1-Theme From Ant-Man 2.46
2-Honey, I Shrunk Myself 2.29
3-Escape From Jail 1.51
4-Ant 247 1.13
5-Paraponera Clavata 1.24
6-San Francisco, 1987 2.37
7-I'll Call Him Antony 2.50
8-Tiny Telepathy 2.02
9-First Mission 3.03*
10-Signal Decoy 0.51
11-Old Man Have Safe 2.29
12-Pym's Lab 1.26
13-Antfiltration 1.20
14-Your Mom Died A Hero 2.03
15-Scott Surfs on Ants 1.11
16-The Water Main 1.14
17-CrossTech Break-In 1.47
18-Into The Hornet's Nest 3.00
19-Become The Hero 1.52
20-Insecticide 2.51
21-A Center for Ants! 1.15
22-Cross Gets Cross 1.52
23-Fight of the Bumblebee 1.44
24-Ants on a Train 1.43
25-Small Sacrifice 3.36
26-About Damn Time 0.39
27-Tales to Astonish! 1.47
28-Borombon 2.49**
29-Escape 2.14***
30-I'm Ready 3.20+
31-Pink Gorilla 3.46++

*Contient le thème de "Avengers"
(Alan Silvestri) et le thème de
"Captain America: The Winter Soldier"
(Henry Jackman)
**Interprété par Camilo Azuquita
Ecrit par Javier Vazquez
***Interprété par Roy Ayers
Ecrit par Roy Ayers
+Interprété par Commodores
Ecrit par Milan Williams
++Interprété par HLM
Ecrit par Roberto Ross.

Musique  composée par:

Christophe Beck

Editeur:

Hollywood Records HR002207802

Musique conduite par:
Tim Davies
Orchestrations:
Kevin Kliesch, Tim Davies,
Dave Metzger

Mixage et enregistrement:
Casey Stone
Monteur musique:
Fernand Bos
Album produit par:
Christophe Beck

Artwork and pictures (c) 2015 Marvel. All rights reserved.

Note: ****
ANT-MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christophe Beck
Réalisateur de comédie qui fit ses armes à la télévision dans les années 90, Peyton Reed s’est fait connaître avec une poignée de comédie tournées au début des années 2000, incluant « Bring It On », « Down With Love » ou « The Break-Up », sans oublier « Yes Man » avec Jim Carrey en 2008. Après un rapide détour du côté de la télévision avec les séries TV « New Girl » avec Zooey Deschanel en 2011 et « The Goodwin Games » en 2012, Peyton Reed s’est retrouvé engagé pour remplacer au pied levé Edward Wright, réalisateur initialement prévu pour tourner « Ant-Man », énième adaptation ciné d’un comic book de Marvel. Le film sort sur les écrans en 2015 et s’avère être un nouveau grand succès financier et critique pour Marvel, rapportant plus de 500 millions de dollars pour un budget estimé à 130 millions de dollars (une moyenne modeste pour une grosse production de cette envergure). Considéré comme l’un des derniers films de la phase 2 de Marvel aux côtés de « Avengers : Age of Ultron » de Joss Whedon sorti la même année (et alors que « Captain America : Civil War » introduit la phase 3), « Ant-Man » raconte l’histoire du Dr. Hank Pym (Michael Douglas), un scientifique qui travaille pour le SHIELD en 1989, et qui découvre que le conseil formé par Howard Stark (John Slattery), Peggy Carter (Hayley Atwell) et Mitchell Carson (Martin Donovan) essaie de reproduire secrètement la formule basée sur sa particule Pym, qui aurait la capacité de réduire le vide entre les atomes et de condenser la matière. Le SHIELD espère ainsi créer une nouvelle armée d’espions miniatures capables de s’infiltrer partout. Pym quitte alors le SHIELD et s’empare de sa technologie qu’il refuse de céder à Stark. Il fonde ensuite sa propre société de recherche scientifique.

