1-Opening Overture 2.41
2-Air Raid/Office Raid 1.40
3-Kidnapped/Galleon Dog Fight 5.09
4-Floating/Neverland Ahoy! 2.29
5-Smells Like Teen Spirit 2.11*
6-Blitzkrieg Bop 0.58**
7-Murmurs of Love and Death 3.27
8-Mine Escape 5.01
9-Inverted Galleon 1.56
10-Neverbirds 1.54
11-Something's Not Right 3.20***
12-Tramp Stamp 2.33
13-Origin Story 3.57
14-Pirates vs. Natives vs.
Heroes vs. Chickens 4.21
15-Crocodiles and Mermaids 3.23
16-A Warrior's Fate 4.10
17-Flying Ship Fight 7.23
18-A Boy Who Could Fly 5.10
19-Transfiguration 2.18
20-Fetching the Boys 3.10
21-Little Soldier 2.37+

*Interprété par Cast from Pan
Ecrit par Krist Novoselic, David Gohl
et Kurt Donald Cobain
Produit par John Powell,
Dario Marianelli et Matthew Margeson
**Interprété par Cast from Pan
Ecrit par John Cummings,
Douglas Colvin, Thomas Erdelyi,
Jeffrey Hyman
Produit par John Powell,
Dario Marianelli, Matthew Margeson
***Interprété par Lily Allen
Ecrit par Lilly Allen et Tim Rice-Oxley
Produit par John Powell et
Matthew Margeson
+Interprété par Lily Allen
Ecrit par Lily Allen et
Tim Rice-Oxley
Produit par Karma Kid et
Tim Rice-Oxley.

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Sony Classical 8875164042

Score produit par:
John Powell
Musique additionnelle, arrangements,
et orchestration MIDI de:
Anthony Willis, Batu Sener,
Paul Mounsey

Monteur musique:
Tom Carlson
Orchestre conduit par:
Gavin Greenaway
Score mixé par:
Shawn Murphy
Orchestrateur superviseur:
John Ashton Thomas
Orchestrations:
Andrew Kinney, Jon Kull,
Mark Graham, Rick Giovinazzo,
Tommy Laurence

Monteur digital score:
David Channing
Composer Max Tools:
John Crooks
Coordinateur score:
Becky Bentham
Film Music Clearance:
Karen Elliott
Producteur exécutif de l'album:
Joe Wright
Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Darren Higman, Amanda Narkis
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Music business affairs:
Lisa Margolis, Ray Gonzalez
Album music clearances:
John F.X. Walsh

Artwork and pictures (c) 2015 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
PAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
2015 marque le retour sur grand écran du célèbre Peter Pan dans le « Pan » du britannique Joe Wright. Le film propose une relecture imaginaire des origines de Peter Pan et du Capitaine Crochet dans une toute nouvelle aventure qui bouscule les codes du roman d’origine et jette un regard différent sur l’univers de Pan, tout en restant ancré dans le fantastique, la magie et l’aventure. L’histoire débute à Londres durant la Seconde Guerre Mondiale. Peter (Levi Miller), un nouveau-né, est abandonné par sa mère Mary (Amanda Seyfried) aux portes d’un orphelinat de la ville, géré d’une main de fer par Mère Barnabas (Kathy Burke). Des années plus tard, Peter et son ami Nibs (Lewis MacDougall) tentent de dérober la nourriture que Barnabas garde pour elle dans ses réserves personnelles. C’est alors que Peter découvre une lettre de sa mère qui l’aime et qui sait qu’ils se retrouveront un jour dans ce monde ou dans un autre. Pour punir les méfaits des deux enfants, Barnabas convoque alors des pirates qui kidnappent Peter et d’autres enfants. Ces derniers embarquent alors à bord d’un gigantesque navire volant en direction de Neverland, un pays magique au-delà de l’espace et du temps, où Peter est réduit à l’esclavage, obligé à travailler dans des mines à la recherche du précieux Pixum, comme de nombreux autres orphelins provenant de toutes époques et de tous les pays. Le Pixum est une poudre de fée magique et rarissime que convoite le terrible pirate Barbe-Noire (Hugh Jackman), qui s’en sert pour contrer les effets du vieillissement. Peter se lit alors d’amitié avec un autre mineur, James Hook (Garrett Hedlund). Avec la complicité de Sam Smiegel alias « Monsieur Mouche » (Adeel Akhtar), les trois individus réussissent à s’échapper en volant l’un des navires de Barbe-Noire, et partent ensuite en direction de la forêt. Ils y font alors la connaissance du grand chef Petite Panthère (Jack Charles) et de sa fille Lily la tigresse (Rooney Mara), qui remarque alors le pendentif en forme de flûte de pan que Peter porte autour de son cou – un cadeau de sa mère – ce pendentif appartient au héros de son peuple, le légendaire Pan. Peter va alors découvrir l’histoire fabuleuse de ce héros, né de l’union du Prince des Fées et de Mary, la femme que Barbe-Noire a toujours aimé. Lorsque le pirate découvrit cette idylle, ce dernier tenta d’éliminer le Prince des Fées, qui se sacrifia pour sauver la vie de Mary. La jeune femme fut alors obligée de cacher son enfant Peter dans l’autre monde. Et c'est ainsi que le jeune héros est sur le point de découvrir son héritage si particulier, alors que la guerre contre Barbe-Noire et ses troupes semble désormais inévitable.

