1-Jaws the Revenge - Main Title 2.30*
2-Sean Attacked 1.31*
3-Identification 0.42
4-Run-Funeral 1.19
5-Flight to the Bahamas 1.38
6-Ellen Warns 0.37
7-Ellen's Dream 1.05*
8-Tagging the Conchs 1.33
9-Ellen Plays With Leah 1.07*
10-Jaws the Revenge 0.30*
11-Ellen Flies Plane 1.31
12-Shark Attacks Jake in Sled 0.57*
13-Don't Tell Mother 0.29
14-Saying Goodnight 0.46
15-Shark Takes Bait 1.44*
16-Runaway Bay 4.11
17-Alright Mr. Fish 0.38
18-Michael's Dream 0.44
19-Peek-A-Boo 1.25
20-Picking Up Signals 0.42*
21-Michael Attacked by Shark 2.32*
22-Michael At Mirror 0.52
23-Moray Eel 1.03
24-Banana Boat (revised ending) 1.27*
25-Ellen Goes Out to Sea 1.14
26-Michael Runs for Help 1.01
27-Plane Buzzes Shark 1.28*
28-Is Hoagie Dead? 0.58*
29-Killing of Jake 1.39
30-Shocked Shark-The Finish 5.44*
31-Jaws the Revenge-
End Credits 2.22*

The Extras

32-Flight to the Bahamas
(Alternate take) 1.36
33-Shark Attacks Jake in Sled
(Alternate take) 0.55*
34-Banana Boat
(Original Ending) 1.29*

*Inclus thème de Jaws
composé par John Williams.

Musique  composée par:

Michael Small

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 307

Musique arrangée et conduite par:
Michael Small
Thème de Jaws par:
John Williams
CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif album:
Roger Feigelson
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Music business affairs
pour Universal Pictures:
Philip M. Cohen
Orchestrations:
Jack Hayes, Christopher Dedrick
Monteur superviseur musique:
Dan Carlin Sr.
CD séquencé et masterisé par:
Douglass Fake
Manager de production:
Regina Fake
Assistant éditorial:
Frank K. DeWald

Artwork and pictures (c) 1987/2015 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ****
JAWS : THE REVENGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Small
Dès le second épisode sorti en 1978, la franchise « Jaws » (Les Dents de la mer) semblait déjà essoufflée et à bout de course. La qualité décroissante des suites ne feront que confirmer ce fait : après le décevant « Jaws 3-D » de Joe Alves en 1983, la saga touche finalement le fond avec « Jaws : The Revenge », quatrième et dernier opus des Dents de la mer, confié cette fois-ci à un vétéran, Joseph Sargent (« The Taking of Pelham One Two Three », « MacArthur », « The Man », etc.). Dès le début, rien ne semblait fonctionner correctement pour le film : réalisé et produit à toute vitesse (moins de 9 mois, ce qui est très court pour un blockbuster hollywoodien !), Sargent s’est vu confier « Jaws 4 » alors qu’aucun script n’avait encore été conçu. Tourné essentiellement dans les Bahamas et en studio, « Jaws : The Revenge » se déroule des années après l’attaque du grand requin blanc. Ellen Brody (Lorraine Gary), la veuve du chef Brody, habite toujours à Amity avec son fils Sean (Mitchell Anderson) qui travaille comme garde côte. Un jour, au cours d’une banale mission de routine, Sean est brusquement attaqué et tué par un gigantesque requin blanc. Ellen est alors intimement convaincu que le requin a attaqué intentionnellement Sean afin de venger la mort du précédent requin tué par Martin Brody. Elle décide alors de déménager au Bahamas afin de passer du temps avec son autre fils, Mike (Lance Guest), un marin biologiste, sa femme Carla (Karen Young) et leur fille Thea (Judith Barsi). Au cours de son périple sur les îles, Ellen fait la connaissance de l’aviateur Hoagie (Michael Caine) et rencontre les collègues de Mike, Jake (Mario Van Peebles), William et Clarence. Mike et ses amis étudient les océans et s’intéressent de très près aux requins, jusqu’au jour où l’animal qui a tué Sean refait soudainement son apparition dans les eaux des Bahamas. Le requin a suivi Ellen jusque dans les îles et compte bien obtenir sa revanche sur les Brody.

