1-Immortals 3.15*
2-Hiro Hamada 1.57
3-Nerd School 2.12
4-Microbots 1.46
5-Tadashi 1.46
6-Inflatable Friend 1.56
7-Huggable Detective 1.35
8-The Masked Man 1.29
9-One of the Family 1.49
10-Upgrades 2.27
11-The Streets of San Fransokyo 4.08
12-To the Manor Born 1.15
13-So Much More 3.01
14-First Flight 2.35
15-Silent Sparrow 4.39
16-Family Reunion 2.39
17-Big Hero 6 6.57
18-I Am Satisfied With My Care 5.29
19-Signs of Life 1.14
20-Reboot 1.48

*Interprété par Fall Out Boy
Ecrit par Andy Hurley,
Joseph Trohman, Patrick Stump,
Pete Wentz
Produit par Butch Walker.

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Walt Disney Records D002118502

Score produit par:
Henry Jackman
Production additionnelle et mixage:
Jake Sinclair
Producteur exécutif musique:
Chris Montan
Supervision musique:
Tom MacDougall
Score conduit par:
Nick Glennie-Smith
Orchestrations score:
Stephen Coleman
Production, montage musique:
Earl Ghaffari
Monteur musique score:
Daniel Pinder
Directeur production musique:
Andrew Page
Music business affairs:
Donna Cole-Brulé
Coordination production musique:
Ashely Chafin
Assistant exécutif musique:
Jill Heffley
Assistant production musique:
Jimmy Tsai
Préparation musique:
Booker White
Musique additionnelle de:
Dominic Lewis, Paul Mounsey
Orchestrations score additionnel:
Andrew Kinney, Gernot Wolfgang
Assistant mix:
John Chapman
Techniciens score:
Victor Chaga, Vivian Aguiar-Buff,
Antonio Andrade

Services production score:
Tammy Saunt
Coordinateur score:
Matthew K. Justmann
Assisant monteur musique:
Daniel Waldman

Artwork and pictures (c) 2014 Disney Enterprises Inc. All rights reserved.

Note: ****
BIG HERO 6
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
Revigorifié par le succès de ses dernières productions les plus récentes, le studio Disney semble être sur une pente ascendante depuis un certain temps. Très critiqué pour la qualité décroissante de ses films animés vers le milieu des années 2000 – et par le cynisme apparent de ses dirigeants – le studio de la souris aux grandes oreilles a su finalement s’adapter et tenir compte des goûts du public et de son temps, osant même quelques prises de risque par rapport aux schémas narratifs habituels de leurs productions (on se souvient par exemple que dans l’histoire de « Frozen », l’héroïne ne doit pas son salut au prince charmant mais à l’amour de sa soeur). Un film comme « Wreck-it-Ralph » montra une autre facette du studio, plus ouverte vers l’univers des ados geeks et des adeptes du retro gaming, explorant l’univers des jeux vidéos de façon fort intéressante – cette fois-ci, le héros est le méchant – Poursuivant sur sa lancée, Disney se tourne avec « Big Hero 6 » (Les Nouveaux Héros) vers les comics books de Marvel, un choix plutôt atypique pour une production animée mais pas si surprenante dans le fond, étant donné que le studio produit déjà depuis 2009 bon nombre de films live adaptés des Marvel. « Big Hero 6 » (adapté du comic Marvel éponyme) raconte ainsi l’histoire d’Hiro Hamada, un jeune génie de la robotique qui a appris à construire des machines auprès de son frère Tadashi, avec ses amis GoGo Tamago, Wasabi, Honey Lemon et le fanboy Fred. Convaincu du génie de son jeune frère, Tadashi incite Hiro à s’inscrire dans son école, mais un incendie se déclenche au cours d’une exposition sur la robotique, durant laquelle Tadashi meurt en tentant de sauver le prestigieux professeur Callaghan. Bouleversé par la mort de son frère, Hiro découvre peu de temps après que ses micro-robots révolutionnaires qu’il présenta lors de l’exposition lui ont été dérobés par un mystérieux individu masqué qui les utilise pour semer la terreur et détruire la ville de San Fransokyo. C’est alors qu’Hiro retrouve Baymax, le robot construit par Tadashi, qui s’avère être un assistant médical humanoïde. Bien décidé à combattre le criminel, Hiro contacte les amis de Tadashi et décide de monter un groupe de super-héros high-tech, aux pouvoirs spectaculaires. Ensemble, ils partent combattre le criminel masqué et découvrent très vite qu’il s’agit d’une vaste conspiration associée à une mystérieuse expérience scientifique secrète sur des télétransporteurs qui a mal tourné il y a quelques temps.

