Clean Slate

1-These Foolish Things (Main Title) 1.35
2-Don't Panic 2.50
3-What Did I Do ? 1.14
4-Sarah Novak 2.17
5-That's Him! 2.16
6-The Meaning of Baby 1.58
7-Sarah Who? 2.24
8-Primping for Mom 1.59
9-Bonding With Baby 1.45
10-Stranger on the Beach 2.09
11-Beth Confesses/Guy with Guns/
Pacific Highway Chase 3.00
12-Court in Session/The Escape 3.02
13-Regaining Memory 2.15
14-Remember Me?/End Credits 2.46
15-These Foolish Things
(Remind Me of You) 4.00*

The Perez Family

16-Dream 2.01
17-Fuck John Wayne 3.03
18-Bleeding Heart 3.29
19-Now I'm In Prison/
Dottie Into Action 1.14
20-Fencewalk 1.15
21-Juan Visits Wife 2.01
22-Juan & Dorita Dance in the Street 1.40
23-Where Am I? 1.26
24-The Picture 2.49
25-Lovemaking 1.40
26-Drume Negrita 1.42**
27-Reunion 1.34
28-Always Looking for Cuba 3.15

*Interprété par Oleta Adams
Ecrit par Holt Marvell,
Jack Strachey & Harry Link
**"Dume Negrita" composé par
Ernesto Grenet
Arrangé par Alan Silvestri.

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Music Box Records MBR-031

Musique produite par:
Alan Silvestri
Mixage:
Dennis Sands
Orchestrations:
William Ross
Programmation synthétiseur:
David Bifano
Montage musique:
Jacqueline Tager
Assistants monteurs:
Anne Sawyer, Darrell E. Hall
Album produit par:
Cyril Durand-Roger,
Laurent Lafarge

Artwork and pictures (c) 1994/2013 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
CLEAN SLATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
« Clean Slate » (Trou de mémoire) est une comédie américaine sortie en 1994. Il s’agit du quatrième long-métrage du britannique Mick Jackson, qui a fait ses armes à la télévision dans les années 70 avant de se lancer dans le cinéma avec son premier métrage « Chattahoochee » en 1989 avec Dennis Hopper et Gary Oldman, suivi de « L.A. Story » (1991) avec Steve Martin et le fameux « The Bodyguard » en 1992 avec Kevin Costner et Whitney Houston. Signalons qu’à l’origine, le studio prévoyait de confier le film à Fred Schepisi, avec Robert Redford dans le rôle-clé. « Clean Slate » met en scène l’acteur/humoriste Dana Carvey (standupiste célèbre du « Saturday Night Live », mondialement connu pour son rôle de Garth Algar dans le cultissime « Wayne’s World ») dans une intrigue alambiquée où un détective privé amnésique tente de résoudre une enquête impossible dans laquelle il se retrouve personnellement impliqué. Maurice Pogue (Carvey) a effectivement un problème : lorsqu’il se réveille le matin après avoir dormi la nuit, il perd la mémoire, ce qui l’oblige à enregistrer régulièrement des cassettes audio afin de se souvenir de tout à son réveil. Pogue est un détective privé travaillant à Los Angeles et s’avère être le témoin clé dans un procès contre l’homme responsable de son amnésie. L’enregistrement lui révèle qu’une mystérieuse femme nommée Sarah Novak (Valeria Golino), originaire de San Francisco, l’a contacté sous le pseudonyme de Beth Holy, partie se réfugier à Los Angeles alors qu’elle pense que quelqu’un cherche à l’éliminer pour une raison encore obscure. Pogue apprend alors que Sarah Novak est morte dans l’explosion de sa voiture, alors qu’il l’a pourtant rencontrée le matin même dans son bureau. Pogue fait alors la connaissance de Philip Cornell (Michael Gambon), l’homme contre qui le détective amnésique doit témoigner au procès. Avec ses deux hommes de main, Cornell offre un pot-de-vin à Pogue pour lui demander de ne pas témoigner au procès. C’est alors que le détective découvre que Sarah a été l’amante de Cornell et comprend le lien entre les deux individus : le criminel a décidé ainsi d’éliminer Sarah Novak car cette dernière avait découvert les activités illégales de Cornell. Mais plus l’enquête avance, et plus les choses vont se complexifier pour Pogue, alors qu’il découvre que Sarah n’est pas celle qu’il pense être, et que quelqu’un cherche à le manipuler en profitant de ses trous de mémoire.