Avec un scénario pareil, difficile de convaincre ce qui a pu motiver les concepteurs du film à prendre une telle direction (en tout cas, Roy Scheider a refusé de participer au film !). Dans une interview du milieu des années 2000, Joseph Sargent expliqua que le producteur cherchait à faire du neuf sur le thème du requin, et comme le projet débuta sans véritable scénario, quelqu’un eut l’idée d’établir un étrange lien psychique entre l’héroïne et le requin, une idée complètement stupide en somme qui fait basculer « Jaws 4 » dans la nanardise pure – ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le film a droit à une critique assez hilarante sur le site de Nanarland ! – Pas crédible pour un sou, le scénario tente de nous faire avaler l’impossible (cf. les flashbacks d’Ellen au sujet d’événements auxquels elle n’a même jamais assisté !) et se plante dans les grandes lignes, si bien que le film sera massacré par les critiques internationales dès sa sortie en salle en 1987, « récompensé » par de nombreux Razzie Awards et même considéré comme l’un des plus mauvais films de tous les temps (il est 22ème sur la liste des 50 plus mauvais films selon Empire Magazine). A ce sujet, hormis le scénario abracadabrantesque, le film est aussi connu pour sa fin totalement désastreuse et illogique : le requin meurt ainsi de manière incompréhensible, explosant sans raison apparente, Sargent ratant même le montage de la séquence (un comble pour un vétéran de son envergure !) tandis que l’on devine que la fin a été modifiée à la dernière minute pour obtenir un vrai happy end (ce qui explique pourquoi le personnage de Mario Van Peebles revient miraculeusement à la fin alors qu’il était censé avoir été dévoré par le requin !). Malgré cela, le film contient son lot de bons moments, à commencer par des paysages tropicaux magnifiques (les Bahamas) et la présence du grand Michael Caine, qui se trouve au coeur d’une romance un peu désuète avec Lorraine Gary dans le film. Entre deux attaques du requin, Joseph Sargent tente de meubler le temps avec des scènes intimistes ennuyeuses, si bien que l’on finit même par se demander si le réalisateur savait vraiment ce qu’il faisait. Echec cuisant au box-office 1987, « Jaws : The Revenge » marquera par la même occasion la fin de la franchise initiée par Steven Spielberg en 1975 !

Après deux partitions monumentales de John Williams et une musique assez réussie d’Alan Parker pour le troisième opus, c’est au tour du compositeur Michael Small de se voir confier la lourde tâche d’écrire une grande partition symphonique pour « Jaws : The Revenge ». Connu pour ses musiques de thriller des années 70 telles que « Marathon Man », « Klute », « The Driver » ou « The Parallax View », Michael Small était un homme d’expérience, à l’instar de Joseph Sargent. Toujours très actif dans les années 80, Small poursuit sa lancée dans le milieu des thrillers en signant les musiques de « Target », « Black Widow », « Dream Lover » ou « The Star Chamber » pour Peter Hyams. Assez inattendu sur « Jaws : The Revenge », Small se voit offrir l’opportunité de succéder à John Williams en signant à son tour un grand score orchestral dans la continuité des trois précédents épisodes. Une première écoute de la musique sur l’album publié par Intrada nous permet de remarquer qu’une partie du score original a été coupée ou remontée différemment dans le film : certains morceaux sont absents des images, et d’autres ont été tronqués, incluant le final problématique du film qui réclama un remontage quasi intégral de la musique et de la scène. Autre fait notable : malgré la nullité hallucinante du film, la musique s’avère être extrêmement intense, riche et mémorable, rappelant le talent d’un compositeur hollywoodien injustement méconnu de la période 70/80. Le ton est immédiatement donné dans « Jaws The Revenge – Main Title » pour le générique de début. Small reprend le célèbre thème des Dents de la mer de John Williams pour assurer la continuité avec les opus 1 et 2 (le troisième film racontant un récit différent avec d’autres personnages !). Brillamment développé durant une ouverture agressive et tendue, le thème de « Jaws » se voit attribuer ici un environnement sonore sombre et menaçant, notamment à l’aide d’un étrange effet sonore électronique ultra grave (ressemblant au son d’un grognement) associé à la menace du requin dans le film - on l’entend dès le tout début du « Main Title » -

Cette excellente trouvaille sonore revient tout au long du film, associée au requin et à son appétit de vengeance. Niveau orchestrations, on retrouve le savoir-faire et l’expérience de Michael Small, avec une écriture symphonique très riche privilégiant chaque pupitre de l’orchestre avec une habileté exemplaire et assez classique d’esprit, tandis que le thème est développé sur fond de cuivres, piano graves, cordes et bois sombres sur fond de caisse claire martiale. Le thème est ensuite repris pour l’attaque du requin au début du film et la mort de Sean dans « Sean Attacked ». L’écriture de Small devient ici plus incisive, plus agressive, avec le retour du sample grave menaçant, tandis que chaque pupitre semble se répondre – cuivres, bois, cordes, percussions – de façon assez virtuose, le tout sur fond de dissonances meurtrières d’une brutalité ahurissante. Dans « Identification », la musique devient plus intime et mélancolique, évoquant l’idée du deuil et le traumatisme d’Ellen. L’écriture des cordes est ici plus posée, avec des harmonies torturées, tandis que « Run – Funeral » dévoile toute la richesse de l’orchestre pour une ambiance élégiaque et dramatique durant l’enterrement de Sean. Ces deux morceaux plus intimes sont aussi importants puisqu’ils dévoilent l’un des nouveaux thèmes de Small, un motif mélancolique de 6 notes pour Ellen, entendu brièvement à la harpe dans « Identification » à 0:09, ou au cor anglais au tout début de « Flight to the Bahamas ». A noter que les éléments électroniques restent eux aussi présents, Small utilisant des synthés 80s de manière très ponctuelle, comme souvent dans les musiques de film de l’époque. La musique prend ensuite une tournure plus optimiste et légère pour le départ aux Bahamas dans « Flight to the Bahamas ». Et c’est alors que Small suggère habilement le thème de Williams aux contrebasses dans « Ellen Warns », alors qu’Ellen commence à ressentir un danger imminent, chose confirmée par la scène du cauchemar dans le torturé et agressif « Ellen’s Dream ».


