1-Los Muertos Vivos Estan 2.48*
2-Vauxhall Bridge 2.19
3-The Eternal City 4.34
4-Donna Lucia 2.03
5-A Place Without Mercy 1.04
6-Backfire 4.54
7-Crows Klinik 1.41
8-The Pale King 2.55
9-Madeleine 2.58
10-Kite In A Hurricane 2.09
11-Snow Plane 5.24
12-L'Americain 1.42
13-Secret Room 5.22
14-Hinx 1.21
15-Writing's On The Wall
(Instrumental Version) 2.10
16-Silver Wraith 2.15
17-A Reunion 5.36
18-Day of the Dead 1.26*+
19-Tempus Fugit 1.21
20-Safe House 3.55
21-Blindfold 1.28
22-Careless 4.39
23-Detonation 3.53
24-Westminster Bridge 4.14
25-Out Of Bullets 1.51
26-Spectre (End Titles) 5.40

*featuring Tambuco Percussion Ensemble
**Ecrit par Sam Smith et James Napier
+Paroles de Bill Bernstein et Tambuco.

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Decca Records 002408402

Score produit par:
Thomas Newman, Bill Bernstein
Musique enregistrée et mixée par:
Simon Rhodes
Abbey Road Studios, Londres
Orchestrations:
J.A.C. Redford
Arrangements additionnels et programmation:
Simon Franglen
Monteurs musique:
Bill Bernstein, Yann McCullough,
Peter Clarke

Coordination audio:
George Doering
Coordination digitale:
Shinnosuke Miyazawa
Préparation musique:
Jill Streater, Global Music Services
Guitares, dulcimer:
George Doering
Synthétiseurs, programmation percus:
John Beasley
Percussions:
Paul Clarvis
Percussions:
Frank Ricotti
Violon électrique:
Sonia Slany
Flûte alto, flûte basse:
Phil Todd
Piano:
Thomas Newman
Tambuco:
Ricardo Gallardo, Alfredo Bringas,
Raul Tudon, Miguel Gonzalez
Co-arrangements percussions:
Yamil Recz

Artwork and pictures (c) 2015 Danjaq, LLC, Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc, Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
SPECTRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
Dernier épisode très attendu de la saga 007 version Daniel Craig, « Spectre » boucle une série de films qui débuta en 2006 avec l’excellent « Casino Royale », suivi de « Quantum of Solace » (2008) et « Skyfall » (2012). 24ème épisode d’une franchise décidément increvable qui dure déjà depuis plus de 50 ans au cinéma, à nouveau confié à Sam Mendes, « Spectre » démarre peu de temps après les événements de « Skyfall ». L’histoire débute lors d’une mission périlleuse que mène Bond (Daniel Craig) à Mexico en pleine fête des morts. 007 affronte un groupe de terroriste et déjoue une menace d’attentat in extremis. Le problème, c’est que M (Ralph Fiennes) ne l’a jamais autorisé à mener de front cette mission, qui s’est soldé par de nombreux dégâts et un incident diplomatique avec le gouvernement mexicain. Durant son combat contre le mystérieux Marco Sciarra (Alessandro Cremona), Bond a récupéré un anneau à motif de pieuvre qu’il portait à son doigt. De retour à Londres, 007 est relevé de ses fonctions, tandis que M doit lutter contre Max Denbigh alias C (Andrew Scott), le nouveau coordinateur des services de sécurité, qui projette de mettre fin au programme des agents double zéro, qu’il juge obsolète, au profit d’un vaste plan visant à fusionner le MI-5 et le MI-6 pour créer les Neuf Sentinelles, un accord de coopération des services de renseignements de neuf pays, ce qui offrirait un partage sans équivoque de tous les réseaux de renseignement d’une bonne partie du monde. Désobéissant aux ordres de M, Bond se rend à Rome pour y assister aux funérailles de Sciarra et y rencontre sa veuve, Lucia (Monica Bellucci). C’est ainsi que Bond découvre que Sciarra faisait partie d’une mystérieuse organisation liée à la bague que portait le terroriste. C’est l’heure des révélations pour 007, qui découvre que le mystérieux dirigeant de cette organisation baptisée « Spectre », Franz Oberhauser (Christoph Waltz), est une vieille connaissance surgie de son passé. Oberhauser est en réalité l’individu responsable de tous les malheurs de Bond depuis « Casino Royale » : tous les ennemis que 007 affronta au cours de ses dernières missions furent des hommes de l’organisation d’Oberhauser, qui cherche en réalité à assouvir une vengeance personnelle contre Bond et dominer les réseaux de renseignement du monde entier, avec la complicité de C. Grâce à un indice crucial, Bond se rend en Autriche et retrouve alors Mr. White (Jesper Christensen), l’ancien membre de Quantum qu’il avait traqué dans les précédents épisodes, victime d’un empoisonnement au thallium pour avoir trahi Spectre. Avant de se suicider, Mr. White demande alors à 007 de retrouver et de protéger sa fille, le Dr. Madeleine Swann (Léa Seydoux), qui possède d’importantes informations pouvant le conduire tout droit à Oberhauser. Sauvant la vie à Madeleine à la clinique où elle travaille, Bond s’enfuit avec la jeune femme. Ils se lancent alors ensemble dans une traque effrénée contre Obserhauser – qui se fait désormais appeler Ernst Stavro Blofeld - et l’organisation Spectre.

