1-Every Ending Has A Beginning 1.31
2-Story of Wick 3.05
3-John Mourns 2.29
4-Assassins 2.12
5-Dear John 1.49
6-Daisy 1.29
7-Evil Man Blues 4.20*
8-The Red Circle 1.00**
9-Lure The Wolf 2.04
10-Losef The Terrible 2.34
11-Chop Shop 2.52
12-Baba Yaga 1.46
13-On The Hunt 2.11
14-In My Mind 3.07+
15-The Drowning 2.24**
16-Think 3.59++
17-Led Spirals 0.59**
18-Shots Fired 3.11**
19-Old Friend Marcus 1.33
20-Hotel Throw Down 2.55
21-Warehouse Smack Down 2.44
22-Who You Talkin' To Man? 4.41+++
23-Membership Revoked 2.04
24-Unfortunate Priest 1.49
25-Dock Shootout 2.42
26-No More Guns 2.05
27-Be Seeing You 3.38

*Interprété par The Candy Shop Boys
featuring Jesse Elder, Matt Parker,
Scott Tixier, Sophia Urista,
Arthur Vint, Kenball Zwerin
Ecrit par Leonard Feather
et Lionel Hampton
**Composé par Le Castle Vania
+Interprété par M86 et Susie Q
Ecrit par Ali Theodore, Susan Paroff,
Sergio Cabra, Sarai Howard
Bryan Spitzer
++Interprété par Kaleida
Ecrit par Cicely Goulder
et Christina Wood
Produit par Cicely Goulder
+++Interprété par Ciscandra Nostalghia
Ecrit par Ciscandra Nostalghia
et Tyler Bates.

Musique  composée par:

Tyler Bates/Joel J. Richard

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 309 8

Produit par:
Tyler Bates, Joel J. Richard,
Dylan Eiland

Producteur exécutif:
Robert Townson
Supervision musique:
John Houlihan
Musique additionelle:
Le Castle Vania
Monteur musique:
Brian Richards
Préparation musique:
Joanne Higginbottom
Producteurs exécutifs:
Tara Moross, Darren Blumenthal
Music business & legal executive:
Charles M. Barsamian
Services musicaux par:
Cutting Edge

Artwork and pictures (c) 2014 Summit Entertainment, LLC. All rights reserved.

Note: **1/2
JOHN WICK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates/Joel J. Richard
« John Wick » marque le retour de Keanu Reeves au cinéma, un an après l’échec du sous-estimé « 47 Ronin » de Carl Rinsch (2013). Dans ce film d’action influencé des polars hongkongais de John Woo, des westerns et des films de gangster des années 60/70, Reeves interprète John Wick, un ancien tueur à gage à la retraite qui mène aujourd’hui une vie sans histoire, affairé à retaper sa Ford Mustang de 1969 en compagnie de sa chienne Daisy, cadeau de son épouse décédée. Un jour, John croise la route de Losef Tarasov (Alfie Allen), un malfrat russe et sadique qui convoite sa Mustang, mais John refuse de lui vendre son véhicule. Furieux d’essuyer un rejet de la part de John Wick, Losef s’introduit une nuit chez John avec deux complices et vole sa voiture après avoir mortellement blessé l’homme et tué sa chienne. Le lendemain, Aurelio (John Leguizamo), un ancien contact de John qui dirige aujourd’hui un garage, lui apprend que Losef est passé chez lui pour retaper la Mustang et que le malfrat n’est autre que le fils d’un grand ponte de la mafia russe new-yorkaise, Viggo Tarasov (Michael Nyqvist), ancien employeur de John Wick. Apprenant la nouvelle, Viggo blâme violemment Losef pour ce qu’il a fait, en lui expliquant qui est réellement l’homme à qui il a volé sa voiture et tué son chien : un impitoyable tueur à gage insaisissable, que l’on surnomme « Baba Yaga » dans la profession (le croquemitaine). Alors qu’il avait tiré un trait sur son ancienne carrière de tueur après être tombé amoureux d’une femme, John Wick décide finalement de reprendre les armes et de se venger en tuant à tout prix Losef et ses complices. De son côté, Viggo, qui cherche à dissuader John d’aller plus loin, met tout en oeuvre pour protéger son fils et met un contrat de 2 millions de dollars sur la tête de John, en proposant le job à Marcus (Willem Dafoe), un vétéran de l’assassinat et ancien mentor et ami de John.

