1-Manners Maketh Man 1.38
2-The Medallion 2.14
3-Valentine 2.25
4-To Become A Kingsman 4.19
5-Pick A Puppy 2.13
6-Drinks With Valentine 2.40
7-Skydiving 3.37
8-Shame We Had To Grow Up 1.56
9-Kentucky Christians 2.37
10-Curious Scars and Implants 3.09
11-Toast To A Kingsman 1.56
12-An 1815 Napoleonic Brandy 4.23
13-Eat, Drink, And Paaaaarty 1.54
14-Calculated Infiltration 7.54
15-Out Of Options 1.48
16-Hand On The Machine 2.22
17-Finale 3.56
18-Original Valentine Ideas
(Demo Suite) 6.25

Musique  composée par:

Henry Jackman/
Matthew Margeson

Editeur:

La-La Land Records LLLCD 1341

Arrangements additionnels de:
Dominic Lewis, Jason Soudah,
Alex Belcher

Monteur superviseur musique:
Jack Dolman
Monteur musique:
Catherine Wilson
Mixage score:
Al Clay
Score conduit par:
Gavin Greenaway
Orchestrations:
Stephen Coleman
Orchestrations additionnelles:
Andrew Kinney
Assistant mix score:
Alvin Wee
Assistant orchestrations:
Ram Khatabakhsh
Copiste score:
Jill Streater
Service de production musicale:
Steve Kofsky, Tammy Saunt
Superviseur musique:
Ian Neil
Album produit par:
Henry Jackman, Matthew Margeson,
Dan Goldwasser, MV Gerhard

Producteur exécutif pour
La La Land Records:
Matt Verboys

Artwork and pictures (c) 2015 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
KINGSMAN :
THE SECRET SERVICE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman/
Matthew Margeson
Après « Kick-Ass » (2010) et « X-Men : First Class » (2011), Matthew Vaughn adapte à nouveau un comic book dans « Kingsman : The Secret Service ». Le comic « The Secret Service » publié entre 2012 et 2013 est l’oeuvre de Mark Millar et David Gibbons, racontant une histoire d’espionnage mettant en scène des agents spéciaux du MI6 dans des missions périlleuses et ultra violentes. Suite à l’échec d’une précédente mission au Moyen-Orient en 1997, qui se solda par la mort d’un de ses meilleurs agents, l’espion anglais Harry Hart alias Galahad (Colin Firth) décide de rendre visite à sa famille et remet une médaille à la veuve de l’agent, Michelle Unwin (Samantha Womack) et son jeune fils Gary « Eggsy » : derrière la médaille se trouve un numéro de téléphone qu’ils peuvent appeler à tout moment si jamais ils ont besoin d’aide, avec un message codé associé au numéro. Des années plus tard, le professeur James Arnold (Mark Hamill) est kidnappé par les hommes de main du redoutable Richmond Valentine (Samuel L. Jackson), un riche homme d’affaires peu scrupuleux, à la tête d’une vaste conspiration mondiale. Un agent nommé Lancelot est envoyé sur place pour délivrer le docteur Arnold mais la mission se solde par la mort brutale de l’agent en question. On découvre alors que ces hommes font partie d’une agence ultra secrète et indépendante nommée Kingsman, dont le quartier général est situé dans les sous-sols d’une boutique de tailleur à Londres. L’agence, dirigée par Arthur (Michael Caine), doit trouver rapidement un remplaçant à Lancelot, et c’est Galahad/Harry Hart qui est chargé de recruter cette personne. Pendant ce temps, Eggsy vit aujourd’hui comme un jeune adulte au chômage dans une modeste banlieue de Londres avec sa mère, sa petite demi-soeur et son beau-père violent Dean (Geoff Bell). A la suite d’un vol de voiture qui tourne mal, Eggsy décide alors de composer le numéro au dos de la médaille, et se retrouve rapidement contacté par Galahad, qui lui propose de le rejoindre dans les services secrets de Kingsman. Eggsy découvre alors le monde secret de l’espionnage dans lequel travaillait son défunt père, tandis que Galahad reste persuadé qu’il est le nouveau candidat idéal pour devenir Lancelot. D’abord hésitant, Eggsy finit par rejoindre un groupe de candidats qui doivent subir une série d’épreuves difficiles qui permettra de sélectionner les meilleurs pour devenir les nouvelles recrues de l’agence, le tout supervisé par Merlin (Mark Strong), pilote, mentor et coordinateur des opérations. Mais les choses pressent, car Valentine vient de lancer une série de cartes SIM qui, une fois greffées sous la peau du cou, permettent aux citoyens d’avoir accès gratuitement à son réseau de communication révolutionnaire. Mais ce qu’ils ignorent encore, c’est que la carte SIM est une arme redoutable qui contrôle l’esprit des gens, tandis que Valentine a mis au point un plan machiavélique visant à détruire la population mondiale pour nettoyer la planète de la surpopulation. Kingsman et ses nouveaux agents vont ainsi s’opposer à Valentine et tenter d’empêcher l’inévitable.

