1-It's A Dangerous City 2.09
2-The Only Way Out Of This 4.58
3-Use Your Mind 4.04
4-A Machine That Thinks And Feels 3.03
5-Firmware Update 3.52
6-Welcome To The Real World 3.52
7-The Black Sheep 4.28
8-Indestructible Robot
Gangster #1 3.11
9-Breaking The Code 4.49
10-Rudest Bad Boy In Joburg 2.41
11-You Lied To Me 4.06
12-Mayhem Downtown 3.57
13-The Outside Is Temporary 3.09
14-Never Break A Promise 7.43
15-We Own This Sky 4.19
16-Illest Gangsta On The Block 2.45

Musique  composée par:

Hans Zimmer/Steve Mazzaro/
Andrew Kawczynski

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 225 2

Musique additionnelle de:
Steve Mazzaro, Andrew Kawczynski
Sound design:
Junkie XL
Programmation synthé:
Andy Page, Rich Walters,
Hans Zimmer

Design synthé analogue:
Ed Buller, Michael Tritter
Produit par:
Hans Zimmer
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction musicale pour
Sony Pictures:
Lia Vollack
Monteur musique superviseur:
Rich Walters
Monteur musique:
Jack Dolman
Assistant monteur:
Catherine Wilson
Services production musique:
Steven Kofsky
Mixage score:
Alan Meyerson
Assistant mix score:
Christian Wenger
Programmation sequencer:
Nathan Stornetta
Assistants technique:
Jacqueline Friedberg,
Julian Pastorelli

Consultant musique:
Czarina Russell
Digital instrument design:
Mark Wherry
Sifflet solo:
Rick Riccio
Manager studio Remote Control:
Shalini Singh
Assistante d'Hans Zimmer:
Cynthia Park
Equipe sampling:
Taurees Habib, Raul Vega,
Drew Jordan

Artwork and pictures (c) 2015 CTMG. All rights reserved.

Note: ***
CHAPPIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer/Steve Mazzaro/
Andrew Kawczynski
Après « District 9 » et « Elysium », et bien avant son très attendu « Alien 5 », le cinéaste sud-africain Neill Blomkamp adapte à nouveau sur grand écran l’un de ses anciens courts-métrages, « Tetra Vaal » sorti en 2003, qui sert de base scénaristique à « Chappie », nouveau film de science-fiction de Blomkamp. On retrouve ici tous les thèmes de prédilection de l’auteur de « District 9 », qui délaisse le caractère hollywoodien assez superficiel de « Elysium » pour une approche plus personnelle de cet univers futuriste rassemblant toutes les préoccupations habituelles du cinéaste sud-africain. Dans un futur proche à Johannesburg, la police de la ville s’est associée à l’entreprise d’armements high-tech Tetravaal, qui s’est spécialisée il y a quelques années dans la robotique avec à sa tête l’ambitieuse et tenace Michaelle Bradley (Sigourney Weaver). L’entreprise fournit des robots policiers nommés ‘SCOUTS’ qui viennent aider les forces de police à combattre la criminalité dans toute la ville. Ces robots sont l’oeuvre de Deon Wilson (Dev Patel), jeune et brillant ingénieur qui développe en parallèle de ses activités à Tetravaal des recherches ambitieuses sur l’intelligence artificielle. Un jour, Deon réussit l’exploit de mettre au point un programme stable d’intelligence artificielle et s’apprête à transférer ses recherches dans la carcasse du robot Scout 22 qu’il ramène chez lui lorsqu’il se retrouve kidnappé par une bande de criminels qui cherchent à reprogrammer le robot pour qu’il les aide à commettre un hold-up. Obligé d’obtempérer, Deon transfert son programme dans le robot qui prend alors vie et se retrouve doté d’une conscience. Rebaptisé Chappie, le Scout 22 doit tout apprendre de la vie comme un bébé, et va découvrir le monde des hommes dans lequel il vit. Au même moment, Vincent Moore (Hugh Jackman), un ancien militaire qui travaille à Tetravaal, cherche à détruire le projet Scout pour lancer son robot de combat ultra sophistiqué et massif, MOOSE, un projet rejeté à plusieurs reprises car trop envahissant et trop coûteux. « Chappie » s’avère être une très belle surprise, 100 fois plus convaincant que le lourdingue « Elysium », et beaucoup plus personnel. Neill Blomkamp renoue ici avec le brio et l’audace de « District 9 » en filmant à nouveau un Johannesburg du futur tout en abordant le thème classique de l’intelligence artificielle, mais aussi l’enfance face à la découverte du monde, l’innocence contre l’horreur humaine, la parentalité, et, au final, une sympathique réflexion sur ce qui fait l’essence même de la nature humaine : notre conscience (on retrouve d’ailleurs ici le thème archi classique du robot qui devient encore plus humain que les humains eux-mêmes : cf. « A.I. » de Spielberg par exemple !).

