1-Faith 13.01
2-In The Beginning 3.53
3-Roma's Lament 5.57
4-Hope 2.44
5-Journey 3.19
6-Zedekiah's Sons 2.15
7-Daniel Prays 2.25
8-The Road to Jerusalem 2.06
9-Pentecost 2.25
10-King David 1.47
11-I Am 4.09
12-Pray For Us 1.58
13-Free Us, Save Us 2.34
14-The Nativity 5.23
15-Creation Choral 2.14
16-Rise Up In Faith 2.45

Musique  composée par:

Hans Zimmer/
Lorne Balfe/Lisa Gerrard

Editeur:

Mercer Street Records 70000

Score produit par:
Lorne Balfe, Hans Zimmer,
Steven Kofsky

Service de production musicale:
Steven Kofsky
Coordination production musicale:
Kelly Johnson
Monteurs musique:
Jessica Weiss, Rodney Berling
Arrangements additionnels de:
Jasha Klebe, Steve Mazarro,
Dave Fleming, Satnam Ramgotra,
Gary Dworetsky, Andrew Christie,
Max Aruj

Assistant technique:
Nathan Stornetta
Préparation score:
Andrew Christie
Ingénieur enregistrement:
Satoshi Noguchi
Design instrument digital:
Mark Wherry
Musique enregistrée et mixée à:
Remote Control Productions
Manager studio:
Czarina Russell

(c) 2013 Mercer Street Records under exclusive license from LightWorkers Media. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE BIBLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer/
Lorne Balfe/Lisa Gerrard
Profitant d’une résurgence soudaine des films bibliques à Hollywood depuis quelques années, Mark Burnett et Roma Downey s’attelèrent à l’ouvrage et réalisèrent « The Bible », une mini série en 10 épisodes de 44 minutes inspirées des grands récits de l’Ancien et du Nouveau Testament diffusée dès 2013 sur History Channel. Alors que le sujet a été adapté maintes et maintes fois au cinéma (incluant la version télévisée produite par la TNT entre 1994 et 1995 « The Bible Series », bien supérieure cinématographiquement parlant), « The Bible » se voulait comme une relecture fidèle des grands épisodes bibliques, de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, avec un casting de choix (hormis Diogo Morgado dans le rôle du Christ, à qui l’on a beaucoup reproché d’être trop ‘sexy’ pour incarner un personnage aussi capital dans la Bible), une mise en scène spectaculaire et des moyens évidents pour chaque épisode. Ainsi donc, entre la Genèse et l’Arche de Noé (expédiée à la va vite dans le premier épisode), l’Exode, les Dix Commandements offerts à Moïse sur le Mont Sinaï, la conquête de Jéricho par Josué, la proclamation de Saül en tant que roi par Samuel, la trahison de Samson par Dalila, l’affrontement entre David et le géant Goliath, la construction du temple de Dieu à Jérusalem par Salomon, Daniel jeté dans la fosse aux lions, la venue de Jésus Christ, sa passion, sa crucifixion et sa résurrection, le film tente de résumer à chaque fois des récits bien trop longs pour tenir sur 10 épisodes au format télévisé syndical (44 minutes). Du coup, le couple Mark Burnett/Roma Downey se retrouve obligé de faire des choix, contraints par les limites de durée fixés par le format imposé, et massacre complètement certaines histoires qui sont largement altérées, simplifiées ou même bâclées et passées à la trappe (ainsi, le premier épisode condense 7 histoires différentes de la Genèse et de l’Exode en un seul récit de 44 minutes, ce qui est rigoureusement impossible à moins de supprimer des tas de choses !), un comble lorsqu’on sait à quel point les auteurs de « The Bible » ont toujours déclaré vouloir faire de leur mini série une adaptation fidèle des textes bibliques.

Le problème vient aussi d’une mise en scène discutable privilégiant le visuel et le spectaculaire au détriment du fond et des représentations symboliques de chacune de ces histoires bien connues : les personnages deviennent ici vide de sens, se transforment en simples protagonistes hollywoodiens allant d’un point A à un point B – on se croirait revenu au temps des péplums bibliques kitsch des années 50/60, mais en moins bien – baignant dans des décors de studio et des effets spéciaux corrects mais peu crédibles dans le contexte des histoires. Et que dire de certains passages complètement américanisés comme la chute de Sodome et Gomorrhe durant laquelle les anges envoyés par Dieu deviennent de bêtes centurions qui se battent à coup d’épée (on croirait voir un film de Ridley Scott !), le film nous offrant même quelques scènes de batailles typiquement hollywoodiennes qui n’ont absolument rien à voir avec la Bible ! Quand aux épisodes finaux évoquant la passion du Christ, ils restent gâchés là aussi par des choix scénaristiques incohérents et l’interprétation moyenne de Diogo Morgado – à noter que ces épisodes et certains passages inédits ressortiront en 2014 condensés sous la forme d’un film de 138 minutes intitulé « Son of God » - sans parler du choix de l’acteur interprétant Satan, sujet à de nombreuses polémiques lors de la diffusion de la mini série en 2013 étant donné son étrange ressemblance avec le président des Etats-Unis Barack Obama. Sur le même sujet, on préfèrera les versions de « The Gospel of John » ou même du « Passion of the Christ » de Mel Gibson, beaucoup plus prenants et réussis dans leur évocation des dernières heures du Christ. Ainsi donc, si le spectateur recherche ici une adaptation assez fidèle des textes bibliques, « The Bible » risque de le décevoir à coup sûr, car malgré des moyens évidents et un caractère spectaculaire complètement assumé, « The Bible » échoue dans ses intentions initiales et s’avère être une forte déception dans son genre. A noter qu’une suite est désormais prévue, « A.D. The Bible Continues », qui devrait être diffusée courant 2015.

