1-Opening Credits 3.48
2-Persian Madness 3.48
3-Nothing is Perfect 1.10
4-From the Stillness/
Birth of the Djinn 4.26
5-A Friend Perhaps 2.32
6-Alexandra's Theme 2.06
7-Face Lift 1.59
8-Ariella 2.10
9-Charming Souls 4.05
10-Stone Research 0.51
11-The Magic Word...Done! 2.39
12-What Can I Do For You? 2.43
13-The Djinn Game 3.13
14-The Red World/Driven Driving 4.27
15-Johnny Valentine 2.03
16-The Party Gets Memorable 7.08
17-The Final Wish 4.02
18-The Mazda is Parked 0.23

Musique  composée par:

Harry Manfredini

Editeur:

Super Tracks STCD 883

Musique produite par:
Harry Manfredini
Album co-produit par:
Ford A. Thaxton
Montage musique:
Johnny Caruso
Music clearance:
Sean Fernald
Ingénieur musique:
Jerry Lambert
Orchestrations:
Bobby Muzingo

(c) 1997 Live Film and Mediaworks, Inc. All rights reserved.

Note: ***
WISHMASTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Manfredini
Parrainé par le grand maître de l’épouvante Wes Craven, « Wishmaster » est l’oeuvre de Robert Kurtzman, plus connu comme étant maquilleur et auteur des effets spéciaux sur des films tels que « Predator », « Evil Dead 2 », « Tremors », « Identity » ou bien encore « Hostel ». Fondateur du studio d’effets spéciaux K.N.B EFX Group (1988) avec les indispensables Gregory Nicotero et Howard Berger, Kurtzman décida de se lancer dans la réalisation en 1995 avec le film « The Demolitionist », suivi deux ans après de son second film « Wishmaster ». Ce projet représenta pour Kurtzman l’occasion rêvée de profiter de son expérience acquise à travailler sur l’aspect technique et visuel des effets spéciaux de films d’épouvante/fantastique pour rendre à son tour hommage à tout un pan du cinéma de genre des années 80. Ainsi donc, « Wishmaster », sorti en 1997, nous plonge dans la terrifiante légende ancienne du Djinn. On raconte que quiconque réveillera cette créature maléfique se verra accorder trois voeux en échange de son âme. Lorsque le Djinn recueillera 1000 âmes humaines, les portes de l’au-delà s’ouvriront sur Terre, permettant aux démons de s’abattre dans notre monde. En 1127, à la suite d’une lutte acharnée en Perse, le sorcier prophète Zoroastre (Ari Barak) parvient à empêcher l’empereur de faire un autre voeu auprès d’un Djinn (Andrew Divoff) et réussit à capturer la créature à l’intérieur d’une opale rougeoyante. De nos jours en 1997 en Amérique, Raymond Beaumont (Robert Englund), un riche collectionneur d’antiquités, se trouve sur un port pour réceptionner une précieuse cargaison, la statue antique d’Ahura Mazda. Mais un incident provoque la chute de la statue qui tue son assistant (Ted Raimi) et détruit l’antiquité. Parmi les décombres se trouve la pierre précieuse qu’un travailleur des docks découvre et vole discrètement avant de la revendre à un marchand qui tient un mont-de-piété. Ce dernier décide alors de revendre l’opale à la secrétaire d’Alexandra Amberson (Tammy Lauren), une chercheuse qui travaille sur les pierres précieuses et les matériaux rares. Incapable de déterminer l’origine de l’opale, Alexandra décide de confier le précieux objet à son ami Josh Aickman (Tony Crane), qui travaille dans un laboratoire high-tech. Mais alors que Josh essaie d’analyser la pierre dans une machine à rayons lasers, le Djinn est brusquement réveillé et réussit à s’échapper de l’opale en tuant Josh. Désormais, l’esprit de la créature est lié à celui d’Alexandra, et le Djinn va prendre l’apparence de Nathaniel Demerest pour rechercher Alexandra et l’inciter à réaliser trois voeux. Avec ses pouvoirs illimités et surpuissants, la créature espère ainsi récolter 1000 âmes (et celle d’Alexandra) afin d’ouvrir les portes de son monde sur Terre.