Globalement, on pourra reprocher au film de Blomkamp de piocher des idées par-ci par-là pour bâtir son intrigue peu originale en soi. Le robot qui prend vie et devient intelligent semble échappé du classique des années 80 « Short Circuit ». L’entreprise qui bâtit des robots policiers, les gangsters qui se planquent dans une usine désaffectée et le robot de combat géant à la fin du film sont clairement repiqués au « Robocop » de Paul Verhoeven. Quand aux scènes d’action, elles sont calquées sur certaines scènes similaires de « District 9 » ou « Elysium ». Le cinéaste repique donc des idées à droite à gauche et nous propose un cocktail de tout ce qui semble le séduire dans le cinéma de science-fiction depuis quelques années déjà, et même si son film manque de subtilité dans le traitement de l’histoire, on ne peut qu’être séduit devant la passion évidente de Blomkamp pour le spectacle qu’il propose. De plus, la véritable star du film c’est évidemment Chappie, le robot crée en capture motion par l’acteur fétiche du réalisateur, Sharlto Copley. Personnage drôle, maladroit, humain et touchant par la pureté de son innocence enfantine, Chappie fait l’expérience du monde humain et apprend à apprivoiser sa conscience, renvoyant à tous les thèmes philosophiques habituels du genre (qu’est-ce qui définit la conscience d’un être humain ? Parce qu’il a conscience de sa vie et de son corps et qu’il ressent des émotions, le robot Chappie peut-il finalement être considéré comme humain ?). Ce n’est pas original dans le fond, mais le réalisateur semble néanmoins maîtriser son sujet et savoir où il va, même si l’on pourra toujours reprocher son côté geek/bourrin qui transparaît à plus d’une reprise dans le scénario et la réalisation. Et quand on manie aussi bien le grand divertissement, les effets spéciaux de qualité avec une solide réflexion sur notre rapport à la technologie (le pêché de l’humain qui se prend pour dieu et devient à son tour un créateur, façonnant une nouvelle forme de vie) et les paradoxes entre l’humain et la machine, on ne peut qu’apprécier cette fable décomplexée et futuriste qui vaut surtout par la performance de son robot qui possède une âme, malgré des points faibles évidents - le duo de gangsters campé par le couple de rappeurs sud-africains est assez médiocre, la violence parfois excessive et l’émotion un peu niaise et kitsch par moment.

Hans Zimmer collabore pour la première fois à la musique d’un film de Neill Blomkamp sur « Chappie », aux côtés de ses collègues de Remote Control Steve Mazzaro et Andrew Kawczynski, pour une fois crédités directement sur l’album et dans le film. Pour répondre aux besoins du film et à son univers robotique/futuriste, Zimmer et ses collègues s’essayent à une partition entièrement électronique, permettant au compositeur teuton de revenir à son genre de prédilection : les synthétiseurs. Cohérent dans son approche, Zimmer donne les grandes lignes directrices que s’évertuent alors à suivre Mazzaro et Kawczynski, avec pour commencer « It’s A Dangerous City », qui évoque de par ses lignes de basse, ses ostinati synthétiques et ses nappes sombres les musiques électroniques des années 80. Volontairement kitsch dans son utilisation des synthés, le score de « Chappie » possède une filiation certaine avec Vangelis ou John Carpenter, offrant un premier morceau d’action pour les dangers et la violence de la ville dans « It’s A Dangerous City », hérité des rythmes martelés de « The Dark Knight » et « Inception ». Dans « The Only Way Out of This », on retrouve ces rythmes répétitifs si cher au compositeur avec un mélange de loops et basses techno qui devrait séduire n’importe quel fan de musique électro moderne. Expérimentant autour du sound design et de ses samples, Zimmer élabore un canevas sonore complexe à base de filtres audio, de loops et de beat techno déchaînés pour parvenir à ses fins. Le résultat est assez efficace à l’écran, d’autant que l’on ressent parfaitement l’aspect mécanique et robotique dans la musique de « Chappie ». Certains accords dramatiques réussis (entre 2:33 et 2:54) permettent d’apporter un semblant d’émotion durant cette scène de fusillade frénétique.

