1-Bury The Hatchling 1.56
2-The Family That Strays Together 1.00
3-Welcome To Jurassic World 2.08**
4-As The Jurassic World Turns 5.31**
5-Clearly His First Rodeo 3.28
6-Owen You Nothing 1.19
7-Indominus Wrecks 6.11
8-Gyrosphere Of Influence 3.14
9-Pavane for a Dead Apatosaurus 4.44
10-Fits and Jumpstarts 1.31
11-The Dimorphodon Shuffle 2.13
12-Love in the Time of Pterosauria 4.31
13-Chasing the Dragons 2.54
14-Raptor Your Heart Out 3.50
15-Costa Rican Standoff 4.37
16-Our Rex Is Bigger Than Yours 2.41
17-Growl and Make Up 1.16
18-Nine-To-Survival Job 2.33
19-The Park Is Closed 1.38**
20-Jurassic World Suite 12.53
21-It's A Small Jurassic World 1.43
22-The Hammond Lab Overture 1.07
23-The Brockway Monorail 1.46
24-Sunrise O'er Jurassic World 2.06*

*Composé par Mick Giacchino
**Ecrit par John Williams
et Michael Giacchino.

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Backlot Music BLM0605

Direction musicale pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Music business affairs
for Universal Pictures:
Philip M. Cohen, Kyle Staggs
Monteur musique:
Paul Apelgren
Monteur musique additionnel:
Alex Levy
Assistant montage:
Warren Brown
Orchestré et conduit par:
Tim Simonec
Orchestrations additionnelles:
Marshall Bowen, Peter Boyer,
Brad Dechter, Mark Gasbarro,
Jeff Kryka, Norman Ludwin,
Cameron Patrick, Chad Seiter,
Chris Tilton

Préparation musique:
Booker White
Mixage et enregistrement musique:
Joel Iwataki
Préparation musique:
Jeff Kryka
Coordinateur score:
Andrea Datzman
Assistant scoring:
David Coker
Directeur production pour
Back Lot Music:
Jake Voulgarides
Manager marketing pour
Back Lot Music:
Nikki Walsh

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2015 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
JURASSIC WORLD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Inauguré en 1993 par Steven Spielberg, la franchise « Jurassic Park » a malheureusement connu des hauts et des bas, et ce dès le deuxième opus, « The Lost World » (1997), inégal et pas follement passionnant. Le troisième épisode signé Joe Johnston et sorti en 2001 n’a pas vraiment réussi à convaincre lui aussi, notamment en raison d’un scénario paresseux qui tentait de recycler les formules des précédents films sans proposer quoique ce soit de réellement nouveau. Malgré tout, la franchise est restée très présente dans le coeur des fans, surtout depuis la ressortie de « Jurassic Park » dans une toute nouvelle version 3D en 2013 puis sa diffusion au programme des « Cannes Classics » du Festival de Cannes 2015. C’est dans ce contexte que sort alors « Jurassic World », le quatrième opus de la saga très attendu, sorti en salles en 2015 et réalisé par l’américain Colin Trevorrow, réalisateur méconnu jusqu’à présent (son premier film, « Safety Nos Guaranteed » lui a néanmoins permis de se faire remarquer au festival du film de Sundance 2012). Depuis, c’est l’ascension pour Trevorrow qui a été choisi pour réaliser l’épisode 9 de la nouvelle trilogie « Star Wars » prévu en 2019. L’histoire de « Jurassic World » se déroule ainsi 22 ans après les événements du premier film sur l’île Isla Nublar. Malgré les incidents survenus à trois reprises dans les anciens épisodes, le parc Jurassique a réouvert ses portes mais le public a bien du mal à y revenir. C’est pourquoi les scientifiques qui travaillent pour InGen mettent au point une nouvelle espèce artificielle de dinosaure, plus énorme et plus féroce, baptisée Indominus Rex, la nouvelle attraction majeure du parc, rebaptisé « Jurassic World ». Le milliardaire Simon Masrani (Irrfan Khan), fier de succéder à John Hammond, prévoit que le parc attirera des milliers de visiteurs arrivant chaque jour en bateau depuis le Costa Rica. Hélas, l’une des créatures s’échappe de l’enclos après avoir dévoré l’autre femelle, et sème désormais le chaos et la terreur dans le parc. Encore une fois, le cauchemar recommence dans ce Jurassic World, alors que la scientifique Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) et ses neveux Zach (Nick Robinson) et Gray (Ty Simpkins), envoyés sur l’île par leurs parents avec un laissez-passer pour visiter librement toutes les attractions, doivent faire face ensemble à la menace du terrifiant dinosaure en liberté, avec l’aide d’Owen Grady (Chris Pratt), dompteur de vélociraptors et ancien membre de la Navy.

