s'en dégage, d'où l'idée qu'une musique peut parfois apporter une direction inattendue à un film et sa mise en scène, une dimension à laquelle le réalisateur ne pense pas toujours mais qui peut s'avérer réellement payante si la collaboration entre les deux artistes se déroule sans encombre.

Pour finir, 'Finale' évoque l'évasion réussie de certains prisonniers avec le retour du thème principal exposé ici de manière plus lente dans une très belle écriture lyrique de cordes exprimant la liberté enfin conquise, alors que des moments plus sombres évoquent l'échec d'autres prisonniers plus malchanceux. Bernstein aura finalement réussi à crée sur ce film une série d'ambiances diverses et variées, une suite de ruptures de tons flagrantes et fort réussie. On passe ainsi de la jovialité à des moments plus reposants, de la tension, de l'action, des moments plus sombres et de la musique militaire guerrière toujours pastichée. Le thème principal de la marche ainsi que celui de Hills sont finalement très présent dans le score de Bernstein tout au long du film. Le seul problème, c'est qu'il y'a un peu trop de musique durant les quelques trois heures du film, et le score devient vite uniforme, répétitif et un peu lassant. Fort heureusement, Rykodisc s'est arrangé pour ne sélectionner que 30 minutes du score, les meilleurs passages, avec quelques secondes de dialogues présentes sur le CD et franchement inutile. Evidemment, on retiendra en premier lieu le célèbre thème populaire de la marche de 'The Great Escape', symbole de la jovialité, de l'espoir de le liberté, un thème marquant qui crée une véritable identité musicale forte pour le film de John Sturges. 'The Great Escape' est aussi un bel exemple de musique ironique, pastiche de la musique de film de guerre très codifiée, Elmer Bernstein jouant ici avec les conventions au sein d'une partition qui constitue un bien bel exemple de parodie musicale légère mais toujours pertinente à l'écran. Le score de 'The Great Escape' est et restera toujours le grand classique d'Elmer Bernstein dont ne peut pas se lasser, un grand classique de la musique de film à découvrir et redécouvrir!


---Quentin Billard