Produit pour une somme assez dérisoire pour un film d’action de cette envergure (environ 20 millions de dollars), « John Wick » s’avère être le ticket gagnant du tandem Chad Stahelski/David Leitch (non crédité au générique), les deux hommes étant plus connus pour avoir travaillé sur les cascades de la trilogie « Matrix », ce qui explique leur collaboration avec Keanu Reeves sur leur toute première réalisation hollywoodienne en duo. Malgré des influences évidentes – les deux réalisateurs prétendent s’être inspirés de classiques tels que « Le Cercle Rouge » et « Le Samouraï » de Jean-Pierre Melville, « Point Blank » de John Boorman, « Le Bon, la Brute et le Truand » de Sergio Leone ou bien encore « The Killer » de John Woo – « John Wick » est un solide condensé de l’univers des polars urbains américains des années 90/2000, mettant en scène un anti-héros en quête de vengeance, prêt à tout pour atteindre son objectif, quitte à affronter la pègre russe new-yorkaise toute entière. Reeves s’impose ici dans le rôle de John Wick en tueur impitoyable, violent, rapide et ultra réactif, entouré de quelques seconds rôles solides dont un excellent bad guy campé par l’acteur suédois Michael Nyqvist, la révélation de la saga « Millenium » vu récemment dans « Mission : Impossible – Ghost Protocol », et quelques vétérans comme Willem Dafoe, Ian McShane ou John Leguizamo. Niveau scénario, le film n’offre rien de bien neuf mais ménage la chèvre et le chou en offrant une réalisation nerveuse et stylée baignant dans une ambiance urbaine sombre et nocturne évoquant les films de gangster de Scorsese, avec, cerise sur le gâteau, d’excellentes scènes de combat et de gunfights violents à la John Woo sur fond de règlements de compte entre tueurs et malfrats, même si « John Wick » est bien loin d’égaliser la virtuosité des productions hongkongaises dont le film semble se réclamer.

La partition musicale électro/rock de Tyler Bates et de Joel J. Richard n’est certes pas l’élément le plus mémorable du film, mais elle contribue néanmoins à dynamiser l’ensemble avec un tempo constant et un certain fun électrisant au détour de quelques scènes d’action brutales où les guitares électriques et les samples électro s’emballent furieusement pour faire monter la tension. Délaissant le style orchestral trop souvent utilisé à Hollywood, Bates et Richard convoquent un ensemble réunissant batterie/percussions, guitares électriques/acoustiques, basse, claviers, balalaïkas russes et quelques éléments électroniques pour agrémenter l’ensemble. A noter que le DJ américain Dylan Eiland – plus connu sous le nom de « Le Castle Vania » - a contribué à la bande son du film en composant de la musique additionnelle aux côtés des compositions de Tyler Bates et Joel J. Richard. Dès les premiers instants de la partition, on comprend d’emblée tous l’objectif des deux compositeurs : créer une atmosphère poisseuse, brutale et sombre à l’aide de sound design épais, de samples électros divers, de percussions synthétiques et d’un ensemble de guitares électriques/basse/batterie/loops pour parvenir au son urbain et moderne de la musique de « John Wick ». Si « Every Ending Has a Beginning » pose clairement le décor avec un sound design brumeux et un thème associé à Keanu Reeves dans le film (à 0:21 aux synthés, puis à 0:48 au violoncelle), « Story of Wick » introduit un joli travail autour de la guitare sèche sur fond de cordes et de synthés menaçants, pads saturés, guitare électrique et autres basses techno. On découvre ici la partie plus rock assez représentative de la bande son du film de Chad Stahelski et David Leitch. On retrouve aussi une série de pads saturés qui reviendront tout au long du film pour suggérer les tourments et la violence de John Wick, tandis que « John Mourns » dévoile un semblant d’émotion avec un piano fragile et mélancolique mixé de façon très distante, sur fond de sound design peu intéressant.