Sans surprise, et comme on pouvait s’y attendre, « Jurassic World » ne révolutionne en rien la franchise et propose d’ouvrir les portes d’un tout nouveau parc d’attraction rénové et modernisé sur Isla Nublar, avec une toute nouvelle génération de dinosaure nés cette fois-ci de manipulations génétiques de scientifiques. L’Indominus Rex est bel et bien la nouvelle attraction du parc, et aussi du film, une sorte de resucée du T-Rex de « Jurassic Park » encore plus énorme et féroce qu’en 1993. Visuellement, cette nouvelle mouture 2015 profite d’un budget conséquent (150 millions de dollars) et d’effets spéciaux 3D impressionnants pour délivrer quelques scènes d’action anthologiques, le tout servi par un casting impeccable (Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Vincent D’Onofrio, Irrfan Khan, Omar Sy – eh oui, le frenchy a pris du galon depuis le succès colossal de « Intouchables » en France en 2011, puisqu’on l’a aussi vu récemment dans « X-Men : Days of Future Past » de Bryan Singer en 2014 et « Inferno » de Ron Howard en 2016 – Seul reproche que l’on pourrait faire au film, comme pour « Jurassic Park 3 », ce quatrième épisode n’apporte rien de bien nouveau et calque son scénario sur le premier « Jurassic Park » : comme dans le film de Spielberg, les scientifiques mettent au point des dinosaures et les mettent dans des enclos d’un parc d’attraction, puis ils s’échappent, ravagent tout sur leur passage et obligent les visiteurs à se battre pour survivre et échapper au cauchemar, avec, comme pour les premiers films, on retrouve le même avertissement sur les dangers des manipulations génétiques et de l’ADN, où lorsque l’homme tente de se prendre pour Dieu et devient alors victime de ses propres créations (le traditionnel pêché d’orgueil ou d’hubris de l’antiquité grecque). Certes, « Jurassic World » est visuellement impeccable, techniquement hyper solide et marque un vrai retour aux sources, une sorte de relecture du cinéma d’aventure des années 80/90, avec les moyens d’aujourd’hui. Mais il manque un soupçon de folie et d’audace au film pour en faire une suite réellement passionnante et mémorable. Il y a certes des clins d’œil aux anciens films (les deux enfants qui découvrent les portes de l’ancien parc et retrouvent les épaves des voitures du film de 1993), des seconds rôles attachants et un héros casse-cou comme on les aime (Chris Pratt et son pote Omar Sy), sans oublier des attaques monstrueuses de dinosaures affamés et déchaînés, y compris lors de l’affrontement final entre l’Indominus Rex, le vieux T-Rex et les vélociraptors, mais rien qui mérite vraiment de s’en relever la nuit : seuls les inconditionnels de la franchise y trouveront réellement leur compte !

Après deux partitions anthologiques de John Williams et un score belliqueux et agressif de Don Davis pour le troisième opus, c’est autour de Michael Giacchino de s’emparer des rennes de la partition de « Jurassic World ». Très attendu au tournant, Giacchino n’en est pas à son premier coup d’essai puisque c’est grâce à Steven Spielberg qu’il signa pour la première fois la musique du jeu vidéo « The Lost World : Jurassic Park », sorti sur Playstation et Saturn en 1997, qui fut à l’époque l’une des premières BO de jeu orchestrale, peu de temps avant le « Heart of Darkness » de Bruce Broughton ou les « Medal of Honor » de Giacchino. Suite à cette première expérience de jeunesse, il paraissait évident que Michael Giacchino signe un jour la musique d’un « Jurassic Park ». C’est maintenant chose faite avec le quatrième film de la franchise, pour lequel le compositeur américain convoque une vaste formation orchestrale et chorale avec le Hollywood Studio Symphony (102 musiciens et 70 choristes) pour parvenir à ses fins, à l’aide d’une pléiade de nouveaux thèmes et d’orchestrations robustes. A la première écoute, on reste frappé par l’ampleur de la musique et des thèmes, peu originaux mais très accrocheurs et typiques de Giacchino. Autre élément remarquable ici : l’esthétique musicale de « Jurassic World » s’inscrit dans la continuité des oeuvres de John Williams sur les deux premiers films de Spielberg, Giacchino ayant parfaitement étudié et digéré le style du maestro américain sur « Jurassic Park » et « The Lost World » duquel il retire l’ADN musical pour se le réapproprier et proposer de nouvelles pistes musicales, mélodiques, harmoniques et sonores. Dès l’ouverture du film dans « Bury the Hatchling », on découvre le premier motif au cor, un thème mystérieux et inquiétant de 5 notes associé dans le film au monstrueux Indominus Rex. Un second thème est associé au gigantesque dinosaure, thème plus énigmatique et nuancé entendu notamment au célesta dans « Indominus Wrecks » à 0:55 ou au tout début de « As The Jurassic World Turns » aux cors, ainsi qu’au célesta à 1:01 dans « Bury the Hatchling ». Ce thème, plus long et conséquent que le premier motif de 5 notes, évoque la création particulière de l’Indominus, tandis que le motif de 5 notes suggère davantage sa présence et sa menace dans le film.

