1-Main Title 2.58*
2-Attempt on the Royals 3.45
3-Harry's Game 2.31**
4-The Hit 8.08
5-Putting The Pieces Together 2.14
6-Highland's Execution 2.27
7-Assault on Ryan's House 10.59
8-Electronic Battlefield 3.21
9-Boat Chase 4.30
10-Closing Credits 4.11

*Contains Traditional Gaelic Song
**Performed by Clannad,
Written by P. Brennan
Produced by Richard Dodd.

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Milan Records
74321 10150-2

Album produit par:
James Horner
Préparation de la musique:
Bob Bornstein
Montage de la musique:
Jim Henrikson
Supervision de l'album Milan:
David Franco
Direction exécutive Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Toby Pieniek

Artwork and pictures (c) 1992 Paramount Pictures/Milan America, Inc. All rights reserved.

Note: **
PATRIOT GAMES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Après « Hunt For The Red Ocotber » de John McTiernan et avant « Clear and Present Danger », le réalisateur néo-zélandais Phillip Noyce reprenait de nouveau le personnage de Jack Ryan (d'après l'oeuvre du romancier américain Tom Clancy), incarné par Alec Baldwin dans le film de McTiernan en 1990 et par Harrison Ford dans « Patriot Games » (Jeux de guerre) et « Clear and Present Danger » (Danger immédiat), un agent de la CIA toujours confronté à une série de problèmes en tout genre. Ici, il doit faire face à un terroriste de l'IRA (Sean Bean) qui cherche à venger son frère que Jack Ryan a tué lors d'une tentative d'attentat raté contre un cousin de la famille royale d'Angleterre. Le film n'a ni le charme du premier épisode ni le brio du troisième épisode (« Clear and Present Danger »). Harrison Ford reste égal à lui-même dans le rôle de Jack Ryan mais l’intrigue paraît cependant bien moins captivante et aboutie que celle de « Clear and Present Danger », qui mélangeant conspiration politique et suspense avec un certain doigté. Ici, on se retrouve avec l’habituelle histoire de vengeance qu’on nous balance aujourd’hui à toutes les sauces dans de nombreux polars et autres thriller en tout genre. « Patriot Games » s’avère donc être un thriller hollywoodien routinier et sans grande saveur.

Pour la partition orchestrale de James Horner, qui composera aussi celle de « Clear and Present Danger » en 1994, c'est la déception la plus totale ! On retrouve ici tous les clichés des musiques du James Horner de maintenant, même si « Patriot Games » ne date que de 1992, c'est à dire bien avant « Titanic », « Braveheart », « Deep Impact », « Jumanji », etc. Pourtant, avec le recul, on voit bien sur quelles musiques Horner s'est appuyé quand il a composé ses musiques irlandaises dans « Titanic », « Braveheart », « The Devil's Own » ou même « Legends Of The Fall » et « ThunderHeart ». Avec « Patriot Games », le compositeur a mené de front un très intéressant travail autour des sonorités instrumentales, et ce même s’il s’agit sans aucun doute du seul véritable bon élément de la partition. Un thème franchement très dispensable est entendu dès le « Main Title », thème irlandais dans lequel Horner fait intervenir les whistles, le fiddle solo et quelques légères percussions métalliques, dont certaines s’avèrent être purement synthétiques. Le compositeur met aussi particulièrement l’accent sur l’électronique tout au long de sa musique, et plus particulièrement dans les rythmiques des morceaux d’action, permettant ainsi à Horner d'obtenir des mélanges sonores intéressants, entre les éléments de l'orchestre, les instruments irlandais et une rythmique complexe et diversifiée. James Horner utilise ainsi dès le « Main Title » son thème associé aux méchants du film, les terroristes irlandais de l'IRA, justifiant bien évidemment la présence de la musique irlandaise dans « Patriot Games ».

