1-London Has Fallen 1.59
2-Spotting Barkawi 2.26
3-Bourbon and Poor Choices 1.19
4-Nursery 0.50
5-Scotland Yard 0.58
6-President Arrives In The UK 0.51
7-Motorcade/Marine One Lands 1.46
8-London Attacked 4.55
9-London Goes Dark 1.50
10-Marine One Crash 3.22
11-Jacobs' Death 1.43
12-Not Much Of A Talker 1.58
13-How Bad Is It? 1.04
14-I'm Not Going To
Die On Youtube 0.50
15-Don't Jinx Me 4.06
16-Right Under Our Noses 3.52
17-Rescuing Asher 12.31
18-Hand Fight and Hand Grenade 2.01
19-Let's Get Outta Here 1.42
20-I Hate Funerals 1.19
21-Traitor 2.13
22-Reciprocity 1.46
23-Resignation Letter 0.52
24-End Titles/Credits 1.26

Musique  composée par:

Trevor Morris

Editeur:

Back Lot Music BLM-635

Score produit et conduit par:
Trevor Morris
Direction de la musique pour
Back Lot Music:
Mike Knobloch
Score interprété par:
The Chamber Orchestra of London
Supervision musique:
Selena Arizanovic
Monteur musique:
John Warhurst
Coordination musique:
Melanie Goncalves
Orchestrations:
David Shipps
Préparation musique:
Jill Streater
Superviseur score:
Robert Villarreal
Assistant du compositeur:
Craig Flaster
Score mixé par:
Phil McGowan
Equipe de production musicale:
Steve Tavaglione, Dan Brodbeck,
Hugh Marsh, Jeffrey Michael,
MB Gordy, Brian Kilgore,
Phil McGowan, Ted Reedy

Music business affairs
for Back Lot Music:
Tanya Perara, Kyle Staggs
Business affairs pour Focus Features:
Beth Lemberger
Direction de production pour
Back Lot Music:
Jake Voulgarides
Manager marketing pour
Back Lot Music:
Nikki Walsh

Artwork and pictures (c) 2016 Focus Features LLC. All rights reserved.

Note: ***
LONDON HAS FALLEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Morris
« Olympus Has Fallen » avait réussit à casser la baraque au box-office 2013, opposé à son concurrent, « White House Down » de Roland Emmerich sorti peu de temps après. Il paraissait donc évident qu’Hollywood s’intéresse à une suite de l’un ou de l’autre, et c’est finalement « Olympus » qui s’y colle, avec un second épisode intitulé sobrement « London Has Fallen » (original !), connu dans nos contrées sous le titre « La Chute de Londres ». Sorti en 2016, le film, initialement prévu pour Fredrik Bond, est alors confié au cinéaste iranien Babak Najafi qui signe là son premier film américain (Hollywood, progressiste finalement ?). Conçu dans le même état d’esprit que le film précédent, « London Has Fallen » nous permet de retrouver Gerard Butler dans le rôle de l’agent des services secrets américains Mike Banning, toujours chargé de protéger le président des Etats-Unis Ben Asher (Aaron Eckhart). A la suite du décès du premier ministre britannique James Wilson, le président américain se rend à Londres pour assister aux obsèques auxquelles se rendent les principaux dirigeants du monde. Le président Asher est accompagné par Banning et la directrice des services secrets U.S. Lynne Jacobs (Angela Bassett). Mais au moment où les funérailles vont commencer, Londres est soudainement la cible d’un attentat terroriste à vaste échelle qui coûte la vie à cinq dirigeants politiques – le président de la République française, la chancelière fédérale allemande, le premier ministre canadien, le premier ministre japonais et le président du conseil des ministres italien – Banning, Asher et Jacobs tentent alors de s’enfuir par hélicoptère, mais leur appareil est abattu par un missile sol-air en plein vol et s’écrase quelques mètres plus loin, coûtant la vie à la directrice des services secrets. Livrés à eux-mêmes au milieu d’une ville assiégée par des terroristes qui ont infiltré les réseaux de sécurité londonien et pris l’apparence de policiers de Scotland Yard, Banning et Asher vont s’unir à l’agent du MI-6 Jackie Marshall (Charlotte Riley) pour contrer la menace terroriste et démasquer le traître responsable de la faille des systèmes de sécurité britanniques, tandis que le vice-président américain Allan Trumbull (Morgan Freeman) coordonne les opérations militaires depuis la Maison-Blanche pour tenter de sauver le président et anéantir cette vaste conspiration terroriste.

