1-The Maze Runner 2.49
2-What Is This Place? 3.03
3-My Name Is Thomas 3.15
4-Ben's Not Right 2.41
5-Banishment 3.14
6-Waiting in the Rain 1.50
7-Into the Maze 2.36
8-Griever! 2.40
9-Going Back In 2.31
10-Why Are We Different? 2.01
11-Chat with Chuck 2.18
12-Section 7 5.14
13-Maze Rearrange 2.07
14-Griever Attack 3.55
15-Trapped 2.07
16-WCKD Is Good 1.56
17-Thomas Remembers 3.35
18-Goodbye 2.08
19-Final Fight 2.43
20-WCKD Lab 5.57
21-Finale 4.17

Musique  composée par:

John Paesano

Editeur:

Sony Masterworks 500352

Score orchestré par:
Peter Anthony, John Ashton Thomas,
Nolan Livesay, Jason Livesay

Score conduit par:
Pete Anthony
Guitares:
George Doering
EWI et synthétiseurs:
Steve Tavaglione
Musique additionnelle et programmation:
Braden Kimball, Josh Johnson
Monteur musique:
Ted Caplan
Producteurs exécutifs album:
Wyck Godfrey, Marty Bowen
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Danielle Diego
Business affairs 20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Production musicale supervisée pour
la 20th Century Fox:
Rebecca Morellato
Music Clearance
20th Century Fox:
Ellen Ginsburg
Management musical pour
la 20th Century Fox:
Areli Quirarte
Sony Classical Licensing:
Mark Cavell

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2014 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
THE MAZE RUNNER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Paesano
« The Maze Runner » (Le Labyrinthe) est le tout premier long-métrage de Wes Ball sorti au cinéma en 2014, qui nous plonge dans cet univers sombre et très particulier inspiré du best-seller de James Dashner publié en 2012. L’histoire débute lorsqu’un adolescent amnésique (Dylan O’Brien), qui s’appelle en réalité Thomas, se réveille dans une cage qui monte et découvre alors d’autres jeunes gens comme lui au beau milieu d’un grand espace clos par quatre murs immenses et une seule porte d’accès fermée. Alby, le chef du groupe des jeunes, se présente à Thomas et lui explique qu’ils sont eux aussi arrivés amnésiques dans cet endroit mystérieux où la vie s’est petit à petit organisée : un groupe d’une trentaine de garçons, les « blocards » (gladers), se sont réunis pour former ensemble ce qu’ils appellent « le bloc » (Glade), vivant de l’agriculture et de l’élevage. Tous les mois, la cage remonte un nouveau jeune qui vient alors les rejoindre ainsi que des caisses de matériel dont ils ont besoin pour vivre. Personne ne sait pourquoi ils sont là et qui les a envoyés ici. La communauté, régie autour d’Alby et de son second Newt, tente de rester soudée autour de règles de vie précises, et une interdiction majeure : ne jamais aller de l’autre côté du mur. Seuls les coureurs (runners) sont habilités à franchir les murs derrière lesquels se cache un gigantesque et mystérieux labyrinthe géant. Certains tentent de braver l’interdit, mais en vain, le labyrinthe semble avoir raison à chaque fois des fugitifs. Newt explique un jour à Thomas que cela fait depuis près de trois ans qu’un groupe de coureurs se rendent dans le labyrinthe pour y rechercher une sortie, mais qu’ils n’ont jamais rien trouvé, comprenant que le labyrinthe change de configuration toutes les nuits, et qu’il est hanté par d’étranges et dangereuses créatures nommées les « griffeurs » (grievers). Une nuit, Thomas, de plus en plus obsédé à l’idée de franchir le labyrinthe et de trouver une sortie, commence à avoir des flashs : il se souvient d’une organisation nommée « Wicked », et d’une phrase qui dit « Wicked est bon ! ». Alors que le groupe est soumis à des tensions grandissantes entre certains membres, Thomas réussit à convaincre le coureur Minho qu’il possède les capacités d’un coureur lui aussi, et qu’il compte s’aventurer à son tour dans le labyrinthe. Et lorsqu’il réussit à tuer l’une des créatures dans les dédales du labyrinthe, Thomas revient en héros et s’attire par la même occasion les foudres de Gally, un blocard et principal rival de Thomas. Mais ses nouveaux amis comprennent alors que Thomas pourrait bien être l’espoir tant attendu de sortir d’ici un jour et découvrir la vérité sur leur situation, une vérité terrifiante qu’ils sont encore bien loin d’imaginer.