« Clean Slate » prend ainsi des allures de comédie déjantée sur fond d’enquête policière avec comme principale toile de fond l’amnésie du détective privé malhabile campé par Dana Carvey, qui apporte un humour indéniable à son personnage. Le scénario de Robert King exploite pleinement l’intrigue de l’amnésie du héros et des notes qu’il doit régulièrement enregistrer sur une cassette pour ne rien oublier (intrigue qui semble avoir inspirée Christopher Nolan sur son « Memento » sorti en 2000), tandis que le casting s’avère plutôt copieux, incluant quelques stars de l’époque telles que l’irrésistible Valeria Golino, Olivia d’Abo, Michael Gambon, James Earl Jones, Kevin Pollak, Vyto Ruginis et Christopher Meloni (qui se fera connaître plus tard dans la série TV « Law & Order »). Le film se distingue donc par ses nombreux gags récurrents (le chien mal-voyant qui se cogne partout, le peintre de rue qui dessine la Joconde mais que Pogue n’arrive jamais à reconnaître, le clarinettiste aveugle et ses blagues nulles, etc.), son intrigue policière assez captivante où les pièces du puzzle s’assemblent au fur et à mesure avec quelques coups de théâtre bien amenés et un héros particulièrement malmené, dont la vie sentimentale et professionnelle se trouvent affectés par son amnésie quotidienne, qui va lui causer bien des ennuis et des quiproquos. La réalisation passe-partout de Mick Jackson s’inscrit dans la continuité de ses travaux impersonnels pour la télévision, mais force est de constater qu’une fois l’intrigue mise en place, on se laisse assez facilement prendre au jeu.

Alan Silvestri signe sa seconde collaboration à un film de Mick Jackson après « The Bodyguard » (1992) et avant « Volcano » (1997). Avec « Clean Slate », Silvestri se voit offrir l’opportunité d’évoquer le jazz, l’un de ses genres de prédilection – le compositeur fut dans sa jeunesse batteur et guitariste de jazz – Ecrite avec une malice évidente, la musique de « Clean Slate » permet à Silvestri de porter un regard nostalgique et tendre sur ce genre musical qu’il a déjà exploité par le passé dans ses précédentes musiques de comédie, et notamment dans « Who Framed Roger Rabbit », qui semble avoir servi de modèle pour l’esthétique musicale de « Clean Slate ». Premier élément majeur du score : l’utilisation d’un célèbre standard jazz, « These Foolish Things », écrit en 1936 par Eric Maschwitz en hommage à sa fiancée l’actrice Anna May Wong. La chanson est utilisée régulièrement dans le film pour évoquer les troubles de mémoire de Maurice Pogue et devient ainsi un élément central de la musique de « Clean Slate ». A noter que la chanson est régulièrement arrangée sous une forme big band traditionnelle avec une clarinette soliste, instrument-clé du score lié au film, puisque l’on y aperçoit régulièrement un musicien jouer de la clarinette dans la rue juste en bas de chez Pogue. Le score original débute vraiment avec « Don’t Panic » qui assoit l’esthétique thriller/polar du score, avec l’utilisation de cordes dissonantes, de ponctuations menaçantes et d’harmonies mineures typiques du compositeur. Les fans de Silvestri apprécieront de retrouver ici l’écriture orchestrale si représentative du compositeur, inspirée ici de « Death Becomes Her » ou des thrillers comme « Judgment Night », « Ricochet » ou « Shattered », avec une touche d’humour mickey-mousing en plus.

