1-Compared to What 5.16*
2-Out of the Garage 3.47
3-His Name is Napoleon Solo 2.38
4-Escape From East Berlin 4.25
5-Jimmy, Renda Se 3.39**
6-Mission: Rome 2.40
7-The Vinciguerra Affair 3.22
8-Bugs, Beats and Bowties 1.52
9-Cry To Me 2.36***
10-Five Months, Two Weeks,
Two Days 2.09+
11-Signori Toileto Italiano 2.37
12-Breaking In (Searching
The Factory) 3.04
13-Breaking In (The Cowboy Escapes) 2.04
14-Che Vuole Questa
Musica Stasera 3.36++
15-Into The Lair (Betrayal Part I) 1.47
16-Laced Drinks(Betrayal Part II) 3.40
17-Il Mio Regno 2.23+++
18-Circular Story 4.03
19-The Drums Of War 5.11
20-Take You Down 3.26
21-We Have Location 2.22
22-A Last Drink 1.48
23-Take Care of Business 2.04#
24-The Unfinished Kiss 2.53

Bonus Tracks (digital only)

25-The Red Mist 2.10
26-The Switch 0.58
27-Warhead 2.18
28-Fists 1.49

*Interprété par Roberta Flack
Ecrit par Eugene McDaniels
**Interprété par Tom Zé and Valdez
Ecrit par Tom Zé and Valdez
***Interprété par Solomon Burke
Ecrit par Bert Berns
+Interprété par Louis Prima
Ecrit par Debbie Morris et
Don Donaldson
++Interprété par Peppino Gagliardi
Ecrit par Gaetano Amendola,
Ezio Leon, Roberto Murolo
+++Interprété par Luigi Tenco
Ecrit par Luigi Tenco
#Interprété par Nina Simone
Ecrit par Andy Stroud.

Musique  composée par:

Daniel Pemberton

Editeur:

WaterTower Music WTM39694

Producteur exécutif de l'album:
Guy Ritchie
Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Niki Sherrod
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Superviseur musique:
Ian Neil
Music business affairs:
Lisa Margolis
Album clearances:
Neil Shulman

Artwork and pictures (c) 2015 Warner Bros. Entertainment Inc, and RatPac-Dune Entertainment LLC. All rights reserved.

Note: ****
THE MAN FROM U.N.C.L.E.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Daniel Pemberton
Après deux épisodes consacrés à « Sherlock Holmes », l’infatigable Guy Ritchie s’attaque pour son prochain film à l’adaptation sur grand écran de « The Man from U.N.C.L.E. » (Des agents très spéciaux), célèbre série TV culte d’espionnage des années 60 immortalisée par le duo Robert Vaughan (Napoleon Solo) et David McCallum (Illya Kuryakin). Il faut dire que le film aura mis du temps à se faire, car le projet débuta dès 1993 lorsque le producteur John Davis obtint les droits d’adaptation de la série mais ne réussit pas à obtenir un scénario convaincant, en raison de multiples et incessantes réécritures. Matthew Vaughn ou Steven Soderbergh furent un temps pressenti pour tourner « The Man From U.N.C.L.E. », mais c’est finalement Guy Ritchie qui est choisi par la Warner Bros dès 2013 pour réaliser le film qui sortira finalement en salles en 2015. On y retrouve cette histoire bien connue de deux agents secrets, l’un américain, l’autre russe, obligés de faire équipe malgré leurs différends pour démanteler une puissante organisation criminelle. L’histoire se déroule en 1963, en pleine guerre froide, alors que l’agent de la CIA Napoleon Solo (Henry Cavill) est envoyé à Berlin Est où il est chargé d’extrader Gaby Teller (Alicia Vikander), la fille du Dr. Udo Teller (Christian Berkel) qui est porté disparu, un ancien scientifique nazi naturalisé américain à la fin de la 2de Guerre Mondiale et devenu un allié des Etats-Unis. Napoleon Solo et Gaby se retrouvent alors pourchassés par l’agent du KGB Illya Kuryakin (Armie Hammer) qui entend bien récupérer la jeune femme et éliminer l’agent de la CIA. Mais ils découvrent alors que l’oncle maternel de Gaby, Rudy (Sylvester Groth), travaille pour une compagnie dirigée par Alexander (Luca Calvani) et Victoria Vinciguerra (Elizabeth Debicki), des sympathisants nazis qui entendent bien utiliser le Dr. Teller pour construire leur propre arme nucléaire. Pour faire face à une menace sans précédent, la CIA et le KGB se voient contraints de collaborer sur cette sombre affaire, obligeant Solo et Kuryakin à stopper le couple Vinciguerra avant qu’il ne soit trop tard. Les deux agents sont alors secrètement chargés par leurs supérieurs de récupérer les plans de l’arme nucléaire pour leurs gouvernements et d’éliminer l’autre. Envoyés ensuite à Rome, Solo, Kuryakin et Gaby organisent un plan visant à infiltrer l’organisation des Vinciguerra afin de récupérer la bombe et ses plans par n’importe quel moyen.