Surfant sur la déferlante d’adaptations cinématographiques inspirées de best-seller pour ado, « The Maze Runner » s’impose comme une bonne surprise, de par son concept original et la manière dont l’histoire de ce groupe de jeunes ados piégés dans un gigantesque labyrinthe évolue pour dévoiler un tout autre monde derrière les pièges, les créatures et la vie en communauté dans l’immense enclos où ils sont parqués. Adapté de la saga littéraire de James Dashner (connu chez nous sous le titre « L’Epreuve » et publiée dès 2012), « The Maze Runner » est un solide film de science-fiction/fantastique qui joue sur le huis-clos et la claustrophobie pour dévier rapidement vers une ambiance plus fantastique lorsque les jeunes héros doivent affronter le terrible labyrinthe et les créatures monstrueuses qui s’y trouvent. Il y a évidemment pas mal de libertés prises par rapport au roman d’origine, mais le film de Wes Ball a la bonne idée de reprendre quelques codes bien connus de la science-fiction (l’idée d’un groupe d’individus piégés dans un endroit clos et mystérieux n’est pas sans rappeler le film « Cube ») en faisant évoluer progressivement le scénario vers de multiples rebondissements, et tandis que la tension monte crescendo, avec quelques scènes mémorables – l’évolution dans le labyrinthe, le combat avec les monstres, puis l’arrivée finale dans le laboratoire et la découverte d’un monde apocalyptique et dévasté – le film reprend aussi le concept bien connu du « Lord of the Flies » de William Golding (Sa majesté des mouches), où l’on y voyait déjà un groupe de jeunes garçons qui tentaient de fonder une nouvelle communauté sur une île déserte et devaient survivre dans une nature sauvage et primitive. « The Maze Runner » surfe donc sur ces différentes influences et propose un scénario captivant sous la forme d’une quête initiatique (symbolisant le passage de l’adolescence à l’âge adulte) qui nous donne toujours plus envie d’en savoir plus, une sorte de gigantesque puzzle dont les pièces finissent par s’assembler au fur et à mesure que le jeune Thomas avance dans le labyrinthe et se rapproche, lui et ses amis, de la vérité. Et peu importe si la réalisation de Wes Ball est transparente et hyper impersonnelle (en même temps, c’est son tout premier film hollywoodien !), le résultat est là, « The Maze Runner » est un excellent divertissement hollywoodien et une bonne surprise qui marque le début d’une nouvelle franchise prometteuse !

La partition de « The Maze Runner » a été confiée au jeune John Paesano, compositeur américain jusqu’ici peu connu, qui est encore à l’aube de sa carrière lorsqu’il signe la musique du film de Wes Ball. Paesano s’est surtout fait remarquer ces dernières années en signant la musique des séries TV « Daredevil », « Crisis » ou celle de la série animée « DreamWorks Dragons ». Pour « The Maze Runner », l’enjeu était immense pour le compositeur, qui se retrouvait pour la première fois de sa carrière à la tête d’une composition pour une grande production hollywoodienne. Dans une note du livret de l’album, Paesano explique qu’il partageait avec le réalisateur un goût commun pour la musique de film, citant parmi ses inspirations majeures Jerry Goldsmith (« Alien »), John Williams (« Jurassic Park ») ou Hans Zimmer (« The Thin Red Line »). La musique se devait de suivre l’évolution du héros, Thomas, tout au long de sa quête pour sortir du labyrinthe et découvrir la vérité sur son passé et sa réelle identité. Cette progression se fait donc tout au long du film, la musique suivant aussi bien le point de vue de Thomas que celui de ses compagnons ou des événements auxquels ils sont confrontés. Pour parvenir à ses fins, le compositeur a fait appel à une vaste formation symphonique interprétée par le Hollywood Studio Symphony (incluant un pupitre de cuivres conséquent : 10 cors, 3 trompettes, 5 trombones et 2 tubas), un chœur, des éléments électroniques et quelques solistes, incluant un piano, la guitare de l’incontournable George Doering et l’EWI (Electronic Wind Instrument) de Steve Tavaglione, qui interprète ici les parties électroniques et les instruments à vent ethniques, l’EWI étant plus connu comme étant l’instrument fétiche du compositeur Trevor Jones.

