Disc 1

1-Summer in the City 2.44+
2-Main Title 0.19*
3-Goodbye Bonwits 6.28
4-John and Zeus 3.20
5-Taxi 1.51*
6-Neat Bomb 2.11*
7-Papaya King 5.19
8-72nd Street Phone 3.18*
9-Taxi Chase 5.08*
10-The Subway (Part 1) 4.24*
11-The Subway (Part 2) 2.15*
12-Take A-Nother Train 2.54
13-Feds 4.42*
14-Rings A Bell 8.28*
15-Infiltration 5.33*
16-Bank Invasion 4.15*
17-Back to Wall Street 2.55*
18-Fake Cops 1.42*
19-The Federal Reserve 2.18
20-Bank Elevator 2.54**
21-Gold Room Aftermath 1.36
22-Panic 2.04*

Disc 2

1-Aqueduct 2.12
2-Santa Claus 2.36*
3-Yankee Stadium/
School and Tunnel 3.42*
4-Refrigerator Bomb 0.40*
5-Surfing in the Aqueduct 2.29
6-Ticking Refrigerator 0.50*
7-Mercedes Chase/School Assembly 3.14*
8-Aftermath/Waiting and Falling 2.00*
9-Hooking the Boat 5.45*
10-Bunny and Fire Drill 2.39*
11-Running in the Halls 1.42*
12-Bomb Goes Into Hold 5.24*
13-John Makes it Mad 1.39*
14-Holly/Celebration 3.17*
15-Oh, Canada! 3.23*
16-Johnny Comes Marching Home 1.39*

Bonus Tracks:

17-Regret 1.57*
18-Hooking the Boat (alternate) 4.23*
19-On The Freighter/John
Makes it Mad 3.30*
20-Wall Street Station 1.29*
21-The Subway (Part 1)
(alt. segment) 1.31*
22-The Subway (Part 2)
(alt. segment) 0.47*
23-Ode to Johnny 3.12*
24-No Rush 1.20*
25-Escape 2.05*
26-The Foundry 3.08++
27-Waltz of the Bankers
(album track) 4.15
28-Gold Vault (album track) 3.50
29-Somebody Had Fun (wild snare) 1.16*
30-Johnny Comes Marching Home
(wild vamps) 1.29*

*Previously unreleased
**Contains previously unreleased music
++Composé par Alexander Mosolov.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1233

Producteurs exécutifs album
pour La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
Nick Redman, Mike Matessino
Producteur réédition pour Sony Music:
Didier C. Deutsch
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Orchestre enregistré et mixé par:
Stephen P. McLaughlin
Orchestre:
The Seattle Symphony
Orchestrateur:
Bruce Babcock
Monteur musique:
Eric Reasoner
Supervision musique:
Eric Harryman, Barry Levine
Assistants superviseurs musique:
Jonathan Kehl, Alan Levine
Mastering:
Mike Matessino

"Summer in The City"
interprété par:
The Lovin' Spoonful
(J.Sebastian,
S.Boone, M.Sebastian)

Artwork and pictures (c) 1995, 2012 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
DIE HARD
WITH A VENGEANCE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Troisième volet de la franchise des « Die Hard », « Die Hard With A Vengeance » (Une journée en enfer) est de loin l’un des meilleurs épisodes de la saga et celui que les fans retiennent le plus souvent, un opus culte au même titre que le premier film de 1988. Le second épisode, réalisé par Renny Harlin en 1990, connut un succès surprise au box-office, incitant alors les pontes de la 20th Century Fox à élaborer une trilogie. John McTiernan saisit ainsi l’occasion de renouer avec la saga en réalisant ce troisième épisode qui sort en salles en 1995. Le film a comme point de départ le scénario habile et astucieux de Jonathan Hensleigh baptisé à l’origine « Simon Says » et qui deviendra rapidement le script de « Die Hard 3 », avec une première particularité : c’est la première fois que l’on voit John McClane dans sa ville natale de New York. Autre fait intéressant : « Die Hard 3 » réussit l’exploit de renouveler la franchise en sortant cette fois-ci McClane des lieux ou des bâtiments claustrophobiques (ascenseurs, gratte-ciel, aéroport, conduits de ventilation) pour le placer à l’intérieur d’une ville toute entière, celle de New York.