Très attendu par les fans de la saga 007, et surtout après la réussite exceptionnelle de « Skyall » - probablement l’un des meilleurs films de toute la franchise - « Spectre » se devait de conclure en beauté une vaste histoire de conspiration terroriste mise en place avec « Casino Royale ». On sait que les quatre films étaient reliés par un ennemi commun, une mystérieuse organisation secrète dont on ne découvre finalement le nom et les origines que dans « Spectre ». Pour Sam Mendes, la boucle est bouclée, et le scénario se doit ainsi de faire la lumière sur certains éléments inexpliqués des précédents films, et sur le mystérieux Mr. White, que l’on retrouve une dernière fois ici lors d’une ultime entrevue avec Bond en Autriche. Le script du film propose ainsi de faire toute la lumière sur cette affaire, et comme toujours lorsque le temps des révélations est arrivé, on est un peu troublé et déçu en même temps, car le film démystifie complètement tout l’aspect obscur des précédentes histoires et s’oriente finalement vers une banale histoire de vengeance personnelle peu inspirée, là où l’on était en droit d’attendre quelque chose de bien plus ambitieux et de bien plus terrifiant. Christoph Waltz incarne ainsi le nouveau Ernst Stavro Blofeld, méchant bien connu de la franchise 007 qui apparaissait déjà dans « From Russia With Love » (1963), « Thunderball » (1965), « You Only Live Twice » (1967), « On Her Majesty’s Secret Service » (1969) et « Diamonds Are Forever » (1971), où il était alors l’ennemi récurrent de James Bond. Hélas, difficile de passer après l’exceptionnel « Skyfall », et la performance inoubliable de Javier Bardem dans le rôle de Raoul Silva (en réalité l’un des hommes de main de Spectre, comme Le Chiffre et Dominic Greene). Mal développé et mal écrit, le personnage d’Oberhauser/Blofeld est très décevant : méchant un peu excentrique mais pas trop (il porte un pantalon trop court au niveau des ourlets et sans chaussette, avec des espèces d’espadrilles, ce qui lui donne un côté bizarrement ridicule), assurément mégalomane mais mesuré dans ses prises de parole, le Blofeld version 2015 déçoit par son manque de charisme évident : le problème ne vient pas de Christoph Waltz qui fait son travail de manière impeccable, mais plutôt du scénario qui n’a pas pris la pleine mesure du personnage et de l’ampleur de ses actions. On se contente juste ici de découvrir qu’il veut anéantir Bond et qu’il est l’homme de l’ombre responsable depuis le début des événements des trois précédents films. Aucune explication sur l’origine de son organisation, comment il acquit autant de pouvoirs, pourquoi il veut contrôler les réseaux de renseignement du monde entier, hormis cette explication ultra simpliste et basique d’une histoire de vengeance obscure – on se dit alors « tout ça pour ça ? » -