Du comic book d’origine, Matthew Vaughn n’a finalement conservé qu’une vague trame scénaristique, changeant les noms et les situations pour « Kingsman ». Le film est un hommage évident aux James Bond, multipliant les clins d’oeils à l’univers 007 avec son lot de gadgets, de scènes d’action démesurées, d’agent « british » et de conspiration mondiale, à la différence que le film ne se prend pas vraiment au sérieux et fait preuve d’un humour délectable typique des films de Vaughn, mélange entre gags trash et violence exacerbée façon ‘comic book’ tendance « Kick-Ass ». On retrouve d’ailleurs ici un style similaire à celui de son précédent film, notamment dans la façon dont le cinéaste anglais mélange humour et violence avec un fun totalement décomplexé et assumé, le tout saupoudré d’une ambiance britannique très réussie, en particulier grâce à la présence de stars british telles que l’impeccable Colin Firth, l’indispensable Mark Strong (déjà aperçu dans le rôle du méchant dans « Kick-Ass ») ou le vétéran Michael Caine. A leurs côtés, on notera la performance des jeunes recrues incarnées par l’excellent Taron Egerton dans un de ses premiers rôles majeurs au cinéma ou de la jolie Sophie Cookson qui campe une Roxy déterminée et agile. Enfin, le rôle du bad guy échoue à Samuel L. Jackson, totalement délirant dans la peau d’un homme d’affaires mégalomane qui, bien qu’à la tête d’une vaste conspiration menaçant la vie de l’humanité, déteste la violence et la vue du sang (véridique !). A ses côtés, l’acteur est accompagné de Sofia Boutella qui campe la terrible et brutale Gazelle portant des jambes métalliques aux pointes acérées. Boutella est une jeune actrice et danseuse algérienne spécialisée dans le hip-hop, qui tourne ici sa première grande production hollywoodienne. Enfin, « Kingsman » vaut surtout par ses nombreux clins d’oeil cinématographiques (les discussions de cinéphile pleine de sous-entendus ironiques entre Colin Firth et Samuel L. Jackson, la présence de l’acteur Mark « Luke Skywalker » Hamill, les allusions à James Bond, etc.), son humour trash décapant – la princesse qui propose à Eggsy de la sodomiser à la fin du film, ou le méchant qui meurt en vomissant ! - et ses scènes d’action violentes et excessives dans la continuité de « Kick-Ass » (il faut dire que le comic book d’origine était déjà assez sanguinaire !). A ce sujet, on reste bouche bée devant la brutalité pleine de dérision de scènes comme le massacre dans l’église, l’affrontement final ou la mort de l’agent Lancelot au début du film, les moments de violence étant souvent accompagnés de chansons ‘british’ dynamiques qui tempèrent la dureté de ces séquences et amènent un contre-emploi satirique appréciable à ce film, à savourer comme une grosse bande dessinée survoltée qui ne se prend pas la tête !

