1-The Projector 1.20
2-The House 2.05
3-The Call 1.44
4-The Film 1.10
5-Cindy 0.56
6-Missing Persons 4.47
7-What Would You Choose? 3.12
8-Hollywood 2.52
9-Unsee 1.21
10-Dance With The Devil 5.36
11-The Third Man 1.15
12-Loft 1.57
13-No Answer 1.48
14-I Know All About... 1.41
15-366 Hoyt Ave. 1.46
16-Scene of the Crime 5.53
17-Machine 3.31
18-Rainstorm 3.50
19-Home 1.32
20-Dear Mr. Wells 1.53

Musique  composée par:

Mychael Danna

Editeur:

Chapter III Records
COM 0110

Montage de la musique:
Tom Milano
Assistant du compositeur:
Andrew Lockington
Préparation de la musique:
Jim White
Producteur exécutif:
Randy Gerston
Coordinateur de la production
de l'album:
Vicky Whitney
Coordinateur de la BO:
Amy Rosen

Artwork and pictures © 1999 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
8 MM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mychael Danna
'8mm' est le nouveau thriller de Joel Schumacher, évoquant la terrible descente aux enfers d'un détective privé, Tom Wells (Nicolas Cage), engagé par une certaine madame Christian pour retrouver les auteurs d'un snuff movie retrouvé dans le coffre fort de son défunt mari, un film 8mm dans lequel on voit une jeune fille se faire assassiner par un homme en combinaison de bourreau. Le grand point fort du film est de nous montrer la connerie humaine sans concession et sans y aller avec des pincettes. Schumacher a véritablement maîtrisé son sujet, même si la fin n'est pas forcément terrible et que la mise en scène reste toujours un peu conventionnelle. Reste que '8mm' ne peut pas laisser indifférent. On ressort de ce film en se posant des tas de questions, du moins si l'on est une personne équilibrée: comment les hommes peuvent-ils en arriver à un tel point de cruauté, de perversité, de débauche, de connerie en tout genre? Les réponses sont faciles: la cupidité, l'appât du gain, du profit maximal, de l'argent facile, mais aussi la méchanceté de l'homme et tous ses démons qui peuvent le forcer à devenir un véritable monstre de perversité. Tom Wells va plonger dans le monde dérangeant, tordu et terrifiant du marché du snuff movie, ces films tournés sur des caméra 8mm dans lesquels des individus pervers pratiquent les pires atrocités: massacre, torture, pédophilie, viol, etc. L'existence de telles horreurs restent encore aujourd'hui contesté par certaines personnes. Joel Schumacher pense apparemment que ce genre de pratique existe, et il n'a certainement pas tort, quand on sait de quoi l'homme est capable. Pour une fois, le personnage de Nicolas Cage, Tom Wells, n'est pas le héros bateau qui n'a peur de rien et reste insensible à ses mauvaises passes. Ici, Tom est un homme simple, désireux de bien faire son travail, d'élever sa jeune fille de quatre ans et de passer des moments tendres avec sa femme (Catherine Keener). En somme: un bon père de famille et un mari aimant. Mais face à toutes les atrocités sans nom qu'il va découvrir, ce sera comme si l'innocence se heurtait à l'horreur. Tom Wells en souffre, cela le rend malade, cela le déstabilise psychologiquement, ce qui est clairement explicité dans la scène où il regarde le snuff movie pour la première fois. Cependant, il sait qu'il devra aller jusqu'au bout car il est le seul homme capable d'accomplir ce travail, de retrouver les auteurs-assassins de la jeune Mary Matthews et de venger sa mort.

Le compositeur canadien Mychael Danna a crée une ambiance musicale dérangeante pour le film de Schumacher, sombre, déprimante, dérangeante. Le plus important dans le score de '8mm' reste cette ambiance de musique arabo-indienne que Danna utilise durant la majeure partie du film, le reste se composant essentiellement de pièces orchestrales avec quelques touches d'électronique un peu plus traditionnel dans le genre. Mychael Danna a vraiment composé pour '8mm' quelque chose d'innovant, ayant recours à de la musique arabe sur des images qui ne nécessitent pourtant pas ce type de musique ethnique à la base. On est alors en droit de s'interroger sur ce choix musical bien étrange. On sait que Mychael Danna a toujours manifesté son goût pour les expérimentations, la recherche d'ambiances sonores originales et fraîches sans avoir peur de se montrer anti-conventionnel dans ses musiques, lui qui était encore attaché à des films indépendants auparavant ('Kama Sutra'). Cette musique ethnique orientale peut paraître décalée dans le contexte du film, mais elle renforce de par ce décalage étrange le climat dérangeant du film de Joel Schumacher, accentuant le côté malsain et tordu du snuff movie. Dès le générique de début, le compositeur utilise ainsi une flûte marocaine et des instruments ethniques pour évoquer cette ambiance particulière dans sa musique, tout en se basant sur une partie orchestrale qui annonce le motif principal qui servira de thème du film, un motif de six notes annonçant la future descente aux enfers de Tom Wells.