Avec un scénario usé jusqu’à la moelle et incroyablement réactionnaire, sorte de mélange improbable entre « Die Hard », « 24 », « Commando » et « Invasion USA », « London Has Fallen » contient tous les éléments de la série-B d’action bourrine et régressive comme Hollywood nous en offrait souvent dans les années 80/90. Encore une fois, on y retrouve tous les clichés habituels propres à ce type de plaisir coupable, sauf qu’ici, on a l’impression d’assister à un véritable concours de stéréotypes en tout genre : le président américain est généreux, noble et sans faille, le président français est un branleur fini qui arrive volontairement 10 minutes après les autres en buvant tranquillement son champagne sur la Tamise, la chancelière allemande est une petite blonde un peu âgée et gentillette, le président italien est un dragueur invétérée qui sort avec une jeunette de 30 ans, le premier ministre japonais est coincé dans les embouteillages et reste très zen (normal, il est japonais !), les britanniques sont flegmatiques et complètement dépassés dès qu’il s’agit de sécurité à grande échelle, tandis que les américains assurent et sont les meilleurs lorsqu’il s’agit de tout faire péter, et les méchants terroristes sont tous arabes, le teint basané et les cheveux frisés (un comble lorsqu’on sait que le réalisateur du film est iranien !), et comme dans « True Lies » de James Cameron, ils sont caricaturaux au possible, y compris dans leurs revendications vieilles comme le monde (‘les américains font le mal partout dans le monde, ce sont des chiens qui passent leur temps à faire la guerre, ils tuent le peuple arabe, il faut détruire les infidèles’, etc.). Et comme toujours dans ce type de film, le seul qui tire son épingle du jeu est l’action-man américain qui préfère agir en solo, quitte à laisser sur place ses collègues anglais pourtant armés jusqu’aux dents, persuadé qu’il y arrivera mieux tout seul – et la seule solution qu’ils trouvent au conflit, encore une fois, c’est de tout faire péter, au début comme à la fin !

Et quand bien même on commençait à percevoir un début de critique du réalisateur par rapport à la politique militariste et géopolitique des Etats-Unis dans le monde, la fin vient désamorcer tout ça par un tir de missile sur le trou où se cache le chef des terroristes - comment l’ont-ils localisé entre temps ? Mystère ! - bravo, les ricains ! Ajoutons enfin à tout cela quelques punchlines très 90s (Banning qui ironise lorsqu’il apprend que les terroristes sont une centaine dans un même bâtiment : « Ah oui ? Dans ce cas, ils sont pas assez nombreux ! » ou, cette réplique anthologique à un terroriste : « dans 1000 ou 2000 ans, on sera encore là pour te faire chier ! » - et vous obtenez un film d’action réac et régressif, plutôt bourrin et décomplexé, tourné à la manière des séries-B de la Cannon dans les années 80, une sorte de « Chuck Norris revival » décérébré tourné avec un budget modeste (certains effets spéciaux rappellent ces DTV minables que l’on trouve souvent au fond des bacs dans les supermarchés) et une vraie envie de tout faire péter, alignant les scènes d’action énormes : les explosions des bâtiments célèbres de Londres (on se souvient que les britanniques ont vivement critiqué le studio lors de la première diffusion du teaser trailer en Angleterre le premier juillet 2015, coïncidant avec la semaine du dixième anniversaire des attentats de Londres du sept juillet 2005), la fusillade dans le métro, la guerre urbaine dans les rues de Londres la nuit et la bataille finale dans le bâtiment des terroristes, autant de moments de bravoure bourrins et violents qui tentent d’en mettre plein la vue tout en assumant pleinement son statut de série-B d’action patriotique et testostéronée, avec son lot habituel d’incohérences scénaristiques et de seconds rôles inexistants (les pauvres Robert Foster, Radha Mitchell, Melissa Leo et Jackie Earle Haley font de la figuration inexistante dans le film ! Même Morgan Freeman a l’air peu concerné par tout ce qui se passe !). Ainsi donc, si vous avez aimé « Olympus Has Fallen », ce petit périple londonien devrait vous revigorifier pleinement.

