1-Warcraft 1.58
2-The Horde 3.17
3-Medivh 2.44
4-Honor 4.46
5-Forest Ambush 3.44
6-Lothar 3.35
7-Gul'Dan 3.14
8-The Beginning 2.30
9-Strong Bones 1.34
10-Victory and Defeat 3.03
11-The Book 2.27
12-Two Worlds Colliding 3.23
13-The Incantation 3.44
14-Half Orc, Half Human 1.27
15-Whatever Happens 1.43
16-My Gift To You 2.31
17-Llane's Solution 7.25
18-Mak'Gora 5.02
19-For Azeroth 2.50

Musique  composée par:

Ramin Djawadi

Editeur:

Back Lot Music 642

Score produit par:
Ramin Djawadi
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Music business affairs
pour Universal Pictures:
Tanya Perara, Kyle Staggs
Superviseurs musique:
Peter Afterman, Margaret Yen
Musique additionnelle:
Brandon Campbell
Monteurs musique:
Peter Myles, Michael Bauer
Mixage score:
Gustavo Borner
Orchestrateurs:
Stephen Coleman, Andrew Kinney,
Tony Blondal, Matt Dunkley

Services de production musicale:
Jennifer Hawks
Préparation musique:
Jill Streater
Technical score advisor:
William Marriott
Assistants mix score:
Andy Rumschlag,
Daniel Davilla, Daniela Viegener

Orchestrateur percussions:
Henri Wilkinson, Edward Trybek
Directeur de production pour
Back Lot Music:
Jake Voulgarides
Manager marketing pour
Back Lot Music:
Nikki Walsh

Artwork and pictures (c) 2016 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ****
WARCRAFT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ramin Djawadi
Surfant sur la vague de l’heroic-fantasy revenu au goût du jour au cinéma depuis le succès colossal des « Lord of the Rings » et « The Hobbit », « Warcraft » débarque à son tour sur nos écrans. Très attendu par de nombreux fans, il s’agit de l’adaptation cinématographique du célèbre jeu vidéo éponyme sorti pour la première fois en 1994, probablement le plus populaire des MMORPG à ce jour. Produit par Blizzard Entertainment, « Warcraft » s’inspirait alors des jeux de rôle sur table dans la série des « Dungeons & Dragons » et autre « Warhammer », se déroulant dans un univers médiéval-fantastique ultra codifié. Longtemps attendue au cinéma, l’adaptation ciné de « Warcraft » nécessita une assez longue gestation depuis l’annonce du projet par Blizzard Entertainment et Legendary Pictures en 2006. Et c’est ainsi que le film sort en salles en 2016, réalisé par Duncan Jones, à qui l’on doit notamment « Moon » (2009) et « Source Code » (2011). Assez fidèle aux jeux d’origine, « Warcraft » se déroule dans un univers similaire : alors que Draenor, le monde des Orcs, est en train d’agoniser, le démoniste Gul’dan tente d’unifier les différentes tribus orcs en utilisant la puissante magie noire nommée Fel, et ce afin d’ouvrir un portail vers le monde d’Azeroth. Une poignée de guerriers orcs est alors envoyée dans cet autre monde pour capturer des prisonniers et les offrir en sacrifice à Gul’dan afin d’ouvrir le portail vers Azeroth. Durotan, le chef de la trivu des Loups de Givre, sa femme enceinte Draka et son ami Orgrim font partie de l’expédition guerrière envoyée dans l’autre monde. Alors que plusieurs villages sont pillés et attaqués par les orcs, Sir Anduin Lothar (Travis Fimmel), chevalier du royaume d’Hurlevent, décide d’enquêter sur ces événements récents et capture alors Khadgar (Ben Schnetzer), un jeune mage apprenti qui cherche à tour l’origine du mal qui touche Azeroth depuis quelques temps. Le mage réussit à prouver l’existence du Fel et demande à ce que le Gardien, le puissant mage Medivh (Ben Foster), soit convoqué, ce que le roi Wrynn (Dominic Cooper) accepte en l’envoyant à la forteresse de Karazhan. Medivh accepte alors d’accompagner Lothar et Khadgar dans leur quête pour contrer la menace du Fel et doivent alors affronter les orcs de Durotan et Orgrim. Ils réussissent alors à faire deux prisonniers, dont Garona (Paula Patton), une mystérieuse hybride mi-orc mi-humaine, esclave des orcs à cause de sa race. Après avoir sauvé la vie à Garona, Lothar tente d’obtenir des informations de la part de la jeune hybride, qui semble en savoir long sur les agissements des orcs. Elle accepte alors de diriger un groupe d’espions vers le camp des orcs afin de contrer la menace qui pèse sur le monde d’Azeroth.

