1-Prologue 2.35
2-Gregory In Tavern 1.09
3-Malkin Unleashed 3.44
4-Gregory Meets Tom/Pendant 3.41
5-Pendle Mountain 2.50
6-Gregory's Theme 2.17
7-Master Sergei 2.22
8-Tapestry Of Falcons 1.59
9-A Spook In Training 2.26
10-Ghasts & Ghouls 2.16
11-Blue Spark 3.11
12-Facing Urag 4.17
13-I'm Not Like You 1.39
14-Failed Spook and Half Witch 2.58
15-What's A Boggart? 2.22
16-A Witch's Son
A Spook's Apprentice 2.06
17-City Attack 4.32
18-Do You Love Me? 1.58
19-Forest Ambush 2.13
20-Tom Assumes His Position 2.40
21-Into Darkness 2.27
22-Battle of Pendle Mountain 5.00
23-I Will Haunt You 4.21
24-Dust In The Wind 2.58
25-End Credits 2.02
26-The Spook's Apprentice 3.11

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 228 2

Produit par:
Marco Beltrami
Producteurs exécutifs soundtrack:
Thomas Tull, Jon Jashni,
Peter Afterman, Margaret Yen,
Robert Townson

Musique additionnelle de:
Brandon Roberts, Marcus Trumpp
Enregistrement et mixage:
John Kurlander
Assistant mix:
Tyson Lozensky
Enregistré à Abbey Road, Londres
Mixé à Pianella Studios, Malibu

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 2015 Legendary Pictures. All rights reserved.

Note: ****
SEVENTH SON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Depuis le succès monumental des « Lord of the Rings » et « Hobbit », Hollywood s’est très rapidement emparé de la mode de l’heroic-fantasy, très présente dans le cinéma américain des années 80 et rapidement tombée aux oubliettes par la suite, jusqu’à ce que le carton colossal de la trilogie de Peter Jackson ressuscite le genre et motive à nouveau les studios à miser au maximum sur ce genre cinématographique. On a vu ainsi des films de qualité diverse défiler chacun à tour de rôle, que ce soit « Eragon », « Narnia », « Stardust », « The Golden Compass », « The Last Airbender » ou le récent « Warcraft ». C’est dans ce contexte qu’arrive alors « Seventh Son » (Le Septième Fils), réalisé par le russe Sergueï Bodrov en 2014 et librement inspiré du roman « The Spook’s Apprentice » (L’Epouvanteur) de Joseph Delaney. L’histoire se déroule il y a très longtemps, alors que le monde est aux bords d’une guerre entre l’humanité et les puissances surnaturelles incarnées par la terrifiante sorcière Mère Malkin (Julianne Moore). Afin d’éviter que la Terre ne sombre dans le chaos, Maître Gregory (Jeff Bridges), dernier chevalier de l’ordre des Faucons, combat Malkin et réussit à l’enfermer pendant des siècles. Des années plus tard, Gregory est devenu un Spook, un chasseur de sorcières intrépide et implacable. Mais la venue de la lune de sang qui a lieu tous les centenaires permet à Malkin de regagner ses pouvoirs et de se libérer du donjon souterrain dans lequel Gregory l’avait enfermée il y a fort longtemps. Bien décidée à se venger, la sorcière tue alors William Bradley (Kit Harington), le jeune apprenti de Gregory, et réussit à prendre la fuite. Afin de trouver un remplaçant à William, Gregory se met en route et va à la rencontre de Tom Ward (Ben Barnes), le septième fils d’une ferme locale – car selon une légende folklorique très répandue, le septième fils né d’un septième fils d’une famille posséderait des pouvoirs et des facultés supérieures – Gregory demande alors à Tom de devenir son nouvel apprenti et décide de le former afin de le préparer à la guerre contre la terrible magie noire de Malkin. Et pendant que la sorcière réunit ses partisans et ses adeptes dans sa forteresse de pierre jonchée au coeur des montagnes, avec l’aide de sa sœur Bony Lizzie (Antje Traue), Gregory et Tom se préparent de leur côté à la bataille décisive qui scellera le sort de l’humanité toute entière.

