1-Main Title and the Attack
On The Jakku Village 6.25
2-The Scavenger 3.39
3-I Can Fly Anything 3.11
4-Rey Meets BB-8 1.31
5-Follow Me 2.54
6-Rey's Theme 3.11
7-The Falcon 3.32
8-That Girl With The Staff 1.58
9-The Rathtars! 4.05
10-Finn's Confession 2.08
11-Maz's Counsel 3.07
12-The Starkiller 1.51
13-Kylo Ren Arrives At The Battle 2.01
14-The Abduction 2.25
15-Han And Leia 4.41
16-March Of The Resistance 2.35
17-Snoke 2.03
18-On The Inside 2.05
19-Torn Apart 4.19
20-The Ways Of The Force 3.14
21-Scherzo For X-Wings 2.32
22-Farewell And The Trip 4.55
23-The Jedi Steps And Finale 8.51

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Walt Disney Records D002177202

Album produit par:
John Williams
Monteur musique:
Ramiro Belgardt
Musique enregistrée et mixée par:
Shawn Murphy
Monteur score:
Robert Wolff
Préparation musique:
Jo Ann Kane Music Service
Direction musique pour
Walt Disney Studios Motion
Picture Production and The Disney
Music Group:
Mitchell Leib
Music business & Legal affairs
pour Walt Disney Studios
Motion Picture Production:
Scott Holtzman, Marc Shaw

(c) 2015 & TM Lucasfilm LTD, under exclusive license ot Universal International Music B.V. All rights reserved.

Note: ****
STAR WARS EPISODE VII:
THE FORCE AWAKENS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Evénement cinématographique incontournable de l’année 2015, « Star Wars : The Force Awakens » (Le Réveil de la Force) est le septième film très attendu de l’une des plus célèbres franchises du cinéma américain, initiée par George Lucas en 1977 et devenue une référence absolue en matière de culture populaire générale. Lorsque le projet fut annoncé en 2012 suite au rachat de la compagnie Lucasfilm par Walt Disney, les fans du monde entier trépignèrent d’impatience : enfin un nouveau « Star Wars », 10 ans après la fin de prélogie et le « Star Wars Episode III : Revenge of the Sith » ! Alors que furent initialement pressentis des réalisateurs tels que Brad Bird, Steven Spielberg ou Guillermo Del Toro, c’est finalement J.J. Abrams qui est choisi par Disney pour tourner « Star Wars : The Force Awakens », probablement en raison de ses deux « Star Trek » qui confirmèrent le talent d’Abrams pour les gros films de science-fiction. Le tournage débuta ainsi en 2013 pour une sortie programmée deux ans plus tard, en décembre 2015. Celui que l’on considère souvent comme le fils spirituel de Steven Spielberg voit son rêve de gosse devenir réalité avec « The Force Awakens » : rentrer dans la légende « Star Wars » et réaliser un grand space opera à l’ancienne, avec des moyens colossaux, un bon scénario, une bonne musique et un casting impeccable. Très attendu par les fans donc, « Star Wars : The Force Awakens » voit son histoire débuter une trentaine d’années après les événements de « Return of the Jedi » (1983), qui marquait alors la fin de la première trilogie. Luke Skywalker (Mark Hamill), le légendaire Jedi encore en vie, a disparu. Le premier ordre, groupe né des ruines de l’empire galactique, se met en tête de retrouver le Jedi et de l’éliminer. Mais la Résistance, une force militaire dirigée par la générale Leila Organa (Carrie Fisher), et qui défend la Nouvelle République, recherche à son tour Luke.

