1-Jennett Humfrye Lost
Her Baby 0.54*
2-Angel of Death 1.38
3-Eve's Theme 2.08
4-Escaping the Blitz 1.16
5-Harry's Theme 1.32
6-First Night 2.09
7-Eve Remembers 2.09
8-Listen To Me Very Carefully 1.21
9-Harry On The Causeway 3.10
10-Meeting Jacob 4.50
11-It Wasn't Your Fault 2.21
12-Harry's Past 2.04
13-Arriving At The Bunker 0.51
14-Looking for Edward 1.45
15-Did You See His Body 1.24
16-Locked in the Nursery 2.31
17-Under the Causeway 3.01
18-Reunited 1.26
19-Where Is My Smile 2.15

*Incorporates nursery rhyme with
lyrics by Jon Croker and melody
by Jack Arnold.

Musique  composée par:

Marco Beltrami/
Marcus Trumpp/Brandon Roberts

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 319 8

Score produit par:
Marco Beltrami, Marcus Trumpp,
Brandon Roberts

Producteur exécutif:
Robert Townson
Mixage score:
Tyson Lozensky
Score enregistré par:
John Kurlander
Orchestrations:
Rossano Galante
Programmation synthés:
Jordan Seigel
Services musicaux par:
Cutting Edge
Producteur exécutif musique:
Tara Moross
Monteur musique:
John Warhurst
Music business &
Legal executive:
Charles M. Barsamian
Coordinateur musique:
Chris Piccaro

Artwork and pictures (c) 2014 Relativity Media. All rights reserved.

Note: ***
THE WOMAN IN BLACK 2 :
ANGEL OF DEATH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami/
Marcus Trumpp/Brandon Roberts
Suite insipide donnée à un premier film déjà fort insipide, « The Woman in Black 2 : Angel of Death » (La Dame en Noir 2) est un énième ghost movie réalisé sans brio et sans passion par le britannique Tom Harper, sorti au cinéma fin 2014/début 2015, toujours produit par la Hammer. Alors que le premier film mettait en scène Daniel Radcliffe dans une ambiance gothique molle et sans frisson, cet « ange de la mort » en remet une couche en dévoilant cette fois-ci une nouvelle intrigue qui se situe durant la Seconde Guerre Mondiale à Londres, en plein bombardements allemands (40 ans après les événements du premier film). Huit jeunes élèves dirigés par la directrice Jean Hogg (Helen McCrory) et la jeune institutrice Eve Parkins (Phoebe Fox) partent s’installer dans le petit village de Crythin Gifford dans le nord-est de l’Angleterre. Ils demeurent désormais dans la Maison des marais, un manoir imposant et délabré situé sur une île isolée du continent, entouré de marécages. A leur arrivée, les enfants et les adultes comprennent que quelque chose ne tourne pas rond et que le manoir est hanté par une présence maléfique depuis des années. L’esprit démoniaque de la Dame en noir sera finalement réveillé par l’arrivée des nouveaux occupants du manoir, multipliant les incidents et les morts dans la demeure hantée, tandis que chacun va tenter de survivre à un cauchemar que rien ne semble pouvoir arrêter. Le scénario de « The Woman in Black 2 » reprend donc toutes les recettes du premier film, et n’a même pas le courage de proposer quoique ce soit de nouveau : on retrouve ici le lot habituel de portes qui grincent, de scare jumps mous du genou, de chuchotements, d’apparitions fantomatiques (cf. le cauchemar de Mrs. Parkins), de jouets maléfiques ou d’objets qui bougent tout seul. Tout cela a déjà été vu des centaines de fois auparavant, et force est de constater que le film de Tom Harper est lent, ennuyeux, trop long à démarrer (il faut attendre une demi heure avant que les choses bougent enfin – sur 98 minutes, c’est beaucoup trop long !) et sans surprise. Autre problème de taille : les scènes du film sont extrêmement sombres, le directeur de la photographie n’ayant visiblement pas compris qu’il n’est pas nécessaire d’en faire des tonnes dans la noirceur de l’image pour provoquer la terreur et l’angoisse. Du coup (hormis les salles de cinéma), ceux qui regarderont le film sur un écran de télévision devront à coup sûr augmenter le contraste ou la luminosité, un fait regrettable et assez désagréable. D’autre part, le scénario paresseux du film se contente de reprendre les grandes lignes directrices du film de 2012 en enchaînant les péripéties de façon similaires, mais avec de nouveaux personnages. Décidément, la franchise « Woman in Black » semble déjà bien ringarde avant l’heure, idéale pour mourir d’ennui ou dormir devant un film : même pas peur !