Avec un scénario somme toute archi classique et très conventionnelle, « Seventh Son » n’apporte finalement rien de nouveau au genre de l’heroic-fantasy et surfe sur les recettes du genre sans jamais vraiment réussir à les transcender ou à en faire quelque chose de plus passionnant. Le film nous propose une avalanche d’effets spéciaux 3D avec son lot habituel de scènes de bataille épiques, de créatures en images de synthèse et d’exploits héroïques orchestrés par le savoir-faire indéniable de Sergueï Bodrov, qui réalise ici son premier gros blockbuster hollywoodien, après s’être fait remarqué ces dernières années sur des productions internationales telles que « Mongol », « Running Free » (produit par Jean-Jacques Annaud) ou la gigantesque fresque historique « Nomad » (2005), l’une des productions kazakh la plus chère de l’histoire. Fort d’une telle expérience, Bodrov pouvait donc prétendre être le candidat idéal pour l’épopée épique de « Seventh Son », mais hélas, le résultat est à des années lumières de ce que l’on était en droit d’attendre : les vétérans Jeff Bridges et Julianne Moore tirent leur épingle du jeu dans un face à face guerrier assez réussi, malheureusement desservi en même temps par de jeunes stars bien moins convaincantes, en particulier Ben Barnes, plus terne dans le rôle du jeune apprenti, entouré de quelques seconds rôles très fonctionnels dont Alicia Vikander (la future Lara Croft !) ou Kit Harington (de la série TV fantasy « Game of Thrones »), sans oublier quelques têtes plus connues comme l’impeccable Djimon Hounson en sorcier chef des assassins de Malkin, ou la britannique Olivia Williams. Le film n’a pas vraiment convaincu le public ni les critiques, qui ont vivement reproché les nombreuses libertés prises par rapport au roman d’origine – par exemple, beaucoup de personnages clé de l’histoire ont ici des caractéristiques totalement différentes de celles des protagonistes du livre – Le scénario est finalement bâclé, vidé de tous les enjeux dramatiques du roman de Joseph Delaney, se limitant ici à un éternel affrontement entre le bien et le mal sous forme d’épopée médiévale fantastique (avec au passage une romance secondaire complètement inutile !), sans aucune nuance, mais avec une surenchère visuelle constante et une utilisation assez inutile de la 3D. Une large déception en somme, surtout pour les fans de la saga littéraire de Joseph Delaney !

Prévue à l’origine pour A. R. Rahman et Tuomas Kantelinen (avec lequel Bodrov avait déjà collaboré sur « Mongol » en 2007), et suite au départ de Rahman pour des problèmes d’emploi du temps, la musique de « Seventh Son » sera finalement confiée à Marco Beltrami, décidément très actif ces dernières années à Hollywood. Une première écoute du score de « Seventh Son » dans le film nous permet d’affirmer d’emblée qu’on retrouve un Beltrami en grande forme, saisissant le sujet du film à bras le corps pour nous livrer une nouvelle grande partition symphonique épique, sombre et brutale, dans la lignée de ce que le compositeur fera peu de temps après sur le colossal « Gods of Egypt ». Enregistrée au mythique studio d’Abbey Road à Londres, la partition musicale de « Seventh Son » utilise une vaste formation orchestrale avec une grande chorale et quelques éléments électroniques habituels, et apporte un souffle épique et fantastique saisissant au film de Sergueï Bodrov. Le score repose sur quelques thèmes mélodiques, à commencer par le superbe thème héroïque et majestueux de Gregory, dévoilé dès le « Prologue » du film à 1:23 aux trompettes, repris ensuite dans le superbe « Gregory’s Theme », dans un très bel arrangement pour violoncelle et orchestre. Malkin a droit à son propre thème, entendu dès l’ouverture du film dans « Prologue », un thème maléfique, sombre et puissant reconnaissable à sa cellule de 4 notes chromatiques descendantes - dès 0:15, puis dans un puissant tutti infernal à 2:23 à la fin de l’introduction du film - Un troisième thème est associé dans le film à Alice (Alicia Vikander), un Love Theme élégant d’une grande beauté pour la romance entre Tom et Alice. Le thème romantique, poétique et gracieux, est brièvement introduit par un violoncelle dans « Blue Spark » à partir de 2:05, évoquant l’amour impossible entre le jeune apprenti et la demi-sorcière. Le thème est notamment repris dans sa plus belle version dans « Failed Spook and Half Witch » à 0:49, avec une flûte mélancolique sur fond de cordes et de harpe, un très beau moment plus intime qui contrebalance judicieusement l’aspect massif et belliqueux du reste de la partition.

