1-Ice Age: Collision Course
Main Title 0.16
2-Cosmic Scrat-Tastrophe 2.43
3-Earthbound Acorn 0.43
4-Family Bonding 3.14*
5-Clingy Sid 0.42
6-Women 1.14**
7-Extreme Gravity 1.22
8-Did You Forget? 1.35
9-Peaches and Julian 1.00
10-Meteor Shower 2.44
11-Ancient Temple 1.38
12-The Tablet 2.37
13-Dino Bird Plan 1.52
14-Magnets 1.34
15-Electrical Storm 2.55
16-Parenting 1.40
17-The Herd Rests 1.07
18-Kidnapping 2.04
19-Crash Site 1.44
20-Geotopia 2.18
21-The Shangri-LLama 2.57
22-A Good Life 1.27*
23-Proposal 1.47
24-Sealing the Volcano 2.56
25-Dino Birds Join the Mission 3.16
26-Julian's Moment 3.32
27-We Did It 2.26**
28-Wedding Preparations 2.52*
29-Mars 1.01
30-Ice Age Collision Course
End Credits (soundtrack edit) 0.50

*Inclus David Newman's
"Checking Out the Cave"
from "Ice Age"
**Inclus John Powell's
"End Credits" from
"Ice Age: Dawn of the Dinosaurs".

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 445 8

Produit par:
John Debney
Producteur exécutif:
Robert Townson
Orchestrations:
Peter Anthony, Josh Debney,
John Debney, Andrew Kinney,
Jon Kull, Dave Metzger

Assistant orchestrations:
Sandra Schnieders
Consultant musical:
Michael Mason
Supervision musique:
John Houlihan
Monteur score:
Andrew Dorfman, David Channing
Consultant musical:
Lola Debney

Artwork and pictures (c) 2016 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
ICE AGE :
COLLISION COURSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
Certaines franchises semblent s’éterniser pour une raison qui nous échappe parfois. A l’origine, « Ice Age » était un sympathique film d’animation sorti en 2002 et produit par Blue Sky, studio de la 20th Century Fox, censé concurrencer les productions DreamWorks et Disney avec ce tout premier film d’animation. Le succès fut très vite au rendez-vous : après un deuxième film en 2006, un autre en 2009 et un quatrième en 2012, on pensait que les concepteurs de la saga allaient lever le pied, étant donné que les films commençaient à tourner dangereusement en rond, incapable de se renouveler, répétant inlassablement les mêmes recettes pour séduire aussi bien les enfant que leurs parents. Et c’est pourtant en 2016 qu’un cinquième film débarque sur nos écrans, « Ice Age : Collision Course » (L’âge de glace : les lois de l’univers), confié cette fois-ci à Mike Thurmeier et Galen T. Chu, Thurmeier ayant déjà co-réalisé les films précédents avec Carlos Saldanha (épisode 3) et Steve Martino (épisode 4). On retrouve dans cette cinquième aventure tous les héros bien connus de la franchise : Scrat, l’éternel écureuil malchanceux et gaffeur qui n’a de cesser de courir après son gland – c’est apparemment l’unique but de sa vie – en provoquant toute une série de catastrophes dans la foulée, mais aussi Manny, Sid, Diego et tous leurs proches. Cette fois, Scrat se retrouve propulsé par erreur dans l’espace à bord d’un vaisseau spatial, alors qu’il poursuivait son gland fétiche. C’est en essayant d’attraper son fruit fuyard à l’intérieur de l’OVNI que le petit mammifère déclenche par inadvertance toute une série de cataclysmes, à commencer par une série de collision entre plusieurs planètes, qui seraient ainsi à l’origine de notre univers. Pire encore, ses gaffes provoquent des chocs terribles dans l’espace et créent un gigantesque astéroïde qui se dirige tout droit vers la Terre. Pendant que Manny et Ellie font connaissance avec Julian, le futur fiancé de sa fille Pêche, et que Diego et Shira envisagent de fonder une famille, sans oublier Sid, qui désespère de ne pas réussir à trouver l’amour à son tour, Buck, l’intrépide belette qui vit dans les souterrains des dinosaures – et que l’on avait pu découvrir dans le troisième film – est de retour, avec une terrible nouvelle : l’astéroïde géant se rapproche et s’apprête à anéantir la Terre entière. Seule solution : utiliser les cristaux magnétiques provenant du reste des petits astéroïdes écrasés sur la planète pour créer un gigantesque aimant capable de dévier la trajectoire de l’astéroïde. Et c’est au cours de leur périple agité que les héros vont faire la connaissance de nouveaux animaux, découvriront la cité mystérieuse de Geotopia en plein coeur des cristaux – dirigé par l’étrange Shangri Llama – affronteront trois droméosaures revanchards qui ont un compte à régler avec Buck, et en profiteront pour solutionner leurs problèmes personnels.