Des années plus tard, en 2015, un modeste cambrioleur nommé Scott Lang (Paul Rudd), qui vient tout juste de sortir de prison, espère reprendre sa vie en main et s’occuper de sa fille Cassie (Abby Ryder Fortson). Mais difficile de retrouver un travail quand on a déjà un casier judiciaire. C’est pourquoi Lang n’a pas d’autre choix que d’accepter une nouvelle combine de son ancien associé Luis (Michael Pena) : cambrioler un coffre-fort dans une maison d’un riche quartier qui sera inhabitée pour quelques jours. Lang ouvre alors le coffre-fort et y découvre une étrange combinaison qu’il enfile alors chez lui : c’est avec stupeur et effroi qu’il comprend que la combinaison a le pouvoir de le rétrécir. Hank Pym le contacte alors et le rencontre chez lui, où Lang est désormais sous sa surveillance et celle de sa fille Hope (Evangeline Lilly). Ils expliquent alors la situation au cambrioleur : l’entreprise Pym est aux mains de son ancien protégé, Darren Cross (Corey Stoll), qui cherche par tous les moyens à exploiter la particule Pym pour la vendre au plus offrant. L’objectif d’Hank Pym est simple : il compte utiliser les talents de cambrioleur de Scott Lang et son costume d’Ant-Man (capable de rendre l’individu à la taille d’une fourmi et de communiquer avec elle) pour infiltrer le bâtiment, détruire les prototypes et les données liées aux recherches de Cross. L’issue de ce cambriolage est capitale, car elle pourrait bien sauver le monde et empêcher Darren Cross de vendre la technologie à un responsable de HYDRA. Enfilant à nouveau le costume d’Ant-Man, Lang est miniaturisé et se prépare à la plus grande aventure de sa vie, où il devra affronter Cross lui-même et sa combinaison Yellowjacket, qui possède les mêmes pouvoirs que ceux d’Ant-Man.

Le film de Peyton Reed s’impose avant tout par son aspect comédie plutôt inhabituel pour une production Marvel. Moins sérieux qu’un « Avengers » ou qu’un « Captain America », « Ant-Man » dévoile très vite ses aspirations en oscillant entre la comédie d’aventure et le film de cambriolage façon « The Italian Job » ou «Ocean’s Eleven », avec toute l’intrigue de super-héros qui vient se greffer au récit. Le film s’impose donc par son caractère fun complètement assumé, ses effets visuels 3D étonnants (les scènes de miniaturisation sont très impressionnantes !) et son humour plutôt bon-enfant. Niveau casting, Michael Douglas s’impose dans le rôle d’Hank Pym, l’acteur vétéran de 71 ans révélant une forme étonnante (on se souvient que l’acteur est tombé gravement malade en 2010), entouré du dynamique Paul Rudd (spécialiste des rôles de comédie, découvert dans les années 90 avec la série culte « Friends »), d’Evangeline Lilly et de Corey Stoll. Le film doit beaucoup à l’apport de Paul Rudd, qui n’hésite pas à verser dans l’auto-dérision à grand renfort de scènes d’action décalées et délirantes, dont l’originalité vient surtout des nombreuses trouvailles visuelles et scéniques, ce qui fait la force d’un film très rythmé et rafraîchissant, à des années lumières des Marvel habituels. A noter que Scott Lang croise la route d’un Avenger au cours de sa quête – Sam Wilson alias le Faucon (Anthony Mackie), qui travaille pour le SHIELD – tandis que le film prépare le début de la phase 3 de Marvel en faisant le lien avec le futur « Captain America : Civil War ». En abordant le thème de la miniaturisation sous l’angle de l’aventure et de la dérision (un peu comme le « Honey, I Shrunk The Kids » de Joe Johnston en 1991), Peyton Reed nous promet un spectacle assez drôle et réjouissant, à grand renfort d’effets numériques et d’une 3D immersive et spectaculaire, une sorte de contre-pied ironique aux colossaux « Avengers » (l’affrontement amusant entre Ant-Man et le Faucon vers le milieu du film semble être un message adressé aux films de Joss Whedon !), qui tente d’apporter un soupçon d’originalité à un univers très calibré, pour ce film qui s’adresse davantage à un public plus familial.