Avec des moyens conséquents (un budget de 150 millions de dollars), un univers riche, magique et coloré, un casting impeccable et un scénario imaginatif, « Pan » semblait tenir toutes ses promesses sur le papier. Mais le film fit un score assez décevant à sa sortie en salles en 2015, récoltant à peine 128 millions de dollars, faisant perdre beaucoup d’argent à la Warner, sans compter quelques critiques assez négatives, et une énième polémique autour du racisme et du fameux « whitewashing » très à la mode à Hollywood depuis longtemps – on a reproché au studio d’engager encore une fois des acteurs blancs pour jouer des rôles de personnages d’origine étrangère – Globalement, « Pan » tient pourtant la route en terme de spectacle familial, le film de Joe Wright s’autorise même un soupçon de noirceur en plus lorsqu’il aborde (superficiellement) des sujets plus graves et sérieux comme l’esclavagisme des enfants. Le scénario, bien souvent bancal, essaie de satisfaire tout le monde sans jamais vraiment briller en particulier : on y retrouve donc les inévitables effets spéciaux 3D modernes, un univers chamarré et baroque aux multiples couleurs, des décors plein d’imagination, des scènes de bataille ultra spectaculaires et des personnages amusants ou attachants, tandis que les codes du roman de Barrie sont ici bousculés – Crochet n’est pas le méchant mais devient ici l’ami de Peter Pan – Le film tente d’évoquer différemment les origines du mythe de Pan, mais on regrette la métamorphose parfois hasardeuse de certains personnages. Quand à Hugh Jackman, si l’on salue sa performance dans le rôle du grand méchant de service, on restera plus dubitatif concernant son costume très moche et son maquillage atroce qui ne lui sied guère. Reste que le film contient son lot de bonnes idées, comme le moment où Barbe Noire fait son apparition en chantant à l’unisson avec tous les esclaves orphelins sur l’air du cultissime « Smells Like Teen Spirits » de Nirvana. Seulement voilà, le film mange à tous les râteliers et veut satisfaire aussi bien les jeunes que les adultes, avec des moments amusants, des passages très légers, mais aussi des scènes de bataille épiques et massives à la « Lord of the Rings » et des moments très sombres et dramatiques qui se prennent un peu trop au sérieux. Dans le même registre, P. J. Hogan avait réussi à trouver un bien meilleur équilibre dans son « Peter Pan » de 2003.

C’est Dario Marianelli qui fut engagé à l’origine pour écrire la musique de « Pan ». Mais des screen tests décevants incitèrent alors le studio à limoger le compositeur pour le remplacer ensuite par John Powell, tout juste auréolé du succès de ses musiques fabuleuses pour « How To Train Your Dragon ». C’est d’ailleurs certainement grâce à ces superbes partitions que Powell fut engagé sur « Pan », pour lequel il signe une nouvelle grande partition symphonique magique, épique et émouvante, servie par une poignée de thèmes mémorables et, comme toujours, un véritable talent d’écriture, d’orchestrations, qui témoignent encore une fois de la passion évidente de John Powell pour la musique de film. Pour les besoins du film, Powell fait appel au traditionnel orchestre de Londres (agrémenté d’un pupitre de cuivres conséquent : 17 cors, 8 trompettes, 3 trombones ténor, 3 trombones basses, 1 tuba, en plus des cordes, des bois et des percussions), auquel viennent s’ajouter le groupe The Balkanatics, une formation de musiciens londoniens incluant un saxophone, trois trompettes, un cor, un euphonium, un tuba, deux percussionnistes et un accordéon. Balkanatics est constitué de musiciens londoniens et d’autres originaires d’Europe de l’est, spécialisés dans les musiques du Balkan, de l’Inde ou de la Turquie. L’apport de Balkanatics est ici non négligeable, puisqu’ils créent cette atmosphère ethnique et populaire très réussie au détour de certains morceaux du score, en plus de la partie symphonique habituelle. Ajoutons à cela une formation chorale des Metro Voices de Londres, le choeur d’enfants du Capitol Children’s, trois chanteurs solistes, et un groupe de chanteurs du Los Angeles Vocal Group, et l’on obtient au final un mélange assez spectaculaire aux moyens impressionnants. Mais un score de John Powell ne serait rien sans bon thème, et comme pour « Dragon », le score de « Pan » nous présente une série de mélodies vives, riches et inspirées, indissociables de l’univers magique et aventureux du film de Joe Wright.