Que dire de ce « Collision Course », si ce n’est que nous sommes bel et bien en face de l’épisode de trop dans la franchise « Ice Age » ! Alors que la série n’a fait que perdre en intérêt, surtout après un quatrième film bien décevant sorti en 2012, on constate que rien n’a changé avec ce cinquième film, qui est même carrément pire ! Avec un montage totalement survolté et un rythme effréné, le film est une longue succession de gags visuels moyens et très premier degré, uniquement destiné à faire rire les petits enfants, avec un scénario totalement cliché, incluant une parodie du film « Armageddon » (avec carrément le thème musical de Trevor Rabin), et une galerie de personnages pseudo comiques tellement fatigants qu’on en viendrait presque à souhaiter que l’astéroïde se crashe vraiment sur Terre pour mettre fin au calvaire – mention spéciale aux deux frangins opossums Crash et Eddie, peut être les pires sidekicks au monde, qui battent aisément Jar-Jar Binks à plate couture ! – Hormis le couple Manny/Ellie et le duo Pêche/Julian, les autres personnages sont totalement sous-développés : Diego n’est plus qu’un simple faire-valoir qui n’agit presque pas, Sid est devenu inexistant – en dehors de 3 ou 4 gags éculés – et la belette déjantée Buck semble voler la vedette à tout le monde, avec sa folie absurde et ses gags délirants (cf. scènes dans le cerveau de Buck). L’humour est donc au ras des pâquerettes, mais le problème, c’est que le film verse tellement dans la surenchère qu’on décroche rapidement au bout des quinze premières minutes (chouette, il reste encore 1h20 à supporter !). En bref : malgré une animation irréprochable et splendide, l’histoire part dans tous les sens, les gags sont ultra lourdingues et interminables, et malgré le rythme survolté du film, on s’ennuie ferme et on a bien du mal à s’attacher à ces personnages avec lesquels on partage pourtant toutes les aventures depuis plus de 10 ans maintenant ! Hormis quelques bonnes trouvailles (les scènes avec Scrat dans l’espace, les scènes dans le cerveau de Buck, la parodie de la chanson « Figaro » du « Barbier de Séville » de Rossini, l’arrivée à Geotopia, etc.) et des clins d’oeil à la saga (notamment au premier et au troisième film), tout semble tomber à plat, et l’on ressort profondément frustré et lassé de ce cinquième opus bâclé qui tourne en rond et n’a plus rien à raconter. Le film aborde le thème des difficultés de la vie de couple et de la nécessité de laisser ses enfants quitter le foyer familial, mais ce ne sont que des prétextes pour une série de gags et de péripéties lourdingues qui ne plairont qu’aux plus jeunes – d’ailleurs, le film a particulièrement déçu les critiques américaines - Les recettes sont toujours les mêmes, les personnages secondaires s’accumulent et l’humour n’est même plus drôle. Quelle ironie, surtout lorsqu’on sait que le film parle d’Apocalypse et de fin du monde : on en vient même à se demander quand est-ce que cet âge de glace va prendre fin une bonne fois pour toute !