« Use Your Mind » calme les ardeurs des premiers morceaux avec une utilisation plus intime et délicate des claviers analogiques façon années 80. Zimmer évoque le personnage de Deon Wilson avec un mélange de lignes de basse et d’accords teintés d’espoir et de détermination, avec toujours ce sound design plutôt simple et élaboré, incluant même quelques sonorités synthé old school dès 2:50 (façon saw wave sounds 8-bits de la Nintendo, et notamment dans l’amusant « Illest Gangsta on the Block »). Visiblement inspiré par son sujet, Zimmer sait où il va sur les images et fédère son équipe comme il sait si bien le faire, avec l’appui de Junkie XL au sound design général du score. Le thème principal, associé au robot Chappie, apparaît dans « A Machine That Thinks and Feels », prenant l’apparence d’une berceuse mécanique et froide au premier abord, mais qui s’avère touchante dans sa manière d’évoquer l’innocence et la naïveté de Chappie, comme un enfant qui vient de naître et qui découvre le monde qui l’entoure. Harmoniquement, la berceuse, assez simple mélodiquement, est construite sur une succession d’accords déjà entendus, rappelant le thème de « V for Vendetta » de Dario Marianelli (curieusement, une succession d’accords que beaucoup de compositeurs imitent désormais). Développant ce thème tout au long du film, Zimmer apporte une émotion au personnage de Chappie sans jamais en faire de trop, parvenant à suggérer ses sentiments à travers des synthés analogues et mécaniques, une vraie réussite dans la partition de « Chappie ». Le reste du score est du même acabit : « Firmware Update » amplifie et développe ces sonorités robotiques à l’aide de FX divers et de sound design vocal avec son lot de loops et de nappes sonores.

La violence à laquelle Chappie est rapidement confrontée est illustrée dans « Welcome to the Real World », qui développe les beats et les nappes sonores dans un style qui rappelle parfois les premiers travaux d’Hans Zimmer dans les années 80, notamment dans sa manière d’élaborer de grands accords dramatiques et poignants à travers ses synthés analogues de l’ère des « A World Apart », « Rain Man » ou « Days of Thunder ». C’est ce que l’on ressent dans le tragique « You Lied To Me », où le thème de Chappie se limite à ces fameux accords dramatiques et ces enchaînements harmoniques typiques de Zimmer. L’aspect robotique de la musique évolue vers quelque chose de plus nerveux, de plus rythmé, avec ses sempiternels ostinati de basse évoquant ici la détermination de Chappie lorsqu’il comprend qu’il a été manipulé pour accomplir des choses terribles. On ressent ici la désillusion du robot mais aussi la violence dans laquelle il se retrouve impliqué malgré lui, Zimmer allant même jusqu’à nous proposer un nouveau morceau d’action déchaîné rythmé par d’étranges samples vocaux « robotisés » martelés de manière trash. Et si la berceuse mélancolique et solitaire de Chappie tente de revenir dans l’émouvant et fragile « The Black Sheep », c’est pour mieux rappeler la brutalité du traitement sonore de la musique dans l’expérimental « Indestructible Robot Gangster #1 », ou le dramatique « Breaking the Code » et sa superbe reprise grandiose et dramatique du thème principal.

Répétitif et monotone dans son approche, le score de « Chappie » ne propose malheureusement pas grand chose de plus pour la dernière partie du film : morceaux d’action trash et survoltés (« Mayhem Downtown », « The Outside Temporary ») ou envolées tragiques et grandioses (« Never Break A Promise » pour la scène où Chappie sauve la vie à Deon en le changeant de corps, sûrement l’un des meilleurs morceaux du score), le reste du score tourne autour des mêmes éléments jusqu’au final, incluant un passage sifflé par Rick Riccio dans « We Own This Sky » sur le thème secondaire du score (une série de 3 notes ascendantes) ou le passage 8-bits kitsch de « Illest Gangsta on the Block », qui rappelle parfois les travaux des spécialistes des ‘modules’ de l’Amiga. A noter que le compositeur Ryan Amon (« Elysium ») et Neill Blomkamp eux-mêmes ont contribué sur certains morceaux du score avec le reste de l’équipe d’Hans Zimmer, fournissant un travail collectif habituel pour une production Remote Control. Mais ici, l’approche électronique apporte un vrai plus au film de Blomkamp tout en fixant d’emblée les limites de l’approche, et notamment une esthétique mécanique et répétitive qui risque fort d’en rebuter plus d’un à la première écoute. Néanmoins, force est de constater qu’Hans Zimmer aime toujours autant conceptualiser sa musique, quitte à partir parfois dans des directions hasardeuses pour tenter des choses, à défaut d’avoir une vraie technique d’écriture et de composition solide. « Chappie » fait donc partie de ce genre de score assez singulier, qui offre un certain point de vue sur la musique de film, en dehors de l’approche orchestrale traditionnelle trop souvent répandue à Hollywood. Peu originale dans le fond, l’approche musicale de « Chappie » est plus intéressante dans la forme avec son hommage évident aux musiques électroniques des années 80/90 qui colle parfaitement à l’univers de Neill Blomkamp. Mais attention à l’indigestion, car l’album est long (il manque pourtant des choses intéressantes entendues dans le film) et le score très répétitif, à réserver en priorité aux aficionados de Zimmer et des musiques électroniques en général !




---Quentin Billard