1-Overlay of Evil/Main Title 3.33
2-Banjo Travelin' 1.12
3-Alice Goes to the Lake
(Parts 1 and 2) 0.36
4-Back Up to Annie Alone 1.34
5-Mrs. V Watches 1.09
6-Ralph in the Pantry 1.30
7-Don't Smoke in Bed 1.02
8-Not Tonight, I've Got
A Headache 2.52
9-Brenda in Lights 4.33
10-The Bed Axe 1.58
11-Alice Runs to Cabin 5.04
12-Mrs. V Comes Clean 5.57
13-Alice Runs to Light 2.09
14-The Last Fight/The Chop
To The End 1.26
15-The Boat on the Water/
Closing Theme 1/Jason
in the Lake* 2.26
16-Closing Theme 2.42

Bonus Cue

17-Sail Away Tiny Sparrow 4.11**

*Contains music from
"Sail Away Tiny Sparrow"
**Music and lyrics by
Harry Manfredini and John R. Briggs.

Musique  composée par:

Harry Manfredini

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1183

Musique produite par:
Harry Manfredini
Album produit par:
Matt Verboys, MV Gerhard

Artwork and pictures (c) 1980 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***
FRIDAY THE 13TH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Manfredini
Classique incontournable du cinéma d’épouvante américain des années 80 et du genre du ‘slasher movie’, « Friday the 13th » (Vendredi 13) est le premier opus d’une longue série de films mettant en scène le célèbre tueur Jason Voorhees, à la différence près que le premier opus réalisé par Sean S. Cunningham en 1980 est l’unique film de la saga à ne pas mettre en scène Jason (bêtement rebaptisé « Jacky » dans la V.F. pourrie !) mais plutôt sa mère, sorte de harpie déchaînée partie dans une quête de vengeance sanguinaire. Le film débute durant l’été 1958, dans le camp de Crystal Lake aux Etats-Unis. Alors qu’un jeune garçon nommé Jason Voorhees est mort noyé l’année avant – le vendredi 13 juin 1957 – deux jeunes moniteurs sont sauvagement assassinés par un mystérieux tueur qui rôde dans les environs. Depuis ces sombres événements, le camp est resté abandonné, victime de la malédiction du ‘vendredi 13’. Des années plus tard, le vendredi 13 juin 1980, la jeune Anni (Robbi Morgan), nouvelle monitrice du camp, fait de l’auto-stop pour se rendre à Crystal Lake. Mais le fou du village, Ralph, avertit la jeune femme du sombre destin qui l’attend : le camp est maudit et tous ceux qui oseront y pénétrer seront tués. Malgré les mises en garde, Anni décide de se rendre au camp, qui vient tout juste de rouvrir, sous l’impulsion de Steve Christy (Peter Brouwer). Ce dernier a embauché de nouveaux moniteurs parmi lesquels se trouvent Alice (Adrienne King), Bill (Harry Crosby), Marcie (Jeannine Taylor), Jack (Kevin Bacon), Brenda (Laurie Bartram) et Ned (Mark Nelson). Peu de temps après, alors que chacun prépare la réouverture du camp, de terribles événements se produisent. Une série de meurtres ont de nouveau lieu à Crystal Lake, des meurtres liés au passé bien sombre du camp.

Au premier abord, « Friday the 13th » n’est rien d’autre qu’une banale série-B horrifique à bas budget tournée pour une somme dérisoire (à peine 550.000 dollars) par le réalisateur new yorkais Sean S. Cunnigham qui ne se doutait pas à cette époque que son film connaîtrait un tel succès et engendrerait près d’une dizaine de suites (incluant des remakes récents et un cross-over avec Freddy Krueger). Il faut rappeler que Cunningham n’en était pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait produit le film d’horreur choc « The Last House on the Left » de Wes Craven en 1972. Motivé par le succès du « Halloween » de John Carpenter en 1978, Cunningham saisit sa chance et surfa à son tour sur la mode naissante du slasher-movie, s’inspirant aussi bien de Carpenter que de Mario Bava (« La baie sanglante ») avec une intrigue classique d’un tueur en série qui rôde dans un lieu isolé peuplé de jeunes gens qui vont servir de bétail pour le serial killer fou. Avec son générique mémorable pour l’époque (le titre du film qui zoome et casse un écran en verre) et une atmosphère glauque et immersive, « Friday the 13th » fut malheureusement très mal accueilli par la critique de l’époque, mais connu malgré tout un grand succès au cinéma, étant donné le peu d’argent que coûta le film. Le film en lui-même a considérablement vieilli, semble avoir été tourné à la va-vite sans aucun moyen particulier, et reste lent et assez ennuyeux. Néanmoins, Cunningham se rattrape en nous proposant des scènes de mises à mort particulièrement sanglantes et gores pour l’époque : égorgements, décapitation, cadavre cloué à une porte, hache plantée en plein visage, tous les moyens sont bons pour choquer et terroriser le public de 1980.