Changement de cap à la musique pour « Ice Age : Collision Course », puisque c’est au tour de John Debney de succéder à David Newman (sur le premier film) et John Powell (sur les trois films suivants). A la première écoute : aucune surprise particulière ! Debney fait du Debney et profite de sa longue expérience dans les musiques d’animation et de comédie pour nous livrer un énième score fonctionnel multipliant l’humour, l’action et les sempiternels passages de mickey-mousing indissociables du film. Elément inattendu ici : Debney incorpore à sa partition deux citations de thèmes musicaux préexistants de la franchise, celui de David Newman pour le premier « Ice Age » avec le morceau « Checking Out the Cave » et celui de John Powell pour le « End Credits » du troisième film (et plus particulièrement de la fanfare entendue vers la fin du générique de fin de « Ice Age : Dawn of the Dinosaurs »), citations qui passeront totalement inaperçues dans le film mais raviront les fans des musiques de la franchise l’âge de glace. Enregistrée avec les musiciens du Hollywood Studio Symphony, le score s’avère énergique et virevoltant à l’instar du film, Debney semblant s’amuser comme un petit fou, notamment lors des scènes avec Scrat. Le petit plus vient ici du fait qu’une partie du film se passe dans l’espace, ce qui permet au compositeur de pasticher les musiques de film d’aventure spatiale, comme le confirme d’emblée « Ice Age : Collision Course Main Title » dès l’ouverture du film, avec ses choeurs grandiloquents – très présents dans le score – et ses cuivres majestueux. Dans « Cosmic Scrat-tastrophe », Debney développe davantage le ton aventureux de sa partition, se rapprochant ainsi du style de partitions science-fiction telles que « Zathura » ou « My Favorite Martian ». « Cosmic Scrat-tastrophe » évoque les catastrophes provoquées par Scrat qui s’enchaînent à vitesse grand V avec son lot de choeurs épiques, de cuivres pompeux et de mickey-mousing totalement délirant. Comme toujours, Debney connaît bien la chanson, les orchestrations s’avérant solides, riches et fourmillant d’une multitude de détails, même si l’ensemble reste très convenu et sans aucune prise de risque.

Dans « Family Bonding », Debney introduit le joli thème de David Newman pour le premier film qu’il développe et incorpore à sa partition. Comme toujours chez le compositeur, les références musicales sont nombreuses, avec notamment des allusions discrètes à James Newton Howard (on pense parfois ici au style de ses musiques de comédie comme « Dave » ou « Junior ») ou à Alan Silvestri. La musique illustre ici les scènes avec Manny et sa famille, utilisant pour l’occasion une guitare folk pour pimenter l’ensemble et quelques solistes utilisés de manière ponctuelle (tuba, hautbois, basson, etc.), sans oublier les inévitables touches de mickey-mousing hyper fonctionnelles. Dans « Clingy Sid », Debney évoque Sid avec des sifflets et des bois sautillants plutôt amusants, tandis que « Women » introduit l’un des thèmes de John Powell pour le final du « End Credits » du troisième film, qui sera surtout reconnaissable au début de « We Did It ». Les passages plus humoristiques comme « Extreme Gravity » ne sont là que pour accentuer les gags, notamment ceux de Scrat, mais cela reste très fonctionnel et relativement peu intéressant en écoute isolée, hormis pour constater la vitalité des musiciens et la virtuosité de certains passages. Heureusement, Debney relève le niveau avec les passages spatiaux plus héroïques et épiques, comme pour le final de « Extreme Gravity ». La bonne idée du score vient surtout de l’alternance entre les passages d’action/aventure plus massif et énergique, et les moments plus fun et décomplexée, mélangeant comédie et mickey-mousing façon Carl Stalling. Niveau action, impossible de passer à côté de la scène de pluie des météorites avec l’un des premiers morceaux d’action majeur du score dans « Meteor Shower », porté par des cuivres massifs, des chœurs grandioses et des rebondissements rythmiques excitants démontrant tout le savoir-faire habituel du compositeur et l’aisance avec laquelle il maîtrise l’orchestre avec un classicisme assez impressionnant (bien qu’ultra prévisible).

Plus amusant, Debney s’amuse à pasticher d’autres styles musicaux comme il le fait par exemple dans « Ancient Temple » avec son court passage de mandoline pseudo-italienne ou ces étranges synthétiseurs au début de « Magnets ». A ce sujet, le final de « Magnets » pastiche avec humour pour l’occasion le style de la musique classique. On notera aussi l’emploi des petites percussions exotiques au début de « Parenting », accompagnant un hautbois soliste, le seul problème venant du fait que le rythme du film est si frénétique que Debney est obligé de multiplier les morceaux d’1 ou 2 minutes et d’aller à l’essentiel, n’ayant quasiment jamais l’occasion de développer une idée jusqu’au bout, ce qui ne l’empêche pas de rester très cohérent dans le choix de ses sonorités instrumentales, comme par exemple les choeurs et les cuivres pour les scènes dans l’espace ou pour l’action, les sifflets pour Sid, la guitare folk pour Buck ou l’ambiance pseudo-zen indienne de « The Shangri-Llama » avec le sitar et les tablas. Il y a aussi les moments plus tendres comme « The Herd Rests » qui évoque la petite troupe d’amis, ou les moments plus drôles et agités comme « Kidnapping » et ses rythmes dansants de guitare folk. « Geotopia » évoque de manière plus grandiose l’arrivée dans la cité de Geotopia à grand renfort d’accords majestueux de cuivres ou de voix féminines féeriques façon Danny Elfman. Debney sait se montrer fantaisiste, le problème étant qu’encore une fois, chaque idée ne dure qu’à peine 20 ou 30 secondes avant de passer rapidement à autre chose, la musique étant constamment obligée de suivre le rythme survolté du film. Le thème de David Newman revient aussi brièvement dans « A Good Life », mais on en vient à regretter le manque d’idée thématique de Debney, qui n’a pas grand chose à proposer de neuf en dehors des quelques citations à Newman et Powell (on aurait par exemple aimé entendre de nouveaux thèmes pour Scrat, Manny ou Buck !).

