1-Running 1.55
2-Garage 2.14
3-Pie 0.58
4-Poets 0.49
5-More Than That 1.25
6-Nicest Thing 1.28
7-Breakdown 1.07
8-Drinking Wine 1.57
9-Love Scene 3.12
10-About Us 1.06
11-Graffiti 1.33
12-Flowers 1.31
13-Classroom Panic 2.04
14-Where's The Video? 2.11
15-Switching Cars 2.08
16-Sneaking 2.57
17-The Barn 6.20
18-Have a Blast 1.23

Musique  composée par:

Randy Edelman/Nathan Barr

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 324 8

Score produit et mixé par:
Stephen Lukach
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Producteur exécutif:
Robert Townson
Music business affairs
pour Universal Pictures:
Philip M. Cohen
Featured Vocals:
Lisbeth Scott
Monteur musique:
Michael Ryan
Technical Score Advisor:
Julian Scherle
Second ingénieur:
Masaki Saito
Direction de production pour
Back Lot Music:
Jake Voulgarides
Directeur marketing pour
Back Lot Music:
Nikki Walsh

Artwork and pictures (c) 2015 Universal Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
THE BOY NEXT DOOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Edelman/Nathan Barr
Essentiellement connu pour ses blockbusters d’action dans les années 90/2000, le réalisateur Rob Cohen revient pourtant avec un film plus modeste et intimiste dans « The Boy Next Door » (Un voisin trop parfait), thriller ultra conventionnel qui marque aussi le retour de Jennifer Lopez après une longue absence du cinéma (à noter que J-Lo est aussi co-productrice du film). « The Boy Next Door » raconte l’histoire de Claire Peterson, une professeur de littérature anglaise qui vient tout juste de se séparer de son mari Garrett (John Corbett) suite à la découverte de ses infidélités avec sa secrétaire. Son amie et proviseur adjoint Vicky Lansing (Kristin Chenoweth) l’incite à divorcer très rapidement de Garrett afin de démarrer une nouvelle vie. Elle l’encourage alors à faire de nouvelles rencontres dans des soirées. Un jour, Claire fait la connaissance de son nouveau voisin, le jeune Noah Sandborn (Ryan Guzman), qui vit dans la maison de son vieil oncle paralysé, en fauteuil roulant. Serviable et aimable, Noah rend plusieurs services à Claire et sympathise très vite avec son fils Kevin (Ian Nelson). Peu de temps après, Noah s’inscrit dans la même école que Kevin et souhaite participer aux cours de littérature enseignés par Claire, malgré son âge avancé (il a une vingtaine d’années). Très vite, Noah se montre de plus en plus envahissant et nourrit une passion dévorante pour Claire. Incapable de refreiner ses sentiments, et parce que Claire se sent seule et vulnérable, Noah et sa voisine ont une relation sexuelle au cours d’une soirée. Au matin, Claire annonce à Noah que tout ceci était une méprise et une erreur, mais le jeune voisin, furieux, ne l’entend pas de cette façon. Se sentant rejeté et pris dans un sentiment de passion et de rage, Noah va commencer à harceler Claire, à menacer son quotidien en multipliant les chantages et les méfaits les plus dangereux. C’est le début de la descente aux enfers pour Claire, qui ne sait plus comment se sortir de cette situation cauchemardesque.

Et c’est sur ce scénario incroyablement banal que Rob Cohen s’atèle à ressusciter le genre du thriller érotique, très à la mode dans les années 90 mais tombé depuis en désuétude. On pense évidemment à « Basic Instinct », « Fatal Attraction », « Swimfan » ou « Jade », sauf que Rob Cohen ne fait rien pour renouveler le genre, bien au contraire. Du coup, hormis un scénario prévisible et sans surprise dans lequel on devine tout trop rapidement, le film semble déjà daté et vieillot avant l’heure, comme ces anciens téléfilms à suspense que l’on regardait certains après-midi pluvieux à la télévision il y a 10/15 ans. Cohen pose sa caméra et bâcle sa mise en scène dans un style très plan-plan digne d’un tâcheron anonyme. La modestie du budget (4 millions de dollars) rend le film cheap, même si « The Boy Next Door » a été un gros succès en salles, probablement propulsé par l’aspect érotique du récit (très à la mode cette année depuis le trop causant « Fifty Shades of Grey ») et par le succès toujours constant de Jennifer Lopez, super star de la pop et du R&B depuis la fin des années 90. Cela faisait des années que J-Lo n’avait plus tourné de thriller, depuis « The Cell », « Angel Eyes » ou « Enough » au début des années 2000. Une série de déconvenues au milieu des années 2000 l’incitèrent à laisser tomber le cinéma pendant un temps pour se consacrer à la chanson, avant de revenir sur le devant de la scène en 2010 avec quelques comédies romantiques comme « The Back-up Plan » ou « What to Expect When You’re Expecting » (2012). Hélas, ce n’est certainement pas avec « The Boy Next Door » que la côte de popularité de J-Lo au cinéma va s’en retrouver grandie, bien au contraire. Outre son aspect téléfilm à bas budget, le film de Rob Cohen est ennuyeux, cliché et téléphoné, en plus d’être sacrément ringard. On appréciera la performance de la star latino dans le rôle d’une femme délaissée par son mari et harcelée par un amoureux psychopathe, brillamment interprété par le jeune Ryan Guzman, échappé de la série des « Step Up ». Pour le reste, bien de bien folichon : on s’ennuie et on se demande quand est-ce que tout cela va se finir. Alors, ressusciter le genre du thriller érotique, pourquoi pas, encore faudrait-il posséder un bon scénario et un réalisateur talentueux et passionné, vraiment convaincu de ce qu’il fait !