Prévue à l’origine pour Steven Price, qui quitta le projet suite au départ d’Edward Wright, la musique de « Ant-Man » fut finalement confiée sans surprise à Christophe Beck, qui retrouve ainsi le réalisateur Peyton Reed avec lequel il avait déjà travaillé sur « Bring It On » (2000). Compositeur passe-partout qui n’a jamais guère brillé sur un film en particulier, Christophe Beck semble pourtant assez inspiré sur « Ant-Man », se payant même le luxe d’écrire un thème principal mémorable qui pourrait bien être l’un de ses meilleurs thèmes pour le cinéma américain. Selon les propres dires du compositeur, Beck voulait créer pour « Ant-Man » un score dans la grande tradition symphonique de ses films de super-héros favoris, avec une musique d’une grande ampleur et un grand thème principal mémorable. C’est pourquoi on découvre rapidement le superbe « Theme From Ant-Man », mélodie héroïque reconnaissable à son ostinato rythmique intéressant basé sur une mesure à 7/4 et un motif rythmique de 8 notes (4 notes, suivies de 4 autres notes avec percussions, d’abord introduites par des pizz). La mélodie vient ensuite s’ajouter au motif rythmique et permet au thème de décoller pleinement, reconnaissable à ses orchestrations très 60’s : flûte alto, batterie, cuivres, etc. Le thème se distingue avant tout par ses harmonies plutôt intéressantes (les enchaînements d’accords entre 0:29 et 0:33 sont très réussis) et une certaine originalité qui permet au thème de se distinguer des autres productions Marvel, non pas qu’il soit fondamentalement original en soi, mais il possède ce petit truc subtil qui lui permet d’affirmer une vraie personnalité qui fait parfois défaut à d’autres musiques de chez Marvel. Si le « Theme From Ant-Man » est à coup sûr l’attraction majeure du score, on apprécie aussi la façon dont Christophe Beck l’intègre par la suite au reste de la partition.

En dehors du thème principal, très présent tout au long du film, on découvre aussi un second thème, plus reconnaissable dans « San Francisco, 1987 » et « Your Mom Died A Hero ». Il s’agit d’un thème plus mélancolique de 4 notes de cordes élégiaques pour évoquer le lien entre Pym et sa fille Hope, ainsi que le combat de Scott Lang pour renouer les liens avec sa fille Cassie. Le thème est repris de façon poignante et tragique au début de « Small Sacrifice », sans aucun doute l’un des plus beaux passages de la partition de « Ant-Man ». Pour le reste de la partition, et au-delà de l’aspect thématique, le score de Beck s’articule entre morceaux d’action orchestraux, éléments électroniques modernes (finalement assez discrets) et passages jazzy très années 60, à la manière des films d’espionnage façon Lalo Schifrin ou Henry Mancini, ou des heist movies plus récents dans le style de « Ocean’s Eleven ». Si « Honey, I Shrunk Myself » et « Escape from Jail » utilisent quelques éléments électroniques intégrés à l’orchestre, c’est « Ant 247 » qui introduit les éléments jazzy avec un jeu sur les toms de la batterie et les bongos très sixties, avec des métriques rythmiques particulières et des orchestrations colorées et virevoltantes, évoquant l’univers des fourmis et du monde miniature du costume d’Ant-Man. Beck semble bien s’amuser durant ces moments assez farfelus et le résultat est toujours intéressant et énergique, sans être follement original en soi. « I’ll Call Him Anthony » développe cette atmosphère jazzy rétro très 60’s, avec son motif caractéristique de piano dans le grave, sa batterie, ses bongos, sa flûte alto et ses ponctuations rythmiques de cuivres. On nage clairement ici en pleine ambiance d’espionnage/heist movie traditionnelle, avec quelques parties mickey-mousing orchestrales plus traditionnelles et amusantes, et des allusions constantes au Main Theme.

A noter l’emploi de percussions particulières et d’effets sonores de flûte (en flatterzunge – roulements de langue) pour évoquer dans le film le monde miniature des fourmis, un élément déjà présent dans « Paraponera Clavata ». « Tiny Telepathy » propose une ambiance plus mystérieuse grâce à des synthétiseurs aux sonorités énigmatiques, rappelant à l’occasion le thème intimiste de 4 notes. Dans « First Mission », Scott Lang se voit confier sa première mission par Hank Pym. Beck accompagne alors la scène avec quelques percussions martiales plus déterminées et une référence plutôt appréciable au thème des « Avengers » d’Alan Silvestri aux cors (à 1:09), pour la première rencontre d’Ant-Man et du Faucon dans le film. Niveau écriture, on appréciera la clarté des orchestrations de Beck et une écriture assez fluide, privilégiant les différents pupitres de l’orchestre avec la main mise sur les cuivres, les cordes et les percussions (les bois sont aussi très présents), dans la tradition symphonique. « Old Man Have Safe » accompagne le cambriolage du coffre-fort au début du film avec une série de variantes autour du motif rythmique principal d’Ant-Man en pizz. Ici aussi, Beck développe les rythmes action avec l’appui de quelques éléments électroniques discrets qui viennent renforcer la tension de la scène. « Antfiltration » se distingue par son travail autour des percussions acoustiques/électroniques et son envolée héroïque du thème principal d’Ant-Man. « Scott Surfs On Ants » reprend les sonorités jazzy/espionnage de « I’ll Call Him Anthony » pour une autre scène où Ant-Man chevauche les fourmis et se déplace avec elles. Au caractère farfelu de la scène, Beck répond par une musique jazzy virevoltante aux rythmes survoltés et aux métriques toujours particulières. L’ambiance d’espionnage se poursuit dans « Crosstech Break-In » alors que Lang s’introduit dans le complexe scientifique de Cross pour y dérober ses données.

