1-San Andreas Main Theme 1.42
2-Natalie's Rescue 5.17
3-Caltech 2.06
4-Divorce Papers 3.28
5-Hoover Dam 2.49
6-San Francisco 1.51
7-Connecting The Dots 1.40
8-Emma's Rescue 5.42
9-Escaping The Tower 1.32
10-Need A News Feed 2.40
11-Blake's Trapped 2.05
12-Remembering Mallory 3.05
13-Coit Tower Destroyed 3.33
14-Skydive 2.50
15-Stanchion Collapse 2.45
16-Plan B 2.32
17-Tsunami 2.46
18-Extinction 1.01
19-The Kiss 3.09
20-I'll Bring Her Back 3.13
21-I Love You Dad 3.25
22-Resuscitation 6.39
23-End Credits 2.58

Musique  composée par:

Andrew Lockington

Editeur:

WaterTower Music WTM 9022101

Score produit par:
Andrew Lockington
Orchestré et conduit par:
Nicholas Dodd
Score enregistré et mixé par:
Andrew Dudman
Monteurs musique:
Jospeh Bonn, Tom Kramer
Ingénieur technique score:
Neil Parfitt
Opérateurs Pro Tools:
Gordon Davidson, Erik Swanson
Programmeurs synthé:
Michael White, Neil Parfitt,
Micah Frank

Percussions enregistrées par:
Brad Haehnel
Choeur:
London Voices
Garçon solo:
Gabriel Kuti
Piano solo:
Dave Arch

Artwork and pictures (c) 2015 Village Roadshow Pictures/New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ****
SAN ANDREAS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andrew Lockington
Après avoir connu ses heures de gloire dans les années 60/70 sous l’égide d’Irwin Allen, le genre du film catastrophe est rapidement tombé en désuétude dans les décennies suivantes, hormis un revival dans les années 90 avec des productions telles que « Volcano », « Dante’s Peak », « Deep Impact », « Armageddon » ou « Twister ». Contre toute attente, le genre va rebondir dans les années 2000 avec des films tels que « The Core », « The Day After Tomorrow » ou « 2012 ». C’est dans ce contexte de film apocalyptique que sort « San Andreas » en 2015, sous la caméra du canadien Brad Peyton, à qui l’on doit notamment « Cats and Dogs 2 » et « Journey 2 : The Mysterious Island ». Le film met en scène Dwayne Johnson (qui avait déjà tourné avec Peyton dans « Journey 2 ») dans le rôle de Ray Gaines, un pilote d’hélicoptère de secours en montagne qui travaille à Los Angeles et s’embarque dans un long périple vers San Francisco avec son ex-femme Emma (Carla Gugino) pour y retrouver leur fille désormais unique Blake (Alexandra Daddario), sa soeur Malaury s’étant noyée il y a quelques années, alors que son père n’a pas réussi à la sauver. Blake se trouvait dans un immeuble en compagnie de son beau-père l’architecte Daniel Riddick (Ioan Gruffudd) et de deux frères, Ben (Hugo Johnstone-Burt) et Ollie Taylor (Art Parkinson) lorsqu’un terrible tremblement de terre d’une magnitude de 8,5 a ravagé Los Angeles, conséquemment aux nombreuses secousses sismiques attribuées tout le long de la faille de San Andreas en Californie. Les secousses se dirigent maintenant vers San Francisco et détruisent une bonne partie de la ville ainsi que l’immeuble où se trouvait Blake. Dans la panique et le chaos, Daniel préfère s’enfuir, abandonnant les enfants à leur sort dans le parking souterrain, coincés dans une voiture où le plafond risque de s’effondrer à tout moment. Mais pendant que Ray et Emma tentent de rejoindre San Francisco, qui est ravagé par un gigantesque tsunami qui détruit le Golden Gate Bridge et provoque la mort de centaines de personnes – dont Daniel – les scientifiques découvrent que le séisme, d’une magnitude de 9,6, est le plus grand tremblement de terre de toute l’histoire de l’humanité.