Derrière ses apparences de série-B horrifique plutôt bien fichue (qui doit beaucoup aux effets techniques de Nicotero et Berger), « Wishmaster » s’avère être une bonne surprise tant le film semble avoir été fait avec un plaisir évident, celui de renouer avec l’horreur telle qu’on la pratiquait dans le cinéma d’épouvante des années 80. Ici, les effets spéciaux sont volontairement kitsch et les scènes gores assez extrêmes et poussives, tandis que le casting du film a la bonne idée de réunir quelques stars de l’épouvante comme Robert Englund (« Freddy »), Kane Hodder (« Jason »), Tony Todd (« Candyman ») et même une petite apparition de Ted Raimi (le frère de Sam Raimi) et Tom Savini (le fameux Sex Machine du film « From Dusk Till Dawn » de Robert Rodriguez) durant la scène de la pharmacie. Mais la véritable star de « Wishmaster » est avant tout le monstrueux Djinn qu’incarne avec brio l’acteur vénézuélien Andrew Divoff dans le film (spécialiste des rôles de méchants dans les films d’action des années 80/90 style « Toy Soldiers », « Air Force One » ou « Another 48 Hrs. »). Avec un maquillage et un costume plutôt crédible et impressionnant, Divoff campe un Djinn terrifiant et cruel nuancé par un zest d’humour noir très ‘eighties’ et de nombreuses scènes gores spectaculaires durant les méfaits sanglants du monstre (à noter que le design du Djinn a été calqué sur celui de l’une des créatures du film « Nightbreed » de Clive Barker). Du gore, « Wishmaster » n’en manque pas durant certaines scènes de mise à mort avec une véritable folie furieuse incluant une séquence où un gardien d’immeuble se transforme en vitre que le Djinn traverse en éclats de verre, une scène où un pharmacien meurt brusquement d’un cancer épouvantable, des scènes de carnage totalement extravagantes durant l’introduction en Perse, une scène où un policier est tué par Jack l’éventreur sorti tout droit du tableau d’une galerie, ou une séquence ahurissante durant laquelle un suspect arrache la mâchoire d’un policier avant d’être criblé de balles dans un commissariat. Exploitant à la perfection l’idée des voeux qu’accomplissement les victimes du Djinn, « Wishmaster » s’empare de l’adage « prenez garde à ce que vous souhaitez ! » et nous propose une réalisation hystérique et incroyablement nerveuse, servie par un montage incisif et percutant qui accentue la tension tout au long du film.

La partition orchestrale d’Harry Manfredini est à coup sûr l’un des éléments notables de « Wishmaster ». Rappelons que Manfredini s’est fait connaître dans les années 80 en signant les musiques de classiques de l’épouvante tels que « Friday the 13th » (1980), « Swamp Thing » (1982), « The Hills Have Eyes Part II » (1985), « House » (1986), « DeepStar Six » (1989) ou bien encore « Jason Goes to Hell » (1993). Choisir Harry Manfredini sur « Wishmaster » paraissait donc plus qu’évident, étant donné l’expérience passée du compositeur dans le registre de l’épouvante musicale et du suspense. Habitué à travailler sur des productions à bas budget, Manfredini concocte pour « Wishmaster » une partition orchestrale incluant quelques éléments synthétiques tout en privilégiant une atmosphère glauque, oppressante et terrifiante à l’instar du film. A la première écoute, malgré le côté ‘cheap’ de certains passages, on reste frappé par l’agressivité et la puissance de cette musique à l’écran. Dès le « Opening Credits », Manfredini dévoile l’idée majeure du score, après l’introduction d’une voix féminine fantomatique et de cordes lugubres : des ponctuations agressives et martelées de cuivres aigus (à 0:29 et 0:32 par exemple). Ces sursauts de trompettes stridentes deviendront la signature musicale du Djinn dans le film, accompagnant la plupart de ses méfaits avec une robustesse et une violence constante. La suite du « Opening Credits » évolue vers une succession d’accords majeurs/mineurs de cordes sur fond de petites percussions exotiques, le tout empreint de mystère et d’un mysticisme très réussi alors que le thème principal se dévoile progressivement – l’ambiance est ici très inspirée des travaux horrifiques de Christopher Young et notamment des « Hellraiser » - l’ouverture de « Wishmaster » restant l’un des premiers temps forts du score d’Harry Manfredini. Dès « Persian Madness », on plonge dans la folie destructrice provoquée par les pouvoirs du Djinn pour le carnage en Perse au début du film. La barbarie sanguinaire de la séquence est largement renforcée ici par les trompettes stridentes associées à la créature et les percussions exotiques/orientales, tandis que Manfredini reprend le thème d’ouverture (à 3:10) et met ici l’accent sur les dissonances, l’atonalité et les clusters de cordes ou de cuivres sur fond de ponctuations rythmiques complexes.