Le dernier acte du film débute alors avec « Sealing the Volcano » pour la scène où les héros tentent de boucher le volcan pour y jeter les cristaux, attirer le météore et modifier sa trajectoire avant qu’il ne s’écrase sur Terre. Debney évoque non sans humour cette scène à l’aide de rythmes martiaux héroïques très réussis, incluant même un bref passage jazzy avec bongos et saxophones. L’aventure se poursuit dans « Dino Birds Join the Mission » et ses cuivres héroïques du plus bel effet, suggérant l’union des animaux pour sauver le monde – à noter un bref passage amusant avec un ocarina et une guimbarde vers 0:49 – A ce sujet, la partie finale triomphante et déterminée de « Dino Birds Join the Mission » est l’un des moments fort du score, certes court, mais véritablement excellent ! Idem pour l’épique « Julian’s Moment » alors que Manny et Julian poussent désespérément le bloc de cristaux vers le volcan, débouchant sur le triomphant « We Did It » reprenant le thème de John Powell, morceau qui inclut par ailleurs un très joli passage romantique entre 1:23 et 2:00, qui fait énormément penser à du Robert Folk, tandis que le passage héroïque/spatial à 2:09 semble manifestement inspiré du « Star Trek II » de James Horner. Evidemment, tout est bien qui finit bien, et c’est ainsi que l’on arrive à la scène du mariage dans « Wedding Preparations », qui reprend une dernière fois le joli thème de Newman (à la flûte vers 1:15) pour un passage entraînant et virevoltant qui sait aussi se faire plus doux et tendre, et qui se conclut avec l’inévitable allusion à la fameuse marche nuptiale du « Lohengrin » de Richard Wagner. A noter pour finir un final swing rétro très sympathique dans « Ice Age Collision Course End Credits » entendu durant une partie du générique de fin du film.

La partition de John Debney pour « Ice Age : Collision Course » ravira donc autant les amateurs du compositeur que les fans des musiques de la franchise « Ice Age », car l’on sent vraiment à quel point le musicien s’est fait plaisir tout au long du film, multipliant les idées avec une certaine inventivité même si l’ensemble reste très convenu et finalement hyper prévisible, en dehors des références inattendus à deux anciens thèmes musicaux de la saga. Il manque néanmoins ici de nouveaux thèmes qui auraient certainement permis au score de gagner en intérêt, tandis que l’écoute s’avère hyper morcelée, limitée à une longue succession de morceaux très courts d’1 à 2 minutes en général. Debney fait donc ce qu’il peut pour s’accommoder avec le rythme survolté du film, et réussit à conserver une ligne musicale directrice entre les passages aventureux épiques dans l’espace ou les moments plus légers et virevoltants sur Terre, sans oublier un vrai travail d’orchestration et de couleurs instrumentales digne d’intérêt. John Debney connaît et applique les recettes du genre sur le bout des doigts, on se dit d’ailleurs qu’il pourrait écrire 1000 autres partitions du même genre les yeux fermés, tant le compositeur semble avoir fait le tour de ce genre de musique depuis ses débuts chez Disney dans les années 90. Le score apporte une énergie, un humour et une fraîcheur constante au film, même s’il manque encore une fois une vraie personnalité dans les idées et les orchestrations, car effectivement, c’est du travail très propre et très professionnel, mais on aurait aimé entendre davantage de folie et d’inventivité dans le travail des thèmes, des sonorités ou des harmonies. Néanmoins, le score ravira les aficionados de John Debney et satisfera à coup sûr les fans de la franchise « Ice Age » !



---Quentin Billard