Dès « Opening Overture », le film débute au son du premier thème joué au piano, mélodie intime évoquant la quête de Peter pour retrouver sa mère. Ce thème, assez présent durant les scènes d’aventure et d’action, sera largement développé à travers quelques variantes héroïques particulièrement réussies, comme dans « Inverted Galleon » ou dans « Flying Ship Fight ». Certains ont parfois comparé la mélodie de Peter au style de certains hymnes britanniques comme « Lord of All Hopefulness » dans la manière d’écrire la mélodie – rappelant au passage la culture britannique de Powell - Le second thème du score est introduit dans « Opening Overture » par le piccolo à 1:32, thème qui se distingue par ses notes descendantes/ascendantes et posées, avec ses enchaînements harmoniques subtils et reconnaissables, évoquant clairement Neverland dans le film, avec un sentiment de mystère et de magie assez savoureux. Le thème magique de Neverland est repris dans toute sa splendeur par l’orchestre à 2:11 pour l’apparition du titre du film durant le prologue. A noter la manière amusante dont Powell cite le thème de Peter dans « Air Raid/Office Raid » à la clarinette à 1:14 et les premières notes du thème magique à 1:21 aux flûtes. Le début de « Kidnapped/Galleron Dog Fight » présente le troisième thème du score, thème nostalgique et touchant au piano, associé dans le film à Mary, la mère de Peter, un thème gracieux et émouvant, comme souvent chez Powell. Impossible de rater la superbe reprise grandiose et aventureuse du thème de Mary dans l’envolée triomphante de « Floating/Neverland Ahoy ! » à partir de 1:25, pour l’arrivée de Peter à Neverland au début du film, premier moment fort de la partition qui rappelle les envolées thématiques aériennes de « How to Train Your Dragon ». Le thème magique de Neverland est alors repris à 2:06 dans un grand tutti orchestral spectaculaire pour la découverte du pays imaginaire.

Un quatrième thème est ensuite introduit au piano dès le début de « Origin Story ». Plus mystérieux, ce thème est associé aux origines magiques de Peter et se distingue par ses notes descendantes en triolets. On le retrouve ensuite aux cordes à 1:16 et à la harpe à 1:45, pour la scène où Pan découvre l’histoire de ses origines et du sacrifice de son père pour sauver sa mère et son enfant. Un cinquième thème, plus aventureux, rythmique et cuivré, est associé aux pirates de Barbe Noire. On l’entend clairement dans la scène où Peter est kidnappé au début du film et emmené dans le bateau des pirates. « Galleon Dog Fight » présente clairement ce motif de cuivres énergiques dès 2:15, constitué de deux phrases (A et B), une série de 8 notes de trombones (A), auxquels répondent les cordes et le reste de l’orchestre sur 6 notes (B). Le thème des pirates est repris dans « Pirates vs Natives vs Heroes vs Chickens » dès 0:36, auquel vient se confronter le thème des origines magiques de Peter dans une superbe envolée orchestrale plus héroïque (dès 1:05) à l’aide de guitares et d’orchestrations colorées façon musique de bataille de pirates. A ce sujet, impossible de passer à côté des développements incroyablement puissants du thème magique de Peter dans « Flying Ship Fight » pour la longue bataille finale du film avec Barbe Noire, des reprises fabuleuses du thème qui prend ici une tournure véritablement épique lorsque Peter devient enfin Pan et maîtrise ses pouvoirs, notamment avec l’ajout de choeurs grandioses en latin. Le morceau en profite d’ailleurs pour nous offrir de superbes envolées triomphantes du thème de Peter à 2:29 (scène où Hook arrive avec le navire pour secourir Peter), grand moment dans le score de « Pan », suivi d’autres morceaux de bravoure du même acabit : la deuxième envolée du thème de Peter à 3:06, ou à 3:27, empreint ici d’espoir, de noblesse et de force (dans un style encore une fois très proche de « How to Train Your Dragon »), l’envolée grandiose et puissante du thème de Neverland à 0:32, la très belle reprise du thème magique avec des ponctuations du choeur féminin, des percussions et des sonorités cristallines à 0:48, ou par des choeurs massifs et monumentaux à 1:30, etc.