Trevor Morris signe à nouveau la musique de « London Has Fallen » après avoir écrit celle de « Olympus » en 2013. Esthétiquement, le travail du compositeur sur ce second film est très proche du premier film : on y retrouve le même mélange d’orchestre, de synthétiseurs et d’éléments électroniques avec son flot de percussions pour les moments plus musclés, et bien évidemment, des moments plus patriotiques comme dans le premier film. A ce sujet, Morris assure la continuité musicale entre les 2 films puisqu’en plus de reprendre le même style il reprend aussi le thème solennel et patriotique issu de son score de 2013. Enregistrée avec les musiciens du Chamber Orchestra de Londres à Abbey Road, la musique débute de manière assez surprenante avec les vocalises orientales/arabes du chanteur Joel Cyprien en ouverture du film dans « London Has Fallen », introduit par des percussions tribales (taikos drums, derboukas, etc.) et un premier thème dramatique de cordes, une très belle ouverture largement portée par la voix éthérée du soliste pour les premiers plans avec Aamir Barkawi et ses semblables dans la province du Pendjab, au Pakistan. « Spotting Barkawi » évoque le tir de missile sur le lieu où réside Barkawi et sa famille à l’aide d’étranges trémolos du violon électrique d’Hugh Marsh (qui évoquent des bourdonnements sonores), des cordes aiguës sombres et du sound design électro atmosphérique habituel. Dans « Bourbon and Poor Choices », on retrouve une vague allusion au thème patriotique de « Olympus Has Fallen » avec des cordes majestueuses sur fond d’arpèges de guitare électrique pour évoquer l’amitié entre Asher et Banning. La guitare, le piano et les cordes s’unissent ensuite pour « Nursery », évoquant la famille de Banning et la naissance prochaine de leur enfant.

On retrouve les accents patriotiques du premier score dans « President Arrives in the U.K. » lors de l’arrivée du président américain à Londres au début du film. Quelques cuivres et quelques roulements de caisse claire martiale suffisent ici à instaurer une ambiance solennelle qui rappelle parfois le « Air Force One » de Jerry Goldsmith. Dans « Motorcade/Marine One Lands », Trevor Morris développe le thème principal patriotique de « Olympus Has Fallen » dans toute sa splendeur à partir de 0:42, avec cordes amples, cuivres, choeur (samplé) et percussions martiales, un thème héroïque et solennelle évoquant la puissance américaine incarnée ici par le président Asher. Les choses se gâtent alors dans « London Attacked » pour le début de l’attaque terroriste sur Londres. Trevor Morris introduit ici un élément musical capital, un ostinato rythmique entêtant, sorte de pulsation simple et répétitive bâtie sur une mesure à 7/8. Cet élément, très présent tout au long du film, accompagne la lutte acharnée contre les terroristes arabes dans le film. Si vous aimez les musiques d’action façon Remote Control, vous devriez apprécier la déferlante de percussions, de sound design et de cordes survoltées avec guitare électrique rock du chaotique et massif « London Attacked ». « London Goes Dark » reprend les effets sonores étranges du violon électrique et renforce la tension à l’aide des loops électro habituels, et de cordes plus sombres et menaçantes alors que Londres est plongée dans le chaos suite à la conspiration terroriste. Le drame se joue dans « Marine One Crash » où l’hélicoptère du président américain est abattu en plein vol et se crashe au sol : on regrette simplement ici le côté trop brouillon du morceau et son sound design trop présent. La tension reste présente dans le sombre « Not Much Of A Talker » ainsi que dans « Don’t Jinx Me » et ses pulsations électro entêtantes, ponctuées de percussions agressives et de cordes dissonantes. Morris joue ici la carte de l’atmosphérique sombre pour évoquer le danger et la menace à l’écran, sans originalité particulière.