Un quatrième motif est introduit dès « Gregory Meets Tom/Pendant ». On distingue ce thème par deux phrases jouées souvent ensemble : une partie A constituée de notes répétitives aux contrebasses (dès 0:12), puis une partie B, plus mélodique, que l’on découvre ici au cor anglais à 0:23, ou aux violons à 0:41. Le thème, associé au jeune Tom dans le film, évoque l’idée de l’apprenti qui doit apprendre à combattre la magie noire aux côtés de son maître. Beltrami confère à la partie B du thème une tournure quasi joyeuse et étonnamment dynamique dans le très coloré « Master Sergei » aux consonances quasi russes (le titre du morceau est un clin d’oeil au réalisateur), à mi-chemin entre le classicisme d’un Rimski-Korsakov et l’ironie d’un Prokofiev. A noter l’emploi d’un clavecin dans les orchestrations, régulièrement utilisé ici pour renforcer l’aspect médiéval du film et de la musique. Au sujet des orchestrations, il faut noter ici l’effort pour valoriser chaque pupitre de l’orchestre avec un savoir-faire et une maîtrise évidente, la musique étant extrêmement riche et généreuse, y compris dans ses couleurs orchestrales et instrumentales comme le rappelle le bondissant thème de Tom dans « Master Sergei ». On retrouve avec plaisir le thème de l’apprenti dans « A Spook in Training », lorsque Gregory forme Tom au combat, Beltrami en profitant pour juxtaposer leurs thèmes respectifs avec brio, sur fond d’ostinatos de cordes et de percussions du plus bel effet, une belle séquence de préparatifs au combat assez inspirante. L’aspect plus maléfique et sombre de la partition réside quand à lui dans la thématique autour de la sorcière maudite, dans « Malkin Unleashed » où Malkin se libère se sa prison et s’apprête à réunir ses troupes pour dévaster le monde. Le thème de la sorcière est ici très présent et toujours très reconnaissable à sa figure mélodique chromatique, tandis que Beltrami nous offre ici un premier morceau d’action robuste et colossal, dominé par des percussions guerrières, des choeurs grandioses et des cuivres belliqueux (à noter l’allusion à la phrase A du thème de l’apprenti dès 1:58, et aux cors dès la deuxième minute), sans oublier l’importance accordée aux bois, très présents dans l’écriture orchestrale de Beltrami.