Le pilote de la Résistance Poe Dameron (Oscar Isaac) est envoyé sur la planète Jakku pour mettre la main sur une précieuse carte qui pourrait permettre de localiser Luke, carte que cache le vieux Lor San Tekka (Max Von Sydow). Mais le village est attaqué par les troupes du Premier Ordre dirigées par le capitaine Phasma (Gwendoline Christie) et le sinistre Kylo Ren (Adam Driver), un puissant guerrier adepte du côté obscur de la Force, et qui ordonne l’exécution des villageois. Le stormtrooper immatriculé FN-2187 (alias Finn) décide de désobéir et, pris de panique, il s’enfuit à tout va. Capturé par les troupes du Premier Ordre, Poe Dameron décide de cacher la carte dans le droïde BB-8 qui s’échappe dans les dunes désertiques de Jakku avant de croiser la route de Rey (Daisy Ridley), modeste pilleuse d’épaves qui mène une existence solitaire. Rey rencontre alors Finn, qui a besoin d’elle pour s’échapper, et se fait passer pour un combattant de la Résistance. Poursuivis par les troupes du Premier Ordre, Rey, Finn et BB-8 s’enfuient à bord d’un gigantesque vaisseau qui s’avère être le Faucon Millenium, très vite happé dans l’espace par le gigantesque vaisseau de Han Solo (Harrison Ford) et Chewbacca, qui recherchaient ensemble depuis des années le Faucon Millenium. Ils se rendent ensuite sur la planète Takodana où ils rencontrent Maz Kanata, qui va les aider à découvrir le repère secret de la Résistance. C’est alors que Rey commence à ressentir une étrange attirance pour la Force lorsqu’elle retrouve le sabre laser de Luke Skywalker. Comprenant que son destin est ailleurs, Rey rejoint par la suite les rangs de la Résistance avec Poe Dameron et Finn. Ensemble, ils vont lutter aux côtés de Leila Organa contre les troupes maléfiques du Premier Ordre et leur arme secrète : le Starkiller, une arme capable de détruire n’importe quelle planète dans l’univers.

Le film s’intitule ainsi (« Le Réveil de la Force ») en raison de la destinée particulière de la nouvelle héroïne brillamment campée par la jeune et charismatique Daisy Ridley, jeune actrice anglaise de 23 ans jusqu’ici inconnue et propulsée sur le devant de la scène grâce au film de J. J. Abrams. Véritable révélation du film, Ridley s’impose d’elle-même par sa fougue rafraîchissante et semble faire l’unanimité auprès des critiques à la sortie du film en salles fin 2015. Pour le reste, « The Force Awakens » est le film de tous les records : il est à ce jour le plus grand succès de l’histoire du cinéma et le troisième plus gros succès de tous les temps après « Titanic » et « Avatar », dépassant les 2 milliards de recette dans le monde entier (merchandising compris), pour un budget estimé à 200 millions de dollars. Après une pluie de récompenses et de nominations diverses, de nombreux livres publiés à sa sortie et une multitude phénoménale de produits dérivés, « The Force Awakens » a aussi permis à Disney de triompher à nouveau sur le plan commercial après une série de déconvenues ces dernières années (cf. les échecs cuisants de « The Lone Ranger » et « John Carter »), montrant que l’engouement mondial pour la saga « Star Wars » n’est pas prêt de s’éteindre. On a aussi vivement reproché l’aspect mercantile du film – surtout depuis son passage très critiqué chez Disney – que certaines critiques, notamment en France, ont assimilé à une grosse machine bien huilée et ultra calibrée pour faire de l’argent en masse en un temps record. Les principales critiques se sont surtout concentrées sur le scénario du film, calqué sur celui du 1er épisode de 1977, duquel J. J. Abrams et ses scénaristes semblent s’être massivement inspirés, reproduisant à la lettre chaque action, chaque scène mémorable à la manière d’un reboot ou d’un remake.

Du coup, le film semble totalement familier pour les fans mais déçoit par son manque d’audace et d’originalité. En revanche, Abrams compense le manque de surprise par un enchaînement ahurissant de scènes d’anthologie à couper le souffle : la poursuite en Faucon Millenium, l’évasion à bord du chasseur TIE, la confrontation tragique entre Han Solo et Kylo Ren, le duel final entre Kylo et Rey, la destruction du Starkiller, autant de morceaux de bravoure magnifiés par une 3D spectaculaire et immersive et une réalisation somptueuse, typique de J. J. Abrams, dans la continuité de son travail sur la franchise « Star Trek ». Parmi les nouveaux personnages, hormis la prodigieuse et charismatique Rey – qui semble voler la vedette à tout le monde dans le film – on appréciera aussi un casting considérablement rajeuni avec une galerie de nouvelles têtes – John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Daisy Ridley, etc. – qui cotoient les vétérans bien connus de la saga, et que l’on retrouve ici avec une rare émotion, une sorte de rêve de fan devenu réalité : qui aurait penser retrouver un jour Harrison Ford (Han Solo), Mark Hamill (Luke), Carrie Fisher (Leila), Peter Mayhew (Chewbacca), Kenny Baker (R2D2) ou Anthony Daniels (C-3PO) réunis dans un nouveau Star Wars ? Le résultat, surtout destiné aux fans, est à la hauteur de l’événement et le film d’Abrams parvient à apporter sa dose d’action, d’émotions fortes et de fun absolu au cours de scènes grandioses à couper le souffle et d’un scénario certes classique et réchauffé, mais suffisamment porteur de sens pour satisfaire les plus réticents – le film montre la passation de flambeau entre l’ancienne génération qui transmet les rennes de la franchise aux jeunes, comme le symbolise parfaitement le plan final entre Luke et Rey –