Malgré son scénario assez basique en apparence, « Big Hero 6 » est une vraie surprise car, encore une fois, Disney prend quelques risques en abordant un thème rarissime dans les productions animées du studio : le thème du deuil. En évoquant la destinée d’un jeune surdoué de la robotique hanté par la mort tragique de son frère et bien décidé à le venger par tous les moyens, les réalisateurs Don Hall et Chris Williams nous offrent un spectacle émouvant, traversé de scènes dramatiques poignantes mais aussi de grandes scènes de bataille et de combat incroyablement spectaculaires et visuellement splendides. Le film contient de purs moments de grâce comme cette séquence magnifique où Hiro et Baymax survolent ensemble la ville et ses horizons avant de se poser en haut d’un immeuble pour observer le soleil couchant. Certes, « Big Hero 6 » est une énième variante des films de super héros plus que jamais à la mode dans le paysage hollywoodien post-2000, mais il faut reconnaître que ce 54 « classique » de Disney vaut son pesant d’or grâce à l’intelligence de son scénario, la profondeur des personnages – le jeune héros se laisse ronger par la haine et son désir de vengeance au cours d’une scène mémorable où ses amis l’empêchent de basculer dans le mal – et son univers coloré inspiré des mangas japonais (la ville futuriste du film est un mélange entre San Francisco et Tokyo). D’ailleurs, tout le film est une sorte de vaste hommage à la culture nipponne, à commencer par les noms des jeunes héros ou les écriteaux en japonais que l’on aperçoit à plusieurs reprises dans le film, tandis que l’univers des robots pourrait faire penser aux films de mécha ou à des classiques tels que « Astroboy ». Mais que l’on se rassure, Don Hall et Chris Williams parviennent à trouver le juste milieu entre drame intimiste et spectacle familial, offrant un solide divertissement qui s’adresse à tous les publics, les adultes pouvant ainsi apprécier le ton sombre et parfois mélancolique du film – y compris durant la résolution tragique de la bataille finale – un ton salutaire qui prouve que l’on peut faire des films animés destinés à un jeune public sans prendre les enfants pour des imbéciles : une belle réussite !

