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1-Beautiful Lie 3.47
2-Their War Here 4.34 3-The Red Capes Are Coming 3.31 4-Day Of The Dead 4.01 5-Must There Be A Superman? 3.58 6-New Rules 4.02 7-Do You Bleed? 4.36 8-Problems Up Here 4.25 9-Black And Blue 8.30 10-Tuesday 4.00 11-Is She With You? 5.46 12-This Is My World 6.23 13-Men Are Still Good (The Batman Suite) 14.03 Musique composée par: Hans Zimmer/Junkie XL Editeur: WaterTower Music WTM39746 Album produit par: Hans Zimmer, Junkie XL Co-produit par: Steve Mazzaro, Alan Meyerson Musique additionnelle de: Steve Mazzaro, Andrew Kawczynski, Benjamin Wallfisch Monteur musique: Melissa Muik Score Wrangler: Bob Badami Services production musicale: Steven Kofsky Musique conduite par: Nick Glennie-Smith, Junkie XL Assistant montage musique: Navin Seus Ingénieurs technique score: Chuck Choi, Stephanie McNally Design instrument digital: Mark Wherry Equipe sampling: Tauress Habib, Raul Vega, Drew Jordan Orchestrateur superviseur: Bruce Fowler Assistant mix score: John Witt Chapman Manager studio pour Remote Control Productions: Shalini Singh Assistante d'Hans Zimmer: Cynthia Park Assistants techniques: Jacqueline Friedberg, Julian Pastorelli, Max Sandler, Lauren Bousfield Assistants techniques de Junkie XL: Stephen Perone, Emad Borjian, Aljoscha Christenhuss Producteurs exécutifs album: Zack Snyder, Deborah Snyder, Charles Roven Direction de la musique pour Warner Bros. Pictures: Paul Broucek, Darren Highman Direction de la musique pour WaterTower Music: Jason Linn Coordination album et direction artistique: Sandeep Sriram Music business affairs: Lisa Margolis, Ray Gonzalez Préparation musique: Booker White Opérateurs Protools: Kevin Globerman, Larry Mah Choeur: The Eric Whitacre Singers Maître de choeur Eric Whitacre Choeur orchestré par: Eric Whitacre, Gavin Greenaway Conduit par: Gavin Greenaway Opérateur Protools pour choeur: Chris Barrett Assistant technique choeur: Laurence Anslow Préparation musique UK: Jill Streater Artwork and pictures (c) 2016 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved. Note: ***1/2 |
BATMAN V SUPERMAN :
DAWN OF JUSTICE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Hans Zimmer/Junkie XL
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Après « Man of Steel », les fans de l’univers DC Comics attendaient avec impatience la suite des aventures de l’homme d’acier, aventure qui va croiser cette fois-ci la route du chevalier noir dans « Batman V Superman – Dawn of Justice », événement cinématographique de l’année 2016 et gigantesque superproduction hollywoodienne de 250 millions de dollars, à nouveau confiée à Zack Snyder. C’est la première fois à Hollywood qu’un film live réunit Superman et Batman dans une même histoire, reprenant par la même occasion l’univers des comics books de la franchise « Justice League ». L’histoire débute avec un rappel des événements du premier film, vu cette fois-ci du côté de Bruce Wayne (Ben Affleck). Tandis que Superman (Henry Cavill) affronte le général Zod à Metropolis, Wayne tente de sauver en vain des gens piégés dans l’immeuble Wayne Enterprises, détruit durant l’attaque. Ces événements tragiques affectent profondément Wayne, qui considère alors Superman comme un danger pour notre monde s’il venait un jour à utiliser ses immenses pouvoirs contre l’humanité. 18 mois plus tard, Clark Kent (alias Superman), qui vit avec Lois Lane (Amy Adams), continue de travailler comme journaliste au Daily Planet à Metropolis, découvre les activités violentes de Batman (alias Bruce Wayne) et ses méthodes punitives contre les criminels qu’il poursuit dans la ville de Gotham City. Kent se met alors en tête de dénoncer les agissements de Batman à travers ses articles de presse. Wayne découvre de son côté que le trafiquant d’armes russe Anatoli Knyazev (Callan Mulvey) travaille avec Lex Luthor (Jesse Eisenberg), jeune milliardaire à la tête de la puissante multinationale LexCorp. Ce dernier a réussit à obtenir la permission d’accéder au fragment de kryptonite récupéré dans l’Océan Indien, qu’il compte utiliser pour confectionner une arme secrète contre Superman. Mais la sénatrice June Finch (Holly Hunter) s’oppose alors à ses