1-The Necklace 1.56
2-Sara Forgives 1.43
3-Ear Piercing 1.05
4-Rebecca is Watching 1.29
5-The Shower 3.11
6-Pursuit in the Stacks 2.23
7-The Phone Call 2.38
8-Thanksgiving 1.37
9-Professor Roberts 3.51
10-Self Inflicted 1.06
11-Sara's Room 2.38
12-Medication 2.08
13-Sara Finds the Pills 3.08
14-Zyprexa 1.14
15-The Tattoo 1.59
16-Stephen Confronts Rebecca 1.13
17-The Drawnings 1.31
18-Transformation 3.21
19-Lamb to Slaughter 2.41
20-Irene's Apartment 4.13

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Madison Gate Records no number

Produit par:
John Frizzell
Supervision musique:
Michael Friedman
Assistant montage score:
Eric Gordon
Orchestrations:
Haim Mazar, Thomas Parisch
Monteur musique:
Brian Richards
Mixage score:
Frederik Wiedmann
Mixage scoring:
Peter Fuchs
Music clearance:
Jim Black
Co-producteur score:
Haim Mazar

(c) 2011 Screen Gems/Vertigo Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
THE ROOMMATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Dans la catégorie des thrillers routiniers qu’on a l’impression d’avoir déjà vu mille fois auparavant, « The Roommate » pourrait s’imposer en tête de liste du genre ! Réalisé par le danois Christian E. Christiansen, le film, sorti en 2011, raconte l’histoire de Sara Matthews (Minka Kelly), une jeune étudiante qui vient tout juste d’arriver à l’université où elle fait la connaissance de Tracy (Aly Michalka), Stephen, qui est batteur dans un groupe d’étudiants (Cam Gigandet) et avec qui elle vit une relation amoureuse, ainsi que Rebecca (Leighton Meester), sa nouvelle colocataire. Rebecca et Sara deviennent alors ami, et la jeune fille finit par confier à sa colocataire qu’elle a perdu sa soeur Emily lorsqu’elle avait 9 ans, et que son ex-petit ami, Jason (Matt Lanter), continue de l’appeler fréquemment sur son téléphone pour qu’ils se réconcilient. Mais au fur et à mesure que le temps passe, Rebecca commence à se comporter bizarrement et devient littéralement obsédée par Sara, à tel point qu’elle s’arrange pour que toutes les personnes de l’entourage de Sara soit agressées ou tuées dans des circonstances étranges. Inquiète de la tournure des événements, Sara finira par comprendre que sa colocataire souffre en réalité de bipolarité et qu’elle ne prend plus son traitement médical depuis bien longtemps. Désormais, la jeune fille va devoir tout faire pour tenter d’échapper au cauchemar et mettre un terme aux agissements de Rebecca, et ce avant qu’il ne soit trop tard.

Avec un scénario somme toute ultra prévisible et cousu de fil blanc, « The Roommate » n’a franchement rien de bien réjouissant. A vrai dire, on nage ici en pleine fainéantise scénaristique ! Non seulement le film reproduit tous les clichés habituels des campus movies typiquement américains (façon « Scream »), mais en plus, tout est atrocement prévisible et dénué de la moindre surprise. Niveau casting, outre le duo incarné par la jolie Minka Kelly et l’inquiétante Leighton Meester, on retrouve quelques têtes connues comme Cam Gigandet, Danneel Ackles, Tomas Arana, Frances Fisher ou Billy Zane, éternel spécialiste des seconds rôles qui campe ici un professeur d’université qui s’intéresse un peu trop aux jeunes filles beaucoup plus jeunes que lui. Tourné avec peu de moyens, le film se transforme très vite en un banal huis-clos oppressant totalement cliché, avec son lot de scènes à suspense que l’on voit venir bien à l’avance, et ce jusqu’au violent affrontement final entre les deux jeunes femmes (et dont l’issue est ô combien hautement imprévisible !). Fort heureusement, le film ne dure que 94 minutes, mais on a parfois du mal à comprendre ce qui peut motiver des personnes à réaliser de tel film, car si le concept de départ était plutôt intéressant, la maigreur du scénario et la pauvreté de la mise en scène empêchent l’histoire de décoller pleinement, si bien qu’on se retrouve face à une série-B digne des pires DTV que l’on voit régulièrement dans les supermarchés.

La musique de « The Roommate » a été confiée à John Frizzell, compositeur éternellement cantonné au registre de l’épouvante et des séries-B à suspense, son genre de prédilection depuis ses débuts au cinéma dans les années 90, à l’instar de son collègue Elia Cmiral. Le score est écrit pour un ensemble à cordes incluant un piano et une bonne partie d’éléments électroniques évoquant le ton contemporain du récit et les décors du campus universitaire. Dès « The Necklace », Frizzell pose les bases du score avec un motif mélancolique de piano sur fond de cordes et de nappes synthétiques minimalistes associées à Sara dans le film et les souvenirs douloureux de la mort de sa soeur. Le thème est repris dans « Sara Forgives », à nouveau partagé sans surprise entre les cordes et le piano, avec une certaine retenue. A noter que le piano est souvent traité avec un effet d’écho qui tend à rendre l’instrument plus mystérieux et vaporeux, accentuant l’ambiance de thriller du film. Dans « Ear Piercing », Frizzell évoque la relation entre Sara et sa colocataire Rebecca en accentuant le travail des sonorités électroniques et des cordes. La musique devient ici plus inquiétante, plus sombre dans le jeu des cordes évoquant Bernard Herrmann, tandis que les nappes synthétiques rappellent les travaux de Frizzell sur des films comme « Ghost Ship » ou « Whiteout ». De la même façon, « Rebecca is Watching » accentue l’obsession de Rebecca pour Sara avec le retour de ce sound design inquiétant mélangé au duo cordes/piano et quelques rythmes électroniques plus modernes. Le compositeur tente de créer ici une atmosphère psychologique comme il sait si bien le faire (cf. son récent « The Loft »). Dès lors, la musique s’évertue essentiellement à évoquer les montées de tension et les méfaits de Rebecca comme le suggère clairement « The Shower » et la scène où la jeune femme tourmente une autre jeune fille dans les douches.