Niveau réalisation, « Spectre » est malheureusement à des années lumière de « Skyfall ». Exit ici les symboliques Shakespeariennes et l’ampleur dramaturgique et psychologique du précédent film, place à une longue succession de séquences d’action totalement démesurées, repoussant davantage les limites du genre mais sans grande imagination particulière et sans réelles nuances. Ainsi, « Spectre » se rapproche davantage des films d’action hollywoodiens modernes que d’un drame pyrotechnique et théâtral comme « Skyfall ». Même Daniel Craig semble au bout du rouleau : on le devine dès le début du film, avec son smoking moulant qui ne lui sied guère (curieux, c’est bien la première fois que cela lui arrive depuis « Casino Royale » : on apprécie évidemment le côté voyou de Craig, assez iconoclaste dans la saga, mais où est passé l’élégance de ses précédents costumes ?). Quand aux rôles féminins, on saluera les efforts de Léa Seydoux qui fait ce qu’elle peut pour faire oublier l’exceptionnelle Eva Green de « Casino Royale », mais la sauce ne prend pas, et l’actrice reste assez froide et distante. Quand à Monica Bellucci, elle n’a quelques minutes de présence dans le film et n’apporte pas grand chose à l’histoire ! Que reste-t-il alors de « Spectre » ? Hormis l’aspect technique réglé comme du papier à musique et quelques superbes scènes d’action délirantes (la bataille introductive dans l’hélicoptère à Mexico, la poursuite en voitures sur les quais, la poursuite avec l’avion, la bataille finale aux anciens bâtiments du MI-6 à Londres, etc.), le film aborde des thèmes contemporains, et dénonce par la même occasion la surenchère dans le contrôle des réseaux de renseignement, et l’escalade des politiques intérieures ultra-sécuritaires qui justifient des moyens technologiques toujours plus considérables, qui finissent par écraser l’humain et la société elle-même. Quand à « Spectre », à l’instar de « Quantum », il s’agit d’une métaphore plus qu’évidente des organisations secrètes mondiales qui agissent dans l’ombre – réelles ou imaginaires - reflétant les théories conspirationnistes typiques de notre époque. En ce sens, « Spectre » est un peu un amalgame des loges franc-maçonnes, des illuminatis ou des patriotes de la saga vidéoludique « Metal Gear Solid », qui agissent eux aussi pour le contrôle de l’information mondiale ! Sur ce plan, le film est parfaitement réussi, avec le symbole de la pieuvre aux huit tentacules - plan subtil de la part de Mendes durant le face à face final entre Bond et Blofeld derrière la vitre : les impacts de balles sur la fenêtre créent le logo de Spectre !

On appréciera aussi cette étonnante surimposition des deux visages des ennemis jurés dans le reflet de la fenêtre, un détail visuel typique du réalisateur. La double confrontation finale avec C et Blofeld à Londres est elle aussi très réussie, mais il manque ce petit plus, ce soupçon de dramaturgie qui faisait toute la différence avec « Skyfall ». Cette fois, Sam Mendes devient plus basique, plus terre-à-terre, et livre un film qui va à cent à l’heure, plus accaparé à résoudre l’histoire mise en place depuis 9 ans qu’à développer réellement ses personnages qui, à l’instar du titre du film, déambulent d’un décor à un autre comme des spectres errant dans des lieux différents. C’est d’autant plus regrettable que l’on était pourtant en droit d’attendre autre chose pour cette grande conclusion de l’ère des Bond version Daniel Craig – il semblerait néanmoins que le contrat de l’acteur prévoit un film de plus ! – Si l’on excepte quelques scènes mémorables, dont une bagarre très hitchcockienne dans un train (façon « North by Northwest »), « Spectre » déçoit par son manque d’ambition scénaristique et ses personnages plus mécaniques et froids, sans parler d’un Daniel Craig étrangement inexpressif, qui semble finalement peu concerné par les événements du film. Même ses retrouvailles avec Mr. White vers le milieu du film se déroulent de manière plate et insipide, alors que l’on attendait là aussi quelque chose de réellement plus excitant ! Difficile alors de comprendre le semi-échec de « Spectre » : trop de pression avec l’énorme succès de « Skyfall », qui a mis la barre très haut, trop haut peut-être, Sam Mendes signant ainsi un nouveau 007 pas déshonorant mais pas vraiment génial non plus, un solide divertissement, certes, dans la continuité de « Quantum of Solace » (l’épisode le moins bon de la saga Craig), mais pas au niveau de « Skyfall ».