« The Man From U.N.C.L.E. » s’avère être un solide remake de la série TV éponyme classique des sixties. Fidèle à son style visuel extravagant et ses artifices de réalisation, Guy Ritchie livre un film d’espionnage pur et dur, qui rend un hommage évident à l’imagerie cinématographique populaire des années 60 – notamment dans les décors du film, les costumes et l’utilisation caractéristiques des split screens qui rappellent aussi Brian De Palma – En se réappropriant adroitement les codes du genre, le cinéaste anglais nous propose ainsi un film plus énergique et survitaminé, multipliant les poursuites, les fusillades et les cascades à vitesse grand V, sans oublier de valoriser un casting de choix, avec le trio superbement incarné par Henry Cavill, Armie Hammer et l’omniprésente Alicia Vikander (qui tourne quand même 4 films cette année !), ainsi que quelques seconds rôles solides d’Elizabeth Debicki, Hugh Grant, Jared Harris et Christian Berkel – et même un bref caméo du footballeur David Beckham – Le film doit donc beaucoup à l’énergie de ses interprètes, à des dialogues bien conçus et un rythme nerveux et savamment dosé, sans oublier quelques touches d’humour et de solides rebondissements scénaristiques. Délicieusement vintage et volontairement old school, « The Man From U.N.C.L.E. » est une tentative réussie de modernisation du buddy movie traditionnel des années 80 à la sauce ‘sixties’, le tout accompagné d’une bande son appropriée et d’un choc des cultures – le clash entre le dandy américain et l’espion soviétique plus rigoureux – Et peu importe si Guy Ritchie ne livre pas le meilleur film de sa carrière, on passe néanmoins un très bon moment devant ce divertissement énergique et plaisant, avec, cerise sur le gâteau, le charme fou de la jolie Alicia Vikander, dont on devrait entendre parler sous peu (elle sera la prochaine Lara Croft au cinéma !). Un brin parodique sur les bords, « The Man From U.N.C.L.E. » réussit donc à convaincre en s’amusant avec tous les codes du film d’espionnage rétro, sans le caractère trash du récent « Kingsman » de Matthew Vaughn, mais avec une vraie pêche et une réelle volonté de divertir sans temps mort.

La partition de Daniel Pemberton renforce à son tour le caractère vintage du film de Guy Ritchie en ressuscitant un style musical particulier hérité des musiques de film d’espionnage des années 60. Ainsi donc, le score de « The Man From U.N.C.L.E. » version 2015 reprend à son tour tous les codes musicaux du genre et les détourne de manière inattendue en y intégrant une bonne dose de modernité dans l’utilisation de l’électronique couplée à l’orchestre et aux instruments solistes. Dès « Out of the Garage », le ton est clairement donné : Pemberton s’oriente clairement vers un style sixties à l’aide de flûtes alto, claquements de doigts, basse, guitare électrique, batterie et bongos en plus de l’orchestre. On est clairement très proche ici du style de Lalo Schifrin, Gerald Fried, Morton Stevens ou Jerry Fielding, notamment dans l’utilisation caractéristique d’instrument comme la guitare électrique, le cymbalum ou le clavecin – sans oublier ces effets de souffle rythmique de la flûte brillamment interprétée par David Heath – Daniel Pemberton se montre ici très inventif dans le maniement de ses différentes sonorités rétro brillamment posées sur les images, « Out of the Garage » étant une formidable entrée en matière. Dans « His Name is Napoleon Solo, Pemberton semble se rapprocher des travaux de Jerry Goldsmith sur la série TV des années 60, avec un thème plutôt cool associé à Napoleon Solo à la guitare électrique et au cymbalum. A noter l’omniprésence de ces effets sonores de flûte traversière, qui domine une bonne partie du score, David Heath n’hésitant pas à chanter dans sa flûte, à faire du beat-box avec ou à multiplier les harmoniques ou les roulements de langue. Pemberton se montre plutôt inventif grâce au talent de son excellent flûtiste qui apporte une certaine personnalité à la musique du film de Guy Ritchie comme c’est le cas dans « Escape from East Berlin » pour la scène où Napoleon Solo et Gaby fuient Berlin au début du film, poursuivis par Illya Kuryakin. On nage ici en pleine ambiance funky/jazz/rock totalement déjantée, notamment grâce à l’emploi de la flûte ou des percussions – on a parfois l’impression d’entendre le « Death Wish » d’Herbie Hancock –