La partition musicale de « The Bible » a été confiée au trio Hans Zimmer, Lorne Balfe et Lisa Gerrard, chacun s’occupant des principaux éléments de la musique, qu’il s’agisse des thèmes, des choix instrumentaux ou sonores ou des nombreuses parties vocales. A noter que Zimmer et son équipe ont travaillé de façon particulière sur cette production, enregistrant à Londres alors que le tournage se déroula essentiellement au Maroc, tandis qu’une partie de la musique a du être improvisée pour être ensuite placée librement sur les images, le but n’étant pas de dire au spectateur ce qu’il doit ressentir mais de commenter davantage chaque récit avec une atmosphère musicale globale et « d’ouvrir des portes » comme l’explique Hans Zimmer dans une récente interview. A la première écoute, peu de surprise à l’horizon : Zimmer et ses collègues font ce qu’ils savent faire de mieux, une partition hybride entre synthétiseurs et orchestre aux accents orientaux/ethniques calqués sur « Gladiator » ou « The Prince of Egypt ». Les 10 épisodes reposent sur un thème récurrent assez beau et évocateur dans sa progression de cordes élégiaques inspirées de « Thin Red Line » sur fond de ponctuations de petites percussions et flûte de pan (comme dans certains scores d’action du Zimmer des années 90 période Media Ventures !). Ce thème, dévoilé dans « Faith », grandit au fil des épisodes, intervenant dans les moments les plus dramatiques et les plus significatifs des récits, reliant chaque épisode avec cette émotion poignante et prenante, rappelant aussi le final de « Da Vinci Code ». Peu original, « Faith » apporte pourtant une dimension épique impressionnante aux différents épisodes de « The Bible », notamment avec l’utilisation de choeurs en arrière-plan et des vocalises féminines éthérées et grandioses de Lisa Gerrard. S’il ne fallait retenir ici qu’une seule musique représentant la puissance des textes bibliques et le pouvoir de la foi, ce serait bien ce somptueux et dramatique « Faith » qui, bien qu’il recycle toutes les sonorités si familières à Zimmer et sa bande, remplit son rôle dans la mini série et apporte une émotion immersive et grisante que l’on était en droit d’attendre du traitement musical d’un tel sujet, même si l’on regrettera comme toujours la pauvreté des orchestrations de Zimmer, son manque de subtilité (tous les instruments semblent doubler la même mélodie pour prendre de plus en plus de puissance) et l’absence d’audace dans l’écriture musicale. Néanmoins, difficile de résister à l’émotion tragique et grandiose des 12 minutes de « Faith », indissociable des épisodes de « The Bible », en passe de devenir une nouvelle référence dans la filmo du compositeur teuton ! A ne pas rater : la reprise finale mémorable du thème à la toute fin de « Faith », un pur régal pour les amateurs d’anthem grandiose façon Zimmer old school, qui s’essaie ici à un style rappelant certains grands hymnes de Vangelis dans les années 90 !