Cette fois-ci, McClane, qui a sombré dans l’alcool suite au départ de sa femme, est tiré de sa « retraite » par ses collègues du NYPD alors qu’un individu mystérieux nommé Simon vient tout juste de faire exploser une bombe chez Bonwit Teller et demande à ce que McClane soit largué en plein milieu des rues de Harlem avec une pancarte sur laquelle il est écrit « je hais les nègres », sous peine de quoi le terroriste n’hésitera pas à faire sauter une autre bombe. Suivant le principe du jeu « Jacques a dit », McClane est obligé d’exécuter tous les ordres du mystérieux terroriste. Il fait alors équipe avec Zeus Carver (Samuel L. Jackson), un commerçant d’Harlem qui le sauve in extremis d’une agression par des jeunes dans la rue. Désormais, Simon va obliger McClane et Zeus à courir un peu partout dans les rues de New York pour déchiffrer ses énigmes et désamorcer d’autres bombes. Mais ce qu’ils ignorent encore, c’est que tout ceci n’est qu’une vaste mascarade servant de couverture pour préparer un plus gros coup : Simon et ses hommes projettent ainsi de piller les réserves d’or de la banque fédérale en empruntant les tunnels souterrains adjacents au bâtiment. Ils espèrent ainsi stocker l’or dans des camions et traverser un aqueduc en construction en vue de traverser la frontière canadienne avec leur précieux butin. Lorsque McClane et Zeus réalisent qu’ils ont été dupés depuis le début, ils découvrent alors la vérité sur la réelle identité de Simon, qui en profite pour livrer une vengeance personnelle contre McClane.


SIMON A DIT…


John McTiernan livre un « Die Hard 3 » anthologique pour ce qui reste à ce jour le meilleur épisode de la franchise, mieux équilibré que « Die Hard » et « Die Hard 2 », avec un script encore plus brillant, ponctué de quelques superbes rebondissements et d’un casting impeccable. McTiernan est devenu en quelques années le spécialiste incontesté du cinéma d’action (« Predator », « Hunt for the Red October », « Last Action Hero ») mais ses derniers films ont été des bides au cinéma, et notamment « Medicine Man » (1992) et « Last Action Hero » (1993), pourtant aujourd’hui considéré comme un film culte dans la carrière du cinéaste américain. « Die Hard 3 » fut aussi marqué par un changement radical au niveau de la production, puisque c’est Andy Vajna qui remplaça Joel Silver et Larry Gordon avec son studio Cinergi, le film étant en partie distribué par Disney et Summit Entertainment dans plusieurs pays, tandis que la Fox continue de garder une bonne partie des droits sur ce film.

« Die Hard 3 » reste donc une suite de grande qualité, qui joue la carte du polar urbain avec sa thématique raciale – la rencontre cocasse entre McClane et Zeus au début du film – et ses rebondissements appréciables (les réelles motivations de Simon, les liens avec le premier « Die Hard »).

Et comme tout « Die Hard » qui se respecte, ce troisième épisode ne lésine pas sur l’action et les scènes d’anthologie : l’inondation dans l’aqueduc où McClane fait du surf sur le toit du camion, le braquage de la réserve fédérale, la scène à Harlem, la poursuite en taxi – avec le fameux truc de coller aux fesses d’une ambulance pour circuler plus facilement dans les rues de la ville ! – l’explosion dans le métro, la bagarre dans le navire, autant de scènes inoubliables qui font de « Die Hard 3 » l’un des meilleurs épisodes de la franchise, qui doit beaucoup à l’alchimie entre Bruce Willis et Samuel L. Jackson, le charisme de Jeremy Irons dans le rôle de Simon ou l’humour du film qui côtoient des scènes d’action toujours plus violentes (la fusillade sanglante dans l’ascenseur), le tout ponctué comme d’habitude par des répliques cultes typique des années 80/90 (« On passera vous reprendre dans exactement quinze minutes ! » - « Hé, c’est ça ! De toute façon, dans 4 minutes, j’suis mort ! » ou « Ce sex-symbol là, il aime pas les nègres, alors qu’est-ce qu’on fait ? On lui coupe les couilles ! »). Au niveau des dialogues, le film est bourré de bonnes idées comme cette énigme sur le 21ème président des Etats-Unis Chester Arthur, dont le nom a probablement été remis au goût du jour par le film de McTiernan. On regrettera néanmoins une fin un peu décevante et expédiée à la va-vite – A l’origine, la fin initialement tournée par McTiernan opposait McClane et Simon 20 ans plus tard dans un jeu de la roulette russe avec un mini lance-roquette posé sur une table dans un bar, mais la Fox jugea qu’une telle fin ne pourrait pas convenir à un film de la franchise « Die Hard » et demanda à ce qu’une nouvelle fin soit entièrement tournée. On peut néanmoins l’apercevoir sur l’édition spéciale DVD du film dans les bonus –