Rob Cohen reste encore une fois fidèle à son compositeur de toujours, Randy Edelman, avec lequel il oeuvre depuis les années 90 sur des films tels que « Dragon : The Bruce Lee Story » (1993), « Dragonheart » (1996), « Daylight » (1996), « The Skulls » (2000), « xXx » (2002) et « The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor » (2008), sur lequel une partie des compositions d’Edelman ont été remplacés par des morceaux écrits à la dernière minute par John Debney. Pour « The Boy Next Door », Randy Edelman se voit adjoindre les services du compositeur Nathan Barr, plus connu pour ses musiques horrifiques pour les films « Hostel » ou la série TV « True Blood » - rappelons que Barr a fait ses efforts en tant qu’assistant d’Hans Zimmer sur « As Good as it Gets » ou « The Prince of Egypt » - Habitué aux thrillers et aux films d’épouvante comme « Cabin Fever », « Hostel » ou « Shutter », Barr s’associe pour la toute première fois avec Randy Edelman, qui n’en est pas à son premier coup d’essai, puisque le compositeur de « Dragonheart » partageait déjà l’affiche avec un autre compositeur sur le fameux « The Last of Mohicans » de Michael Mann en 1992. Pour « The Boy Next Door », l’objectif fut simple : composer une musique cohérente dans laquelle les deux styles bien différents des deux musiciens s’uniraient pour former un tout homogène dans lequel on ne parviendrait plus à savoir qui a fait quoi – une façon de travailler qui n’est pas sans rappeler les travaux de Zimmer et sa bande au studio Remote Control – Au final, une fois l’effet d’annonce et la surprise dissipée, qu’attendre d’un partenariat aussi improbable ? Pas grand chose à vrai dire, puisque le résultat est, à l’image du film, parfaitement routinier et tout à fait ordinaire ! A la première écoute, le score laisse songeur, en particulier à cause de son caractère totalement anonyme : si l’on devine par endroit le style sombre et atmosphérique de Nathan Barr, celui, pourtant très reconnaissable, de Randy Edelman, semble absent ou totalement gommé de la musique du film.

La musique de « The Boy Next Door » s’impose par son aspect atmosphérique dans lequel les mélodies sont mises volontairement de côté au profit d’ambiances sonores oppressantes, sombres et mélancoliques, portées par les vocalises féminines de l’excellente Lisbeth Scott, qui hantent la partition du film – la chanteuse n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’on pouvait déjà l’entendre sur des BO telles que « The Passion of the Christ » de John Debney, « Avatar » de James Horner ou « Kingdom of Heaven » d’Harry Gregson-Williams. La voix si particulière de Lisbeth Scott apporte ici un vrai plus à la musique du thriller de Rob Cohen, associée au personnage de J-Lo dans le film. Le score suscite un sentiment de malaise tout au long du récit, notamment grâce aux nappes synthétiques brumeuses et aux samples électro glauques employés par Edelman et Barr dans le film, le tout accompagné des vocalises fantomatiques de Scott, comme c’est le cas dès « Running ». Les deux musiciens expérimentent ici autour de sonorités particulières créées à partir d’un violoncelle électrique, de nappes sonores et de cordes dissonantes, tandis que la voix de Lisbeth Scott apporte un ton curieusement oriental et inattendu à la musique du film, évoquant les tourments de Claire et sa descente aux enfers. C’est l’impression que confirme le sombre « Garage » où le violoncelle électrique reste présent ainsi que les vocalises féminines, avec guitares, claviers et cordes. Résolument lente et atmosphérique, la musique plonge l’auditeur dans une ambiance troublante, sensuelle, psychologique assez réussie mais fort décevante en écoute isolée, car très fonctionnelle et peu inspirée.