Dommage que l’on se retrouve encore une fois avec une énième histoire de famille et des personnages trop similaires aux anciens films (Snoke, le grand leader du Premier Ordre, est un ersatz numérique de l’Empereur. Kylo Ren est une copie de Dark Vador, et Rey reprend le rôle attribué en 1977 à Luke Skywalker). Niveau casting, on appréciera de nombreux seconds rôles de qualité et quelques bons caméos, dont l’indonésien Iko Uwais, bien connu pour ses incroyables films d’action « The Raid » et « The Raid Berandal », Daniel Craig (un stormtrooper que contrôle Rey), Michael Giacchino, Frank Oz (la voix de Yoda dans une scène), Ewan McGregor, Alec Guinness (des caméos vocaux), Simon Pegg, Warwick Davis, etc. Autant dire que le film a attiré énormément de stars de tous les horizons, et reste à ce jour l’un des meilleurs films de la franchise (n’en déplaise aux détracteurs), probablement l’un des plus impressionnants en dépit d’un scénario faiblard qui devrait être compensé par les futurs épisodes censés apporter des précisions sur des zones d’ombre de l’histoire (les origines mystérieuses des pouvoirs de Rey, l’identité réelle du maléfique Snoke et son physique proche des Siths, le lien entre Luke et Rey, etc.). En attendant le huitième épisode réalisé par Rian Johnson et prévu pour 2017, ainsi que le neuvième épisode confié à Colin Trevorrow (« Jurassic World ») pour 2019, les fans pourront patienter en découvrant le film « Rogue One : A Star Wars Story » de Gareth Edwards prévu en 2016, deuxième film dérivé de l’univers « Star Wars » après « The Clone Wars » de Dave Filoni sorti en 2008. Les fans de la Guerre des Etoiles ont encore de quoi vivre et rêver pour des années entières, dans une galaxie lointaine, très lointaine !

L’autre grand événement qui accompagna la sortie de « Star Wars : The Force Awakens », ce fut bien évidemment le retour de John Williams à la baguette pour une septième partition symphonique éclatante, vive et épique, dans la continuité de ses précédents travaux sur la saga. Alors que le maestro américain a considérablement freiné sa participation au cinéma ces quelques dernières années en raison de son âge avancé et de quelques soucis de santé (Williams s’est fait poser un pacemaker courant 2015, ce qui l’empêcha notamment de faire la musique d’un Spielberg, « Bridge of Spies »), c’est un compositeur visiblement très en forme et inspiré que l’on retrouve sur « The Force Awakens », un vrai réveil de la Force pour le plus grand Jedi de la musique de film hollywoodienne, qui signe un score sans originalité mais totalement dans l’esprit de la saga « Star Wars ». En analysant maintenant d’un peu plus près le contenu de cette nouvelle partition musicale très attendue, on constate d’emblée à quel point Williams a réussi à faire cohabiter quelques anciens thèmes bien connus de la saga avec une pléiade de nouvelles mélodies bien trouvées et judicieusement choisies dans le film. En revanche, contrairement aux anciens films de la franchise, Williams a choisi cette fois-ci d’enregistrer son orchestre de 90 musiciens et de 24 choristes à Los Angeles, alors que les précédents scores avaient été enregistrés avec le LSO, comme le voulait la tradition. Le travail de Williams sur ce film fut long et complexe, le maestro composant et enregistrant près de 3 heures de musique, en grande partie dirigée par William Ross, tandis que le chef d’orchestre et compositeur vénézuélien Gustavo Dudamel a eu l’immense honneur de diriger le générique de début et de fin du film ainsi que 2 autres morceaux (« The Starkiller » et « March of the Resistance »).