La partition orchestrale d’Harry Manfredini reste l’élément le plus mémorable du film, en particulier grâce au célèbre motif de Jason qui s’apparente à un chuchotement en écho que l’on pourrait décrire ainsi : « chi-chi-chi, ha-ha-ha ». Ce fameux motif deviendra la signature musicale de toute la saga et restera associé à tout jamais à Jason Voorhees dans l’imaginaire collectif, au même titre que le motif du requin de John Williams dans « Jaws » (Graeme Revell reprendra même le motif dans « Freddy vs. Jason »). L’idée de concevoir un thème à partir d’un chuchotement était très original pour l’époque et reste l’un des motifs les plus évocateurs de l’univers musical des slasher-movies américains (tout comme le célèbre thème entêtant de John Carpenter pour « Halloween »). Ce motif principal souligne la folie du tueur en série caché dans l’ombre et apporte ce caractère menaçant et obsessionnel particulièrement inquiétant dans le film. L’ouverture dévoile ce motif tandis que Manfredini a recours à un petit orchestre et quelques synthétiseurs très 80’s dans « Overlay of Evil/Main Title ». Niveau orchestrations, Manfredini privilégie le pupitre des cordes (en particulier les violons stridents ou les contrebasses pesantes), avec des dissonances et des accords menaçants sur fond de piano, de ponctuations agressives de cuivres et d’effets sonores synthétiques. A 1:46, Manfredini utilise des cordes staccatos, stridentes et incisives très clairement héritées du « Psycho » de Bernard Herrmann, autre musique horrifique célèbre qui semble avoir servi de modèle d’inspiration pour la musique de « Friday the 13th ». Le générique de début utilise ainsi ces cordes staccatos acérées comme des lames de rasoir, donnant particulièrement de fil à retordre aux instrumentistes, tandis que les synthétiseurs apportent ici une dimension quasi surréaliste voire onirique au morceau.

« Alice Goes to The Lake » évoque l’arrivée à Crystal Lake avec le retour des cordes aigues et des accords menaçants à base de quintes diminuées, l’un des outils harmoniques majeurs du score de « Friday the 13th », largement développés dans le « Main Title » et aussi dans « Alice Goes to the Lake ». Dans « Back Up to Annie Alone », la musique conserve ce caractère nerveux et agressif avec l’utilisation des cordes à la « Psycho », n’hésitant pas à jouer les notes de manière répétitive et entêtante. Dommage cependant que le petit orchestre employé ici par Manfredini ne parvienne pas à apporter la puissance nécessaire aux images, le son de l’ensemble instrumental s’avérant extrêmement ‘cheap’ même s’il faut saluer l’effort du compositeur d’avoir davantage opté pour des instruments live plutôt que les traditionnels synthétiseurs, qui restent finalement plutôt discrets dans le film. Les accords de quinte diminuée (avec septième mineure) associées à Mrs. Voorhees reviennent dans « Mrs. V Watches » avec le motif principal des chuchotements, tandis que l’ambiance devient oppressante et toujours aussi dissonante dans « Ralph in the Pantry », où Manfredini développe une atmosphère du suspense à base de tenues de cordes, de synthétiseurs et d’effets sonores électroniques aigus. Même chose pour « Don’t Smoke in Bed » qui suggère la présence du tueur et la menace qui pèse sur les jeunes moniteurs, avec ici une scène de meurtre dans un lit à base de cordes stridentes acérées et de cuivres hurleurs. Manfredini fait ce qu’il peut avec les moyens du bord, mais l’on ne peut s’empêcher de regretter le côté cheap de cette formation instrumentale très restreinte !

Le reste du score s’évertue essentiellement à faire monter la tension et le suspense, entrecoupé de sursauts de terreur pure pour les attaques sanguinaires du mystérieux tueur de Crystal Lake. On pourra reprocher au score son emploi très systématique et un peu trop répétitif du même accord de quinte diminuée avec septième et du motif principal, utilisés de manière mécanique et monotone dans le film. Néanmoins, force est de constater que le compositeur parvient à apporter une atmosphère très particulière au film de Sean S. Cunningham grâce à son savoir-faire indiscutable et son talent pour les ambiances macabres et oppressantes. Des frissons de « Brenda in Lights » à la terreur de « Alice Runs to Cabin » en passant par le moment où le tueur se dévoile enfin dans « Mrs. V Comes Clean » ou le combat final de « The Last Fight/The Chop to the End » et ses allusions évidentes au « Psycho » d’Herrmann, la partition de « Friday the 13th » va là où on l’attend et fait preuve d’une certaine intensité malgré le manque de moyens évident sur ce film. Manfredini se fait plaisir et nous offre pour la conclusion du film un très joli thème lyrique et nostalgique un peu kitsch mais qui n’a surtout rien à voir avec le reste du score. Dévoilé au clavier et aux cordes dans « The Boat on the Water/Closing Theme 1/Jason in the Lake », le thème est très vite rejoint par une batterie pop et quelques synthétiseurs pour l’aspect purement années 80. « Friday the 13th » est donc une sympathique partition horrifique typique des films d’épouvante à petit budget des eighties. Malgré le manque de moyens alloués à la musique du film, Harry Manfredini contourne le problème en proposant une partition orchestrale à l’ancienne, dans la continuité du « Psycho » de Bernard Herrmann, avec un motif principal mémorable et indissociable de l’univers « Jason » : à redécouvrir grâce à la récente réédition en box 6 CD chez La La Land !



---Quentin Billard