volontés, tandis que Luthor s’arrange ensuite pour récupérer l’épave du vaisseau kryptonien et le corps du général Zod, qu’il va utiliser pour créer le terrible Doomsday. Wayne tente alors de dérober de précieuses informations à Luthor en se rendant à une conférence de presse avec le PDG, où il croise la route de Clark Kent et de la mystérieuse Diana Prince (Gal Gadot), qui s’avère être elle aussi une méta-humaine de 5000 ans plus connue sous le nom de Wonder Woman. Peu de temps après, Luthor met son plan diabolique à exécution : préparant en secret la création de Doomsday, il va tout faire pour convaincre le peuple que Superman est un danger pour la nation, et qu’il doit être considéré comme l’ennemi absolu. Batman, de son côté, récupère la kryptonite qu’il dérobe à Luthor et compte s’en servir pour détruire Superman, ignorant qu’il joue le jeu du sinistre Lex Luthor qui tire les ficelles en coulisse, et qui compte bien dresser le chevalier noir contre l’homme d’acier pour arriver à ses fins.
« Batman V Superman » marque le début d’une nouvelle saga cinématographique prometteuse, celle de la « Justice League » bien connue dans l’univers DC Comics. Si « Man of Steel » marquait le commencement en centrant l’histoire sur Superman, ce deuxième épisode pose déjà les bases du rassemblement des justiciers, que l’on pourrait considérer comme un équivalent aux « Avengers » de chez Marvel. Critiqué à sa sortie en salles au cinéma en 2016 pour ses incohérences avec l’univers des comics books et son scénario alambiqué, le film de Zack Snyder s’est vu affublé d’une seconde version de 3 heures sortie par la suite en DVD/Blu-Ray, intitulée « Ultimate Edition ». La version longue, particulièrement brillante, restaure ainsi 30 minutes coupées lors du montage cinéma (2h30) et apporte quelques éclaircissements et nuances qui faisaient défaut à la version vue en salles. Au final, le film de Zack Snyder est une énorme claque visuelle qui nous plonge dans une ambiance sombre et dramatique d’une densité rarement vue dans une adaptation cinématographique d’un comic book américain, dans la continuité de la trilogie « Dark Knight » de Christopher Nolan, ou comme le somptueux « Watchmen » (2009) déjà réalisé par Snyder, et qui reste encore à ce jour l’un des meilleurs films de super héros de l’histoire et probablement l’un des plus audacieux jamais conçu au cinéma. Se rapprochant de cette audace et de cette volonté d’aller au-delà des standards hollywoodiens, Zack Snyder met les bouchées doubles dans « Batman V Superman » et propose un affrontement magistral de deux super héros avec comme toile de fond des thèmes complexes comme la géopolitique américaine, la manipulation des médias et du public ou le rapport des hommes face au divin, Superman étant régulièrement considéré dans le film comme une sorte de Dieu descendu sur Terre (cf. scène du tableau de Luthor, qui explique que les démons ne viennent pas d’un enfer sous la terre mais sont bien descendus du ciel !). Cet aspect religieux est bien présent dans l’histoire mais sert plutôt de prétexte à une interrogation morale autour du personnage de Superman : si l’homme d’acier possède de tels pouvoirs, peut-on le laisser décider de ce qui est bien et de ce qui est mal ? Doit-il se plier aux lois et à la volonté du peuple humain ? Et comment être sûr qu’il restera toujours du côté des hommes ? Suscitant la peur et les interrogations de la part du public, Superman est surtout victime d’une campagne de dénigrement nationale orchestrée dans l’ombre par Lex Luthor, une sorte de bête noire du peuple américain, une manière pour Snyder de démystifier le personnage et de détourner habilement les codes originaux de l’éternel défenseur de l’Amérique qui incarnait jusqu’ici, à l’instar du Captain America de Marvel, les USA dans toute sa splendeur. A ce sujet, Snyder va loin dans sa démystification de l’homme d’acier puisque l’on voit régulièrement le héros se faire malmener ou s’avérer finalement bien moins puissant que Batman ou même Wonder Woman (durant la bataille finale contre Doomsday). A ses côtés, Batman a suscité une certaine polémique en raison du choix inattendu de Ben Affleck dans le rôle du chevalier noir, le studio