1-The Aces Theme 1.53
2-Escape From Peru 4.36
3-Chappy's Surprise 2.39
4-Trouble In Brownsville 1.53
5-Chappy Survives 1.47
6-Anna's Theme 2.03
7-The Aces Agree 1.35
8-Hirokoshi Confesses 1.41
9-Anna In Action 5.38
10-Aces In Action 3.13
11-Getting The Message 0.32
12-Too Much Seasoning 3.12
13-Action In The Andes 4.21
14-Tee-Vee Does The Right Thing 2.43
15-The Messerschmidt 263/
Hero In A Zero 1.29
16-Chappy Saves The Day 3.34
17-Kleiss Is Diced 1.16
18-Final Credits 4.47

Musique  composée par:

Harry Manfredini

Editeur:

Intrada MAF 7022D

Musique produite par:
Harry Manfredini
Album produit par:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Monteur musique:
Jack K. Tillar
Coordinateur musique:
Bobby Muzingo
Orchestrateur additionnel:
Bobby Muzingo
Orchestre conduit par:
Peter Breiner

Artwork and pictures (c) 1992 Carolco Pictures. All rights reserved.

Note: ***
ACES : IRON EAGLE III
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Manfredini
Troisième volet de la tétralogie « Iron Eagle » (Aigle de Fer), « Aces : Iron Eagle III » est cette fois-ci confié au britannique John Glen, connu pour ses films de James Bond des années 80 comme « Octopussy », « A View to a Kill », « For Your Eyes Only », « Licence to Kill » ou bien encore « The Living Daylights ». Sorti en salles en 1992, « Iron Eagle III » est le seul film de la franchise qui n’est pas réalisé par le canadien Sidney J. Furie. C’est aussi un épisode bien décevant, à peine digne d’une série-B à petit budget, tourné à une époque où John Glen n’a plus le vent en poupe au cinéma et semble obligé d’aligner les projets sans ambition pour continuer de survivre après sa période faste sur les James Bond, qui occupa tout de même presque 10 ans de sa vie. On y retrouve Charles « Chappy » Sinclair (Louis Gossett Jr.), pilote chevronné de l’US Air Force et instructeur vétéran qui échappe à la retraite en s’engageant dans un cirque aérien où il multiplie les représentations avec ses collègues Leichmann (Horst Buchholz), Palmer (Christopher Cazenove) et Horikoshi (Sonny Chiba). Chappy et ses collègues aviateurs simulent ainsi de fausses batailles aériennes pour divertir le public. Peu de temps après, Chappy apprend que son vieil ami Ramon Morales a été tué dans le crash de son appareil près du golfe du Mexique et qu’il transportait apparemment une importante cargaison de cocaïne. Convaincu que son ami Morales n’était pas un trafiquant de drogue, Chappy va mener sa propre enquête et va rentrer en contact avec Anna (Rachel McLish), la soeur de Ramon dont le père est maire d’un petit village péruvien. Cette dernière explique à Chappy que Ramon a été tué, et que sa famille et ses proches sont menacés par un ancien capitaine nazi nommé Gustav Kleiss (Paul Freeman), qui dirige un cartel de la drogue dans le village d’Izquitos au Pérou et s’est allié avec le général Simms (Mitchell Ryan) de l’USAF pour transporter illégalement de la drogue dans les avions de sa base. Avec l’aide de l’agent de la DEA Warren Crawford (Tom Bower), Anna, Chappy et ses collègues pilotes décident de partir ensemble pour le Pérou afin de stopper Kleiss et mettre un terme aux activités criminelles du cartel de la drogue qui sévit dans la région et menace le village tout entier.

« Aces : Iron Eagle III » surfe ainsi sur la vague des Top Gun-like et de tous ces films typiques de la fin des années 80 vantant les mérites des pilotes de l’armée américaine aux prises avec les ennemis des USA à cette époque (en gros les russes ou le Moyen-Orient). Mais, contrairement aux deux épisodes précédents, qui se contentaient d’imiter bêtement « Top Gun » sans moyens, un effort semble avoir été fait ici par rapport au scénario, pas exceptionnel certes, mais qui a au moins le mérite de reléguer les séquences aériennes au second plan au profit d’une orientation plus ‘action’, en mettant en scène les héros aux prises avec un groupe de narcotrafiquants et de militaires corrompus dans un village péruvien. Hormis quelques séquences de combats aériens assez invraisemblables (les héros s’emparent plus ou moins illégalement d’avions militaires et les équipent d’armement high-tech pour faire justice eux-même !), le film se passe bien souvent sur la terre ferme et nous permet de retrouver quelques têtes connues en dehors de Louis Gossett Jr. – acteur récurrent de la saga – avec en particulier Sonny Chiba, acteur culte des films de kung-fu japonais des années 70/80, mais aussi la body-buildeuse américaine Rachel McLish, le vétéran Mitchell Ryan ou l’indispensable Paul Freeman, spécialiste des rôles de méchant (le fameux Belloq du « Raiders of the Lost Ark » de Spielberg), sans oublier un autre vétéran, Horst Buchholz, le James Dean allemand du cinéma américain des années 60 (on retrouve aussi dans les seconds rôles des acteurs bien connus des années 80/90 comme Fred Dalton Thompson, J.E. Freeman, Rob Estes, Christopher Cazenove, etc.). Le film doit beaucoup à l’expérience de John Glen, qui sait tourner des scènes d’action et de bataille spectaculaire – y compris lors du combat final dans la base des narcotrafiquants – seulement voilà, « Iron Eagle » n’a jamais été une franchise particulièrement intéressante à la base, et ce troisième épisode ne parvient pas à relever le niveau de cette quadrilogie tout à fait dispensable.