Marco Beltrami est de retour à la musique en signant la nouvelle partition de « The Woman in Black 2 : Angel of Death », aux côtés de ses complices Marcus Trumpp et Brandon Roberts, avec lesquels il collabore régulièrement depuis quelques années déjà. A la première écoute, pas de surprise particulière pour ce score qui reste dans la veine de celui du premier film, reprenant les mêmes recettes musicales avec une densité sonore constante, quelques bonnes trouvailles et une esthétique gothique et ténébreuse qui sied parfaitement à l’ambiance oppressante (et très noire) du film de Tom Harper. Grand spécialiste des musiques horrifiques depuis trois décennies déjà, Marco Beltrami confirme avec « Woman in Black 2 » son goût pour les atmosphères oppressantes et envoûtantes, avec un mélange de cordes dissonantes et de sonorités électroniques expérimentales qui renforcent la tension du film. Le film repose sur trois thèmes, une mélodie intime et mélancolique pour Eve Parkins introduit dans « Eve’s Theme », un thème plus mystérieux pour Harry Burnstow (Adrian Rawlins), le jeune pilote qui accompagne Eve, dévoilé dans « Harry’s Theme », et bien évidemment le thème principal repris du premier « Woman in Black », largement réemployé ici par Beltrami pour suggérer la malédiction de la dame en noir. On trouve aussi un quatrième motif plus secondaire, une série de 4 notes mystérieuses entendues dans « First Night » aux contrebasses dès 0:32, associé à la malédiction de la dame en noir. « Jennet Humfrye Lost Her Baby » est une introduction glauque à la partition, avec des nappes sonores sombres sur fond de comptines d’enfants chantées en anglais, alors que des cordes dissonantes et stridentes viennent progressivement pervertir le climat sonore faussement innocent et enfantin du morceau. Dans « Angel of Death », Beltrami, Trumpp et Roberts annoncent le thème principal issu du premier score aux cordes, avec une ampleur plus mystérieuse et inquiétante suggérant un nouveau cauchemar pour les individus traqués par la malédiction de la Dame en noir. Ce thème sera d’ailleurs véritablement au centre de la partition de « The Woman in Black 2 » tout comme le « Eve’s Theme », comme on l’entend clairement dans « Escaping the Blitz », toujours suggéré aux cordes sur fond de harpe et de vents sombres, Beltrami citant régulièrement le thème d’Eve avec les trois premières notes de la mélodie.

La musique reste plutôt lente et sombre durant toute la première partie du film, les frissons débutant réellement avec le sinistre « First Night », qui fait monter la tension d’un cran et semble sortir la musique de sa torpeur apparente. Quelques percussions, des cordes/vents sombres et des éléments électroniques obscurs suffisent ici à suggérer la terreur et les premiers méfaits de l’esprit maléfique de la Dame en noir avec son lot habituel de cordes dissonantes et de sursauts terrifiants. Pas de surprise particulière ici, Beltrami, Trumpp et Roberts se contentant de surfer sur les recettes habituelles du genre, avec quelques bonnes trouvailles sonores qui ponctuent un ensemble assez fonctionnel mais plutôt intense à l’écran. C’est ensuite en toute logique que le thème d’Eve est repris par un cymbalum mélancolique et solitaire dans « Eve Remembers », pour la scène des souvenirs traumatisants d’Eve, un très beau passage qui apporte un semblant d’émotion à une partition somme toute très sombre et tendue. Au niveau sonore, le travail de Beltrami et de ses collègues repose essentiellement sur le matériau thématique et sonore du premier « Woman in Black », la nouvelle idée étant ici l’utilisation de samples d’artillery shells, instruments à percussion métalliques confectionnés à partir de carcasses d’obus militaires, très souvent utilisés à Hollywood pour leurs sonorités mystérieuses si particulières. On appréciera l’atmosphère fantomatique pesante de « Listen to Me Very Carefully », tandis que le Eve’s Theme apporte une mélancolie particulière dans « Harry on the Causeway », baignant dans une ambiance sombre où l’on retrouve les samples d’artillery shells (probablement pour suggérer subtilement le contexte de la 2de Guerre Mondiale en parallèle de l’histoire du film) et les cordes brumeuses, atonales et dissonantes, sans oublier les chants d’enfants mixés de façon distante ou les berceuses de boîte à musique perverties par la noirceur inquiétante des cordes.