Dès « In The Beginning », Zimmer et Balfe évoquent le début de la Genèse et les premiers récits de Noé durant la séquence initiale du déluge et de l’Arche. On retrouve ici aussi les sonorités habituelles des productions Remote Control, avec des ostinatos de cordes, des vocalises éthérées et des accords majestueux et dramatiques dans la continuité de « Faith ». On retrouve ici les clichés habituels tels que les percussions épiques ou le duduk arménien pour les sonorités orientales, très largement présentes tout au long de la mini série pour évoquer les temps anciens de la Bible. Ici aussi, la musique est bâtie sur un grand crescendo dramatique des cordes et de cuivres synthétiques sur fond d’ostinato, un crescendo simple mais qui fonctionne aussi parfaitement dans sa montée émotionnelle et puissante indissociable là aussi de « The Bible ». Une pièce comme « Roma’s Lament » semble renouer avec un style que Zimmer développa davantage dans les années 90, notamment dans l’emploi des cordes élégiaques et de la flûte ethnique façon « Beyond Rangoon ». A noter que le tragique « Roma’s Lament » est aussi l’un des thèmes récurrents du score de « The Bible », intervenant pour les moments plus intimes évoquant la vie de certains personnages majeurs de l’histoire. Dans « Hope », Lorne Balfe (qui a écrit en réalité une bonne partie de la musique de « The Bible ») évoque la foi et l’espoir à l’aide de vocalises éthérées en écho et de quelques sonorités ethniques incluant cymbalum et duduk. Même chose pour « Journey » où l’on retrouve un ensemble de percussions exotiques (incluant derbouka) avec cymbalum, harpe et cordes denses évoquant les grands paysages du film. « Zedekiah’s Sons » se distingue par son ambiance plus sereine et méditative à l’aide d’un piano distant et d’une basse synthétique particulière tandis que l’histoire de Daniel est racontée dans « Daniel Prays » où l’ombre de « Gladiator » semble flotter sur une partie de la musique, notamment dans cet emploi de cordes sombres et latentes et de nappes synthétiques avec le duduk (éléments qui rappellent celles de Commode dans le film de Ridley Scott). Ici aussi, l’aspect oriental est largement traité dans la musique, rappelant par moment certains passages de « Black Hawk Down ».

« The Road to Jerusalem » élabore quand à lui un rythme plus insistant à l’aide des traditionnelles flûtes ethniques, du cymbalum et des percussions ‘action’ plus typiques des productions Remote Control, et toujours l’utilisation de ces cordes élégiaques et dramatiques si typiques de la musique de « The Bible ». Dans « Pentecost », on retrouve l’influence orientale de la partition de « Black Hawk Down » à l’aide d’un mélange de percussions orientales, rhaita, duduk et guitare pour un certainement dépaysement musical très formaté et ultra stéréotypé mais qui fonctionne parfaitement à l’écran. L’épisode du roi David est illustré avec une certaine tension dramatique dans « King David » où l’on retrouve les notes si évocatrices de la rhaita – cet instrument à vent indissociable du monde arabe – « Pray for Us » et « Free Us, Save Us » s’imposent par leur côté mélancolique et ethnique très réussi, un mélange que Balfe, Zimmer et Gerrad maîtrisent à la perfection, malgré le manque d’originalité évident de leur approche. Plus intéressant, « The Nativity » illustre la naissance du Christ avec le retour du thème poignant de « Roma’s Lament » dans une variante instrumentale douce et touchante porteuse d’espoir et de foi en l’avenir. A noter ici l’emploi caractéristique des vocalises de Lisa Gerrard qui contribuent largement au côté ‘magique’ de cette séquence – dommage que le thème rappelle un peu trop souvent un thème similaire composé par Klaus Badelt pour le film « Wu-Ji / The Promise » - Enfin, le score de « The Bible » vaut aussi par la puissance émotionnelle impressionnant de « Creation Choral », dont l’aspect religieux est largement dominé par l’emploi d’un choeur épique avec le reste de l’orchestre et des solistes, morceau intervenant quand à lui vers la fin des épisodes. Quand au thème principal, il revient dans « Rise Up in Faith », conclusion grandiose de la mini série avec les vocalises magnifiques de Lisa Gerrard, grand moment d’émotion de la partition de « The Bible ».

La partition d’Hans Zimmer, Lorne Balfe et Lisa Gerrard pour « The Bible » apporte donc un flot continu d’émotion et d’accords épiques à la mini série de Mark Burnett et Roma Downey, créant une atmosphère immersive et prenante dans le film comme sur l’album, qui contient les passages les plus mémorables de la partition. Peu originale et très stéréotypée dans son approche, la musique de « The Bible » risque encore une fois de faire grincer les dents des détracteurs de Zimmer et sa bande, tandis que les autres apprécieront les efforts des compositeurs pour apporter une dimension épique, dramatique et émotionnelle cohérente dans cette évocation musicale des grands textes bibliques bien connus. Prétendre que la musique est un élément capital dans « The Bible » est donc une évidence, avec, en particulier, deux thèmes mémorables : le magnifique et bouleversant « Faith », qui fait ressentir à tous le pouvoir de la foi et ce qu’elle anime en chacun (même aux non croyants), ainsi que la justesse de ton de « Roma’s Lament » ou la grandeur épique de « Creation Choral » qui, bien que reprenant des schémas musicaux typiques des productions Remote Control (« Creation Choral » rappelle parfois les « Transformers » de Steve Jablonsky), s’impose là aussi par sa puissance d’évocation sur les images. Au final, Zimmer et ses collègues ont réussi à trouver le ton juste pour « The Bible », prolongeant par la suite leur travail sur le film « Son of God », composé l’année d’après et qui peut être considéré comme une excellente variation autour du travail musical accompli sur « The Bible », à réserver en priorité aux inconditionnels d’Hans Zimmer et à ceux qui apprécient les illustrations musicales prenantes et réussies des textes bibliques.




---Quentin Billard