Le score repose sur un thème principal épique et majestueux dévoilé en ouverture de l’album (« The Maze Runner ») mais qui n’apparaîtra que bien plus tard dans le film, il s’agit du thème principal de la saga qui se distingue par sa mélodie majestueuse de l’orchestre avec ces traditionnels ostinatos de cordes à la Zimmer/Remote Control et ces choeurs puissants, mélodie dont les harmonies ne sont pas sans rappeler le thème de Trevor Jones pour « The Last of the Mohicans » (1992). Dès « What Is This Place », Paesano installe une ambiance mystérieuse alors que Thomas se réveille amnésique dans l’immense réserve où sont parqués les autres ados organisés en tribus. Le compositeur évoque par ailleurs cet aspect tribal et primitif à l’aide d’instrument à vent ethnique, d’une guitare soliste et d’effets sonores du violoncelle, tandis que la partie des cordes, plus mélancolique et planante, rappelle certains passages atmosphériques du « Thin Red Line » de Zimmer. Même chose pour « My Name is Thomas » avec cette atmosphère planante et vaguement mélancolique à l’aide du piano, de cordes, d’effets sonores et de quelques nappes synthétiques. A noter que le morceau introduit ici un autre thème du score, le thème associé à Thomas et sa quête de souvenir. Le thème de Thomas est entendu au piano à 0:19, évoquant un sentiment de mélancolie et de solitude. On le retrouvera notamment dans « WCKD Is Good », « WCKD Lab » et « Thomas Remembers », mais son côté terne et impersonnel risque de la rendre peu reconnaissable à la première écoute, et ce même si ce thème est en réalité beaucoup plus présent que le Main Theme de l’ouverture, très peu utilisé dans le film au final. « Ben’s Not Right » fait ensuite monter la tension à l’aide de cordes plus dissonantes et de cuivres agressifs. Les choses semblent se corser lorsque Paesano entame ici son premier véritable morceau d’action à l’aide de cuivres massifs, de cordes déchaînées et de percussions tribales et agressives. Les orchestrations, assez soignées, démontrent ici un savoir-faire évident de la part du jeune Paesano, même si les influences sont encore trop manifestes et que l’ensemble manque encore de personnalité, d’un style réellement reconnaissable.

Dès lors, « Banishment » nous plonge dans une ambiance sombre où le danger semble proéminent, Paesano n’hésitant pas à développer une atmosphère dissonante et agressive, incluant quelques effets sonores étranges et une utilisation très réussie du choeur en arrière-fond sonore. Paesano profite de l’immense formation orchestrale et chorale pour parvenir ici à ses fins, renforçant le mystère et la tension du film durant toute la première partie du récit. La musique se pose et respire l’intimité dans le planant « Waiting In The Rain » où les sonorités primitives du début reviennent – instrument à vent, guitare, EWI – dans un style plus proche de ce que fait habituellement Thomas Newman. « Into The Maze » illustre quand à lui le moment où Thomas et ses compagnons s’aventurent dans le gigantesque labyrinthe. On retrouve ici le style de Remote Control que Paesano imite parfaitement, avec son lot de percussions synthétiques modernes et de boucles de cordes. « Griever ! » nous offre un moment d’action particulièrement impressionnant, notamment dans son utilisation étrange d’effets sonores synthétiques juxtaposés aux parties orchestrales/chorales assez spectaculaires bien que sans réelle originalité particulière. Paesano verse clairement ici dans un style plus horrifique façon Christopher Young ou Marco Beltrami pour une scène où les héros sont traqués par les griffeurs dans le labyrinthe (qui se voient attribués d’un motif de 3 notes assez passe-partout, entendu ici à 1:00 aux trombones. Le compositeur évoque la présence des monstrueuses créatures à l’aide de sonorités synthétiques diverses et d’effets instrumentaux dissonants, tandis que les choeurs apportent ici une dimension grandiose et épique à la scène avec brio. A noter que la musique est clairement compartimentée suivant certaines ambiances : mélange de cordes, nappes planantes, solistes et piano pour les moments plus intimes (cf. « Chat with Chuck »), déchaînements orchestraux/choraux pour les scènes d’action dans le labyrinthe, etc. L’approche musicale voulue par Paesano en fonction des différentes ambiances fonctionnent parfaitement dans le film mais reste un peu trop systématique et mécanique en écoute isolée, même si le résultat est impeccable à l’écran.