A la première écoute du score dans le film, on reste ébahi par l’éclat du jeu de l’orchestre, la grandeur classique magistrale de l’écriture orchestrale de Williams, que l’on retrouve intacte des décennies après « A New Hope » en 1977, y compris dans le rôle massif des cuivres et des rythmes martiaux chers à la saga. Le film débute avec la traditionnelle fanfare héroïque bien connue de tous dans le « Main Title » et son texte explicatif défilant habituel. Le thème ultra célèbre de la saga fait très vite son entrée, puis l’on enchaîne ensuite avec le prologue du film dans « Attack on the Jakku Village », qui pose déjà quelques éléments thématiques nouveaux : un motif de flûtes mystérieuses et de harpe pour le secret de la carte permettant de retrouver Luke (à 2:30), un thème de cuivres de 5 notes menaçantes pour Kylo Ren, thème reconnaissable et assez présent dans le film (bien que l’album omette plusieurs versions et reprises de ce thème entendu dans le film), entendu lors de la première apparition du méchant à l’écran lors de sa descente du vaisseau à 4:20, avec ses cors puissants et maléfiques évoquant le côté obscur de la Force et ses cuivres martiaux et belliqueux qui semblent suggérer une connexion sous-jacente avec Dark Vador. Le thème revient ensuite à 5:33 avec ces cors toujours caractéristiques et indissociables de ce bad guy énigmatique campé par Adam Driver. A noter que Kylo Ren se voit attribué un second motif de 8 notes menaçantes et puissantes de cuivres, entendu pour la première fois à 0:13 dans « The Abduction » et repris de manière sombre et lente à 3:44 dans « Han and Leia » et surtout dès 1:10 dans l’intense « The Way of the Force », où l’on devine plus nettement le lien entre ce motif lugubre et le côté obscur de Kylo Ren. Le motif est aussi repris dans son intégralité lors du générique de fin (« The Jedi Steps and Finale ») dès 4:25, où Williams fait par ailleurs cohabiter les deux thèmes de Ren. Dans « I Can Fly Anything », on découvre le thème d’aventure de Poe Dameron, évoquant les talents du pilote de la Résistance. Le thème de Poe, héroïque et majestueux, est entendu pour la première fois aux cuivres et aux cordes à 1:19, est aussi repris à 0:35 dans « Farewell and The Trip », aux cors dans le « End Credits » à 5:23, et dans d’autres morceaux absents de l’album commercial mais présents dans le promo de 23 pistes publié par Disney.

Curieusement, le thème de Poe est souvent joint conjointement au thème de Finn, un motif d’action plus léger et exubérant entendu surtout dans « The Falcon » (dès 0:11 aux vents et xylophone) et « The Rathtars ! » (vers 2:48). Curieusement, le motif semble disparaître dans les moments où Finn révèle ses sentiments ou montre un autre visage. On regrette par ailleurs que l’album omette pas mal de reprises de son motif (notamment avec celui de Poe), la représentation du personnage sur le CD étant plutôt floue et très incomplète : « Finn’s Confession » ne propose par exemple aucun élément concret associé au personnage du stormtrooper déserteur campé par John Boyega dans le film. On peut d’ailleurs s’interroger sur le caractère flou du motif de Finn et sa relative absence dans le film, probablement en raison de la quête d’identité du personnage dans l’histoire, qui cherche à donner un sens à ce qu’il fait. Mais la nouvelle réelle attraction de la musique de « The Force Awakens », c’est bien le « Rey’s Theme », attribué à l’héroïne campée par la jeune Daisy Ridley dans le film. Le thème, élégant, noble et romantique par moment, impose une vision très claire de Rey, avec une mélodie gracieuse empreinte d’un optimisme et d’un certain espoir. Mélodiquement, le « Rey’s Theme » est constitué de 3 éléments qui s’imbriquent les uns dans les autres. Dans « The Scavenger », le thème est dévoilé pour la première fois au piano à 0:54, et s’articule sur un motif A qui prend l’apparence de sept notes assez simples et épurées (au piano). Vient ensuite un motif B constitué d’une cellule de 4 notes rapides et répétées au piano à 1:03 puis aux flûtes à 1:09, assez reconnaissables dans le film. Enfin, le motif C est l’élément principal du « Rey’s Theme », développé ici par des cors élégants et nobles sur fond de variations légères et entêtantes sur le motif B, entrecoupées de ponts mélodiques reprenant le motif A.

