1-Opening/War Room 2.38
2-Leaving Memphis 2.03
3-Hittite Battle 4.15*
4-Returning to Memphis 2.36
5-Moses in Pythom 1.49
6-Nun's Story 2.17
7-The Coronation 2.28**
8-Ramses Retaliates 0.52**
9-Arm Chop 1.51
10-Goodbyes 2.41
11-Journey to the Village 2.14
12-The Wows 2.23*
13-Alone in the Desert 1.36
14-Climbing Mt Sinai 2.16
15-I Need a General 3.21
16-Exodus 2.52
17-Ramses' Orders 2.43**
18-Moses & Nun 1.47
19-Moses' Camp 2.42***
20-Ramses' Insomnia 2.58
21-Hail 2.00
22-Animal Deaths 2.39
23-Looting 1.18***
24-Ramses' Own Plague 2.04
25-Lamb's Blood 1.39**
26-We Cross the Mountains 2.50
27-Into the Water 3.59***
28-The Chariots 1.51**
29-Hebrews 0.57
30-Tsunami 5.33*
31-Sword Into Water 1.12
32-The Ten Commandments 3.37

*Composé par Harry Gregson-Williams
**Composé par Federico Jusid
***Composé par Alberto Iglesias
et Federico Jusid.

Musique  composée par:

Alberto Iglesias

Editeur:

Sony Classical 501908

Album produit par:
Alberto Iglesais, Vanessa Garde
Musique additionnelle de:
Harry Gregson-Williams,
Federico Jusid

Orchestrations:
Nicholas Dodd
Arrangements additionnels
et programmation score:
Vanessa Garde
Orchestrations additionnelles:
Alistair King
Assistants orchestrations:
Connor Hutton, Greg Hooper
Préparation musique:
Jill Streater
Mixage musique:
Geoff Foster
Score et album coordinateur:
Ana Eusa
Production musique additionnelle:
Maria Ulled, Anele Onyekwere
Assistant compositeur et
préparation musique:
David Cerrejon
Préparation musique additionnelle:
Pablo Trujillo, Felipe Milano
Monteurs musique:
Tony Lewis, Rob Houston
Direction musicale pour
20th Century Fox:
Danielle Diego
Musique supervisée pour la
20th Century Fox:
Patrick Houlihan
Business affairs:
Tom Cavanaugh
Production musicale
supervisée pour la
20th Century Fox:
Rebecca Morellato
Music clearance:
Ellen Ginsburg

Artwork and pictures (c) 2014 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
EXODUS : GODS AND KINGS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alberto Iglesias
Un an après le moyen « The Counselor » (2013), qui reste l’un des plus gros échecs de Ridley Scott, le cinéaste anglais décide de renouer avec le genre du péplum dans « Exodus : Gods and Kings » (2014), énième relecture de l’Ancien Testament et de l’épisode de Moïse et l’exode des hébreux. Surfant sur le succès des films bibliques revenus à la mode à Hollywood avec le « Noah » de Darren Aronofsky, Scott prend le risque de réinterpréter cet épisode célèbre de la Bible de manière libre dans une version fictive et personnelle, au risque de déclencher les foudres des religieux du monde entier, ce qui ne manqua pas d’arriver, étant donné que le film a quand même été interdit dans pas moins de trois pays (au Maroc, en Egypte et dans les Emirats arabes unis), beaucoup reprochant à « Exodus » de véhiculer des erreurs historiques et religieuses. L’histoire nous transporte donc dans l’Egypte antique en 1300 avant J.C.. Ramsès (Joel Edgerton) et Moïse (Christian Bale) sont deux princes élevés comme des frères à la cour du pharaon Sethi Ier (John Turturro). Moïse est le général de l’armée du pharaon et dirige les troupes aux côtés de Ramsès contre les attaques des Hittites. Peu de temps après, Moïse découvre lors d’un de ses voyages les conditions de vie inhumaines des esclaves hébreux. Il fait la connaissance de Joshua (Aaron Paul) et de son père Nun (Ben Kingsley). Ce dernier lui révèle alors qu’il est le fils de parents hébreux et qu’il a été envoyé en Egypte par sa soeur Miriam (Tara Fitzgerald) pour être élevé par Bithiah (Hiam Abbass), la soeur de Sethi Ier. Bouleversé par cette découverte, Moïse refuse d’y croire dans un premier temps, mais lorsque la nouvelle parvient aux oreilles de Ramsès (qui est devenu le nouveau pharaon suite au décès de Sethi), ce dernier interroge brutalement l’esclave Miriam et s’apprête à la mutiler lorsque Moïse décide finalement de tout avouer au sujet de sa réelle identité. Alors que la reine Tuya (Sigourney Weaver) souhaite la mort de Moïse, Ramsès décide de lui épargner la vie et de l’envoyer en exil dans le désert égyptien. Après un long périple, Moïse s’installe dans la petite ville de Midian, fonde une famille avec Zipporah (Maria Valverde) et a un fils, Gershom.