MICHAEL KAMEN SAYS…


Qui dit « Die Hard » dit bien évidemment Michael Kamen, compositeur indissociable de la trilogie. Après deux partitions mémorables sur les précédents films, Kamen se voit offrir l’opportunité de boucler la trilogie en signant un dernier score de grande qualité pour « Die Hard With A Vengeance ». A noter que c’est la troisième fois que Kamen travaille sur un film de John McTiernan après « Die Hard » (1988) et « Last Action Hero » (1993). Le score de « Die Hard 3 » reprend ainsi tous les éléments des deux précédentes partitions : on y retrouve une écriture orchestrale très similaire, avec les micro-motifs habituels, l’esthétique morcelée (toujours à la limite du mickey-mousing) et les orchestrations cuivrées et percussives chères au compositeur. Bien évidemment, le ton urbain du film et la présence de nouveaux bad guys permet à Kamen de développer de nouvelles idées. Comme dans les deux autres scores, le compositeur reste fidèle à son goût pour les citations d’air classique. Après l’hymne à la joie de Beethoven dans « Die Hard » et « Finlandia » de Sibelius dans « Die Hard 2 », Kamen décide d’articuler l’essentiel de la musique de « Die Hard 3 » autour de variations mélodiques sur l’air traditionnel « When Johnny Comes Marching Home », chanson populaire américaine datant de la Guerre de Sécession. L’air est associé dans le film à Simon et ses terroristes, un fait plutôt amusant lorsqu’on sait que les dit terroristes ont pourtant des origines germaniques (ce qui n’empêche pas Kamen de citer occasionnellement Beethoven et Wagner !). Associer un air populaire américain à des terroristes/mercenaires allemands : il fallait oser !

Dans une note du livret du double album publié par La La Land en 2012, on apprend par ailleurs que l’idée venait de John McTiernan, qui souhaitait ainsi pasticher le « Dr. Strangelove » (1964) de Stanley Kubrick, qui utilisait déjà cet air de façon tout aussi ironique et sarcastique. Hélas, la composition de « Die Hard With A Vengeance » ne se fit guère sans heurt pour Michael Kamen, car, comme sur le premier « Die Hard » en 1988, la musique fut en grande partie chamboulée au montage et séquencée de manière complètement différente de ce que Kamen avait prévu initialement. C’est devenu une habitude chez McTiernan, qui garde toujours un certain contrôle sur le montage de la musique de ses films. Ainsi, une partie du score de « Die Hard 3 » n’a pas été utilisé dans le film, certains segments musicaux se sont retrouvés là où ils n’étaient pas prévus et quelque morceaux issus de la bande originale du premier « Die Hard » ont été réutilisés tels quels dans le film (c’est le cas notamment durant la scène où McClane et Zeus découvrent la vraie bombe à bord du navire). C’est pourquoi l’album publié par La La Land est très important car il nous permet enfin de découvrir le score de « Die Hard With A Vengeance » dans son intégralité, offrant une parfaite vue d’ensemble du travail remarquable de Michael Kamen sur le métrage de McTiernan.


ANALYSE DE LA MUSIQUE DU FILM


Le bref « Main Title » pose d’emblée le ton du score lors de l’apparition du titre à l’écran (comme dans le premier « Die Hard »), puis « Goodbye Bonwits » reprend le fameux motif de 4 / 5 notes de John McClane aux cordes, leitmotiv indissociable de la franchise des « Die Hard ». On retrouve par ailleurs ici des idées et des sonorités reprises du premier score de 1988 ou de celui de 1990. C’est notamment le cas à la fin de « John and Zeus », durant la scène à Harlem où McClane est sur le point d’être passé à tabac par une bande de jeunes dans la rue avant d’être sauvé in extremis par Zeus. Kamen reprend ici le morceau « Skywalk Shootout » du score de « Die Hard 2 » qu’il réadapte sur cette nouvelle séquence d’Harlem. On notera cependant qu’une bonne partie des premiers morceaux du score n’ont pas été utilisés dans le film, McTiernan préférant conserver le ton urbain et l’environnement sonore de la ville sans avoir systématiquement recours au score orchestral de Kamen. Ainsi, la scène où McClane et Zeus s’enfuient en taxi (« Taxi ») est partiellement utilisé sur les images. « Papaya King » et « 72th Street Phone » n’ont pas été retenus au montage (c’est bien dommage car ces morceaux contenaient quelques idées intéressantes et un certain second degré et humour typique du compositeur). A noter que seules les dernières secondes de « 72th Street Phone » sont conservées dans le film, durant la scène où McClane et Zeus créent un vent dans panique dans la rue lorsqu’ils croient qu’une bombe est sur le point d’exploser.