« Nothing is Perfect » dévoile le côté plus cheap du score avec l’utilisation de synthétiseurs dénotant l’aspect série-B du film de Robert Kurtzman. Manfredini aborde dans « Nothing is Perfect » l’un des thèmes principaux du score, le thème d’Alexandra constitué d’une série de 5 notes ascendantes, souvent partagées entre les bois et les cordes (synthétiques, comme dans « Alexandra’s Theme »). Ce thème intime associé à l’héroïne interprétée par Tammy Lauren évoque aussi bien la fragilité que la mélancolie de la jeune femme, hantée par un passé douloureux. On retrouve le thème d’Alexandra au début de « From the Stillness/Birth of the Djinn », alors que la musique évolue rapidement vers l’horreur et le suspense à l’aide de sonorités lugubres mélangeant cordes live dissonantes et sonorités synthétiques macabres pour arriver à ses fins, sans oublier le retour des trompettes stridentes avec des chuchotements et des effets avant-gardistes aléatoires inspirés de la musique contemporaine du XXe siècle. La naissance du Djinn est par exemple accompagnée d’un véritable fracas sonore et horrifique constitué de bourdonnements sauvages de cordes, de percussions synthétiques aléatoires et de trompettes stridentes qui rappellent parfois la partition de « DeepStar Six ». A noter que le morceau se conclut d’ailleurs sur une reprise grandiose du thème du Djinn. Le thème mystique de l’ouverture est repris dans « Ariella » avec ses accords majeurs/mineurs plein d’ambiguïté et de mystère sur fond d’allusions au motif d’Alexandra (à 0:45). Dans « Charming Souls », Manfredini évoque les méfaits du Djinn à l’aide de percussions synthétiques kitsch façon années 80 et de clusters orchestraux déchaînés (incluant des glissandi virtuoses de trompettes stridentes).

La musique dégage donc cette violence forcenée à l’image malgré le manque de moyen évident, d’où le recours à des instruments samplés notamment au niveau des bois, qui trahissent le côté ‘cheap’ du score de « Wishmaster ». Néanmoins, Harry Manfredini contourne le problème et développe de façon cohérente ses différentes idées jusqu’au bout, que ce soit le thème d’Alexandra (dans « Stone Research ») ou le thème mystique du Djinn dans « What Can I Do For You ? » ou « The Djinn Game ». La musique bascule même dans une sorte de folie sonore avec « The Red World/Driven Driving » alors qu’Alexandra est tourmentée par le Djinn, qui l’incite à faire ses derniers voeux pour récolter son âme. A noter ici un morceau plus particulier dans « The Party Gets Memorable », pour la séquence de l’attaque des statues ou des tableaux dans la galerie d’art de Beaumont vers la fin du film. A la folie totalement exubérante de la scène, Manfredini répond par un orchestre complètement déchaîné et débridé et des percussions synthétiques barbares. L’élément notable vient ici du fait que le morceau (à partir de 4:45) est en partie calqué sur le mouvement final du « Sacre du Printemps » de Stravinsky, oeuvre constamment imitée au cinéma depuis des décennies (c’est flagrant dans le jeu des trompettes et des cors à 5:17 !). Grâce à son emprunt à Stravinsky, Manfredini parvient à apporter une force toute particulière à cette séquence comme s’il s’agissait d’une chorégraphie endiablée, le thème est les idées sonores du Djinn culminant ainsi dans « The Final Wish » et « The Mazda is Parked ». Harry Manfredini signe donc une partition horrifique mystérieuse et brutale pour « Wishmaster » grâce à deux thèmes réussis, une bonne utilisation de l’orchestre à l’écran, des synthétiseurs ‘cheap’ bien utilisés et des idées sonores mystiques pour le Djinn : les fans des musiques horrifiques de Manfredini devraient donc se procurer le promo officiel du score publié par Super Tracks en 1997.




---Quentin Billard