Les amateurs d’action apprécieront à coup sûr les déchaînements orchestraux de la dernière partie du film, introduite par « Into The Hornet’s Nest », qui reprend le superbe thème principal avec un contrepoint de bois assez fougueux et appréciable. A noter que Beck introduit ici un troisième thème, un motif de 3 notes menaçantes pour Cross/Yellowjacket. Le motif se distingue par ses notes graves de contrebasses/clarinette basse introduit à dans « Crosstech Break-In » à 1:13. Le motif du bad guy, peu reconnaissable dans le film car très bref et assez peu développé dans le reste du score, est néanmoins assez présent dans « Into The Hornet’s Nest » (à 1:51), au tout début de « Insecticide », dans « Cross Gets Cross » (à 0:06), où il est largement développé de manière sournoise et menaçante aux cordes graves, et aussi dans « Fight of the Bumblebee » (vers 0:11) et « Ants On A Train » (à 0:15). L’objectif de Beck est simple : évoquer à travers ces 3 notes inquiétantes les sombres desseins de Darren Cross et sa volonté de dominer le monde grâce à sa technologie du Yellowjacket volée aux recherches d’Hank Pym. La confrontation finale avec Yellowjacket permet au compositeur de nous offrir les meilleurs morceaux d’action du score, avec l’envolée héroïque de « A Center For Ants ! », les cuivres musclés du rageur et martial « Fight Of The Bumblebee » (grosse reprise du thème du bad guy à 1:09 !) ou la puissance agressive de « Ants On A Train », qui offre quelques sueurs froides aux musiciens à travers une écriture rythmique assez complexe des cuivres et du reste de l’orchestre (avec le retour de la mesure à 7/4). Enfin, le film se termine avec une ultime reprise du thème principal d’Ant-Man dans « Tales To Astonish ! », où Beck se fait plaisir en reprenant le thème dans un arrangement kitsch façon surf/rock des années 60 à grand renfort de batterie, guitare électrique groovy, basse et trompette latino façon ‘mariachi’, sans oublier quelques synthés kitsch et un orgue hammond, idéal pour refermer la page d’une partition extrêmement énergique et colorée, intéressante et débordant d’idées et d’énergie.

Force est de constater que si Christophe Beck a souvent du mal à trouver sa propre personnalité ou imposer des idées majeures sur la plupart des films qu’il met en musique, c’est pourtant ce qu’il a réussi à faire sur « Ant-Man », où le compositeur semble particulièrement inspiré par son sujet – c’est aussi la première fois qu’il écrit pour un film Marvel ! – et nous le démontre par le biais d’un thème principal mémorable et de morceaux riches, complexes et variés, fourmillant d’idées et de trouvailles musicales intéressantes et rafraîchissantes, même si, fondamentalement, on reste dans un style orchestral traditionnel pour un Marvel de ce genre. Le score de « Ant-Man » se prend moins au sérieux que ses prédécesseurs et reste très proche de l’univers farfelu du film de Peyton Reed, Christophe Beck nous démontrant ainsi qu’il est capable de briller lorsque le sujet le lui permet, ou lorsqu’il se sent particulièrement en phase avec le film qu’il met en musique. A ce sujet, la BO de « Ant-Man » s’impose d’elle-même à l’écran et propose une écoute très agréable sur l’album, car en plus d’apporter l’énergie nécessaire au film de Reed, elle constitue aussi une vraie réussite musicale enthousiasmante, sans aucun doute l’une des partitions Marvel la plus inspirée de la fin de la phase 2, avec le colossal « Avengers : Age of Ultron » de Brian Tyler et Danny Elfman !



---Quentin Billard