Plus intéressant, « Taxi Chase » introduit une grande nouveauté dans la saga avec un morceau largement électronique utilisant exclusivement un ensemble de percussions acoustiques/synthétiques. Le morceau accompagne la séquence de la poursuite en taxi dans les rues et boulevards de New York, imitant les rythmes afro-cubains liés aux styles musicaux que l’on peut entendre dans certains quartiers de la ville. Kamen n’hésite d’ailleurs pas à utiliser quelques éléments électroniques qui rappellent ici ses musiques synthétiques des années 80 : on pense notamment à des partitions telles que « Action Jackson » (1988) ou « Renegade » (1989). Les auditeurs les plus attentifs reconnaîtront par ailleurs vers la troisième minute des samples synthétiques déjà entendus dans « Die Hard » en 88. Le premier tour de force orchestral de la partition pointe enfin le bout de son nez dans le superbe « The Subway » pour la séquence où McClane fonce dans le métro pour y désamorcer la bombe posée par Simon. Le morceau crée ici un sentiment d’urgence et de panique assez impressionnant, avec une écriture orchestrale très vive et féroce. On notera ici l’emploi du piano utilisé de manière quasi percussive au sein de l’orchestre. Comme toujours, les orchestrations de Kamen sont très riches et soutenues, avec un grand renfort apporté par les cuivres et les percussions, et une grande complexité rythmique typique du musicien. Indéniablement, « The Subway » est l’un des premiers moments fort de la BO de « Die Hard 3 », même si là aussi, le morceau est quelque peu haché au montage. La tension monte d’un cran dans « The Subway (Part 2) » débouchant sur la scène où McClane récupère la bombe du métro dans « Take A-Nother Train » - on retrouve ici la fameuse reprise intégrale du thème de McClane, repris de manière similaire au premier « Die Hard ».

« Feds » et « Rings a Bell » n’ont quasiment pas été utilisés dans le film. Ils devaient accompagner la séquence après l’explosion dans le métro, lorsque le FBI retrouve McClane et Zeus et leur révèlent ce qu’ils savent sur Simon. Ces deux morceaux sont étrangement très longs alors que la scène du film est relativement courte, ce qui signifie sans aucun doute que le montage original de cette séquence devait être sensiblement différent à l’origine. On retrouve ici des allusions à Beethoven ce qui permet astucieusement à Kamen d’établir un lien entre Simon et Hans Grubber dans le premier « Die Hard ». On revient ensuite à l’intrigue du cambriolage de la réserve fédérale dans « Infiltration », Kamen développant ici les allusions à « When Johnny Comes Marching Home » et les rythmes martiaux liés à Simon et ses terroristes (accompagné de quelques brèves allusions à Beethoven). « Infiltration » est un autre morceau mémorable de la partition, incluant même une allusion furtive à la « Chevauchée des Walkyries » de Wagner (aux cuivres vers 3:53), morceau reconnaissable à ses rythmes militaires déterminés et énergiques. « Bank Invasion » est par ailleurs le morceau le plus important de « Die Hard 3 », puisque c’est celui qui développe largement la thématique autour de « When Johnny Comes Marching Home », durant la séquence de l’invasion de la banque et du cambriolage de l’or. Ici aussi, le morceau diffère complètement de ce que l’on entend dans le film, puisque la musique initiale composée par Kamen était beaucoup trop courte par rapport au montage final de la scène, ce qui obligea ainsi McTiernan à répéter le morceau en boucle tout au long de cette séquence anthologique. La version de « Bank Invasion » entendue sur l’album est donc bien l’originale composée par Kamen avant le montage final.