Thomas Newman retrouve alors Mendes après « Skyfall », pour lequel le compositeur signe un nouveau score d’action dans la continuité de ce qu’il a déjà fait sur le film précédent. Ainsi donc, aucune surprise particulière à la première écoute de l’oeuvre. Tous les éléments habituels sont représentés ici : les reprises du célèbre thème de James Bond de Monty Norman, les morceaux d’action aux percussions endiablées, les passages plus dramatiques, les montées de suspense, les moments plus intimes voire romantiques, etc. Dès le début du film, Newman instaure un climat tendu à l’aide d’une déferlante de percussions pour la scène introductive de la fête des morts à Mexico (« Los Muertos Vivos Estan »), accompagnées de variations autour du thème de James Bond, d’abord à la flûte alto, puis aux cordes. Très clairement, la tension est ici palpable, annonçant d’emblée la couleur tout en restant fidèle à l’univers sonore des 007. « Vauxhall Bridge » est plus typique du compositeur avec l’emploi d’éléments électroniques modernes et de certaines sonorités rappelant les anciens scores de Thomas Newman. Ici aussi, on devine une tension palpable à chaque instant pour les événements à venir. Dans « The Eternal City », le compositeur crée la surprise en introduisant une partie chorale assez grandiose, durant la scène de la poursuite à Rome. Newman associe la ville italienne à un aspect religieux brillamment exploité pour la scène, sur fond de trémolos de mandolines, de cordes staccatos, de cuivres et de rythmiques électroniques. L’usage des choeurs apporte ici une certaine nouveauté et plonge le score dans une ambiance sombre et intrigante, à l’instar de cette histoire d’organisation secrète puissante qui cherche à gouverner le monde. A noter l’emploi des nappes synthétiques dans la seconde partie de « The Eternal City » qui contribuent là aussi à renforcer cette atmosphère sombre et obscure assez saisissante et de manière plus minimaliste. Pour finir, « The Eternal City » présente aussi l’un des nouveaux thèmes majeurs du score, un motif de quatre accords mystérieux associé à Spectre et Oberhauser/Blofeld dans le film. On entend les prémisses de ce thème vers 3:27, mais Newman choisit de le jouer de manière camouflée et incomplète, alors que l’identité de l’organisation et de son leader n’a pas encore été révélée à ce moment du film (durant la scène où Bond se rend aux funérailles de Sciarra et rencontre Lucia). « Donna Lucia » développe ensuite une ambiance plus mélancolique et intime pour la scène où Bond séduit la veuve de Sciarra pour parvenir à son but. On retrouve le style plus romantique et minimaliste de Newman avec ses harmonies de cordes raffinées d’une grande beauté.

« Backfire » est le premier grand morceau de bravoure du film, si l’on excepte le morceau d’action de l’ouverture, malheureusement non inclus sur le CD (il s’agissait en grande partie d’une musique reprise de « Skyfall » !). « Backfire » accompagne la poursuite en voitures sur les quais à Rome, morceau d’action trépidant durant lequel Thomas Newman tente de renouer avec le style des musiques d’action de David Arnold sur les anciens épisodes, à l’aide de cors massifs, de percussions, de rythmiques électroniques et de cordes survoltées. Le morceau est en partie basé sur un motif de cors de 7 notes reconnaissable à son groupe de 2 notes. Les choeurs reviennent ici aussi pour évoquer Rome de manière grandiose et quasi épique, au détour d’un des plus beaux passages de la partition de « Spectre », et aussi l’un des plus excitants – dommage cependant que la partie rythmique soit très impersonnelle – On retombe ensuite dans de l’atmosphérique moins convaincant dans « Crows Klinik », pour lequel Newman renoue avec son style minimaliste qui lui est si cher, à l’aide d’une basse, de cordes, claviers, guitares, pian, etc. « Madeleine » introduit alors un Love Theme pour Bond et Madeleine dans le film. On y retrouve les flûtes ethniques habituelles du compositeur, avec ses cordes élégantes et suaves rappelant « Donna Lucia », avec cette douce mélancolie si propre à Newman. Dommage cependant que le thème ne laisse pas de souvenir particulier ici et manque clairement de caractère. On pourrait par ailleurs dire la même chose de l’identité sonore et thématique de Spectre/Blofeld, dont on retrouve les nappes sonores obscures dans « Kite in a Hurricane », mais sans une ligne conductrice claire, Newman se contentant surtout de réutiliser ces nappes sonores sans grande particularité. L’action reprend le dessus durant la poursuite en avion de « Snow Plane », dominé par une déferlante de percussions un peu cheap, qui rappelle curieusement les percussions synthétiques qu’Hans Zimmer et ses collègues utilisaient dans les musiques d’action de Media Ventures dans les années 90. C’est d’autant plus regrettable que l’on était pourtant en droit d’attendre autre chose d’un gros passage d’action d’un 007 version 2016 !