ayant privilégié un Bruce Wayne un peu plus âgé et plus nuancé. Très critiqué, Affleck campe pourtant un Batman très imposant, violent, torturé, et hanté par la mort de ses parents et aussi d’étranges visions annonciatrices d’événements à venir. C’est d’ailleurs dans ces scènes-clé, à priori incompréhensibles au premier abord (car non développées par la suite), que Snyder pose déjà les bases des futurs événements qui seront décrit dans le « Justic League », troisième épisode prévu courant 2017. Une vision qu’a Wayne nous montre par ailleurs Flash (Ezra Miller) remontant le temps pour avertir Wayne du danger à venir, ou une scène énigmatique où l’on aperçoit Superman, devenu maléfique et entouré d’étranges créatures ailées, en train de s’en prendre à Batman. Outre l’introduction de Wonder Woman, le film évoque aussi furtivement Flash, Aquaman (Jason Momoa) et Cyborg (Ray Fisher), qui deviendront ainsi les futurs membres de la Ligue des Justiciers que va chercher à créer Batman. Long, complexe et visuellement époustouflant, « Batman V Superman » est un claque magistrale qui rattrape les tares lourdingues de « Man of Steel » et fait pencher la balance en faveur d’un scénario bien plus dense, entre manipulations, lutte de pouvoir et enjeux dramatiques réels, tandis que l’affrontement avéré entre les deux justiciers est ici très nuancé, débutant comme un véritable jeu de piste médiatique – chacun tente de discréditer l’autre à distance, l’un à travers la presse, l’autre à travers une vraie enquête de détective – avant de se conclure sur une scène malheureusement trop courte, où Batman et Superman s’affrontent dans une lutte apocalyptique. Hélas, ceux qui s’attendaient à une bagarre magistrale et anthologique entre les deux héros – pourtant annoncé dans le titre du film - devront se contenter de ces quelques minutes. Du coup, on en vient même à se demander si le titre du film a été bien choisi, on aurait préféré plutôt voir Snyder mettre l’accent sur les prémisses de la Ligue des Justiciers, dont on comprend clairement ici les origines à la toute fin du film, lorsque Batman tente de convaincre Wonder Woman de réunir tous les autres méta-humains pour lutter contre les événements terribles à venir qu’il a aperçu dans ses visions (une scène vers la fin lors de l’arrestation de Luthor nous montre un démon mystérieux qui s’avère être très probablement Steppenwolf ou Darkseid, que l’on verra vraisemblablement dans le prochain épisode prévu en 2017). On regrette néanmoins certaines incohérences propres à ce type de production : ainsi, la manière dont Batman épargne soudainement Superman lorsque ce dernier prononce le nom de sa mère Martha (qui est aussi le nom de la mère défunte de Wayne – comme par hasard !) est un peu trop rapide et facile. On regrette aussi l’arrivée tardive de Wonder Woman, dont le personnage reste ici sous-développé, y compris dans la version longue du film. Enfin, il y a beaucoup de longueurs et de sous-intrigues certes intéressantes, mais qui alourdissent par moment le propos du film, d’autant que les amateurs d’action devront surtout attendre les 30 dernières minutes pour enfin décoller de leur siège. A ce sujet, la longue bataille finale contre le monstrueux Doomsday est une réussite absolue : on a rarement vu une scène de bataille d’une telle puissance dans un film de DC Comics, relativement lisible dans l’ensemble et visuellement époustouflante. Mieux dosées que dans « Man of Steel », les scènes de bataille et de destruction paraissent ici plus équilibrées, le scénario et les sous-intrigues permettant au film d’apporter une dimension dramatique et plus intime aux personnages et à leurs histoires respectives – Wayne qui lutte contre ses démons intérieurs et la perte de ses parents, Kent qui essaie de se faire accepter parmi la population qui commence à le craindre, Lois qui tente de redonner de l’espoir à Kent en lui rappelant qu’il incarne à son tour l’espoir de l’humanité, et enfin Luthor en milliardaire torturé et obsédé par la destruction de Superman, porté par une folie et une haine viscérale qui le ronge, parfois même jusqu’aux larmes, un vrai méchant profondément tragique dans l’âme, qui annonce d’ailleurs à Wayne