Le troisième thème du score apparaît dans « The Family That Strays Together », thème intime et délicat de piano, célesta, cordes, harpe et bois. Il s’agit du thème familial pour Claire Dearing et ses neveux Zach et Gray et se distingue par son caractère plus naïf, doux et un brin nostalgique. « As The Jurassic World Turns » présente quand à lui le quatrième thème du score, le nouveau thème du parc d’attraction, majestueux, puissant, noble et aérien, rempli d’un optimisme chaleureux avec ce sentiment naïf d’émerveillement, largement véhiculé ici par d’imposantes trompettes, des choeurs et des arpèges rapides des cordes, bois et célesta. Dans le film, ce thème sera très présent, parfois développé de manière héroïque pour les exploits des personnages principaux. Si à la première écoute ce nouveau thème risque de décevoir par son côté peu original et sans surprise, son impact sur les images est indéniable, véhiculant ce sentiment de découverte et d’aventure comme l’aurait fait Williams à une autre époque. Le thème est entendu pour la toute première découverte du parc Jurassic World dans le film, et enchaîne très logiquement avec la fanfare célèbre de Williams pour « Jurassic Park ». Giacchino parvient ainsi à jongler entre ses nouveaux thèmes et des références fréquentes aux thèmes bien connus de John Williams pour « Jurassic Park » et « The Lost World », même si la comparaison – inévitable – entre les deux musiques ne va pas toujours en faveur de Giacchino, hélas pour lui. A noter par ailleurs que le thème principal du « Jurassic Park » de Williams est repris intégralement dans « Welcome to Jurassic World », permettant d’assurer le lien avec les anciens films de Spielberg. Dès lors, les bases sont posées, et elles sont incontestablement solides. A noter un cinquième thème associé dans le film à Owen et son rôle d’aventurier, thème d’aventure empreint de détermination et de bravoure reconnaissable durant l’envolée thématique des cors à 0:22 de « Chasing the Dragons », pour la scène anthologique où Owen fonce en moto au milieu d’une troupe de vélociraptors au galop.

Le thème d’Owen est introduit pour la première fois au célesta dans « Clearly His First Rodeo » à 0:52 et interviendra ainsi à quelques moments-clé évoquant les exploits du personnage de Chris Pratt dans le film. Un sixième thème, associé aux enfants, se distingue par son côté bondissant et joyeux, on l’entend nettement dès 2:59 dans « Clearly His First Rodeo », thème aux accents mickey-mousing rafraîchissant aussi présent dans « Gyrosphere of Influence » dès 1:07. « Clearly His First Rodeo » introduit aussi le personnage d’Owen Grady avec un premier morceau d’action survitaminé et quelques passages à suspense. A noter qu’Owen se voit aussi attribuer un motif secondaire de hautbois plus léger et amusant dans « Owen You Nothing », réentendu brièvement à la flûte à 0:14 dans « Indominus Wrecks ». Enfin, un septième thème apparaît vers la fin de « Pavane for a Dead Apatosaurus », thème de cuivres militaire entendu ici dès 3:24, repris ensuite dans « Love in the Time of Pterosauria » vers 0:51 aux cors. A noter que le thème évoque l’équipe militaire de Vic Hoskins (Vincent D’Onofrio), qui s’occupe de la sécurité et compte utiliser le matériel militaire d’InGen pour utiliser les vélociraptors comme arme de guerre. Pour le reste, on est frappé ici par l’ampleur des orchestrations et la richesse d’écriture du score, fait plutôt rare pour une musique de blockbuster hollywoodien de 2015. Giacchino reste fidèle à son classicisme d’écriture et son goût pour une musique symphonique old school, ce qu’il rappelle à chaque instant dans « Jurassic World » (dommage cependant que l’enregistrement du score sur l’album paraisse un peu plat et terne au niveau du mixage, comme souvent dans les albums de Giacchino !). Dès que l’Indominus Rex prend la poudre d’escampette dans « Indominus Wrecks », la musique prend une tournure colossale et monumentale à l’aide de cuivres disproportionnés, de percussions exotiques diverses (timbales, cymbales, shakers, bongos, xylophone, percussions ethniques diverses) évoquant la faune du parc d’attraction. Alors que le motif de 5 notes de l’Indominus résonne aux cors à 4:51, on comprend que le danger est plus que jamais omniprésent dans le Jurassic World. Le thème majestueux du parc est repris au début de « Gyrosphere of Influence » avec une allusion au thème des enfants, tandis que l’on retrouve la mélodie du parc dans une version plus intime et apaisée pour un piano solitaire dans « Pavane for a Dead Apatosaurus » dès 1:57, sans oublier le thème familial dans « Fits and Jumpstars ».