UN SCORE D’ACTION MILITAIRE ET IRONIQUE


On est frappé ici par la force de « Bank Invasion » qui, malgré son arrangement typiquement militariste et triomphant, se pare d’une bonne dose de dérision typique de Michael Kamen mais aussi de John McTiernan : peut être est-ce une façon pour les deux hommes de nous rappeler que tout ceci n’est que du cinéma et qu’il faut dédramatiser ce que l’on voit à l’écran ? De la même façon, « Back to Wall Street » accompagne la scène où McClane se rend à son tour à Wall Street pour tenter d’empêcher Simon de voler l’or. On retrouve ici des mesures entières reprises de « Die Hard », comme c’est le cas dans « Fake Cops », qui reprend un segment musical du premier film, que l’on pouvait entendre durant la scène où le FBI envoyait les forces armées à l’assaut de la tour du Nakatomi Plaza. Kamen accentue ici les rythmes martiaux et belliqueux liés aux terroristes allemands, avec toujours ce côté mickey-mousing et ce second degré indissociable de l’univers musical des « Die Hard ». On retrouve aussi un motif de cordes de sept notes repris du premier score et que Kamen développe à plusieurs reprises tout au long du film. « The Federal Reserve » reprend quand à lui le morceau « General Esperanza » du score de « Die Hard 2 » que Kamen réadapte ici sur les images pour les besoins du film, assumant pleinement la continuité avec ses précédents travaux.

« Bank Elevator » accompagne la scène de l’ascenseur de la banque. On retrouve ici aussi des mesures à suspense de « Die Hard » (avec le retour du motif de sept notes) alors que McClane se présente aux faux policiers qui l’accompagnent dans l’ascenseur. A noter à 0:56 une allusion amusante à la chanson populaire « Daisy Bell » d’Harry Dacre à la clarinette, durant la scène avec Otto (Richard E. Council), l’un des faux policiers allemands. La fusillade sanglante dans l’ascenseur permet à Kamen de reprendre un morceau d’action bien connu du premier « Die Hard ». « Aqueduct » nous amène à la fameuse scène de l’aqueduc avec un nouveau morceau d’action tonitruant repris lui aussi du score de 1988 (le fameux passage avec les notes rapides de piccolo – on entendait à l’origine ce morceau durant la séquence où McClane se cachait dans la salle en travaux avec le terroriste blond à lunettes). A noter par ailleurs que Kamen reprend note pour note un morceau de « Die Hard » dans « Santa Claus » sans rien ajouter de nouveau (ce morceau semble avoir été réenregistré à l’identique). « Yankee Stadium/School and Tunnel » fait monter la tension durant la séquence où Zeus tente de déchiffrer l’énigme du Yankee Stadium, pendant que les policiers foncent vers l’école pour tenter de désamorcer les bombes posées par Simon. On appréciera ici l’ampleur que Kamen parvient à apporter à sa musique, faisant monter la tension avec une habileté et un savoir-faire appréciable. A partir de 2:00, le compositeur développe le thème complet de McClane sur fond de rythmes militaires effrénés, une marche tonitruante qui s’avère être un autre moment fort de la musique de « Die Hard With A Vengeance ».

« Refrigerator Bomb » s’inscrit dans la continuité de « School and Tunnel » même s’il s’agit encore une fois d’un morceau non retenu dans le film. La séquence de l’inondation du tunnel de l’aqueduc (« Surfing in the Aqueduct ») n’a pas été retenue là non plus : il s’agit d’une reprise de « Meeting Esperanza » de « Die Hard 2 ». Dans le film, le morceau a été remplacé par un segment musical repris du premier film de 1988. Le combat avec la Mercedes (« Mercedes Chase/School Assembly ») est un autre morceau d’action tonitruant de la partition de « Die Hard 3 », même si là aussi il s’agit d’un segment repris de « Die Hard 2 » (on retrouve une utilisation similaire des enclumes dans le pupitre des percussions). La scène du navire débute avec « Aftermath/Waiting and Falling » et se prolonge dans le sombre et agité « Hooking the Boat », lorsque McClane et Zeus montent à bord du navire des bad guys. Ici aussi, les morceaux sont essentiellement constitués de variations autour de segments musicaux de « Die Hard » - à noter l’emploi particulier du marimba et d’un piano préparé dans « Hooking the Boat », reflétant l’inventivité du compositeur dans le maniement de ses orchestrations.