Neuf ans plus tard, Moïse se retrouve blessé au cours d’un éboulement en pleine montagne, et reçoit un premier message de Dieu avec le buisson ardent et l’enfant Malak (Isaac Andrews), qui représente le seigneur. Dieu demande alors à Moïse de retourner en Egypte pour y libérer son peuple afin de l’amener vers la terre promise. Moïse retourne alors en Egypte et retrouve Nun et Joshua, ainsi que son frère Aaron (Andrew Tarbet). Il défie Ramsès et réclame la libération des esclaves hébreux, ce que le pharaon refuse catégoriquement pour des raisons purement économiques. Ramsès ordonne alors la mise à mort de Moïse, et exécute des hébreux jusqu’à ce que le prince renégat finisse par se livrer lui-même aux autorités. Prenant son destin en main, Moïse décide alors d’entraîner les hébreux à la guerre, en vue d’une révolte contre l’empire égyptien. Mais face à l’entêtement de Ramsès, Malak annonce finalement à Moïse que l’Egypte sera touchée par dix plaies. Horrifié par ces événements tragiques, Moïse découvre alors que la dixième et dernière plaie provoquera la mort de tous les nouveaux-nés. Alors que les hébreux protègent leur maison en peignant les portes du sang de moutons, les égyptiens pleurent le décès tragique de leurs nourrissons. Dévasté par la perte de son enfant, Ramsès décide finalement de laisser les hébreux partir avec Moïse. Mais au cours de leur exode, ils sont traqués par les troupes de Ramsès qui se dirigent vers la Mer Rouge, alors que le pharaon est bien décidé à venger la mort de son enfant.

« Exodus : Gods and Kings » tient donc ses promesses et livre une version moderne et libre de cet épisode biblique célèbre, mainte fois adapté au cinéma (on pense notamment au « The Ten Commandments » de Cecil B. DeMille). Ridley Scott n’a rien perdu de son don pour les grands spectacles épiques et livre un blockbuster hollywoodien dans la continuité de « 1492 », « Kingdom of Heaven » et « Gladiator », avec un casting de luxe (Christian Bale, Joel Edgerton, Sigourney Weaver, Ben Kingsley, John Turturro, etc.) et un budget conséquent (140 millions de dollars). Hélas, à trop vouloir s’intéresser à l’aspect spectaculaire de l’histoire, Ridley Scott se perd en route et livre un film qui se prend trop au sérieux, s’avère assez sombre et finalement très maladroit vis-à-vis de son contexte religieux, mal développé et mal agencé dans le scénario (la représentation de Dieu sous les traits de l’enfant est probablement la pire décision du film !), sans parler des libertés que le script prend par rapport aux textes bibliques d’origine. A force de vouloir ratisser large et de toucher tous les publics, « Exodus : Gods and Kings » finit par décevoir, incapable de choisir entre le spectacle hollywoodien pur – les scènes de bataille, l’épisode de la Mer Rouge et des flots qui se soulèvent, la bataille contre les Hittites – et la reconstitution biblique et historique, ce qui constitue le plus gros point noir du film de Ridley Scott. En ce sens, « Exodus » n’atteint jamais les sommets de « 1492 » ou de « Kingdom of Heaven », et l’ensemble manque cruellement d’émotion. Le film a été conçu comme un grand spectacle épique mais livre une galerie de personnages mécaniques dont on parvient difficilement à s’intéresser, sans parler de toutes les polémiques ayant entourées le film (outre la censure, Christian Bale a déclaré au cours d’interviews que Moïse était selon lui un homme schizophrénique et l’un des individus les plus barbares qu’il connaisse à travers ses lectures). Suite aux déclarations de Bale au sujet de Moïse, le film s’est mis à dos une partie du public chrétien, pourtant très important aux USA, confirmant les choix de plus en plus hasardeux de Ridley Scott au cours de ces dernières années bien décevantes.