« Pie » nous fait par exemple ressentir le malaise de Claire lorsqu’elle retrouve soudainement Noah assis chez elle à la table au cours d’un dîner en famille. Le malaise est largement véhiculé ici aussi par le travail de sound design qui semble devenir récurrent dans les derniers films de Rob Cohen (cf. l’infâme bouillie sonore de John Debney pour « Alex Cross » !). On devine une mélancolie plus sensuelle dans « Poets » et le rapprochement troublant entre Claire et Noah au début du film, largement dominé ici aussi par la fragilité et l’aspect éthéré des vocalises de Lisbeth Scott. Dès lors, le ton est donné, Edelman et Barr se contentant de développer ces ambiances sonores sans grande originalité particulière, Edelman ayant au moins la bonne idée de laisser tomber ses banques de son kitsch qu’il utilise et sur-utilise depuis plus de 20 ans au cinéma, parfois de façon fort maladroite (notamment lorsqu’il superpose ses fameux synthés cristallins kitsch sur des parties orchestrales). Dans « Nicest Thing », il est question de passion avec le retour de la voix féminine sensuelle sur fond de guitare et synthés pour un résultat assez moderne et réussi, mais sans grand relief. Idem pour le sombre et torturé « Breakdown », qui évoque la folie et l’obsession de Noah pour Claire. Le morceau se conclut avec un glissando dissonant de cordes plus traditionnel mais néanmoins mixé de façon distante, comme dans le sinistre et pesant « More Than That ».

Avec une approche résolument psychologique et atmosphérique, Randy Edelman et Nathan Barr combinent parfaitement leurs efforts de façon cohérente en travaillant le matériau sonore de façon parfois inventive, mais sans grand éclat, sans grande passion particulière (un comble pour un film évoquant l’obsession d’une passion destructrice qui vire à la folie !). On ressent une mélancolie et une fragilité touchante dans la voix suave de Scott dans « Drinking Whine », où le piano, la voix, les cordes, la guitare électrique et le violoncelle électrique créent une ambiance intime et planante typique du film de Rob Cohen. La scène de l’union sexuelle de Noah et Claire permet aux deux compositeurs de nous offrir un morceau troublant et sombre, quasi hypnotique dans « Love Scene ». A l’aspect charnel et sensuel de la scène, Barr et Edelman répondent par des notes envoûtantes et répétitives du violoncelle électrique quasi mécanique, avec des effets sonores distants, des vocalises fantomatiques et planantes et cet aspect étrangement oriental et méditatif à la fois mystérieux et inquiétant dans cette scène, « Love Scene » étant à coup sûr l’un des morceaux les plus réussis du score de « The Boy Next Door ». Le problème, c’est que plus le récit avance, plus la musique semble patiner et se contenter de répéter maintes et maintes fois les mêmes sons, les mêmes ambiances, de la mélancolie de « About Us » aux dissonances agressives et expérimentales du tendu « Graffiti » sans oublier le malaise crescendo de « Flowers ». La dernière partie du film permet au duo de nous offrir quelques morceaux plus nerveux et rythmés, comme la tension de « Classroom Panic » (avec ses percussions électroniques qui font penser à du Mark Isham), la recherche paniquée de la vidéo compromettante dans « Where’s the Video ? » ou la tension du dissonant « Switching Cars », du nerveux « Sneaking » ainsi que l’affrontement final dans la grange avec le brutal « The Barn » et ses sonorités aigues hypnotisantes et macabres évoquant la folie de Noah.

Au final, on ressort plutôt mitigé de l’écoute de « The Boy Next Door », car si à l’écran, la musique apporte une vraie atmosphère de malaise et de trouble, en écoute isolée, on reste peu convaincu par le caractère monotone et répétitif d’un score parfois inventif et expérimental dans ses sonorités mais sans grande originalité particulière dans le fond, se contentant d’enchaîner les atmosphères troublantes et les vocalises sensuelles pour arriver à ses fins. Le travail autour du sound design est plutôt consistant, la musique ne versant jamais dans la cacophonie mais conservant ce ton psychologique, sombre et envoûtant typique du travail de Randy Edelman et Nathan Barr. Néanmoins, comme le film lui-même, on s’ennuie ferme à l’écoute de « The Boy Next Door », les deux compositeurs ne parvenant pas à dépasser le simple collage d’atmosphères sonores malgré quelques bonnes idées (le travail vocal de Lisbeth Scott, les effets quasi orientaux de violoncelle électrique, etc.). Pour un peu, on en viendrait même à se demander s’il n’aurait pas été plus judicieux d’engager un compositeur plus proche de ce type d’ambiance comme Christopher Young ou Marco Beltrami, qui auraient probablement écrit quelque chose de plus audacieux, de plus abouti et de beaucoup plus consistant en terme d’écoute. Au final, « The Boy Next Door » reste un travail assez plat et routinier pour une collaboration musicale inattendue à laquelle on était en droit d’attendre autre chose ! Même les fans de Randy Edelman (sont-ils encore si nombreux aujourd’hui ?) seront déçus par le caractère impersonnel de cette composition où l’on ne reconnaît ni le style du compositeur, ni même celui – plus passe-partout – de Nathan Barr, qui nous a lui aussi habitué à mieux : au final, il s’agit d’un score thriller fonctionnel et dense, mais décevant en terme d’écoute et peu mémorable, que l’on oubliera certainement très vite.




---Quentin Billard