L’action débute vraiment dans « Assassins » pour la première scène où John Wick affronte les assassins venus l’attaquer dans sa maison. Bates et Richard mettent l’accent ici sur un mélange rock/électro assez tonitruant, froid et mécanique, privilégiant le rythme brutal au profit des mélodies. Ici, ça cogne, ça flingue et ça règle les comptes sur fond de loops tonitruants et de guitares saturés, avec une large place accordée au sound design moderne. Les quelques rares parties orchestrales contribuent à apporter un semblant d’émotion et de mélancolie à un film assez sombre, comme dans le résigné « Dear John » reflétant l’âme torturée et sombre de John Wick, et sa quête de vengeance. Dans « Daisy », Bates et Richard utilisent un clavier électrique mélancolique avec quelques petites percussions et nappes synthétiques qui apportent un semblant de douceur à un score très agité dans l’ensemble. Concernant les compositions additionnelles de Le Castle Vania, on pourra noter le très électro/rock « The Red Circle » qui assène un rythme techno nerveux sur fond de pads musclés pour la scène de l’affrontement dans la boîte de nuit. Dans le même genre, « The Drowning » va plus loin en explorant les banques de sons techno/électro habituelles dans ce type de production, tout comme le dispensable « Led Spirals » ou le nerveux « Shots Fired ». Chaque compositeur contribue à l’aspect dynamique et brutal des scènes d’action du film, sans réelles concessions, reléguant au second plan l’aspect mélodique et harmonique au profit de textures sonores modernes, rock et synthétiques, comme ces riffs hard-rock des guitares électriques saturées dans « Lure the Wolf ». Dans « Baba Yaga », les compositeurs utilisent les balalaïkas pour évoquer Viggo Tarasov et ses hommes de mains russes, tandis que l’on renoue avec du bon hard rock/électro dans une scène où Wick pourchasse les gangsters russes dans « On the Hunt ».

Ceux qui sont allergiques au rock et à la musique électro risquent fort de vivre l’écoute de « John Wick » comme un véritable supplice, d’autant que les quelques rares incursions mélodiques ne parviennent pas à apporter l’émotion nécessaire pour tempérer la noirceur et la brutalité de la musique de Tyler Bates et Joel J. Richard. Dommage aussi que des passages atmosphériques comme « Old Friend Marcus » (où il est question de l’ami de Wick campé dans le film par Willem Dafoe) ou le grunge « Hotel Throw Down » semblent recycler tout ce que l’on nous balance à longueur de temps sur des séries TV policières contemporaines façon « C.S.I. » ou « N.C.I.S. » sans oublier l’influence toujours aussi écrasante des productions Remote Control d’Hans Zimmer, qui usent et abusent des mêmes sons et des mêmes idées jusqu’à saturation. Si cette approche rock-électro complimente parfaitement dans le film l’univers urbain et moderne du film, on regrettera le côté finalement très ordinaire et impersonnel de ces morceaux qui pourraient avoir été écrits par n’importe qui, en pilotage automatique. Il y a de bons moments comme les riffs rock/trash des guitares saturées du combat dans l’entrepôt dans « Warehouse Smack Down », ceux de « Membership Revoked » ou « Dock Shootout » qui rappellent la musique de Steve Mazzaro pour le film « Bullet To The Head » (2013). A noter le retour du thème mélancolique de violoncelle de John Wick dans « Be Seeing You », la vengeance de l’ancien tueur à gage étant accomplie, l’homme pouvant dorénavant tourner la page et reconstruire sa vie. Rien de bien neuf à l’horizon donc dans cette partition aux accents rock électroniques bruyants qui se contente bien souvent du strict minimum, alignant les rythmes et le sound design sans aucune originalité particulière à l’écran, et sans thème vraiment mémorable. Faute d’une personnalité et d’une identité suffisamment forte, la musique de « John Wick » rejoint très vite le rang des scores fonctionnels qui s’oublie rapidement. En gros, on zappe et on passe à autre chose : dommage !



---Quentin Billard