Comme le film a été tourné en grande partie en Espagne, la production décida de faire appel à un compositeur espagnol pour signer la musique de « Exodus : Gods and Kings ». Cette tâche échoua finalement à Alberto Iglesias, musicien bien connu pour sa collaboration aux films de Pedro Almodovar et Julio Medem, remarqué ces dernières années pour ses partitions pour « The Constant Gardener » (2005), « The Kite Runner » (2007), « Che » (2008), « Tinker Tailor Soldier Spy » (2011) ou « The Two Faces of January » (2014). A la première écoute, la partition musicale de « Exodus », enregistrée aux mythiques studios d’Abbey Road, va directement là où on l’attend, avec une partie de la musique additionnelle signée Harry Gregson-Williams et Federico Jusid, HGW qui avait par ailleurs déjà travaillé sur une autre fresque épique de Ridley Scott, « Kingdom of Heaven » (2005) et écrit la musique additionnelle de « Prometheus » (2012). L’ouverture (« Opening / War Room ») débute au son des inévitables instruments ethniques aux couleurs orientales, et notamment le traditionnel duduk arménien, associé ici à l’Égypte antique, accompagné de vocalises masculines arabisantes et de quelques cordes dramatiques. La seconde partie (« War Room »), met en place un ensemble de cuivres et de percussions guerrières annonçant la bataille à venir contre les Hittites. On retrouve ici un certain classicisme d’écriture cher à Alberto Iglesias dans les orchestrations et l’écriture, tandis que « Leaving Memphis » s’apparente à une fanfare guerrière très golden age hollywoodien, rappelant clairement les musiques de péplum des années 50 façon Miklos Rozsa ou Alfred Newman. La seconde partie de « Leaving Memphis » évoque par ses harmonies l’empire égyptien dans toute sa splendeur, à l’aide de choeurs épiques grandioses et de percussions. Signalons par ailleurs que les orchestrations sont signées Nicholas Dodd, bien connu pour ses participations à des scores épiques et notamment ceux de David Arnold (« Stargate », « Independence Day », « Godzilla », etc.).

Le morceau dévoile par la même occasion l’un des premiers thèmes majeurs de « Exodus », le thème égyptien (reconnaissable aux cordes à 0:57), suggérant la grandeur majestueuse et le pouvoir du pharaon. « Hittite Battle » (premier morceau signé Harry Gregson-Williams) illustre la première scène de bataille du film avec son ensemble de percussions, de sonorités orientales, de sons électroniques, de cuivres massifs, d’oud arabisant, de choeurs épiques et de cordes staccatos ordinaires. Le problème de « Hittite Battle », c’est que le morceau pourrait avoir été écrit par n’importe qui de chez Remote Control tant le résultat semble totalement impersonnel et très éloigné du style plus classique et plus élégant d’Alberto Iglesias (l’utilisation des percussions est d’une banalité affligeante et rappelle n’importe quel score d’action de chez Remote Control !). « Moses in Pythom » met l’accent sur l’instrument à vent soliste et des vocalises féminines éthérées, avec un passage oriental/épique pour solistes, choeurs, percussions, voix et orchestre. La musique nous transporte sans problème dans des contrées lointaines et anciennes avec ces sonorités ethniques/arabisantes très réussies, qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble orchestral et choral. « The Coronation » développe une nouvelle fanfare pour le couronnement de Ramsès avec une série de brèves allusions au thème égyptien (notamment à 1:25). La puissance chorale/orchestrale de l’enragé « Ramses Retaliates » est assez réussie (le morceau est signé Federico Jusid), tandis que les sonorités ethniques sont parfaitement agencées dans le sombre et violent « Arm Chop » durant l’interrogatoire de Miriam. La musique recèle aussi de beaux moments d’émotion comme le poignant et lyrique « Goodbyes » et son très beau violoncelle soliste, lorsque Moïse est exilé dans le désert égyptien, avec une superbe reprise dramatique et puissante du thème principal égyptien à 1:52, premier moment fort de la partition de « Exodus ».