« Warcraft » a beau avoir suscité beaucoup d’attente et de curiosité de la part des fans du jeu d’origine, le résultat n’est franchement pas à la hauteur des attentes, dans le sens où l’on assiste à un spectacle hyper formaté qui ne prend aucun risque avec le genre, et nous balance son lot de clichés à n’en plus finir sans une seule once d’originalité. Visuellement, le film est très beau bien que Duncan Jones insiste un peu trop sur l’usage du numérique et de la 3D au profit d’une histoire somme toute assez moyenne, et ce malgré la multitude de personnages et des intrigues secondaires. En revanche, on se serait attendu à un scénario un brin plus passionnant, bien que l’on sente clairement qu’il s’agit ici d’un premier film fait pour poser les bases d’une future saga (le film a coûté 160 millions et en a rapporté 432, du coup, la question d’une suite ne se pose même pas !). Les fans du MMORPG en auront probablement pour leur argent avec ce film plutôt respectueux de l’univers qu’il adapte – on sait que Duncan Jones est un fan du jeu et qu’il tenait à ce que le film raconte une vraie histoire – mais les autres risquent fort de s’ennuyer devant un spectacle somme toute déjà bien kitsch, sorte de croisement entre « Lord of the Rings » et « Dungeon & Dragons » (le film, pas le jeu de rôle !). D’ailleurs, tout semble avoir été fait dans « Warcraft » pour tenter de renouveler l’exploit de « Lord of the Rings », sauf qu’on est bien loin ici du brio de la trilogie de Peter Jackson. Pourtant, tout semblait fonctionner au départ : les orcs sont magnifiquement conçus et hyper réalistes, les décors sont grandioses, les effets spéciaux dantesques, le casting est impeccable, les scènes de bataille sont épiques et monumentales, les personnages plutôt variés, mais il manque cette étincelle d’inventivité, ce soupçon de folie, ce petit plus qui faisait toute la différence dans les films de Jackson et qui manque cruellement ici. Peut être est-ce aussi du à la surenchère visuelle de numérique et la 3D qui rendent le film incroyablement artificiel et stérile, si bien qu’on a parfois l’impression de regarder une longue cinématique tirée d’un jeu vidéo d’aujourd’hui. Il y a bien quelques bonnes idées dans cet univers d’heroic-fantasy ultra calibré, mais rien qui mérite vraiment de s’en relever la nuit. Espérons que les futurs films de la saga « Warcraft » sauront relever le niveau, car un univers aussi riche mérite une vraie adaptation ciné bien plus passionnante, plus savoureuse et bien moins convenue !