Le « Main Title » s'ouvre ainsi au son d’une voix féminine éthérée qui interprète un très bel arrangement conçu par James Horner autour de chants celtiques traditionnels, sur fond de nappe synthétique qui rappellera beaucoup le « Main Title » de « The Pelican Brief » (1993). Le compositeur nous plonge d’emblée dans l'ambiance celtique/irlandaise de sa musique, et ce même si le film ne se passe absolument pas en Irlande. Dommage qu'il n'y ait pas de thème pour Jack Ryan et ses exploits dans le film. Comme toujours, James Horner continue de jouer au jeu des reprises personnelles et se réapproprie cette fois-ci l'adagio du ballet « Gayaneh » du compositeur arménien Aram Khatchatourian, déjà repris dans le « Main Title » de « Aliens » (1986). Du coup, le « Main Titles » de « Patriot Games » n’est rien d’autre qu’une nouvelle version banale et d’un segment du « Main Title » de « Aliens » (qui a dit facilité ?). Horner semble d’ailleurs plutôt à l’aise avec cette façon de procéder puisqu’il réutilise quand même ce segment repiqué de « Aliens » à deux reprises dans le film. Quoiqu’il en soit, ce motif sombre tiré de « Aliens » (et donc de Khatchatourian à l’origine !) illustre dans le film les passages les plus inquiétants dans lesquels les terroristes de l'IRA vont intervenir ou lorsque Jack Ryan enquête sur eux. La plus grande réussite de l'album de « Patriot Games » reste sans doute le très sombre « Electronic Battlefield », lorsque Jack Ryan pense avoir découvert la base des terroristes dans le désert et que la CIA envoie un groupe d'intervention pour détruire le camp, Ryan et ses collègues suivant le massacre sur un écran électronique relayé par un satellite. Les cordes créent dans cette scène un climat de tension assez pesant, presque effrayant, alors que la caméra de Phillip Noyce se pose à plusieurs reprises sur le visage pâle de Ryan, qui espère ne pas s'être trompé mais qui se rend aussi compte de l’ampleur du massacre pour lequel il est en partie responsable puisqu'il a désigné lui-même ce camp comme celui des terroristes de l'IRA. James Horner suggère alors dans sa musique que la violence n'est jamais « bonne » même lorsqu'elle sert à soutenir une bonne cause - il s’agit en tout cas d’une scène assez dérangeante et plutôt osée dans une grosse production hollywoodienne de ce genre, car elle montre clairement que le héros a du sang sur les mains.

Dès le début de la scène de l’attentat, James Horner utilise une combinaison intéressante whistle/cordes, élément qui se concrétise dans la musique par un son aigu plutôt intéressant, suggérant la présence des terroristes qui traînent dans les parages, tandis que des sonorités plus particulières comme le fiddle annoncent clairement le style d’une future partition d’Horner, « Legends of The Fall » (surtout dans l’utilisation des synthétiseurs et de certaines rythmiques). « Boat Chase » illustre quand à lui la couse poursuite finale en bateau entre le Sean Miller (le méchant interprété par Sean Bean) et Jack Ryan. La musique reste carrément inefficace dans cette scène à cause d’un montage sonore qui couvre constamment la musique de Horner : dommage ! Ceci étant dit, on retrouve des sonorités métalliques agressives (les traditionnelles enclumes chères au compositeur d’Aliens !) qui ponctuent ce morceau d’action de façon plus sèche pour créer une base rythmique excitante et brutale, tandis que les instruments irlandais restent présents pour illustrer la confrontation finale avec le méchant.

Une des principales faiblesses du score de « Patriot Games » reste sans aucun doute son manque de structure thématique. Le thème principal, extrêmement peu mémorable, n'intervient qu’à très peu de reprise dans le film. On frôle ici l'athématique pur et dur dans « Patriot Games » ! Curieux, d’autant qu’Horner nous a toujours habitué aux grands thèmes dans la plupart de ses partitions. La réutilisation du motif de « Aliens » aurait même pu faire office de thème secondaire si ses apparitions avaient été un peu plus structurées et mieux développées tout au long du film. Même si la musique d’Horner accompagne parfaitement le film de Phillip Noyce, « Patriot Games » vaut surtout par ses quelques recherches sonores intéressantes et ses mélanges entre orchestre/synthé/instruments irlandais, l’utilisation de chants celtiques traditionnels dans le « Main Title » ne permettant malheureusement pas de rattraper la qualité faiblarde et tout à fait quelconque de ce score typique de James Horner. Donc, sans être foncièrement mauvaise, « Patriot Games » reste une partition tout à fait passable, à écouter par curiosité si l’on s’intéresse à ce qui inspirera James Horner par la suite sur ses futures partitions d’action/aventure. Fort heureusement, le compositeur se rattrapera deux ans plus tard avec « Clear and Present Danger », qui s’avèrera être nettement plus passionnant et surtout bien plus abouti !


---Quentin Billard