Avec un scénario hyper classique qui rappelle les films catastrophe des années 70, « San Andreas » flirte avec l’atmosphère apocalyptique des films de Roland Emmerich – « 2012 » ou « The Day After Tomorrow » - en évoquant les ravages d’une série de tremblements de terre catastrophiques provoqués par la faille géologique de San Andreas qui traverse une bonne partie de la Californie sur plus de 1300 km de long (dans la réalité, la faille a provoqué de nombreux séismes d’intensités diverses aux Etats-Unis, le plus meurtrier, d’une magnitude de 7,8 datant du 18 avril 1906 à San Francisco, fit près de 3000 morts et 500 millions de dollars de dégâts). Pour renforcer le caractère ultra spectaculaire de ces scènes catastrophes, le film a été tourné en 3D avec un budget conséquent de 110 millions de dollars et un casting plutôt correct : Dwayne Johnson, Carla Gugino, Alexandra Daddario, Ioan Gruffudd, Paul Giamatti, etc. Mais si le film est riche en émotions fortes et en scènes de destruction cataclysmiques spectaculaires (servi par d’excellents effets spéciaux), le scénario, peu inspiré, recycle toutes les formules du genre avec une paresse remarquable : on y retrouve tous les codes du genre, à savoir la trame familiale habituelle du couple en crise qui se réconcilie à la fin du film, le père hanté par un échec traumatisant qui obtiendra la rédemption en sauvant sa fille, etc. Néanmoins, Brad Peyton réussit à relancer l’intérêt du film et des personnages en s’intéressant aux dynamiques familiales en plein coeur d’un cataclysme terrifiant à très grande échelle. Certes, c’est bourré de clichés, de scènes prévisibles et de moments d’émotion agréables mais déjà vu (il y a quand même six scénaristes qui ont bossé sur le script !), mais le tout fonctionne plutôt bien et prend les allures de divertissement hollywoodien bien calibré, traversé de scènes incroyables comme la destruction de Los Angeles, celle du Golden Gate Bridge, ou le sauvetage final de Blake et des enfants.

Andrew Lockington retrouve à nouveau Brad Peyton sur « San Andreas » trois ans après « Journey 2 : The Mysterious Island » pour lequel le compositeur canadien signait l’une de ses meilleures partitions pour le cinéma américain. Le score de « San Andreas », à des années lumière de la qualité épique et mélodique de « Journey 2 », s’inscrit dans la continuité des précédentes partitions de Lockington sans chercher à apporter quoique ce soit de plus au genre. A la première écoute dans le film, on reconnaît la patte orchestrale/mélodique habituelle du compositeur mais sans éclat particulier. Comme souvent chez Lockington, « San Andreas » repose sur une poignée de thèmes pas forcément évidents à reconnaître à la première écoute, mais pourtant très présents à l’image et largement développés tout au long du film. Le « San Andreas Main Theme » fait appel à l’orchestre, les choeurs et les percussions électroniques/acoustiques typiques des musiques d’action d’aujourd’hui façon Remote Control. Le Main Theme est conçu en 2 phrases mélodiques bien distinctes : un thème A, élégiaque et dramatique, avec un jeune garçon soprano (Gabriel Kuti), des choeurs et des cordes, puis un thème B plus solennel à partir de 1:15, évoquant l’humanité qui tente de survivre ensemble à un cataclysme d’une grande ampleur. On retrouve ici les cuivres musclés typiques de Lockington (ainsi que les orchestrations de l’indispensable Nicholas Dodd), les percussions, les cordes, les bois, etc. Dans « Natalie’s Rescue », le compositeur nous propose le premier morceau d’action du score pour le sauvetage de Natalie dans sa voiture au début du film : barrage de percussions, rythmes électroniques, cuivres solides, cordes survoltées, on retrouve clairement ici l’aspect action excitant de « Journey to the Center of the Earth » ou « City of Ember » sans originalité particulière. On notera le final héroïque absolument magistral de « Natalie’s Rescue » entre 4:07 et 4:32, premier grand moment de la partition de « San Andreas » évoquant la bravoure et l’héroïsme de Ray.

Dans « Divorce Papers », Lockington reprend le thème A et le thème B dans une version plus intimiste aux cordes évoquant le divorce entre Ray et Emma sous un angle plus mélancolique et émotionnel. A noter une petite subtilité par rapport au thème B : Lockington varie souvent ce thème en modifiant les 3 dernières notes de la phrase mélodique B, alternant soit entre mineur, soit entre majeur, suivant les différentes situations du film. Le second thème de « San Andreas » apparaît ensuite au piano à 1:29, un thème mélancolique et délicat évoquant la famille de Ray et son combat pour sauver sa fille Blake et son rapprochement progressif d’avec son ex-femme Emma. Lockington termine en reprenant le thème B de manière plus imposante et solennelle à l’orchestre à 2:38, avec une variante cette fois-ci majeure des 3 dernières notes, comme vers la fin de « San Andreas Main Theme ». Au niveau des développements thématiques, Lockington travaille particulièrement certaines variations comme c’est le cas au début de « The Kiss », où il superpose habilement aux cordes le thème A et le thème B en contrepoint, suivi d’une très jolie reprise du thème familial mélancolique à partir de 0:28 (on le retrouve aussi au piano dès le début de « San Francisco »). Un troisième thème est entendu vers la fin de « San Francisco », thème héroïque et solennel qui n’est pas sans rappeler curieusement le thème de Michael Kamen pour « Robin Hood : Prince of Thieves » (1991). Cette mélodie évoque l’espoir des survivants et le combat universel pour la survie de l’espèce humaine, un thème fédérateur noble et puissant, typique des grands thèmes héroïques/épiques d’Andrew Lockington. Un quatrième thème, tout aussi noble, puissant et solennel, est entendu dans « Skydive », et évoque là aussi le combat universel pour la survie face à un cataclysme à grande échelle. Ce thème, reconnaissable à ses grands accords épiques de cuivres, rappelle parfois Hans Zimmer, et impose cette ambiance d’espoir grandiose, que l’on retrouve au début du poignant « Resuscitation », où le thème d’espoir est largement développé durant la scène où Ray et Emma tentent de ramener ensemble Blake à la vie.