On appréciera la mélancolie épurée et les quelques vagues touches d’espoir apportées par « Why Are We Different » qui rappelle aussi bien Thomas Newman que James Newton Howard, tandis que l’action fait un retour fracassant dans « Sector 7 » alors que Thomas et ses compagnons s’aventurent plus en avant dans le labyrinthe et découvrent l’immense et mystérieux Secteur 7. On devine ici des allusions au thème principal sur fond de sonorités électroniques bourdonnantes évoquant une ambiance plus futuriste, l’atmosphère restant à la fois sombre et mystérieuse, alors que les héros se rapprochent de la vérité sur la situation. Les éléments électroniques, très présents et assez réussis, ouvrent le colossal « Maze Rearrange », morceau d’action trépidant pour la scène où Thomas et les autres ados comprennent que la configuration du labyrinthe est changée régulièrement pour empêcher quiconque d’en sortir. On retrouve ici un déchaînement orchestral proche de John Williams ou de Michael Giacchino, notamment dans l’écriture des cuivres et des percussions, « Maze Rearrange » étant à coup sûr l’un des meilleurs morceaux d’action de « The Maze Runner ». On débouche ensuite sur le frénétique « Griever Attack » pour la seconde confrontation contre les griffeurs, passage agressif et horrifique très réussi dans le film. C’est l’occasion pour John Paesano de développer ici quelques idées clé du score, à commencer par le thème de piano de Thomas en ouverture du morceau, ainsi que le motif de 3 notes lugubres et menaçantes associé aux griffeurs, déjà entendu précédemment dans « Griever ! », et repris ici à 0:56 aux contrebasses/cuivres (le motif reste malheureusement sous-développé par la suite). On monte ensuite crescendo dans la tension avec le brutal « Trapped », puis on entame l’acte final avec « WCKD is Good », marqué par une très belle reprise dramatique du thème de Thomas au piano puis aux cordes.

« Final Fight » est le dernier morceau d’action du score – pour la dernière scène de confrontation avec les griffeurs - et sans aucun doute le plus impressionnant de tous : Paesano révèle ici une maîtrise technique spectaculaire de l’orchestre, qui s’en donne ici à coeur joie entre cuivres enragés, percussions belliqueuses et cordes survoltées, sans oublier ces quelques changements rythmiques très réussis. Mais c’est une réalité bien sombre que découvrent alors Thomas, Minho et Teresa dans « WCKD Lab » pour la révélation finale du film, annonçant le deuxième film à venir. Et c’est ainsi que l’aventure se termine avec le somptueux « Finale » et ses puissants accords empreints d’espoir, reprenant les bases thématiques du thème principal, dont la mélodie est ici curieusement assez floue et peu reconnaissable. Et c’est ainsi que se referment les pages de la partition de « The Maze Runner », premier effort remarquable de la part du jeune John Paesano, qui signe un score impressionnant bien qu’assez impersonnel, matiné d’influences musicales diverses (Zimmer, Goldsmith, Williams, Horner, Beltrami) et que l’on aurait souhaité plus abouti dans sa construction thématique assez inégale tout au long du film. On pourra toujours mettre tout cela sur le compte du pêché de jeunesse, mais malgré tout, force est de constater que John Paesano se montre relativement à l’aise et sûr de lui pour son premier travail hollywoodien, et s’il manque encore d’expérience et d’une personnalité musicale affirmée, il y a fort à parier qu’on entende encore parler de lui dans les années à venir, en dehors de la saga « The Maze Runner ».



---Quentin Billard