On notera aussi un thème de pirate guerrier associé à Barbe Noire dans le film, introduit aux trombones à 3:52 ou aux cors à 4:17 (cf. allusion très brève au motif des pirates à 4:37 ou à 4:55). « Flying Ship Fight » est de loin le morceau le plus réussi du score, un pur tour de force orchestral/choral de plus de 7 minutes incroyablement puissantes, exubérantes, parfaitement maîtrisé, orchestré à la perfection (comme souvent chez Powell), un pur bonheur pour tout amateur de musique de film ! Dans le même ordre d’idée, difficile de résister aussi à l’enthousiasme de l’envolée thématique triomphante de « A Boy Who Could Fly », lorsque Pan réussit enfin à maîtriser pleinement ses pouvoirs et à renverser la bataille en sa faveur, marquant une conclusion épique et incroyablement surpuissante à cette longue bataille finale, avec de nombreuses reprises du thème de Peter, celui de Neverland ou des pouvoirs magiques de Peter, thème archi présent durant la bataille finale aux côtés de celui de Peter – on retrouve clairement ici le John Powell épique et décomplexé de « X-Men The Last Stand » - Pour le reste du score, Powell assure sur tous les fronts, avec des orchestrations toujours très claires, d’une richesse incroyable, maniant les couleurs instrumentales comme peu de compositeurs arrivent encore à le faire à l’heure actuelle à Hollywood, à l’instar des accents musicaux festifs des Balkans dans « Galleon Dog Fight », tandis que Powell parvient à créer des moments plus étranges et particuliers comme dans « Murmurs of Love and Death » où il fait jouer de manière curieuse un petit groupe de cordes en notes répétitives rappelant Philip Glass ou Michael Nyman pour la scène dans la forêt vers le milieu du film. Powell parvient constamment à nous faire voyager dans son univers d’une richesse musicale ahurissante, alors que l’on va de surprise en surprise, même si l’on regrettera toujours l’influence trop flagrante ici de ses deux « Dragons », qui semblent avoir servi de fil conducteur à son travail sur « Pan » (écrit, rappelons-le tout de même, dans l’urgence, après le départ de Marianelli !).

Et si vous aimez les grandes envolées aventureuses et décomplexées, vous apprécierez « Mine Escape » avec ses guitares folk et ses sursauts thématiques triomphants, le festif « Neverbirds » qui semble pasticher adroitement les musiques de film de pirate, ou « Tramp Stamp » pour la scène où Peter affronte le meilleur guerrier de la tribu pour prouver qu’il est le héros tant attendu, morceau porté par les percussionnistes de Balkanatics et de Londres (incluant derboukas, claquements de mains, shakers, tambours, etc.), sans oublier les chants de sirènes de « Crocodiles and Mermaids » ou les moments plus dramatiques et poignants de « A Warrior’s Fate », avant le triomphe final de « Transfiguration » et « Fetching the Boys ». Vous l’aurez donc compris, « Pan » a de quoi satisfaire tous les fans de John Powell et ceux qui apprécient dans les films les grandes musiques d’aventure imaginative, riche et généreuse, « Pan » faisant partie de cette rare catégorie de partitions somptueuses du cinéma qui nous invitent à la rêverie, à l’évasion et aux aventures les plus incroyables à chaque instant. Pour une musique écrite dans l’urgence, le résultat est tout simplement extraordinaire, aussi bien dans le film que sur l’album, un cran en dessous des « Dragon », certes, mais musicalement très proche et incroyablement maîtrisé de bout en bout, avec quelques moments d’anthologie en passe de devenir de futurs classiques chez Powell (« Flying Ship Fight », morceau d’action de l’année ?) : probablement l’une des meilleures partitions de l’année, désormais incontournable !




---Quentin Billard