« Meeting Jacob » confirme l’esthétique horrifique du score de « Woman in Black 2 » en reposant là aussi autour du pupitre des cordes utilisées de façon lugubre et dissonante, tandis qu’un sound design lointain renforce le caractère fantomatique et gothique du score typique de l’univers musical de la franchise « Woman in Black ». On retrouve ici le motif de la dame en noir à 2:44 qui prend des allures de berceuse enfantine et mystérieuse, tandis que le thème d’Eve est repris de façon plaintive et mélancolique dans « It Wasn’t Your Fault », juxtaposé ici au motif de la dame en noir (dès 0:55). On devine une certaine tension dramatique dans « Harry’s Past » qui développe le thème d’Harry (peu mémorable à la première écoute !), tandis que le suspense devient plus oppressant dans « Arriving at the Bunker » alors que l’esprit maléfique pourchasse les adultes et les enfants jusqu’au bunker d’Harry. La terreur devient alors le principal mot d’ordre de Beltrami et ses collègues dans « Looking for Edward », accentuant la disparition d’Edward avec un sentiment de danger et de menace omniprésent. La douce mélancolie de « Did You See His Body » et sa clarinette solitaire tente d’apaiser l’ensemble, mais c’est l’angoisse qui reprend le dessus avec le macabre « Locked in the Nursery » et le climax violent qui débute dans « Under the Causeway » et se conclut sur le tragique « Reunited » reprenant le « Eve’s Theme » sous un angle lyrique et poignant aux cordes, typique du style plus émotionnel de Marco Beltrami. Idem pour le très beau « Where Is My Smile » qui reprend le thème d’Eve avec une émotion délicate, sans oublier le thème principal, reconnaissable à son motif secondaire de 5 notes de harpe (dès 1:23), qui accompagne régulièrement la mélodie principale aux cordes. L’auditeur attentif reconnaîtra d’ailleurs ici le motif de la dame en noir juxtaposé au motif B du Main Theme, à 1:33 ou en réponse aux violoncelles à 1:37, une subtilité due à un joli contrepoint mélodique des cordes.

Au final, « The Woman in Black 2 : Angel of Death » n’offre donc rien de bien neuf à l’auditeur, qui retrouvera ici les grandes lignes du travail de Marco Beltrami sur le premier film, avec quelques nouveaux thèmes et quelques sonorités inédites pour prolonger l’univers musical de la saga. Utilisée avec parcimonie dans le film (la musique dépasse à peine les 46 minutes au total), la bande originale concoctée par Marco Beltrami, Marcus Trumpp et Brandon Roberts va là où on l’attend, sans chercher à dépasser ou à sublimer particulièrement son sujet. Les compositeurs se contentent du minimum syndical en livrant un énième score d’épouvante à base de cordes dissonantes et de thèmes mystérieux sans chercher à creuser plus loin ou à renouveler les sons du premier score de 2012. Mais, étant donné la qualité quelconque du film de Tom Harper, difficile d’en vouloir aux compositeurs de ne pas s’être creusés davantage les méninges sur un second opus faiblard et peu inspirant, d’un ennui profond, car le score orchestral de Beltrami reste à coup sûr l’élément le plus positif du film : en définitive, c’est un opus correct dans le film mais plutôt mineur de la part d’un Marco Beltrami décidément très actif ces derniers temps !




---Quentin Billard