Plus intéressant, « Silver Wraith » présente enfin l’identité musicale de Spectre et Blofeld dans son intégralité, durant la scène où Bond et Madeleine arrivent à sa base secrète dans le désert après le milieu du film. Le thème apparaît alors clairement à 1:14, avec le retour de ces nappes sonores reconnaissables, cette fois-ci couplées à une basse synthétique, des vocalises orientales et des cordes mystérieuses, un morceau intrigant, développant cette atmosphère de conspiration si particulière dans « Spectre ». « A Reunion » marque ainsi les retrouvailles entre Bond et Blofeld avec une reprise de la thématique sonore de Spectre de manière plus étendue et menaçante. « Tempus Fugit » évoque ensuite la scène où Bond et Madeleine s’échappe du complexe de Blofeld après avoir tout fait exploser. Le morceau reprend en fait un motif d’action de cordes de « Skyfall » que l’on reconnaît aisément ici, Newman assurant ainsi la continuité avec sa précédente partition (on l’entendait déjà durant le combat dans l’hélicoptère à Mexico au début du film). « Secret Room » et « Safe House » développent quand à eux un nouveau thème, une série de notes descendantes et courtes du piano, plus intime et mélancolique, associé à Madeleine dans le film. Là aussi, le thème est réussi mais ne laisse aucun souvenir particulier et manque très cruellement de saveur. La tension monte d’un cran dans « Careless » durant le dernier acte du film, débouchant sur l’excitant et percussif « Detonation » alors que Bond fonce sauver Madeleine dans l’immeuble truffé d’explosifs à la fin du film, la scène se concluant avec une superbe reprise frénétique du thème de Bond.

Et c’est la confrontation finale dans « Westminster Bridge » qui prolonge une dernière fois la nervosité de « Detonation », avec le retour d’un motif de cuivres ascendant entendu à plusieurs reprises dans le score et repris du score de « Skyfall » (et notamment du morceau « The Moors »). A vrai dire, une bonne partie de « Westminster Bridge » est un réarrangement de « The Moors » sans grande originalité particulière, mais qui sied parfaitement à la tension de la scène où Bond abat l’hélicoptère de Blofeld qui tente alors de s’échapper. Le thème de piano de Madeleine revient ainsi une dernière fois dans « Out of Bullets », apportant un sentiment de soulagement et de paix retrouvée à la toute fin du film, Bond choisissant clairement son camp au moment où il pointe son arme sur Blofeld au sol. Enfin, « Spectre (End Titles) » se propose de développer essentiellement pour le générique de fin du film la thématique de Spectre et Blofeld avec une partie électronique plus présente, suivi d’autres éléments du score. Ainsi donc, on ressort assez mitigé de l’écoute de « Spectre », dans le film comme sur l’album. La partition remplit parfaitement le cahier des charges mais s’avère malgré tout moins passionnante et moins incisive que dans « Skyfall ». Thomas Newman fait des efforts pour assurer la continuité avec son précédent opus, mais semble ici moins inspiré, notamment dans les musiques d’action qui paraissent ici plus ternes et décevante à l’écran, là où « Skyfall » semblait un brin plus convaincant. La thématique de « Spectre » est aussi l’un des éléments les plus regrettables du travail de Newman, avec des identités sonores ou mélodiques bien souvent ternes ou passe-partout, que l’on oublie rapidement, faute d’une vraie personnalité dans les thèmes musicaux du film (en dehors de celui de James Bond, bien entendu). Décidément, force est de constater que, malgré tous ses efforts, Thomas Newman est incapable d’arriver à la cheville de David Arnold, et que la franchise semble avoir perdu de sa superbe depuis l’éviction d’Arnold avec l’arrivée de Sam Mendes. Croisons les doigts pour que le compositeur soit de retour sur le prochain 007, histoire de remettre les pendules à l’heure une bonne fois pour toute !



---Quentin Billard