Il est d'ailleurs assez surprenant de constater le contraste qui s'opère rapidement dans la musique de Mychael Danna: d'un côté, quelque chose d'inhabituel et d'original, de la musique arabe/indienne sur des images qui ne réclament intrinsèquement pas ce type de musique, et de l'autre côté, une écriture orchestrale traditionnelle, avec un mélange cordes/piano/vent plus conventionnel. Ainsi, on peut ressentir à travers ce contraste saisissant ce que nous avons dit un peu plus haut: l'innocence qui se heurte à l'horreur. Au début du film et à la fin de l'histoire, Wells passe des moments d'intimité avec sa femme et sa fille, dans sa maison. C'est là qu'intervient une douce écriture de cordes/piano/flûte, même si on ne sent pas de réelle inspiration particulière de la part du compositeur dans ces passages là. Alors que l'enquête de Wells commence à progresser, Danna réutilise plus fréquemment sa musique arabe, comme par exemple pour la scène où le détective recherche des renseignements sur la jeune fille assassinée dans le film. Dans cette scène, Mychael Danna utilise des percussions tribales avec des chanteurs arabes, hommes et femmes (enregistrés au Maroc), qui viennent renforcer l'ambiance musicale décalée mais de plus en plus envoûtante avec les images, ce décalage apportant un impact psychologique rare sur l'auditeur/spectateur qui suit la terrible aventure de Wells avec un certain malaise (un malaise plus qu'évident étant donné le sujet du film). Le rythme devient plus pressant et accélère alors que les voix semblent parfois crier ou se plaindre, comme c'est surtout le cas pour les chanteuses arabes. Voilà en tout cas une très bonne idée particulièrement originale, qui risque fort de déconcerter les puristes et les amateurs de musique de thriller hollywoodiennes conventionnelles!

Les quelques courses poursuites du film sont renforcées par une musique aux sonorités arabes fiévreuse, dans laquelle les rythmes des percussions ethniques sont clairement mis en valeur, tout comme ces voix envoûtantes et dérangeantes. Mychael Danna utilise aussi un synthétiseur qu'il incorpore dans sa musique pour créer un véritable climat thriller plus conventionnel mais tout aussi efficace, comme par exemple dans le générique de début et la scène où Wells se planque dans un appartement en face de celui d'Eddie pour l'espionner et lui faire cracher le morceau (James Gandolfini, que l'on connaît pour son rôle de mafieux dans la série 'Les Sopranos'). On ne pourra aussi pas passer à côté de l'excellent morceau accompagnant la scène finale où Wells affronte Machine dans un cimetière, morceau orchestral frénétique et agressif basé sur un mélange de percussions orientales, une sorte de compromis musical évident dans cette pièce d'action furieuse dans laquelle le compositeur incorpore un son aigu stressant renforçant la violence de la scène. On ne pourra d'ailleurs qu'applaudir le compositeur pour avoir si bien sut retranscrire toute la violence et la haine de Wells lorsqu'il décide de faire la peau à Eddie qu'il a ligoté dans une baraque pourrie où le snuff a été tourné, utilisant l'orchestre et des sursauts orchestraux terrifiants suggérant la rage que peut ressentir Wells face à tous ses déchets humains et à leurs actes innommables.

Le thème est assez présent tout au long du film, très vite rejoint par l'ambiance décalée de la musique arabe/orientale qui s'avère très vite dérangeante collée sur les images et l'ambiance malsaine du film. Pour '8mm', Mychael Danna a ainsi trouvé une façon plus originale et audacieuse de mettre en musique un thriller (un genre pourtant très codifié): la technique du décalage musical avec les images créant ainsi une ambiance forte toute aussi décalée que le film (d'un côté le père de famille bon mari et de l'autre la pourriture de l'humanité et la décadence totale). Mychael Danna en profite aussi pour nous dévoiler son goût pour l'expérimentation et la recherche musicale, tout en ayant du faire des compromis avec la production pour conserver une approche orchestrale plus conventionnelle. Quand on connaît l'état d'esprit frileux des producteurs hollywoodiens d'aujourd'hui, on se dit que c'est déjà un miracle que Mychael Danna ait put imposer sa propre vision de la musique dans le film de Joel Schumacher! Notons aussi les ambiances sombres et sinistres du synthétiseur (en particulier dans cette utilisation des traditionnelles percussions électroniques) et le puissant 'Rainstorm'. '8mm' demeure donc une partition surprenante de bout en bout, glauque, sombre, déprimante, dérangeante, et que l'on soit ou non réceptif aux recherches musicales de Mychael Danna, on ne pourra pas rester indifférent face à une musique aussi audacieuse et éprouvante. '8mm' reste en tout cas une BO étonnante à découvrir!



---Quentin Billard