On appréciera la densité de l’écriture orchestrale et le classicisme du langage harmonique de Michael Small dans une pièce comme « Tagging the Conchs », qui évoque le travail de Mike, Jake, William et Clarence en pleine mer. Dans « Ellen Plays with Leah », on devine l’orientation plus intimiste du film et de la musique avec une pièce joyeuse et sautillante dominée par une trompette soliste sur fond de cordes, bois et synthés bondissants, à la manière de la musique des baigneurs dans les deux premiers « Jaws » de Williams. Puis, très vite, l’effet sonore synthétique menaçant du requin et son thème si mémorable reviennent à la fin de « Ellen Plays with Leah » et dans « Jaws the Revenge », où l’électronique est utilisée de manière plus inventive, avec notamment l’emploi d’un nouveau motif répétitif d’une dizaine de notes, associé à l’obsession d’Ellen pour le requin. Ce motif est entendu dès 0:11 dans « Ellen Warns », à 0:06 dans « Jaws the Revenge » au synthétiseur avec un écho mystérieux – suggérant le lien psychique entre Ellen et le requin - sur fond d’effets sonores étranges (incluant des frottements mystérieux sur des cymbales). Certes, il y a des moments plus légers comme l’aérien « Ellen Flies Plane » qui évoque sa romance naissante avec Hoagie, mais la terreur reprend très vite le dessus lorsque le requin attaque cette fois-ci Jake dans « Shark Attacks Jake in Sled ». A noter ici l’emploi d’un orgue électrique sur fond de rythmes scandés brutalement par les cuivres et les percussions. Le motif de l’obsession d’Ellen est ensuite repris dans « Don’t Tell Mother » alors que « Saying Goodnight » dévoile un joli thème romantique au clavier pour Ellen et Hoagie.

Le reste du score oscille ainsi entre terreur pure et attaques brutales (« Shark Takes Bait », « Michael Attacked by Shark »), morceau rock/calypso avec steel band pour les Bahamas (« Runaway Bay »), développements thématiques conséquents (notamment le motif de l’obsession dans « Alright Mr. Fish », « Picking Up Signals », « Michael at Mirror », « Banana Boat » ou « Michael Attacked by Shark »). On devine la force et la détermination d’Ellen dans « Ellen Goes Out to Sea » qui part en mer pour affronter le requin, tandis que « Michael Runs for Help » fait monter la tension avec un sentiment d’urgence et de panique lorsque Michael comprend les plans désespérés de sa mère pour en finir une bonne fois pour toute avec l’animal qui hante sa vie depuis longtemps (cf. motif d’Ellen à 0:29 aux cordes, puis motif de l’obsession à 0:35). La confrontation finale débute dans l’intense « Plane Buzzes Shark » avec de larges développements du thème de Jaws, suivi de l’agressif « Is Hoagie Dead ? », du déchaîné « Killing of Jake » (peut être le morceau le plus barbare et le plus virtuose du score) ou les premières minutes mémorables de « Shocked Shark-The Finish » (en grande partie absent du film) pour la mort du requin. Vous l’aurez certainement compris, c’est un score d’une très grande qualité que nous offre Michael Small avec « Jaws : The Revenge », visiblement bien plus inspiré que n’importe qui d’autre ayant oeuvré sur un film plutôt raté. Saisissant le challenge qui s’offre à lui avec brio et vigueur, Small livre une partition incroyablement brutale, virtuose, et parfois même plus légère, optimiste et intimiste. Le mélange de terreur et d’émotion permet au compositeur d’offrir un digne successeur aux deux précédents scores de John Williams, avec quelques nouveaux motifs réussis (bien que le motif d’Ellen reste peu remarquable et difficile à reconnaître à la première écoute !) et un impact émotionnel évident sur les images, notamment au cours des nombreuses séquences d’attaque du requin. L’album récemment publié par Intrada nous permet enfin d’apprécier le score dans son intégralité, une formidable redécouverte pour une excellente BO largement sous-estimée, à réévaluer d’urgence sans tenir compte de la médiocrité du film !




---Quentin Billard