La musique a été confiée au duo Henry Jackman/Matthew Margeson, qui retrouvent ainsi Matthew Vaughn après « Kick-Ass », « Kick-Ass 2 » (produit par Vaughn) et bien sûr « X-Men : First Class », composé surtout par Jackman. Pour « Kingsman », les deux compositeurs issus du studio Remote Control d’Hans Zimmer produisent une partition orchestrale/électronique typique des musiques d’action habituelles pour ce type de production. On y retrouve une esthétique musicale similaire à celle de « Kick-Ass », avec un thème héroïque mémorable façon 007 et un motif menaçant et plus électronique pour Richmond Valentine. Enregistrée à Londres, la partition de « Kingsman » vaut donc avant par son superbe thème principal dévoilé dès « Manners Maketh Man », que l’on découvre rapidement dès le début du film, et que l’on entendra constamment tout au long du film (parfois même un peu trop !). Le thème évoque clairement l’univers des agents secrets et suggère la détermination et l’héroïsme d’Eggsy tout au long du film : inutile de préciser que vous ressortirez sans aucun doute du film avec le thème dans la tête ! Le thème est repris de manière lente et mélancolique au piano dans « The Medallion », avant une coda plus héroïque avec une reprise solennelle de la mélodie. « Valentine » dévoile quand à lui le motif du bad guy campé par Samuel L. Jackson, à l’aide de synthés étranges qui grossissent progressivement, d’une flûte, de lignes de basse obstinées et d’accords sombres des cordes. A l’aide de ces deux thèmes, Jackman et Margeson élaborent ainsi une musique d’action musclée à l’écran, énergique et vitaminée, comme on pouvait s’y attendre. Omniprésent, le thème est repris dans « To Become A Kingsman » où il prend une tournure quasi épique et héroïque avec les cors et les traditionnels ostinati de cordes chers aux productions Remote Control. Les synthétiseurs ajoutent une touche moderne et ‘hype’ au score dans « Pick A Puppy » où le thème continue d’apporter cette dimension héroïque pleine d’espoir et de conviction. A noter l’utilisation d’un motif secondaire associé aux Kingsman, motif héroïque et solennel souvent confié aux cuivres, présent dans « To Become A Kingsman » (à 3:28), dans « Pick A Puppy » (à 1:51) ou dans « Eat, Drink, And Paaaarty » (à 1:36).

« Drinks With Valentine » reprend le motif de Valentine avec sa flûte alto soliste et ses synthétiseurs menaçants, opposés aux notes du thème principal, toujours (trop) présent. Dommage que le thème du bad guy (reconnaissable aux cordes à partir de 1:26) ne laisse aucun souvenir particulier à l’écoute et dans le film, trop souvent écrasé par l’omniprésence quasi monolithique du thème principal, usé jusqu’à plus soif dans le film. Le motif de Valentine revient aussi dans « Kentucky Christians » et « Shame We Had To Grow Up », où il véhicule là aussi une tension et un sentiment de menace sournoise, avec le retour des synthés répétitifs, de la flûte alto et de quelques solistes supplémentaires, dont un final cuivré façon James Bond par John Barry. Amateurs d’action, vous apprécierez sans aucun doute l’entraînement en parachutes de l’excitant « Skydiving » et sa reprise triomphante du Main Theme, tandis que les percussions et les rythmes synthétiques ajoutent à l’orchestre une tension supplémentaire typique des productions Remote Control actuelles – on reste très proche ici de l’esthétique musicale de « X-Men : First Class » - « Skydiving » est à n’en point douter l’un des premiers morceaux d’action mémorables de « Kingsman », et le début d’une longue série de déchaînements testostéronés parfaits pour le film de Matthew Vaughn.

On notera l’emploi des samples qui trahissent par moment le caractère un peu ‘cheap’ du score, qui, bien qu’enregistré à Londres avec d’importants moyens, semble parfois se limiter à un aspect démo MIDI un peu agaçant, alors qu’un orchestre live aurait convaincu beaucoup plus, ce qui est par exemple le cas dans « Manners Maketh Man », où l’on croirait entendre une démo test du Main Theme ! Hélas, cet aspect un peu décevant du score réapparaît à plusieurs reprises, même si l’on apprécie toujours la qualité des morceaux d’action ou des apparitions du Main Theme, tout comme le motif de synthé menaçant de Valentine dans « Eat, Drink, And Paaaarty », annonçant le combat final pour un nouveau morceau d’action déchaîné. La bataille finale est évoquée dans les 7 longues minutes de « Calculated Infiltration », autre morceau d’action majeur de « Kingsman », débouchant sur l’affrontement final dans « Out of Options », « Hand On The Machine » et « Finale ». On ressort donc assez mitigé de l’écoute de cette partition d’action/espionnage signée Henry Jackman et Matthew Margeson, tant la musique semble engluée à l’écran dans des répétitions interminables et des développements à n’en plus finir du thème principal – excellent au demeurant – un aspect que ne parviennent pas à contrebalancer les deux autres motifs pour Valentine et pour l’agence Kingsman. L’autre problème vient d’une utilisation très moyenne des synthétiseurs aux sonorités cheap, qui offrent parfois l’impression que le score n’a pas pu être enregistré complètement et que les compositeurs ont eu recours à des démos pour finir le travail, un comble sur une production ultra calibré de ce genre ! Ainsi donc, les fans de Jackman apprécieront l’effort dans le film, notamment pour son thème principal entêtant, mais les autres en resteront probablement sur leur faim, préférant « Kick Ass » ou « X-Men : First Class » !



---Quentin Billard