L’action culmine dans la poursuite en voiture de « Right Under Our Noses », Morris évoquant la traque entre la voiture de Banning, du président et les motards terroristes dans les rues londonienne avec un rythme constant et une certaine agressivité dans le traitement des percussions ‘action’, des cordes survoltées et d’un sound design toujours omniprésent (trop, probablement). Mais le vrai plus du score de « London Has Fallen », ce sont les 12 minutes très prenantes de « Rescuing Asher », pour la scène où Banning rentre seul dans le bâtiment occupé par les terroristes et fonce sauver le président sur le point d’être exécuté en direct sur Youtube. Cette scène, plutôt longue, filmée à la manière d’un jeu vidéo d’action, est entièrement soutenue par le retour de l’ostinato rythmique à 7/8 de « London Attacked ». Toute la séquence est donc complètement cimentée par ce rythme obstiné très présent durant la scène (même si le score paraît sous-mixé à ce moment là dans le film), un travail complexe pour Morris qui devait alterner entre les nombreux changements de rythme et un montage serré dans la scène tout en gardant une continuité globale sur l’ensemble de son morceau. En ce sens, « Rescuing Asher » est un petit coup de maître, peu original et sans réelle audace, mais techniquement très réussi, même si l’on regrettera toujours le côté trop souvent simpliste du rythme (ultra répétitif) et des idées musicales dévoilées ici. Il n’en reste pas moins que « Rescuing Asher » est de loin le meilleur morceau d’action du score, et le plus représentatif de l’ambiance du film de Babak Najafi. L’action culmine durant l’affrontement final avec l’excitant « Hand Fight and Hand Grenade » et l’over-climax frénétique de « Let’s Get Outta Here ».

La tension retombe enfin dans le triomphant « I Hate Funerals » où Morris reprend le thème patriotique lorsque Banning et le président Asher sont sauvés. « Traitor » fait tomber les masques quand à la révélation sur l’identité du traître, tandis que la boucle est bouclée avec le retour du thème dramatique introductif de « London Has Fallen » et les lamentations vocales orientales dans « Reciprocity », pour le bombardement final sur la planque de Barkawi. Le générique de fin permet enfin à Trevor Morris de reprendre le thème patriotique dans toute sa splendeur (« End Titles/Credits »). Le compositeur signe donc une bonne musique d’action pour « London Has Fallen », un cran en dessous de « Olympus Has Fallen », et un peu trop souvent gâché par un manque flagrant d’originalité, des rythmes trop simplistes et un sound design envahissant, là où le premier score paraissait un brin plus orchestral et plus cohérent. Qu’à cela ne tienne, le score remplie parfaitement son rôle dans le film mais a bien du mal à aller au-delà de son statut de musique fonctionnelle, la faute à un renouvellement d’idées sur ce second film et un certain recyclage de tous les ingrédients musicaux habituels des scores d’action modernes de chez Remote Control. Du coup, « London Has Fallen » séduira essentiellement les aficionados des productions Hans Zimmer/Remote Control, et ceux qui ne jurent que par ce type de partition musclée contemporaine aux loops électro répétitifs et lassants. C’est donc à vous de voir !



---Quentin Billard