Après une sympathique partition de Basil Poledouris pour le premier film de 1986 et une partition d’Amin Bhatia pour le second film sorti en 1988, c’est au tour d’Harry Manfredini d’écrire la musique de ce troisième volet, un compositeur plutôt inattendu sur le projet, Manfredini étant alors connu à l’époque pour ses musiques de film d’horreur/suspense comme la série des « Friday the 13th », « House », « Swamp Thing », « DeepStar Six » ou « Wishmaster ». Le score de « Aces : Iron Eagle III » part d’emblée vers une direction ultra prévisible révélant dans un premier temps l’extrême premier degré de l’approche de Manfredini sur le film de Glen, mais aussi le manque de moyen évident. Le score se partage ainsi entre quelques parties orchestrales rachitiques et des synthétiseurs 80’s cheap et datés, qui reflètent la maigreur du budget musique alloué au compositeur. Qu’à cela ne tienne, Manfredini, qui s’y connaît en musique de film à petit budget (il a passé une partie de sa vie à écrire pour des productions horrifiques fauchées !), contourne le problème et oscille entre orchestre et synthétiseurs pour parvenir à ses fins, avec, pour commencer, un thème principal héroïque associé à Chappy et ses collègues aviateurs. Le thème est dévoilé dès le générique de début et s’apparente à une fanfare triomphante (assez kitsch) à l’aide de ses trompettes héroïques et ses rythmes martiaux (« The Aces Theme ») - On est assez proche ici du style de « Masters of the Universe » de Bill Conti - A 0:49, Manfredini dévoile ensuite le second thème du score, le très joli « Anna’s Theme », associé à la soeur de Ramon Morales, qui cherche à venger la mort de son frère et sauver ses proches des griffes de Kleiss et ses sbires. Avec deux thèmes plutôt intéressants, Manfredini apporte son lot d’action, de tension et d’émotion au film, sans aucune originalité particulière.

L’action débute avec « Escape From Peru », morceau d’action tonitruant et énergique malheureusement gâché par une abondance de samples synthétiques pas du tout à la hauteur des efforts du compositeur. On appréciera néanmoins les nombreux rebondissements rythmiques qui permettent de relancer l’intérêt tout au long de la scène, même si l’on aurait aimé entendre le même morceau avec un vrai orchestre. A noter quelques éléments sonores ethniques apportant une couleur latino au score (la scène se passe au Pérou), et notamment dans l’utilisation de la guitare et de flûte ethnique. Curieusement, Manfredini contrebalance à quelques reprises la qualité cheap des synthés avec quelques vagues parties orchestrales, notamment dans les cuivres, sauf lorsqu’il s’agit de parties trop complexes à interpréter par de vrais musiciens. Dans « Chappy’s Surprise », Manfredini réutilise partiellement l’orchestre et introduit une rythmique pop/rock très 80’s, idée qu’il prolonge dans « Trouble in Brownsville » qui débute avec une basse funky très datée. On retrouve ici le style action orchestral habituel d’Harry Manfredini, reconnaissable dans les ponctuations de cuivres et des percussions (qui rappellent « DeepStar Six »). Fort heureusement, la tension est atténuée par le joli « Anna’s Theme » et sa guitare intimiste si caractéristique, puis très vite, l’équipe des pilotes casses-cou se forme dans « The Aces Agree » avec un rappel à la fanfare héroïque suggérant la détermination des héros à partir au Pérou pour aider Anna à sauver ses proches et stopper les agissements de Kleiss. Dans « Horikoshi Confesses », Manfredini s’intéresse au personnage campé par Sonny Chiba avec de vagues sonorités nippones et des trompettes solennelles baignant par dessus un flot de cordes synthétiques cheap.

Plus stimulant et énergique, « Anna in Action » débute au son de la fanfare héroïque pour 5 minutes d’action pure et dure alors que la bataille dans le camp péruvien de Kleiss débute dans la seconde partie du film. Manfredini parvient à suggérer la tension et les rebondissements avec le retour de ses ponctuations rythmiques de cuivres et ses loops synthétiques entêtants, accompagnés de quelques rythmes martiaux, idées qui culminent pour l’attaque aérienne des as dans « Aces in Action » débouchant sur le triomphant et kitschissime « Getting the Message » qui semble surgir tout droit d’une musique de cartoon ! Dès lors, le dernier acte du film permet à Manfredini de multiplier les morceaux d’action et les envolées héroïques cheapos comme dans « Too Much Seasoning », le belliqueux « Action in the Andes », alors que l’orchestre semble plus présent dans « Tee-Vee Does the Right Thing », sans oublier la batterie rock 80’s de « The Messerschmidt 263/Hero in a Zero » lors de la bataille finale aérienne avec le Messerschmitt 263 de Kleiss (un prototype d’avion imaginé par les allemands vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale) et les avions de Chappy et ses collègues. Enfin, le compositeur résume l’essentiel de ses idées musicales dans le générique de fin (« Final Credits »), reprenant ses deux thèmes principaux en grande pompe. Ainsi donc, le score de « Aces : Iron Eagle III » n’apporte rien de bien neuf au genre et s’avère plutôt prévisible et sans surprise. Harry Manfredini, visiblement plus à l’aise dans les musiques horrifiques que dans le domaine de l’action, se contente du strict minimum sur le film de John Glen, peu aidé par un budget misérable et la qualité plus quelconque du long-métrage. Plutôt fonctionnelle, la musique s’apprécie surtout pour ses quelques passages d’action robustes et ses envolées héroïques sympathiques, mais il manque de vraies orchestrations et de vrais moyens pour permettre à Manfredini de faire autre chose qu’une banale musique de série-B modeste. Cela reste en tout cas un effort mineur dans la filmographie du compositeur.




---Quentin Billard