« Pendle Mountain » évoque le rassemblement des troupes de Malkin dans sa forteresse de pierre, avec de nouvelles variations autour du thème de la sorcière maléfique, et quelques dissonances évoquant la magie noire et les pouvoirs de Malkin. Le thème de l’apprenti est repris de manière plus sombre et hésitante dans « Tapestry of Falcons », tandis que « Ghasts & Ghouls » nous propose quand à lui quelques couleurs orchestrales particulières, notamment dans l’écriture quasi impressionnistes des bois ou des cuivres (trombones en sourdine avec effets de flatterzunge), et une nouvelle variante du thème de Tom. On renoue ensuite avec l’action lors du spectaculaire « Facing Urag », où Gregory teste Tom et lui demande de brûler vivant la créature Urag, l’un des partisans de Malkin. Beltrami nous rappelle ici sa maîtrise incroyable de l’orchestre lors d’un déchaînement orchestral très technique, parsemé de rythmes syncopés complexes et virtuoses, de nombreux changements de mesure, de percussions et de cuivres d’une puissance redoutable. Le thème de l’apprenti semble plus sombre et torturé au début de « I’m Not Like You », évoquant les doutes et les hésitations de Tom, qui ne semble pas encore prêt pour le combat contre les forces des ténèbres. A partir de « What’s A Boggart », on entre dans la deuxième partie du film pour une série de morceaux d’action d’une puissance redoutable. Cuivres, percussions, choeurs, rythmes complexes, développements thématiques, tout y passe pour le plus grand bonheur des fans de musique d’action épique et des oeuvres de Marco Beltrami, visiblement très en forme sur ce film d’heroic-fantasy. Même chose pour l’excellent « City Attack », durant la scène où Malkin et ses troupes attaquent la cité où se trouve la famille de Tom, morceau d’action redoutable qui va vous faire décoller de votre siège. A noter ici la présence d’un nouveau motif secondaire du score, un thème guerrier de 5 notes de cors, associé dans le film aux troupes de Malkin (vers 1:10).

Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, attendez d’écouter « Forest Ambush », sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action de « Seventh Son », avec sa métrique caractéristique à 7 temps typique de Beltrami et ses allusions thématiques au motif guerrier de 5 notes. Le Love Theme réapparaît dans une très belle variante pour violoncelle et voix féminine dans le poignant « Tom Assumes His Position », où la mélodie devient ici plus tragique et tourmentée, alors que Tom empêche Gregory de tuer Alice, qui s’avère être la fille de la soeur de Malkin. Beltrami jongle habilement avec certains de ses thèmes comme il le fait dans « Into Darkness » où il juxtapose vers 0:32 la phrase A du thème de l’apprenti et le motif guerrier de 5 notes (aux cordes vers 0:39). Enfin, la bataille finale est illustrée avec force et férocité dans l’ahurissant « Battle of Pendle Mountain », cinq minutes d’action épique pure et dure, avec ses dissonances apocalyptiques, ses choeurs grandioses et ses percussions barbares, autre morceau d’action incontournable du score de « Seventh Son », un pur tour de force orchestral diablement excitant, intensément complexe et incroyablement prenant, dans le film comme sur l’album. « I Will Haunt You » met fin à la bataille avec une reprise poignante du thème de Gregory, porté ici par un violoncelle plaintif et une voix féminine élégiaque du plus bel effet, ainsi que quelques dernières variations lugubres et menaçantes autour du thème de Malkin. Le morceau se conclut par ailleurs sur une reprise triomphante et chevaleresque du thème de Gregory, tout simplement impeccable. A noter que pour le générique de fin, Beltrami choisit le thème de l’apprenti dans une version guerrière et massive très inspirée, suivi du thème de Gregory avec quelques variations harmoniques très réussies.

C’est donc un Marco Beltrami en pleine forme que l’on retrouve sur « Seventh Son », le compositeur étant visiblement très inspiré par l’esthétique de l’heroic-fantasy, qui lui inspire ici une musique monumentale d’une richesse et d’une puissance assez incroyable, peu originale mais redoutablement entraînante, complexe et sophistiquée. Le score de « Seventh Son » apporte ainsi une force indispensable aux images du film de Sergeï Bodrov et constitue une écoute satisfaisante sur l’album publié par Varèse Sarabande, servi par un mixage généreux et un séquençage assez complet (environ 73 minutes de musique). Véritable musique de dark fantasy dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre, « Seventh Son » s’impose ainsi comme l’un des opus musicaux désormais incontournable dans la filmo de Marco Beltrami, une pure déferlante d’assauts orchestraux épiques et d’envolées héroïques et belliqueuses qui devraient ravir tous les fans du compositeur, décidément très en forme ces dernières années, un score à rapprocher de son fameux « Hellboy » en terme de richesse thématique, d’orchestration et d’écriture, une partition très illustrative et narrative, à ne rater sous aucun prétexte !



---Quentin Billard