Après « Wreck-it-Ralph », Henry Jackman était un choix évident pour écrire la musique de « Big Hero 6 ». Il faut dire que le compositeur issu du studio Remote Control d’Hans Zimmer n’est jamais autant inspiré que lorsqu’il travaille pour le cinéma d’animation, à l’instar de John Powell ou d’Harry Gregson-Williams. Première écoute attentive de la musique dans le film, et première constatation : on retrouve bel et bien l’auteur de « Puss in Boots » et « Wreck-it-Ralph », visiblement en pleine forme, inspiré par son sujet ! Globalement, l’esthétique musicale de « Big Hero 6 » est la même que « Wreck-it-Ralph » : un mélange hybride d’orchestre symphonique avec des parties électro 80’s évoquant l’univers des ados voire des jeux vidéos, et quelques sonorités rock pour l’aspect plus fun du film. Dès le début du film, le ton est donné avec « Hiro Hamada » qui nous plonge dans l’univers robotique du film avec un mélange de samples électro et de beat techno avec une partie rock/metal assez fun et quelques sonorités de flûte asiatique rappelant l’aspect manga du film (les origines japonaises du jeune héros, la ville qui s’inspire de Tokyo, le monde de mécha, etc.). A noter que « Hiro Hamada » dévoile déjà les premières notes du thème principal associé à Hiro, Baymax et ses amis héros. « Nerd School » reprend tous ces différents éléments en maintenant un rythme continu dans un style mickey-mousing baignant dans un mélange d’orchestre, synthés, percussions, piano et guitare électrique, avec une instrumentation assez variée, riche et colorée incluant une utilisation continue des bois. « Nerd School » dévoile aussi dès 1:34 le thème de Tadashi, qui deviendra un élément émotionnel clé dans le reste du score. On retrouve les synthés analogiques kitsch et très ‘jeu vidéo’ de « Wreck-it-Ralph » dans « Microbots » qui dévoile le thème principal du score dès 0:22 puis à 0:27, un grand thème héroïque et cuivré à l’ancienne, qui pourrait presque faire penser ici au générique d’une série TV d’aventure ou d’un film épique des années 80. Le thème principal des nouveaux héros apporte ce sentiment d’espoir et de triomphe au score avec une mélodie qui rappelle vaguement celle, bien connue, du « Back to the Future » d’Alan Silvestri.

Et si la musique sait se faire plus dramatique, en raison des thèmes du film (la perte d’un proche et la douleur du deuil), comme dans le tragique « Tadashi » (à noter la jolie reprise intime et mélancolique du thème de Tadashi au piano à 1:23), « Inflatable Friend » nous ramène dans le ton film animé/comédie de « Big Hero 6 », avec un passage sautillant pour les premières scènes avec Baymax. On notera ici aussi l’emploi des synthés kitsch qui évoquent clairement les robots du film, tandis que Jackman s’amuse à mélanger à l’orchestre quelques solistes incluant une guitare acoustique ou quelques bois. Le rythme devient plus pressant dans le fun « Huggable Detective » qui développe les sonorités sautillantes et électroniques de Baymax, avec des rappels amusants du thème principal (reconnaissable à ses notes ascendantes, notamment à 0:39, à 1:00 ou à 1:14). « The Masked Man » livre le second thème du score, un motif menaçant pour le méchant masqué du film, reconnaissable ici à son motif de 4 notes de cuivres graves sur fond de cordes virevoltantes suggérant ici un sentiment de panique (les contrebasses le jouent dès 0:02, puis aux cuivres à 0:10). Jackman nous offre un thème de bad guy assez réussi bien que plutôt anecdotique dans l’ensemble de la partition et pas forcément très mémorable, mais qui remplit parfaitement son rôle narratif dans le film. Dans « One of the Family », Jackman calme le jeu et travaille sur l’aspect plus humain et émotionnel du film avec une reprise touchante au clavier du thème intime de Tadashi, rappelant l’idée du deuil.

L’aventure est ensuite au rendez-vous dans « Upgrades », alors qu’Hiro décide d’améliorer le programme de Baymax. Jackman en profite pour développer largement ici le thème principal dans une grande envolée héroïque et triomphante qui rappelle encore une fois le « Back to the Future » de Silvestri. On appréciera ici la montée héroïque des cuivres qui suggèrent ce sentiment de détermination et de bravoure à l’ancienne, une formidable réussite dans le score de « Big Hero 6 » ! La musique conserve une énergie constante dans le sombre « The Streets of San Fransokyo » alors que les héros affrontent une nouvelle fois le méchant masqué avec une série de reprises du thème de 4 notes du bad guy. Morceau d’action solide et musclé, « The Streets of San Fransokyo » démontre par ailleurs le talent évident d’Henry Jackman, maîtrisant l’orchestre avec une passion évidente, offrant une musique riche et colorée aux orchestrations très soignées, à la manière de John Powell. On appréciera par ailleurs la dernière partie du morceau qui vire au rock/électro totalement fun durant la poursuite en voiture dans les rues de la ville (et quelques rappels du thème héroïque). Impossible ensuite de passer à côté de l’un des meilleurs morceaux de toute la partition et du film, « First Flight », durant la séquence magnifique du survol de la ville. Jackman développe ici le thème principal de façon triomphante sur un rythme électro constant, baignant dans une atmosphère épique et aérienne absolument magistrale. Les accords plein d’espoir du morceau apportent une émotion extraordinaire à cette séquence, d’une beauté ahurissante, avec un thème d’aventure pour Baymax développé ici aux côtés du thème héroïque d’Hiro et Baymax, et un final poignant aux cordes lorsque les deux héros se posent pour observer au loin le coucher de soleil : un grand moment de musique !