UNE CONCLUSION EXPLOSIVE


« Bunny and Fire Drill » accompagne la séquence où McClane affronte Targo (Nick Wyman) dans les soutes du navire, avec ce fameux combat violent avec une chaîne métallique. A 1:26, l’orchestre explose soudainement lorsque Targo semble avoir pris le dessus sur McClane : ce court segment frénétique est en fait partiellement repris de l’oeuvre « Fonderie d’Acier » (Zavod) du compositeur russe Alexander Mossolov, fameuse pièce expressionniste virtuose écrite en 1926, et que Kamen a probablement réutilisé ici en raison de son incroyable férocité et brutalité orchestrale. Après la montée de tension et de panique de « Running in the Halls » - scène où McClane et Zeus découvrent que la vraie bombe se trouve à bord du navire – morceau qui s’achève dans le film avec un edit du score de « Die Hard » (et donc absent de l’album), « Bomb Goes Into Hold » nous amène vers le final, lorsque McClane et Zeus ont été capturés à bord du navire avec la bombe, jusqu’à ce que notre intrépide dur à cuire réussisse finalement à s’en sortir dans « John Makes It Mad » (dans le film, l’évasion du navire est en partie accompagnée de « Escape », que l’on peut trouver en bonus vers la fin du CD2). « Holly » vient calmer le jeu avec quelques harmonies plus mélancoliques alors que Simon et ses hommes se sont échappés et que McClane pense avoir perdu. « Celebration » illustre la séquence où les terroristes allemands fêtent leur victoire durement acquise : on retrouve ici une série de variations guerrières et militaires autour de Beethoven et de « When Johnny Comes Marching Home ». Enfin, la confrontation finale en hélicoptère est illustrée dans l’ahurissant « Oh, Canada ! », morceau d’action surpuissant et complexe (cf. les traits suraigus et rapides des cors vers le début du morceau) qui s’avère être une reprise de « Fight on the Wing Continues » de « Die Hard 2 ». Enfin, la partition touche à sa fin avec une dernière reprise mémorable de « When Johnny Comes Marching Home » pour le générique de fin du film.

L’album se termine avec une série de morceaux bonus nous présentant plusieurs alternés, quelques passages utilisés dans le film (notamment « Somebody Had Fun » qui tourne en boucle durant la séquence où les camions des terroristes arrivent dans les rues de Wall Street) et des inédits assez particuliers (« No Rush » qui reprend « Tristan & Isolde » de Wagner – morceau qui devait à l’origine accompagner la scène où Simon et Katya s’envoient en l’air !). Parmi les titres bonus, un retiendra en particulier notre attention : « Ode to Johnny », non utilisé dans le film mais qui s’avère être une formidable reprise militaire et triomphante de la thématique musicale de l’hymne à la joie de Beethoven. Au final, « Die Hard With A Vengeance » s’avère être une partition de très grande qualité pour une série qui a commis un sans faute depuis ses débuts jusqu’à ce troisième épisode anthologique.

Le seul reproche que l’on pourrait adresser à cet épisode numéro 3 c’est le manque de renouveau de la musique de Kamen, car hormis les variations autour de « When Johnny Comes Marching Home », le score reprend un peu trop souvent des segments entiers des musiques de « Die Hard » et « Die Hard 2 », alors que le précédent score de Kamen avait su éviter ce piège en proposant suffisamment de nouvelles choses pour renouveler l’intérêt de l’auditeur/spectateur. Ici, on a trop souvent l’impression de réentendre des collages entre les musiques du premier et du second film, impression largement renforcée par le fait que McTiernan a lui-même décidé de reprendre des morceaux des premiers films pour les besoins de « Die Hard 3 ». Le résultat est donc un cran en dessous des deux autres BO mais demeure malgré tout de très bonne facture, avec ses moments inoubliables (« Bank Invasion », « Oh, Canada ! », « Johnny Comes Marching Home ») et ses morceaux d’action tonitruants et incroyablement accrocheurs. Michael Kamen semble néanmoins avoir fait le tour de ce qu’il avait à dire sur cette trilogie et « Die Hard With A Vengeance » conclut magnifiquement cette série exemplaire de films d’action dotés de bandes originales assez incroyables. Hélas, le compositeur décèdera en 2003 et le prochain « Die Hard » sortira finalement en 2007 avec une musique confiée à Marco Beltrami. Néanmoins, le double album de La La Land nous permet d’apprécier la totalité des deux heures de musique enregistrées par Michael Kamen pour « Die Hard With A Vengeance », une partition de choix dans la filmographie du musicien à ne surtout pas manquer !




---Quentin Billard