l’apocalypse à venir à la toute fin du film, lorsque Batman vient lui rendre une dernière visite en prison. A ce sujet, impossible de passer à côté de la performance magistrale de Jesse Eisenberg qui campe l’un des meilleurs Lex Luthor qu’il nous ait été donné de voir au cinéma, un Luthor profondément mauvais, torturé, enragé, complètement fou et excentrique – dont les références à son père disparu reflètent une vraie souffrance qui semble dominer sa vie - Quand à l’israélienne Gal Gadot (aperçue récemment dans « Fast & Furious » 6 et 7), elle interprète une excellente et puissante Wonder Woman qui aura certainement un rôle majeur dans le film suivant. Niveau casting, on reste à la hauteur des ambitions de Snyder : quel plaisir de retrouver ici de grands vétérans du cinéma américain, à commencer par l’excellent Jeremy Irons dans le rôle d’Alfred, le fidèle majordome de Bruce Wayne, Laurence Fishburne, la trop rare Holly Hunter (très discrète au cinéma ces dernières années), Diane Lane ou quelques brillants caméos de Kevin Costner, Chris Pine, Saïd Taghmaoui (les spectateurs les plus attentifs remarqueront probablement les deux acteurs en photo avec Wonder Woman à leur centre), Joe Morton, Jeffrey Dean Morgan ou Jena Malone, qui interprète un personnage dont les scènes ont été coupées pour la version cinéma. Vaste et incroyablement ambitieux, « Batman V Superman » rattrape donc la déception du lourdingue « Man of Steel » et offre enfin un film audacieux, épique et démesuré à ces grands héros des DC Comics, un film sombre et profondément dramatique, reflétant la société d’aujourd’hui et ses paradoxes contemporains (le message final très nietzschéen sur la mort de Dieu, alors que le peuple cherche désespérément un sauveur, ou les scènes de guerre en Afrique reflétant la complexité des relations américaines à l’international), une claque cinématographique magistrale un cran en dessous du chef-d’oeuvre inégalé qu’est « Watchmen », mais qui offre malgré tout une alternative passionnante aux films de chez Marvel qui se ressemblent tous et finissent par tourner dangereusement en rond. Le film a beaucoup divisé, certains reprochant ses longueurs, son manque d’humour ou un scénario souvent considéré comme inégal. Mais le résultat est pourtant là, et chacun pourra se faire son propre avis sur le sujet. Du coup, c’est avec une certaine impatience que l’on attend le troisième épisode qui, on l’espère, saura monter la barre encore plus haut en terme de démesure cinématographique, de complexité visuelle et d’enjeux scénaristiques majeurs. Après « Man of Steel », Hans Zimmer signe un second score massif, puissant et dramatique pour « Batman V Superman », épaulé cette fois-ci de Junkie XL, sorti auréolé de son succès sur le « Mad Max Fury Road » de George Miller en 2015. A l’instar du film de Snyder, le score de Zimmer a beaucoup divisé les critiques à la sortie du film en 2016, certains reprochant au compositeur d’être arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire sur le genre du film de super héros, tandis que d’autres ont vu là la consécration d’un style musical surpuissant et extrêmement cinématographique, qui doit autant au talent de Zimmer qu’au succès colossal des productions Media Ventures/Remote Control à Hollywood depuis ces 30 dernières années. Le score est un énième mélange d’orchestre et de multiples synthétiseurs, samples et percussions diverses, avec quelques solistes (guitare électrique, violoncelle électrique, voix solistes, violon électrique, trompette, claviers) et le choeur londonien démesuré du Eric Whitacre Singers afin de retranscrire toute l’immensité dramatique et épique du film. A la première écoute de la partition dans le film, on est immédiatement happé par la puissance incroyable de la musique à l’écran : Zimmer va plus loin ici que dans « Man of Steel », et apporte un souffle épique et dramatique constant aux images, quitte à verser trop souvent dans une certaine surenchère musicale qui semble en avoir fatigué plus d’un – comme dans « Man of Steel », Zimmer renouvelle ici son orchestre de percussionnistes avec neuf batteurs enregistrés ensemble, incluant le batteur fétiche de Zimmer, l’excellent Satnam Singh Ramgotra - Mieux encore, le score s’avère être bien plus intéressant dans sa construction thématique, même si la multiplicité apparente des thèmes ici reste inégale – il manque encore une vraie interaction entre les différents thèmes qui sont toujours trop cloisonnés et isolés les uns des autres – On commence dans « Beautiful Lie » avec l’introduction du nouveau thème de Batman, différent de celui de « Dark Knight ». Le thème du chevalier noir est en réalité constitué de trois éléments distincts : un motif rythmique très simple de 5 notes répétées sur un rythme reconnaissable (1 note longue, 3 notes rapides, puis 1 note longue) ressemblant quasiment à un code en morse (au tout début de « Beautiful Lie »), une mélodie sombre et puissante aux notes ascendantes qu’on a parfois comparé aux premières notes très ressemblantes du thème de Gollum dans la saga « Lord of the Rings » d’Howard Shore – la mélodie de Batman est ainsi entendue au tout début de « Their War Here » - et un motif de 3 notes mystérieuses de trompette, entendu notamment à 3:10 dans « Beautiful Lie », et qui évoque le souvenir de la perte des parents de Bruce Wayne, et le lien qu’il entretient avec Clark Kent à ce sujet (qui a lui aussi perdu son père, et dont sa mère Martha a été enlevée par Luthor). Curieusement, l’identité musicale la plus forte de Batman ici, celle de la mélodie ascendante, se rapproche ironiquement du thème de Danny Elfman sur les premiers films, un comble lorsque l’on sait à quel point le nouveau thème de Batman de Zimmer sur « Batman Begins » (2005) a été sévèrement critiqué par le public de l’époque ! Concernant Superman, les choses sont plus simples puisque le compositeur reprend le thème majestueux de l’envol (« Flight ») de « Man of Steel » et le thème intimiste et nostalgique de piano pour la famille de Clark Kent. Le troisième nouveau thème majeur est celui associé à Lex Luthor dévoilé dans « The Red Capes Are Coming », un thème alambiqué évoquant la folie du milliardaire excentrique à base de piano martelé et de cordes de piano métalliques. Comme souvent, Zimmer aime conceptualiser sa musique et « Batman V Superman » ne déroge pas à la règle. Luthor n’a pas de mélodie à proprement parler mais plus une série d’accords dramatiques évoquant sa personnalité enragée, obsessive et torturée du personnage, avec ce rythme scandé de manière très caractéristique (2 notes martelées rapidement, auxquelles répondent des cordes brutales), ce soupçon de folie dans la manière dont le compositeur traite le piano sous toutes ces formes, comme un vrai instrument à percussion, sans oublier cette progression harmonique tragique qui rappelle certains tics harmoniques de Zimmer dans les années 90 (à noter l’utilisation ici des choeurs masculins samplés comme à l’époque des productions Media Ventures des nineties !). Enfin, le quatrième thème est celui de Wonder Woman, thème plus particulier représenté par sa déferlante de percussions guerrières des neuf batteurs de Zimmer et sa mélodie aisément reconnaissable de guitare électrique (combiné astucieusement au violoncelle électrique de la sexy Tina Guo) dans « Is She With You ? ». Le thème de Wonder Woman, que l’on entend pour la première fois dans le film lorsque Wayne découvre la photo de Wonder Woman datant de la Première Guerre Mondiale, a aussi pas mal divisé, certains reprochant le côté trop bourrin de son thème et d’autres, plus positif, suggérant le fait qu’un thème aussi reconnaissable aurait plutôt du être associé à Lex Luthor dans le film. Quoiqu’il en soit, le thème guerrier et cool de Wonder Woman semble n’avoir laissé personne indifférent, ce qui est au final très positif ! A noter que l’on retrouve d’autres motifs dans le score, incluant un motif sonore synthétique pour la kryptonite entendu dans « Black and Blue » pour le moment où Batman balance le gaz kryptonite pour tenter d’anéantir Superman, motif sonore déjà présent dans « Man of Steel » mais malheureusement sous-représenté sur l’album (dans le film, on l’entend au moins 4 ou 5 fois). Doomsday possède lui aussi un motif sonore à base de notes graves de piano martelées de façon mécanique et menaçante dans « Tuesday » à partir de 1:20 avec les contrebasses (dans