Vous aimez l’action pure et dure ? Vous allez adorer la déferlante d’action de la seconde partie du film, qui débute réellement avec le colossal « The Dimorphodon Shuffle » dans le film : cuivres rageurs, percussions endiablées, orchestrations et rythmes complexes, tout est mis en oeuvre pour renforcer la violence et la puissance des terribles dinosaures du film – on notera ici la complexité de l’écriture des trompettes – sans oublier des rappels au thème du parc sous des variantes héroïques et joyeuses à 1:43, ou dans « Fits and Jumpstarts » au piccolo/flûte à 1:09. L’action s’intensifie dans la déferlante orchestrale titanesque de « Love in The Time of Pterosauria » et ses nombreux rebondissements rythmiques soutenus par des orchestrations robustes. Giacchino aura rarement écrit des musiques d’action d’une telle puissance et d’une telle sauvagerie pour un film, reflétant parfaitement l’univers des gigantesques dinosaures de « Jurassic World ». Difficile de passer à côté de l’exubérant « Chasing the Dragons » ainsi que « Raptor Your Heart Out », qui cite explicitement le thème des raptors écrit en 1997 par Giacchino pour le jeu « The Lost World : Jurassic Park » (à partir de 1:39), sans oublier la bataille finale qui débute avec l’énorme « Costa Rican Standoff » ou l’épique et colossal « Our Rex Is Bigger Than Yours », pour l’affrontement final entre l’Indominus, le T-Rex et les raptors. Giacchino va même jusqu’à employer des chœurs épiques en latin et des percussions tribales/guerrières pour les besoins de la scène, apportant un caractère heroic-fantasy remarquable à cette séquence. On appréciera par ailleurs la brève allusion au thème de « The Lost World » de John Williams à 1:52 lorsque l’Indominus est enfin vaincu dans le film. « Nine to Survival Job » reprend le thème familial et calme le jeu, alors que la paix triomphe à nouveau à la fin de l’aventure, suivi d’une dernière reprise du thème du parc dans « The Park Is Closed » et d’une intense suite de 12 minutes des principaux thèmes du score dans « Jurassic World Suite » (sans oublier les morceaux de source music originale en fin d’album).

Michael Giacchino signe donc une partition solide et inspirée pour « Jurassic World », mais sans jamais réussir à atteindre les sommets de John Williams. Le compositeur livre à ce jour la musique la plus thématique de toute la saga (on compte près de 7 thèmes différents dans tout le film !) avec des morceaux d’action d’une puissance hallucinante, des moments intimistes réussis et des envolées épiques assez savoureuses. Le problème, c’est que le score n’est guère original en soi, singeant la manière d’écrire de John Williams même si Giacchino reste fidèle ici à sa personnalité musicale, étant donné que « Jurassic World » s’inscrit dans la continuité de ses « Star Trek », « Mission : Impossible », « Dawn of the Planet of the Apes » ou « John Carter ». Certains thèmes ne sont pas toujours très passionnants et restent inégaux, mais ils demeurent malgré tout très présents à l’écran et parfaitement développés tout au long du film, même si là aussi il manque ce petit truc qui faisait auparavant toute la différence chez Williams. Giacchino semble atteindre ici ses limites en tant que compositeur, certains lui reprochant parfois de faire trop de musique la même année (2015 aura été chargé pour le musicien qui signa 4 musiques de film !). C’est ce que l’on ressent parfois à l’écoute de « Jurassic World », qui parvient malgré tout à enfoncer une bonne partie de la production musicale hollywoodienne actuelle en terme de qualité de composition, d’écriture, d’harmonie ou d’orchestration. Le score, très présent dans le film, apporte ce souffle épique belliqueux, cette émotion et ce sentiment d’aventure et de danger si typique de ces grandes musiques orchestrales que l’on pouvait encore entendre dans les années 80/90, une grande partition symphonique rétro qui, bien qu’inégale d’un bout à l’autre, possède bon nombre d’arguments susceptibles de convaincre les plus récalcitrants, même s’il ne s’agit certainement pas d’un chef-d’oeuvre absolu dans la filmographie de Michael Giacchino.



---Quentin Billard