Le « Rey’s Theme » de l’album propose par ailleurs une version concert du thème, comme souvent sur les albums de John Williams, piste magistrale d’une grande beauté que l’on peut désormais comparer au Love Theme de l’épisode II, « Attack of the Clones ». Autre nouveau thème majeur de ce septième opus, le thème de la Résistance, dévoilé dans le superbe « March of the Resistance ». Superbe fanfare prenant l’apparence d’une marche militaire, le thème de la Résistance est écrit dans le style des fanfares classiques façon Elgar, un moment majeur de la partition de « The Force Awakens ». L’écriture très contrapuntique des cuivres et des cordes en entrées canoniques autour de la tête de la mélodie principale nous rappelle les grandes oeuvres classiques de Williams et du répertoire qui semble ici l’inspirer. Elle nous rappelle par la même occasion le talent du compositeur pour les musiques cérémoniales/militaires, « March of the Resistance » étant la version concert d’un thème très présent dans la deuxième et dernière partie du film pour les guerriers et pilotes dirigés par Leila Organa. Autre thème que l’on découvre plus tardivement : le motif sournois et menaçant de Snoke dans la piste « Snoke », l’unique représentation de ce thème sur l’album (on trouve d’autres variantes inédites du motif sur le promo de Disney). Peu mélodique, le motif du suprême leader Snoke se distingue par l’emploi des choeurs masculins graves et gutturaux en notes longues, lentes et obscures, qui rappellent clairement le thème de Palpatine (l’Empereur) dans la première trilogie. Clairement, Williams donne ici un indice musical évident quand aux origines de Snoke et sa réelle identité - on comprend qu’il s’agit d’un seigneur Sith, et des rumeurs prétendraient qu’il serait en réalité Dark Plagueis, le mentor de Dark Sidious (Palpatine) qui l’aurait apparemment assassiné dans son sommeil. Cette rumeur, jusqu’ici non confirmée (y compris par l’interprète de Snoke dans le film, Andy Serkis), se base en grande partie sur les ressemblances troublantes entre le morceau « Snoke » et la pièce « Palpatine’s Teachings » issue de l’épisode III « The Revenge of the Sith », scène durant laquelle Palpatine/Dark Sidious raconte à Anakin Skywalker l’histoire de Dark Plagueis. Il est vrai que ces 2 musiques utilisent de manière très reconnaissable la même esthétique, les mêmes chœurs masculins graves et gutturaux associés aux Sith dans la saga, au moins depuis « Return of the Jedi » en 1983. A ce stade de la franchise, impossible de confirmer ou non cette information au sujet de la réelle identité de Snoke, mais l’indice musical flagrant laissé par Williams dans le film n’a pas fini de faire parler de lui et de nourrir des théories diverses et variées.

En dehors des nouveaux thèmes pour Rey, Kylo Ren, Poe, Finn, Snoke et la Résistance, on retrouve aussi avec un plaisir nostalgique certain les anciens thèmes, à commencer par le thème célèbre de « Star Wars », que Williams utilise ici adroitement, en particulier dans le superbe « Scherzo for X-Wings » durant l’attaque finale de Starkiller par les X-Wings de la Résistance. Grand morceau de bravoure de la partition, « Scherzo for X-Wings » s’inscrit dans la tradition des grands scherzos classiques de Williams (cf. « Scherzo for Motorcycle and Orchestra » dans « Indiana Jones & The Last Crusade »), développant plus intensément la célèbre fanfare de Star Wars à travers une série de variations cuivrées héroïques et incroyablement fun, un très grand moment de plaisir musical pur pour tous les fans de l’increvable franchise. Rarement aura-t-on entendu Williams s’amuser à ce point autour de la fanfare ultra populaire de la Guerre des Etoiles, développée ici sous toutes ces formes, y compris en entrées canoniques classiques : un pur triomphe musical ! On retrouve aussi le thème de la Force, très présent tout au long du film, le thème de la rébellion dans « The Falcon » (notamment à 1:01), le thème de la princesse Leia et le Love Theme d’Han et Leia repris tous deux avec délicatesse et nostalgie vers le début de « Han and Leia ». Un aspect remarquable de cette nouvelle partition, c’est la justesse épatante avec laquelle Williams parvient à développer ses anciens thèmes et à les faire cohabiter les nouvelles mélodies. Il y a ici une vraie réflexion musicale sur la notion de développement thématique entre l’ancien et le neuf, et il faut bien avouer qu’entendre à nouveau ces vieilles mélodies écrites il y a maintenant plus de 30 ans dans un « Star Wars » version 2015 nous fait chaud au coeur et a de quoi filer quelques frissons, notamment lorsque la fanfare est reprise en long, en large et en travers dans « Scherzo for X-Wings ».