la version Deluxe, on peut retrouver le motif dans « Blood of my Blood »). Avec une base thématique assez solide (malgré le caractère transparent des motifs secondaires !), « Batman V Superman » rentre très vite dans le vif du sujet, l’apport de Junkie XL se résumant surtout à un travail de sound design long et fastidieux dans certaines pistes, où l’on vire dans l’expérimentation et l’abstraction pure comme dans « Must There Be A Superman ? » qui évoque aussi bien les actes violents de Batman que la peur qu’il suscite auprès de ses ennemis. Le morceau, qui frôle ici la musique contemporaine, rappelle certaines expérimentations sonores d’Henry Jackman sur « Captain America : The Winter Soldier ». Il s’agit ici d’un collage disjoint de sonorités électroniques distordues et saturées, sur fond de clusters dissonants des choeurs. L’idée aurait pu fonctionner en soi mais le tout est exécuté de manière tellement bordélique que l’on a l’impression que le morceau a été improvisé à la dernière minute, sans réelle cohérence. Il y a des sonorités dissonantes/expérimentales similaires dans « New Rules » et ces effets sonores de grésillements étranges et horrifiants pour évoquer une scène où des policiers tentent d’arrêter Batman dans un immeuble où un criminel a été torturé et capturé par le chevalier noir (cf. son motif bourrin repris rapidement à 3:16), mais encore une fois, on reste dubitatif face au résultat sonore, trop anarchique pour convaincre réellement – néanmoins, l’effet est très impressionnant à l’écran, où ces sons distordus et chaotiques parviennent à renforcer la noirceur absolue de Batman – A ce sujet, le thème du chevalier noir (dès 0:17 dans « Do You Bleed ? ») est très présent tout au long du film, tandis que celui de Superman est malheureusement sous-représenté sur l’album, et aussi dans le film, en dehors de quelques reprises bien pensées du thème familial de piano (dans « Day of the Dead » et au début de « This Is My World ») ou du thème de « Flight », comme vers le début de « Men Are Still Good (The Batman Suite) », qui développe largement quand à lui la thématique autour de Batman. A noter la reprise du motif de trompette mystérieux dans « New Rules », renforçant là aussi l’aspect sombre et énigmatique du chevalier noir dans le film. Et quand l’action se déchaîne enfin, comme dans « Do You Bleed ? », qui évoque le premier affrontement entre Batman et Superman, Zimmer et son équipe ouvrent enfin la cage aux fauves et font ce qu’ils savent faire de mieux : de l’action bourrin à grand renfort de percussions colossales, de boucles de cordes, de samples, de cuivres massifs et de choeurs épiques disproportionnées. Les passages d’action sont plutôt bien conçus d’une façon générale dans le film, même s’ils n’apportent rien de nouveau par rapport à « Man of Steel » ou aux anciens scores de Zimmer. On notera ici l’apport indispensable de ces choeurs gothiques gigantesques impressionnants sur les images, faisant de « Batman V Superman » un vrai délire d’heroic-fantasy aux proportions épiques quasi proches de « Lord of the Rings », en beaucoup plus sombre et moderne – ils représentent non seulement les pouvoirs des super héros mais aussi l’aspect vaguement religieux du scénario – Même chose pour l’affrontement de Batman et Superman dans « Black and Blue » ou la bataille finale contre Doomsday dans le frénétique et colossal « Is She With You ? ». Le thème de Luthor revient dans « Problems Up Here » avec quelques voix féminines éthérées apportant un petit plus émotionnel au score. A ce sujet, l’apport des voix est absolument incontournable dans « This Is My World », pour évoquer la tragédie finale du film - attention aux spoilers ! – Zimmer et son staff nous propose ici un passage élégiaque, pudique et déchirant pour chœur a cappella planant et voix féminines éthérées et plaintives durant la mort de Superman. Il s’agit ici de l’un des plus beaux passages du score et du film, hanté par ces voix planantes et cette émotion tout en sobriété qui contraste nettement avec l’aspect extrêmement massif et bourrin du reste du score. A ce sujet, le score de « Batman V Superman » a divisé et continue encore aujourd’hui d’être régulièrement critiqué pour