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1-Main Titles 3.17
2-Jonas Gets The Gig 1.37 3-Color 2.08 4-Arriving At The Giver's 1.54 5-First Memory 1.33 6-Gabriel Arrives 1.03 7-Do You See It 1.00 8-Tray Ride 2.33 9-Happiness & Pain 3.00 10-What Is Love 2.24 11-War 3.24 12-The Kiss 2.30 13-Jonas Runs Away 2.52 14-Accelerated Training 2.42 15-Escape From The Nursery 2.12 16-Desert Ride 2.21 17-Capturing Jonas 3.34 18-The Mountain And Despair 1.57 19-Rosebud 4.37 20-End Credits 3.49 Musique composée par: Marco Beltrami Editeur: Sony Classical 88875011012 Musique produite par: Marco Beltrami Monteur musique: Suzana Peric Monteur temp score: Todd Kasow Superviseur musique: Dana Sano Monteur scoring: Jay Duerr Assistant superviseur musique: Hillary Holmes Orchestrations: Wlad Marhulets, Jordan Seigel, Tomasz Opalka Musique additionnelle: Brandon Roberts Artwork and pictures (c) 2014 The Weinstein Company LLC. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE GIVER
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Marco Beltrami
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Le cinéma d’anticipation semble connaître une nouvelle jeunesse depuis quelques années, avec les nombreuses adaptations de roman pour ados à succès qui se succèdent depuis un certain temps. Après « Hunger Games », « In Time », « Elysium » ou « Divergente », les dystopies semblent se multiplier à Hollywood, avec comme toujours cette même idée d’une société futuriste dans laquelle les membres qui y vivent sont prisonniers du système et ne peuvent agir librement. « The Giver » est l’adaptation cinématographique du roman de l’écrivaine Lois Lowry publié en 1993, et que l’acteur Jeff Bridges souhaite adapter sur grand écran depuis cette époque. Une dizaine d’années plus tard, le projet revient sur le devant de la scène lorsque la Warner rachète les droits du roman dès 2007. Jeff Bridges et la productrice Nikki Silver s’associent alors pour concrétiser le projet et en faire un film. C’est ainsi que « The Giver » sort finalement en salles en 2014, réalisé par l’australien Phillip Noyce (son précédent film était « Salt » en 2010). L’histoire se déroule dans un futur proche. Après un cataclysme mondial connu sous le nom de « ruines », la société a décidé de se réorganiser entièrement en regroupant différentes communautés unies grâce à l’effacement totale de toute la mémoire humaine. Seul le dépositaire de la mémoire est habilité à collecter ces souvenirs pour les transmettre à son successeur ainsi qu’aux sages qui gouvernent la communauté, et ce pour le bien-être de tous. Les émotions et les souvenirs du passé sont ainsi éradiqués, grâce à une piqûre obligatoire tous les jours : les guerres, la haine, la jalousie et la violence sont ainsi bannies, en même temps que les émotions humaines grâce à des règles très strictes que chacun doit scrupuleusement respecter à la règle. Chaque individu reçoit lors d’une cérémonie une attribution qui désigne d’avance son rôle dans la société. Jonas (Brenton Thwaites) est un jeune garçon de 17 ans qui est sur le point de participer à la dite cérémonie mais commence à ressentir des choses : il sait qu’il est différent et ne comprend pas encore ce pourquoi il est fait, tandis que ses amis Fiona (Odeya Rush) et Asher (Cameron Monaghan) obtiennent très vite leur rôle dans la société. Jonas est alors désigné par la chef suprême (Meryl Streep) comme nouveau dépositaire de la mémoire. Il devra suivre les enseignements du passeur (Jeff Bridges), un vieil homme qui possède les souvenirs du passé de l’humanité et doit aujourd’hui les transmettre à Jonas. Au cours de son apprentissage avec le passeur, Jonas commence à ressentir des choses à la fois belles et terrifiantes : faisant pour la première fois de sa vie l’expérience des émotions humaines – l’amour, la peur, la violence, etc. - le jeune homme comprend que les sages mentent à la population depuis le début et leur volent ce qu’ils ont de plus cher : leurs émotions, qui définissent l’humanité toute entière. Et lorsqu’il découvre que le meurtre de certaines personnes est encouragé par les sages pour le maintien de l’équilibre de la société, Jonas décide enfin de franchir les frontières de la communauté et de s’aventurer dans les terres au-delà de ce qu’ils connaissent, afin de libérer à jamais la mémoire de l’humanité.