La musique a été confiée à Ramin Djawadi, qui a probablement été choisi sur « Warcraft » en raison de sa participation à la série TV « Game of Thrones », qui se déroule dans un univers vaguement similaire. Concevoir la musique de « Warcraft » n’était guère chose aisée, car il s’agissait de succéder aux musiques des jeux vidéos, généralement très réussies, sur lesquelles plusieurs compositeurs ont oeuvré à tour de rôle – Russell Brower, Neal Acree, David Arkenstone, Clint Bajakian, Tracy Bush, Jeremy Soule, Matt Uelmen, etc. – Certains fans ont par ailleurs regretté que des compositeurs comme Neal Acree ou Jeremy Soule n’aient pas pu rempiler sur le film, ce qui aurait été plutôt logique étant donné la qualité de leurs musiques si évocatrices et si reconnaissables de l’univers de Warcraft. Ramin Djawadi saisit à son tour l’occasion et livre un travail proche de ce qu’il fit sur « Pacific Rim » ou sur la série « Game of Thrones ». Enregistrée à Londres avec une grande formation symphonique, une chorale et quelques instruments solistes, le score de « Warcraft » débute au son du thème principal, reconnaissable à ses percussions guerrières et sa mélodie de cuivres belliqueuse associée aux humains d’Azeroth dans le film. Aucun doute possible : Djawadi joue d’emblée la carte de l’épique et de l’aventure avec un premier morceau guerrier et martial typique de l’univers de « Warcraft ». Dans « The Horde », le compositeur dévoile la thématique associée aux orcs, essentiellement limitée à des percussions guerrières – incluant les sempiternels taiko drums japonais – une flûte contrebasse qui apporte une couleur sonore particulière aux orcs, et des choeurs masculins gutturaux. Dans « Medivh », on découvre le troisième thème de la partition, un thème de cordes plus majestueux et noble associé au mage Gardien campé par Ben Foster dans le film. Le thème du mage Medivh, assez reconnaissable dans le film, apporte un sentiment d’espoir et de mystère au personnage. Dans « Honor », on devine plus aisément le thème des orcs développé dans un premier temps par la flûte contrebasse si caractéristique, plus reprise de manière solennelle et majestueuse par les cordes. Le thème des orcs s’avère assez réussi, accompagné de sonorités ethniques parfois étranges, Djawadi apportant aux créatures guerrières un aspect noble et curieusement élégant à travers leur thème.

Dans « Gul’dan », le compositeur développe le thème des orcs (à 2:44) avec le retour des percussions tribales sur fond de flûte ethnique (à noter ici le rôle purement rythmique de la flûte et ses effets de souffle) et de cuivres massifs. L’attaque de la forêt vers le début du film (« Forest Ambush ») reprend une partie des sonorités des orcs à grand renfort de taiko drums et de variations autour du thème principal guerrier des humains d’Azeroth. Comme toujours chez le compositeur, les orchestrations sont assez pauvres – beaucoup de cordes, de cuivres et de percussions, tandis que les bois se limitent à quelques solistes – on regrette le côté souvent monolithique et un peu trop simpliste de certains morceaux d’action où tout le monde a tendance à jouer en tutti, un défaut récurrent chez Djawadi, mais force est de constater que le compositeur semble avoir progressé et mûri dans ses idées musicales, allant ainsi jusqu’à juxtaposer subtilement le thème de Medivh et celui des orcs vers la deuxième minute de « Forest Ambush », des thèmes qu’il manipule à loisir dans le film malgré quelques facilités évidentes inhérentes aux productions Remote Control d’Hans Zimmer, studio dont fait toujours partie Djawadi à l’heure actuelle. Finalement, la musique paraît même bien plus intéressante dans les moments plus calmes et lyriques comme le dramatique « Lothar » qui dévoile le quatrième thème du score, thème noble et guerrier de 5 notes associé à Sir Lothar dans le film, probablement l’un des meilleurs thèmes de la partition de « Warcraft ». Dans « The Beginning », le thème Medivh est à nouveau présent, et là aussi, on notera la façon intéressante dont Djawadi joue avec le thème, débutant sur un ostinato mélodique des violoncelles qui reprennent en fait la mélodie en accéléré, tandis que le thème est joué par dessus en notes plus longues et plus lentes aux cuivres, suivi d’un rappel au thème principal (vers 1:01).