On appréciera par ailleurs la reprise du très beau thème familial par des choeurs élégiaques de toute beauté dès 1:05. Le thème de San Francisco est repris aux cordes dès 3:16, apportant là aussi une idée de courage pour les survivants. Le thème B enchaîne ensuite à 3:59, puis l’on retrouve le thème familial dans toute sa splendeur vers 5:02, pour finir par le thème solennel/héroïque de San Francisco dès 5:18, marquant la fin de l’aventure sur un angle plus optimiste et plein d’espoir. Le reste du score, moins nuancé, constitue essentiellement une déferlante de morceaux d’action tonitruants et déchaînés, à commencer pour la destruction du barrage dans « Hoover Dam » : cuivres mastodontesques, cordes survoltées, percussions titanesques, tout est mis en œuvre pour évoquer avec gigantisme l’ampleur de la catastrophe décrite dans le film. A noter que, pour les besoins de l’histoire, Lockington aurait procédé à quelques expériences sonores intéressantes, et notamment une utilisation de différents outils sur les cordes métalliques d’un piano – marteau, clé à molette, sécateur, etc. – puis un jeu avec les marteaux du piano sur les cordes dégradées par les outils pour obtenir de nouvelles sonorités, plus mécaniques et froides (Lockington a même eu l’idée de jouer sur les cordes du piano avec un archet de violon !). Autre élément expérimental intéressant : Lockington et son équipe ont récupéré des données de sismographes modernes pour les convertir ensuite en sons purs sur ses ordinateurs, ces sonorités sombres, étranges et bourdonnantes étant finalement utilisées dans le film pour évoquer les tremblements de terre et les cataclysmes que l’on aperçoit à l’écran : on peut par exemple entendre une large partie de ces sons de séisme à la fin de « Hoover Dam » dès 2:12.

Si vous aimez l’action, vous allez adorer les déchaînements orchestraux de « Emma’s Rescue » pour le moment où Ray arrive avec son hélicoptère pour sauver Emma sur le toit de l’immeuble détruit, 5 minutes d’action pure et dure, épique, surpuissante et tonitruante, avec les sons des séismes et un orchestre gigantesque et complètement déchaîné (niveau orchestration, on appréciera l’emploi des bois vers 2:00, typique de Lockington), le tout parsemé de quelques éléments électroniques et de rappels thématiques bien placés. Idem pour « Escaping the Tower », « Blake’s Trapped » ou les formidables « Tsunami » et « Stanchion Collapse », deux autres morceaux d’action majeurs de « San Andreas ». L’émotion devient plus forte dans le tragique et élégiaque « Extinction », qui semble annoncer la fin de l’humanité avec les choeurs et la voix fragile du jeune Gabriel Kuti, tandis que l’espoir revient dans « The Kiss », « I’ll Bring Her Back » et « I Love You Dad », pour le sauvetage final de Blake, qui débouchant sur les 6 minutes conclusives et poignantes de « Resuscitation ». Lockington récapitule enfin ses différentes idées thématiques et musicales dans « San Andreas End Credits », qui débute sur une grande reprise du thème de San Francisco, suivi du thème B et une dernière reprise triomphante et grandiose du thème de la ville, qui devient alors une sorte d’hymne pour l’humanité.

« San Andreas » constitue donc un nouveau score de choix pour Andrew Lockington qui signe une partition épique et dramatique d’une rare intensité pour le film de Brad Peyton, même si l’ensemble reste bien en dessous de « Journey 2 : The Mysterious Island » en terme d’inspiration mélodique et musicale. Difficile néanmoins de faire la fine bouche face à un score d’une telle générosité mélodique, bien conçue, riche et bien écrite, privilégiant aussi bien des éléments classiques que modernes, dans la parfaite continuité des précédents scores du compositeur. Dans le film, le résultat est éclatant et parfaitement adapté aux images spectaculaires du métrage de Peyton, l’écoute apportant un regard plus clair et complet du travail d’Andrew Lockington pour « San Andreas », assez remarquable dans sa manière d’osciller entre l’émotion que procurent les différents thèmes et les nombreux morceaux d’action robustes et gargantuesques, un véritable tour de montagne russe qui devrait séduire en particulier les fans de Lockington, qui voient régulièrement en lui un digne héritier du style symphonique épique de David Arnold pour les anciens films de Roland Emmerich, un score d’action dramatique et grandiose pas follement original en soi, mais très prenant et parfaitement ficelé de bout en bout, à découvrir sans hésitation !



---Quentin Billard