son manque total de nuances et de subtilité, chaque note semblant jouée toujours plus forte que l’autre à travers une série infinie de sforzandos agressifs (Christian Clemmensen, dans sa critique sur son site Filmtracks, parle de « Zimsforzando »). Mais il ne faut surtout pas se tromper de débat, car la musique de « Batman V Superman » est avant tout une musique de cinéma, faite pour les besoins du film et de ses concepteurs. Ainsi donc, le résultat doit s’apprécier avant tout avec les images, et à ce sujet, le score est une réussite incontestable. Zimmer est parvenu à offrir aux images quelque chose de particulier, de fort, de reconnaissable. Il y a une vraie personnalité musicale dans « Batman V Superman » que l’on reconnaît à chaque instant, et qui n’est du qu’aux talents de Zimmer et ses collègues. Alors certes, tout ça est très sérieux, très lourd sur la longueur, bourrin, sans nuance, mais pourtant, qui peut contester le caractère complètement fun et décomplexé de l’apparition du thème de Wonder Woman – qui semble surgir de nulle part – durant la bataille finale contre Doomsday ? Qui peut contester l’apport des motifs de Batman dans le film, qui renforcent la noirceur et la violence du personnage encore plus que dans la trilogie « Dark Knight » ? Comment critiquer le manque de nuance de la musique, alors que le film en lui est extrêmement sombre, très sérieux et incroyablement dramatique et puissant ? Zimmer a remplit parfaitement le cahier des charges par rapport à « Batman V Superman », et il est grand temps de réhabiliter son travail, très intense, pour le film de Zack Snyder, 100 fois plus convaincant que celui sur « Man of Steel ». Le travail autour des thèmes est ici très intéressant et dénote une réelle volonté de personnifier de manière forte les principaux protagonistes du film. Le lien de la musique avec les images est ici très immersif et mémorable à l’écran (bien que l’on regrette le caractère sous-mixé de certains passages !), et il y a une réelle volonté de créer une ambiance sonore profondément sombre, épique et dramatique, là où « Man of Steel » se contentait de rester à la surface avec sa déferlante de percussions et ces envolées belliqueuses à n’en plus finir. Ici, il y a quelques nuances supplémentaires apportées par les nouveaux thèmes et certaines idées musicales, et même si le tout reste trop souvent disjoint, compartimenté en blocs (un thème par-ci, puis un autre par-là, etc.) ou parfois trop singulier dans le traitement (le thème de Wonder Woman qui apparaît dans le film sans réelle introduction !), force est de constater que Zimmer, Junkie XL et leurs collègues ont voulu offrir quelque chose de fort et de mémorable au film de Zack Snyder. Alors oui, c’est bourrin, c’est parfois trop simpliste (le motif rythmique de Batman, qui fonctionne pourtant très bien en l’état, même si Zimmer aurait certainement pu se creuser davantage les méninges !) ou frôlant par moment le mauvais goût – les expérimentations sonores de Junkie XL dans « Must There Be A Superman ? » - Mais il faut tout de même rendre à César ce qui est à César, en reconnaissant que le score de « Batman V Superman » est une réussite majeure, peut être l’un des scores les plus impressionnants de Zimmer et son staff dans le domaine des films de super héros, mais qui, paradoxalement, semble toucher de manière inquiétante aux limites évidentes de son style boursouflé et simpliste, qui risque de s’épuiser dangereusement dans les années à venir. Ce n’est d’ailleurs certainement pas pour rien si Zimmer a déclaré à la suite de ce film ne plus vouloir travailler sur une production de super héros (à priori, « Justice League » se fera avec Junxie XL mais sans son collègue teuton !), ce qui serait peut être une bonne chose, tant Zimmer nous donne plus que jamais ici l’impression d’avoir fait le tour du sujet depuis un certain temps. « Batman V Superman », la musique de tous les paradoxes ? Assurément, mais un vrai plaisir coupable assumé et décomplexé, qui n’a pas fini de diviser le public béophile mais devrait revigorifier encore une fois les partisans de Zimmer et des productions Remote Control, qui ont encore de beaux jours devant elles ! ---Quentin Billard |