C’est l’occasion pour John Frizzell d’expérimenter ici autour des sonorités électroniques comme il le fait assez régulièrement dans ses partitions à suspense. Le compositeur déforme ici les sons, joue sur des effets d’écho et de dissonances progressives des cordes pour parvenir à ses fins. Le résultat est sans surprise mais plutôt intéressant d’un point de vue sonore, témoignant du savoir-faire habituel du compositeur dans le domaine de l’expérimentation sonore – un peu comme dans le très sous-estimé mais néanmoins brillant « Stay Alive » - Avec une écriture avant-gardiste des cordes stridentes et un sound design plus agressif et oppressant, Frizzell parvient à susciter une ambiance de tension psychologique assez intense à l’écran bien qu’ultra prévisible et plutôt convenue. On retrouve à la fin de « The Shower » le thème de piano associé à Sara dans le film, et qui sera très présent tout au long du score de « The Roommate ». Le reste du score s’inscrit dans la continuité de ces premiers morceaux : « Pursuit in the Stacks » est un pur passage de suspense assez immersif, tandis que « The Phone Call » évoque l’ambiguïté de Rebecca, avec un morceau partagé entre des cordes mouvantes et un piano mystérieux accompagné des sonorités synthétiques. Le compositeur choisit par ailleurs un effectif instrumental très réduit, se limitant bien souvent aux cordes et au piano. Frizzell utilise aussi quelques loops électro plus modernes dans « The Subway » qui n’apportent pas grand chose mais inscrivent la musique dans le ton contemporain d’un campus universitaire d’aujourd’hui.

On appréciera la façon avec laquelle John Frizzell parvient à renforcer l’ambiguïté de ses atmosphères qui oscillent souvent entre une étrange mélancolique mystérieuse et une tension psychologique, comme dans « Professor Roberts » où il illustre le professeur incarné par Billy Zane dans le film, et qui semble s’intéresser un peu trop aux jeunes filles de ses cours. Frizzell utilise ici des boucles de cordes entêtantes de manière répétitive avec une harpe et un piano pour parvenir à ses fins, sans oublier quelques éléments électroniques intéressants, et notamment des passages de cordes samplées dont les fréquences sonores ont été modifiées pour les rendre quasi méconnaissables. Dans « Self Inflicted », on débute de manière plus effrayante avec des sonorités menaçantes et dissonantes qui annoncent le dernier acte du film, comme dans le lugubre « Medication » ou le sinistre « Sara Finds the Pills », scène durant laquelle Sara découvre les médicaments de Rebecca et comprend que sa colocataire est malade et qu’elle ne prend plus son traitement médical depuis longtemps. Dans « The Tattoo », la musique devient plus dissonante et plus intense, notamment dans le jeu des cordes traitées, grinçantes et saturées, pour renforcer l’atmosphère glauque du score dans le film. On arrive au climax du film avec l’intense « Transformation » et ses cordes agitées nous amenant vers une sensation de panique, d’urgence et de résolution. Et l’on arrive à l’inévitable confrontation finale avec « Lamb to Slaughter » et surtout « Irene’s Apartment », unique morceau d’action du score où l’on retrouve le style thriller habituel de Frizzell, à grand renfort de cordes staccatos agressives et de percussions synthétiques brutales et excitantes.

John Frizzell applique ainsi toutes les recettes musicales du genre sur « The Roommate », nous livrant une énième partition thriller guère originale mais plutôt intense et immersive dans le film, même si l’on regrette l’absence totale d’originalité d’un compositeur qui semble ici recycler le style de partitions plus anciennes comme « Whiteout », « The Reaping », « The Woods » ou « Stay Alive ». Force est de constater que les années passent et que John Frizzell semble malheureusement bien incapable de se renouveler réellement, obligé d’aligner les musiques de séries-B à suspense les plus banales et les partitions fonctionnelles et sans surprise, alors qu’il fut autrefois l’auteur du génial « Alien Resurrection » et de quelques partitions plus inspirées comme « Thirteen Ghosts », « Gods and Generals » ou « Stay Alive ». Cela fait maintenant depuis quelques années que le compositeur n’avance plus dans ses créations et ne parvient plus à s’extirper du registre des thrillers et des films d’horreur qui se multiplient dans sa filmographie et l’empêchent d’évoluer dans sa musique. C’est ainsi qu’on a l’impression d’entendre le compositeur écrire sans arrêt les mêmes choses et le même style de musique horrifique et passe-partout qui ne font pas justice au talent d’un musicien très mal employé au cinéma, avec des choix de film tout à fait discutable. Mais que l’on ne s’y trompe pas, la musique de « The Roommate » n’a rien de mauvais en soi et reste très réussie dans le film, alors que l’écoute de l’album nous permet d’apprécier quelques idées sonores intéressantes et typiques du compositeur, mais on est aujourd’hui en droit d’attendre beaucoup plus d’un compositeur de la trempe à John Frizzell, qui nous a déjà prouvé qu’avec un film digne d’intérêt, il est capable de se surpasse et de donner le meilleur de lui-même. Peut être que le compositeur a besoin plus que jamais d’un grand film pour lequel il signerait son chef-d’oeuvre ? Seul l’avenir nous le dira.



---Quentin Billard