Parmi les morceaux notables, impossible de passer à côté de « The Falcon », de l’affrontement entre Rey et Ren dans « The Way of the Force », de l’agressivité et des dissonances ahurissantes du brutal « The Rathtars ! » (scène de l’attaque des créatures dans le Faucon Millenium), qui rappelle le Williams plus belliqueux de « Jurassic Park » ou de « War of the Worlds », du duel entre Kylo Ren et Han Solo dans le tragique et poignant « Torn Apart », grand moment d’émotion du score avec l’adagio élégiaque et déchirant de « The Starkiller », sans oublier des moments plus sombres et sinistres comme « The Abduction » où Williams parvient avec une rare habileté à opposer le motif de Rey et celui de Ren au cours d’un duel psychique opposant les deux côtés de la Force. Dans « Farewell and The Trip », l’aventure de ce septième épisode touche à sa fin avec des rappels du thème de Rey, de la Force, de Leia (à 2:55), de Poe et de la carte menant à Luke (aux flûtes à 2:05), débouchant sur les 8 minutes somptueuses de « The Jedi Steps and Finale ». John Williams signe donc une nouvelle partition remarquable pour « Star Wars : The Force Awakens », car, malgré ses 83 ans, le compositeur est toujours au sommet de son art, en pleine possession de ses moyens, et nous livre une partition symphonique mûrement réfléchie, élaborée, certes ultra classique et sans réelle surprise particulière, mais proposant aussi bien du neuf que du connu, pour ce septième épisode ouvrant la voie à une toute nouvelle franchise.

Le score parvient à se hisser sans mal au niveau des précédentes partitions de la saga, et si l’exubérance des débuts paraît ici plus restreinte, plus éloignée, avec un ton plus sage et réfléchi, c’est pour mieux céder le pas à une certaine réflexion musicale, une maturité affirmée liée à la longue expérience musicale du maestro américain, qui semble beaucoup plus posé dans ses musiques depuis ces 15 dernières années, moins axé sur le démonstratif mais plus en quête d’une recherche constante d’équilibre, de structures claires et épurées. Les nostalgiques regretteront parfois l’exubérance de ses musiques de jeunesse des années 70/80, mais force est de constater que « The Force Awakens » est l’opus musical clé d’un maestro qui n’a plus rien à prouver à personne depuis bien longtemps et compose sa musique comme il l’entend, avec une personnalité, une générosité et une richesse qui lui sont propres, témoignant de décennies entières à oeuvrer pour le cinéma américain. Les dernières notes inédites du « Finale », reprenant délicatement le thème de Star Wars au piano/célesta semblent en dire long sur la vision musicale mature et épurée de Williams à 83 ans, une certaine sérénité liée à l’œuvre de toute une vie qui transparaît ici, même dans les dernières secondes calmes et douces du « Finale » (c’est la première fois dans toute la saga que le générique de fin d’un « Star Wars » se termine de cette façon). Il ne reste plus qu’à espérer un album plus conséquent contenant davantage de musique, car l’album officiel met de côté plus d’1h30 de musique entendue dans le film, et délaisse pas mal de passages majeurs (notamment dans l’action ou certains développements thématiques pour Snoke, Poe et Finn). Quand aux inconditionnels de la Guerre des Etoiles, ils retrouveront avec plaisir l’univers musical si cher à John Williams dans « The Force Awakens », une très grande partition classique et riche qui devrait satisfaire tous les passionnés de musique de film, qui ont aujourd’hui la chance de découvrir un nouvel événement musical rare à Hollywood : le nouvel opus de l’un des derniers grands maîtres de la musique du cinéma américain, incontournable, donc !




---Quentin Billard