Le thème du méchant revient dans « Silent Sparrow », où il semble atteindre son apogée, alors que les révélations sur l’identité du méchant masqué et ses motivations commencent à tomber. On entend même brièvement ici une allusion au motif d’aventure lié à Baymax au cor à 2:30 ou aux cordes à 2:40. L’émotion n’est pas en reste avec le dramatique « Family Reunion », incluant une jolie reprise intime et lente du thème principal à la clarinette et aux cordes à 1:02. La confrontation finale prend une tournure massive et épique dans les 7 minutes magistrales de « Big Hero 6 », morceau d’action déchaîné traversé d’envolées héroïques cuivrées savoureuses (incluant les thèmes d’Hiro et Baymax) et de rythmes rock/électro trépidants. La bataille se conclut sur le dramatique « I Am Satisfied with my Care », pour le sacrifice final d’un des héros. Les dernières minutes du morceau sont absolument poignantes et incroyablement émouvantes, probablement l’un des plus beaux morceaux de la carrière d’Henry Jackman, notamment grâce à l’utilisation réussie d’un violoncelle soliste et d’un piano sur fond de chorale féminine lointaine et discrète. L’espoir renaît dans « Signs of Life » et le fun permet au film de se conclure de façon optimiste dans « Reboot », avec une ultime reprise triomphante du thème principal. C’est donc un bilan très positif pour la musique de « Big Hero 6 », qui rappelle le talent incroyable d’Henry Jackman, qui reste un spécialiste incontournable des musiques de film d’animation, toujours aussi inspiré dès qu’il travaille sur ce type de support alors que ses musiques pour les films live sont souvent plus décevantes, notamment lorsque le musicien verse dans le style électro fonctionnel et inintéressant des productions Remote Control actuelles. Le score de « Big Hero 6 » apporte un éclairage émotionnel intense au long-métrage de Don Hall et Chris Williams, la musique s’imposant par sa générosité d’ambiances, d’orchestrations et de mélodies, incluant quelques grands moments comme le superbe et grisant « First Flight », le final poignant de « I Am Satisfied with my Care » ou l’héroïsme fun de « Upgrades ».

Virevoltante, colorée et incroyablement énergique, la musique de Jackman s’impose par son charme et son plaisir d’écoute évident, autant appréciable sur les images que sur l’album, qui nous permet de mieux apprécier chaque détail instrumental et sonore du score, sans oublier un travail remarquable sur les orchestrations, les développements thématiques et les harmonies (on pourra relever de très beaux accords dans « First Flight » !). Décidément, après les réussites incontestables de « Puss in Boots » ou « Wreck-it-Ralph », Henry Jackman prouve qu’il possède plus d’un tour dans son sac et devient au fil des années un musicien incontournable dans le domaine des musiques de film animé. Sa collaboration sur les productions Disney est en train de devenir exemplaire, au même titre que celle de John Powell chez Dreamworks. Soyez donc assuré que la musique de « Big Hero 6 » fait partie des meilleures bandes originales de l’année 2014, à ne surtout pas rater sous peine de passer à côté de l’un des meilleurs travaux d’Henry Jackman dans ce domaine !




---Quentin Billard