Deux thèmes font ici leur apparition : à 1:10, le motif de l’enquête apparaît, prenant la forme d’un groupe de 2 notes espacées de ponctuations instrumentales/rythmiques de pizz et percus. Ce motif évoque clairement le puzzle que Pogue tente d’assembler et de résoudre au fur et à mesure de son enquête rendue impossible par ses nombreux trous de mémoire. Le deuxième thème, plus important, est celui de Pogue, entendu au saxophone jazzy à 1:46. On retrouve ici le Silvestri jazzy rétro de « Who Framed Roger Rabbit », avec un thème évoquant clairement l’univers des films noirs et des détectives privés des années 40/50, largement dominé par l’ensemble sax/piano/section rythmique traditionnelle, avec quelques cordes. Assez présent tout au long du score, le thème jazzy de Pogue revient de manière plus dynamique dans « What Did I Do ? » avec un rythme jazz be-bop plus rapide pour une scène de poursuite, la section jazz étant régulièrement accompagnée et entrecoupée des parties orchestrales de type thriller typiques d’Alan Silvestri. Un troisième thème est introduit dans « Primping for Mom », l’inévitable Love Theme pour Pogue et Sarah, mélodie romantique et passionnée assez rétro, gouvernée par les traditionnelles envolées de cordes, bois et piano. Dès lors, avec ses trois thèmes en place, Silvestri élabore un score assez vif et varié, évoquant aussi bien l’humour du film que le sérieux de l’enquête policière et de la lutte de Pogue pour découvrir la vérité sur l’affaire Sarah Novak et son lien avec le sinistre Cornell. Dès lors, on comprend mieux l’esthétique thriller bouillonnante de « Sarah Novak », incluant plusieurs allusions au motif entêtant de l’enquête.

Silvestri vire même dans l’action pure et dure avec « That’s Him ! » excellent morceau tonitruant accompagnant la scène de poursuite au muséum d’histoire naturelle, à l’aide de percussions jungle/tribales évoquant clairement le diptyque « Predator » si cher au compositeur et à ses fans, ou à certains passages de « Judgment Night ». Le thème de Pogue revient avec la clarinette soliste dans « The Meaning of Baby », très belle variante du Main Theme avec un bref arrangement en majeur très réussi. Le côté thriller/ironique revient dans « Sarah Who ? » où l’on retrouve là aussi un style proche de l’humour noir de « Death Becomes Her » ou de « Who Framed Roger Rabbit ». La musique reste essentiellement atmosphérique, avec ses nombreuses ponctuations instrumentales disparates façon mickey-mousing, mais avec une touche de dissonances en plus (comme dans certaines mesures de « Back to the Future : Part II »). Le Love Theme revient dans « Stranger of the Beach », avec une harpe délicate sur fond de cordes, tout comme dans le joli « Beth Confesses » avant de céder la place à l’action dans l’excitant « Pacific Highway Chase » et ses rythmes jazzy survoltés avec ses impros déchaînées de piano et sa reprise tonitruante du thème de Pogue.

Les fans de Silvestri apprécieront pour finir l’énergie orchestrale de « Regaining Memory », sorte de croisement entre les rythmes barbares scandés de « Ricochet », « Predator », et l’humour grinçant de « Death Becomes Her », alors que Pogue retrouve enfin la mémoire à la fin du film. Le Love Theme et le thème de Pogue concluent l’enquête dans « Remember Me ?/End Credits », refermant les pages d’une jolie partition qui parvient à trouver le juste équilibre entre suspense/action et comédie dans le film, confirmant la bonne tenue de la collaboration Alan Silvestri/Mick Jackson, qui se terminera quelques années après avec l’explosif « Volcano » (1997). Le label Music Box nous permet enfin de découvrir la sympathique partition de « Clean Slate » couplée avec une autre musique de comédie inédite en CD et peu connue de Silvestri : « The Perez Family » (1995), deux scores à découvrir sans hésiter, car, même si « Clean Slate » fait partie des efforts mineurs du compositeur, cela n’en demeure pas moins un très beau travail aussi bien dans le film que sur l’album, qui devrait ravir pleinement les amateurs de Silvestri.




---Quentin Billard