Surfant sur la vague du pastiche, Pemberton imite cette fois Ennio Morricone dans « Mission : Rome », qui rappelle clairement les musiques de polar italiens du maestro dans les années 70 (notamment dans l’emploi de la basse, des synthétiseurs et du cymbalum), particulièrement flagrant avec le retour du clavecin quasi baroque dans la seconde partie du morceau. Les solistes s’en donnent ici à coeur joie, même si l’on regrette parfois l’approche morcelée de Pemberton, qui illustre chaque scène comme un morceau de musique à part entière en omettant finalement la partie thématique, assez floue et difficile à cerner à la première écoute. Dans « The Vinciguerra Affair », on retrouve cette ambiance fun et décomplexée du début avec cette flûte alto si caractéristique des musiques d’espionnage des années 60/70 avec son lot de rif de basse/guitare. Le clavecin de « Bugs, Beats and Bowties » nous renvoie clairement quand à lui aux musiques de polar de Morricone pour certains films français de sa période 70’s (on pense par exemple à la musique du « Clan des Siciliens »). Le pastiche du maestro italien se confirme largement dans le caricatural « Signori Toileto Italiano » où l’on devine un certain humour qui sied parfaitement à l’ambiance du film de Guy Ritchie. Dans « Breaking In (Searching the Factory) », les choses sérieuses reprennent enfin alors que Napoleon et Illya infiltrent la base des Vinciguerra pour y dérober les plans de l’arme nucléaire. Le morceau est là aussi largement dominé par la flûte rythmique et les percussions (batterie, claves, claquements de doigts, bongos, etc.). Visiblement, le compositeur s’amuse puisqu’il va même jusqu’à pasticher les musiques de western spaghetti de Morricone dans « Breaking Out (The Cowboy Escapes) » à grand renfort de guitare, de guitare électrique, de trompette, de claviers, de castagnettes et de rythmes proches du flamenco.

« Into the Lair (Betrayal Part I) » nous ramène quand à lui dans un style orchestral plus proche de John Barry tandis que « Laced Drinks (Betrayal Part II) » reprend le pastiche de Morricone à l’aide du clavecin et de rythmes funky/pop. Toujours dans le registre du pastiche, impossible de passer à côté de la guitare en vibrato avec clavecin et flûtes à bec dans « Circular Story ». « The Drums of War propose quand à lui un jeu intéressant autour des différentes percussions existantes (dans une interview récente, Daniel Pemberton expliquait qu’il avait utilisé quasiment toutes les percussions disponibles à Londres pour faire ce morceau !), tandis que « Take You Down » débute sur des chants masculins (« ah ah ah ! ») dans un registre très proche du « Navajo Joe » de Morricone. Pemberton apporte ainsi une inventivité rafraîchissante aux images du film de Guy Ritchie, expérimentant autour de ces différents styles et de l’ensemble des musiciens mis à sa disposition. Même chose pour « We Have Location », « A Last Drink », « The Unfinished Kiss » et son thème à la John Barry version années 70, sans oublier l’affrontement final dans « Warhead » et l’ultra percussif « Fists ». Difficile de résister à l’énergie et l’enthousiasme rafraîchissant de la partition de « The Man from U.N.C.L.E. » qui s’inspire de toutes les expérimentations musicales des années 60/70 pour nous offrir le meilleur sur le film sur-vitaminé de Guy Ritchie. La musique déborde d’idées et d’énergie, parfois même un peu trop, puisqu’il manque ici un thème fédérateur pour pouvoir réellement unifier le tout.

Daniel Pemberton parvient à éviter de justesse le caractère fourre-tout de son approche en abordant une instrumentation finalement très cohérente d’un bout à l’autre du film (reléguant l’orchestre au second plan), même s’il manque une thématique forte et solide pour apporter le plus émotionnel qui fait un peu défaut à la partition. Qu’à cela ne tienne, ce « Man from U.N.C.L.E. » version 2015 est une très belle surprise, qui semble en dire long sur le talent de Pemberton, un compositeur très prometteur et de plus en plus prolifique, qui deviendra à coup sûr l’un des compositeurs majeurs du cinéma hollywoodien dans les années à venir, en espérant qu’on lui confie d’autres films majeurs pour la suite de sa carrière. Si vous cherchez un score moderne original qui pioche allégrement du côté de Schifrin, Morricone ou Barry, vous allez adorer « The Man from U.N.C.L.E. » ! Si la nostalgie opère pleinement, on appréciera ici la vitalité exceptionnelle des musiciens (ah, cette flûte rythmique si caractéristique !) et l’abondance de styles et d’idées musicales qui apportent une certaine personnalité au film de Guy Ritchie et renforcent le caractère fun et parodique de l’histoire, tout en accentuant l’action et l’intrigue d’espionnage du scénario avec une très grande classe. Au final, « The Man from U.N.C.L.E » est à coup sûr l’une des plus belles surprises musicales de l’année 2015 en matière de musique de film, une partition rafraîchissante et exubérante, certes ultra référentielle, mais maîtrisée de bout en bout, à ne surtout pas rater !




---Quentin Billard