Avec un scénario plutôt classique sur fond de dystopie et de science-fiction, « The Giver » est une jolie réussite qui doit autant à un casting hétéroclite (on y retrouve des jeunes talents comme Brenton Thwaites, la jolie Odeya Rush ou Alexander Skarsgard, aux côtés des vétérans Meryl Streep et Jeff Bridges ou de la trop rare Katie Holmes) qu’à un scénario malin qui dresse un portrait terrifiant d’une société aseptisée à la manière des grands classiques du genre tels que « Fahrenheit 451 » de François Truffaut (1966), « THX 1138 » de George Lucas (1971) ou « Logan’s Run » (1976) de Michael Anderson. Phillip Noyce joue habilement sur les couleurs pour évoquer l’évolution du jeune Jonas dans le film et évoquer à la fois le bouleversement de son monde et sa quête de vérité et de souvenirs : le film débute ainsi en noir et blanc et progresse graduellement vers la couleur comme symbole de libération de l’esprit. Hélas, en dehors de l’utilisation astucieuse de la photographie, le film ne prend aucun risque particulier et Noyce se contente de filmer platement son histoire sans grand éclat particulier. On regrette le caractère souvent impersonnel de la réalisation, là où un vrai auteur aurait pu apporter une vision beaucoup plus mordante et éclatante à ce sujet qui semble ici formaté pour un public d’ados et de jeunes adultes. Malgré toutes ses bonnes idées, « The Giver » évolue de manière assez banale et prévisible, alors que le sujet aurait mérité un traitement beaucoup plus radical, d’autant que certaines scènes de révélation sur le passé de l’humanité sont à la limite de la démagogie. Dommage aussi que la dernière partie du film soit plus conventionnelle et pas toujours crédible (Jonas qui s’enfuit dans des montagnes enneigées avec un bébé dans les bras). Néanmoins, « The Giver » tient malgré tout ses promesses et délivre une réflexion bouleversante et choquante sur une société aseptisée et terrifiante où chaque être est contrôlé dès sa naissance pour éviter tout écart de conduite et abroger les émotions et tout ce qu’elles entraînent de mauvais (la guerre, la violence, la haine). On se rapproche ainsi du thème classique des dystopies, comme dans le célèbre « Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley (1932), auquel « The Giver » semble faire référence implicitement. Hélas pour lui, le film se vautrera au box-office U.S. de 2014, le public ayant largement préféré la saga « Divergente » sur un thème similaire, ce qui ne doit pas empêcher de redécouvrir ce sympathique « Giver », qui, malgré une réalisation très inégale, s’avère être une bonne adaptation et une solide réflexion sur la nature humaine. Marco Beltrami signe pour « The Giver » une partition orchestrale plutôt nuancée, à la fois belle, lyrique et sombre, évoquant le parcours du jeune Jonas et sa quête de vérité pour libérer la mémoire de l’humanité. C’est l’occasion pour Beltrami de sortir de son registre habituel des films d’action/suspense et d’horreur pour écrire une musique plus élégante, plus sensible et réservée, avec pour commencer une très belle ouverture (« Main Titles ») dominée par un choeur féminin angélique, des cordes lyriques et des synthétiseurs atmosphériques plus discrets. L’ouverture évoque l’humanité à travers ces voix éthérées et le jeu passionné et vif des cordes apportant un sentiment d’espoir. Dans « Jonas Gets the Gig », on retrouve ce mélange d’orchestre et de choeurs avec une sérénité impressionnante et une émotion qui monte crescendo. A 1:03, les trompettes et les violons dévoilent le thème principal de la partition, thème solennel et poignant évoquant la quête pour la libération de la mémoire humaine, quête symbolisée dans le film par le jeune Jonas. Travaillant particulièrement sur l’idée des émotions et des sentiments humains, Beltrami parvient à ne jamais tomber dans le sentimentalisme mais utilise au contraire la chorale et le jeu souvent répétitif et nuancé des cordes pour parvenir à ses fins, avec l’apport indispensable des solistes, et notamment le piano, comme c’est le cas dans le très beau « Colour », qui montre une facette plus sensible et passionnée de Beltrami. « Arriving at the Giver’s » développe à nouveau le jeu répétitif des cordes et des harmonies planantes des choeurs angéliques couplés à l’orchestre. On ressent ici une certaine gravité amplifiée par les boucles de cordes – façon Philip Glass – et une brève allusion discrète au thème principal à la harpe à 1:27. Dans « First Memory », Jonas débute son apprentissage avec le passeur et se remémore les premiers souvenirs de l’humanité, sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux de toute la partition de « The Giver », et aussi l’un des plus poignants. L’ambiance devient plus optimiste et presque émerveillée dans « Tray Ride », alors que Jonas essaie de communiquer ce qu’il ressent à son ami Asher. La musique de Beltrami évoque clairement le parcours de Jonas, qui apprend à redécouvrir les sentiments et émotions humaines, ce que la musique nous fait elle aussi ressentir brillamment. De la même façon, « Happiness & Pain » évoque l’apprentissage de la souffrance et de la joie avec un nouveau morceau plus dramatique mais tout aussi poignant, incluant un bref crescendo agressif et dissonant des choeurs, débouchant sur une reprise du thème principal à 2:21. Jonas découvre ensuite l’amour dans « What Is Love » et son piano éthéré et gracieux. Beltrami évoque ici une ambiance romantisme pudique qui parvient là aussi à ne jamais tomber dans le sentimentalisme grâce au talent du compositeur qui manie les émotions avec doigté et justesse. Enfin, dans « War », Jonas découvre avec effroi la guerre et n’a pas été préparé à ce souvenir. Horrifié par ce qu’il voit, le jeune homme panique et reste extrêmement bouleversé. On retrouve ici un Beltrami plus proche des musiques d’action/suspense avec un flot de percussions guerrières, de cordes et de cuivres massifs qui nous semblent plus familiers de la part du compositeur. Si « The Kiss » tente de ramener subtilement l’émotion dans la partition, « Jonas Runs Away » évoque avec désespoir et détermination la tentative de Jonas et Fiona de fuir la société dans laquelle ils sont enfermés. La musique s’oriente nettement ici vers un style action plus typique de Beltrami, débouchant sur l’agressif « Escape from the Nursery », premier véritable morceau d’action du score de « The Giver », alors que Jonas et Fiona s’enfuient de l’infirmerie. Beltrami maintient ici une tension constante durant toute la séquence grâce aux percussions synthétiques et à des cordes survoltées. La tension se prolonge dans la poursuite du désert (« Desert Ride ») ainsi que dans le frénétique et nerveux « Capturing Jonas », sans oublier « The Mountain and Despair », qui reprend les choeurs du début et nous ramène vers l’ambiance plus optimiste et émouvante du début du score, avec l’apport d’une guitare électrique soliste. L’aventure se termine dans le poignant « Rosebud », qui débute de manière sombre et se dirige progressivement vers l’espoir et la lumière, alors que Jonas a traversé la frontière et découvre le monde à l’extérieur, réussissant ainsi à libérer la mémoire de l’humanité toute entière. Le morceau se conclut d’ailleurs sur une reprise touchante du thème principal (aux trompettes vers 2:38) sur fond de rythmes plus modernes. Le « End Credits » nous offre quand à lui une ultime reprise du Main Theme avec un très bel arrangement pour choeur et orchestre accompagné d’un violoncelle soliste. Marco Beltrami signe donc une très belle partition pour « The Giver », un score plutôt accessible et touchant, qui apporte une vraie émotion au film de Phillip Noyce. D’ailleurs, quoi de plus important pour la musique que de nous faire ressentir des choses, nous faire vibrer ou nous inciter aux rêves ? Partant de ce postulat évident, la musique de « The Giver » s’avère être une franche réussite, malheureusement assez prévisible et peu surprenante, mais incroyablement généreuse et émotionnellement très juste sur les images, un score de grande qualité que les fans de Marco Beltrami apprécieront à coup sûr ! ---Quentin Billard |