Dans « Climbing Mount Sinai », on assiste à l’ascension du mont Sinaï avec le retour du thème principal en introduction et un style plus massif et dissonant débouchant sur « I Need A General », pour la première rencontre entre Moïse et Malak/Dieu. A noter qu’Iglesias a l’idée d’accompagner entièrement la scène sur une série d’arpèges autour d’un unique accord de Mi majeur en crescendo, rappelant par moment le prélude de « l’Or du Rhin » de Richard Wagner, qui évoluait de manière assez similaire. Un autre thème important fait son apparition dans « Exodus », le thème de la libération du peuple hébreux. Ample, dramatique et majestueux, le thème de « Exodus » prend ici une tournure épique assez mémorable et prenante, une autre grande réussite de la partition. Le thème égyptien (associé à Moïse dans le film) est quand à lui repris à 1:57 dans toute sa splendeur. Federico Jusid évoque à nouveau la puissance du pharaon dans le belliqueux et martial « Ramses’ Orders », avec des orchestrations solides valorisant les cuivres, les cordes, les percussions et quelques bois avec une chorale épique. Impossible de passer à côté de l’excellente reprise du thème de l’exode dans « Moses’ Camp », superbe passage ‘anthemic’ très prenant durant la séquence où Moïse entraîne et prépare les hébreux à la guerre (le morceau est co-écrit avec Jusid). « Looting » est un autre morceau d’action déchaîné et démesuré valorisant des chœurs énormes avec une écriture orchestrale assez riche (enfin une musique d’action qui utilise les bois !). Le thème de l’exode prend une tournure solennelle assez poignante dans « Into the Water », alors que Moïse guide enfin les hébreux vers la Mer Rouge. La reprise épique du thème à la fin de « Into the Water » est assez magistrale, constituant l’un des moments forts de la partition de « Exodus : Gods and Kings ».

Enfin, Harry Gregson-Williams renoue avec son style et ses percussions Remote Control dans « Tsunami » pour la longue séquence du gigantesque tsunami à la fin du film, 5 minutes d’action épique et chorale qui devrait ravir les fans du compositeur. Le score touche à sa fin avec « The Ten Commandments », marqué par la reprise finale du superbe thème égyptien. Alberto Iglesias signe donc une partition assez remarquable pour le péplum biblique de Ridley Scott, une musique qui, si elle sait faire des concessions au style épique habituel des productions modernes (d’où la présence de Federico Jusid et surtout Harry Gregson-Williams), parvient à conserver malgré tout une approche orchestrale relativement classique, reflétant le savoir-faire d’Iglesias, qui n’avait jamais eu l’occasion d’écrire une partition d’une telle ampleur pour un blockbuster de cette catégorie. La musique de « Exodus : Gods and Kings » dégage ainsi une sensation de puissance, de grandeur et de démesure épique et vibrante, renforçant l’aspect éternel de cette célèbre histoire de l’Ancien Testament sans jamais mettre de côté l’émotion entre deux scènes de bataille, utilisant les solistes avec brio (et notamment le violoncelle). Peu originale à la première écoute et donc peu surprenante, la partition de « Exodus » s’apprécie pourtant au fil des écoutes, révélant tout son potentiel à travers des thèmes accrocheurs et mémorables et un impact certain sur les images. La musique apporte cette grandeur et cette noblesse nécessaire au film de Ridley Scott, et même si l’on sent qu’Iglesias a été obligé de suivre un cahier des charges très précis et fort contraignant, l’empêchant de s’exprimer pleinement (son style y est peu reconnaissable au premier abord), le résultat est malgré tout à la hauteur, Alberto Iglesias ayant ainsi franchi avec succès le cap de la musique de blockbuster hollywoodien, à l’instar de ses confrères espagnols Fernando Velázquez, Roque Banos ou Javier Navarrete !



---Quentin Billard