« Victory and Defeat » illustre la scène de bataille au milieu du film alors que Medivh crée un barrage avec ses pouvoirs magiques, avec des rappels au thème de cordes dramatiques de Lothar. A noter ici l’omniprésence des cordes, largement valorisée durant la scène alors que les percussions et les cuivres sont finalement utilisés de manière plus ponctuelle, élément intéressant pour une musique de bataille, sans oublier le final tragique et poignant avec violoncelle et cordes. Dans « The Book », Djawadi évoque l’univers de la magie à l’aide de sonorités cristallines étranges, d’éléments électroniques discrets et de choeurs pour parvenir à ses fins. L’identité sonore des orcs revient à la charge dans le belliqueux « Two Worlds Colliding » et ses choeurs masculins guerriers scandés avec rage, avec de nouvelles variations autour du thème principal. Dans « The Incantation », la tension monte d’un cran lorsque les héros comprennent que Medivh est sous l’emprise du Fel et s’apprête à servir la cause des orcs et à trahir son peuple. On retrouve par ailleurs ici des allusions puissantes et sombres au thème du mage, bien différent de l’espoir qu’il incarnait au départ dans la piste « Medivh ». On appréciera aussi le rôle des solistes dans « Half Orc, Half Human » où Djawadi développe un autre thème, celui de Garona, plus intimiste et doux, dès 0:44 au violoncelle. Niveau thématique enfin, on trouve encore un autre motif, une sorte de thème héroïque d’action pour le royaume d’Azeroth entendu au début de «Victory and Defeat », et repris brièvement au début de « Whatever Happens », alors que Lothar, Garona et leurs semblables partent vers le camp des orcs pour tenter de sauver Azeroth. On appréciera ensuite la douce reprise minimaliste du thème de Medivh à la harpe dans « My Gift to You », apportant davantage d’espoir et d’émotion lors de la dernière partie du film.

« Llane’s Solution » débute sous les meilleures auspices pour le début de la bataille finale entre les humains et les orcs. Impossible de passer à côté de l’envolée héroïque savoureuse mais hélas bien trop brève du thème de Lothar aux cuivres vers 0:25 ! On retrouve ici les formules musicales habituelles des musiques d’action de chez Remote Control, à savoir le lot habituel de boucles de cordes et de percussions, mais c’est l’intelligence et la densité du matériau thématique qui font ici toute la différence (un peu comme dans « Pacific Rim »), Djawadi se montrant particulièrement inspiré dès qu’il s’agit de superposer ou de développer les différents thèmes et motifs, parfois de manière assez subtile. On retrouve aussi de nombreuses références au thème d’action héroïque très présent dans « Llane’s Solution », ainsi que des allusions au thème principal et à celui de Medivh, sans oublier une superbe coda dramatique de toute beauté. « Mak’Gora » développe quand à lui le thème de Garona, pour la scène où le roi lui demande de le tuer à la fin de la bataille, pour faire croire aux orcs qu’elle est de leur côté afin de les infiltrer et de les détruire de l’intérieur. A ce sujet, ne ratez pas la superbe reprise dramatique et puissante du thème de la jeune hybride à partir de 3:42, un autre grand moment du score de « Warcraft » ! Enfin, le film se termine avec des variations autour du thème héroïque d’Azeroth dans « For Azeroth » et une ultime reprise triomphante du thème principal guerrier.

Si certains béophiles avaient ainsi des doutes à l’annonce du nom de Ramin Djawadi pour la musique de « Warcraft », qu’ils soient immédiatement rassurés : le compositeur a fait un très bon travail sur le film de Duncan Jones, et bien que le score ne soit guère original en soi, l’approche musicale voulue par Djawadi est très intéressante, car les thèmes sont nombreux, riches et variés, les développements des idées mélodiques très satisfaisants et l’utilisation des différents solistes plutôt réussie. La musique gagne en profondeur à chaque écoute, révélant sa multitude de thèmes et de variations thématiques avec quelques idées musicales assez bien trouvées. « Warcraft » n’est certes pas le chef d’oeuvre de l’année et n’arrive certainement pas à la cheville des « Lord of the Rings » d’Howard Shore, mais le résultat est somme toute plutôt intéressant et devrait séduire tous les fans de l’univers de Warcraft, tandis que les autres apprécieront l’apport des cordes et des instruments solistes dans un score qui relègue finalement les cuivres et les traditionnels choeurs épiques au second plan, fait plutôt rare dans une musique d’heroic-fantasy moderne des années 2000 ! Au final, la musique de « Warcraft » va là où on l’attend dans le film mais en prenant quelques détours inattendus, et le résultat, pas extraordinaire en soi, a suffisamment de mérite pour susciter un réel intérêt à l’écoute et sur la longueur : une réussite indéniable, donc !



---Quentin Billard