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1-Main Title 2.07
2-The Beast 1.25 3-Alone in the Forest 5.32 4-The Scary Dream 3.22 5-Horrifying Discovery 0.41 6-Patient Escapes 4.20 7-Attack of the Newspaper Man 1.48 8-Skeletons Uncovered 4.41 9-Embalmed Alive 3.36 10-Crystal Ball 1.18 11-He Ain't My Father 0.38 12-Attack of the Doctor 1.29 13-Electrocution of an Indian 2.28 14-Bloodthirsty 5.43 15-Beastly Convulsions 2.14 16-Beastly Transformation 4.12 17-Flight of the Judge 2.35 18-Beast Destroyed & End Credits 9.20 Musique composée par: Les Baxter Editeur: Intrada Special Collection Vol. 132 CD produit par: Douglass Fake Producteur exécutif CD: Roger Feigelson Direction de la musique pour Metro-Goldwyn-Mayer: Barbara Custer Orchestrations: Hall Daniels Enregistré et mixé par: Armin Steiner CD monté et masterisé par: Douglass Fake Artwork and pictures (c) 1981/2010 Metro-Goldwyn-Mayer Studios, Inc. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE BEAST WITHIN
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Les Baxter
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« The Beast Within » (Les entrailles de l’enfer) est une série-B horrifique réalisée par le français Philippe Mora et sortie au cinéma en 1982. Le film s’inspire d’un roman d’Edward Levy adapté à l’écran par l’incontournable Tom Holland (l’auteur du premier épisode de Chucky). L’histoire débute en 1964, alors qu’Eli (Ronny Cox) et Caroline McLeary (Bibi Besch) se perdent en voiture la nuit sur une petite route près de la ville de Nioba aux Etats-Unis dans le Mississippi. Tandis qu’Eli part chercher de l’aide, son épouse, restée seule près du véhicule, est subitement agressée et violée par une étrange créature surgie des bois. 17 ans plus tard, les McLeary ont un fils, Michael (Paul Clemens), né de cette terrifiante nuit de cauchemar. Eli et Caroline ont élevé leur fils avec amour, jusqu’à ce que le jeune homme, arrivé à l’adolescence, commence à ressentir d’étranges symptômes : il est constamment affamé et se comporte de manière extrêmement étrange. Tombé gravement malade, Michael est soigné par des médecins totalement dépassés, qui ne comprennent pas pourquoi sa glande pituitaire est devenue aussi incontrôlable. Bien décidés à sauver leur fils, les McLeary doivent de nouveau affronter le passé et se rendent alors à Nioba afin de recueillir des informations sur l’homme qui a agressé Caroline. Mais le couple se heurte à l’hostilité de certains occupants du village, à commencer par le juge Curwin (Don Gordon) qui semble en savoir plus qu’il ne le dit, et qui commence à devenir très nerveux, surtout lorsqu’il apprend que Caroline vient de découvrir dans les journaux d’époque l’histoire d’un certain Lionel Curwin qui a été tué il y a 17 ans. Peu de temps après, Michael réussit à s’échapper de l’hôpital où il se trouve et s’empare d’un véhicule volé pour se rendre à son tour à Nioba, où le jeune homme va semer la panique et va faire ressurgir de terribles secrets enfouis dans la ville.
« The Beast Within » est au final un thriller horrifique empruntant autant d’éléments à Stephen King qu’à Lovecraft (on pense clairement au fameux « The Strange Case of Charles Dexter Ward »), avec comme toile de fond un petit village tranquille du fond du Mississippi où se sont déroulés des événements terribles il y a des années, et que tout le monde essaie d’oublier, en vain. Surgit alors le jeune Michael qui va semer la terreur, le film se transformant alors en une sorte d’histoire de vampire, de possession démoniaque ou de loup-garou, puisque le jeune homme attaque ses proies et boit leur sang dans leur gorge ou leurs entrailles. Le film débute de manière terrifiante avec une scène de viol rapide et brutale, Philippe Mora nous plongeant par la suite dans une atmosphère glauque et pesante assez immersive, jusqu’à ce que Michael arrive et transforme le film en une longue succession de séquences gores parfois extrêmes et assez typiques des productions horrifiques des années 80, avec son lot d’effets artisanaux un peu cheap. Plutôt inégal et un peu longuet, « The Beast Within » convainc surtout grâce à son atmosphère nocturne lugubre et ses scènes d’attaques brutales et gores, le tout servi par un casting constitué de têtes bien connues de l’époque - Ronny Cox, le fameux méchant du « Robocop » et « Total Recall » de Paul Verhoeven, mais aussi le jeune Paul Clemens, Bibi Besch, Don Gordon ou des vétérans comme L.Q. Jones ou R.G. Armstrong, tous deux connus pour leur participation à des films de Sam Peckinpah – Pas forcément inoubliable, « The Beast Within » est une série-B gore plutôt correcte, mais qui sera très vite éclipsée par d’autres films d’épouvante sorti à la même époque et nettement supérieurs. A noter que le film de Philippe Mora aura bien du mal à trouver son public aux USA et sortira même directement en vidéo en France. « The Beast Within » est surtout connu pour avoir permis au compositeur Les Baxter d’écrire sa toute dernière partition pour le cinéma. Rappelons que Baxter était surtout célèbre pour ses musiques sur des productions Roger Corman (« House of Usher », « The Pit and the Pendulum », « Tales of Terror », « The Dunwich Horror ») qui lui permirent de se faire une réputation de spécialiste des musiques d’épouvante dans les années 60 et 70. Baxter était aussi connu pour ses nombreuses musiques jazzy exotiques écrites dans les années 60. C’est le co-producteur Harvey Bernard qui eut l’idée d’engager Les Baxter sur « The Beast Within », afin de renouer avec un style orchestral old school qui commençait déjà à se faire un peu plus rare dans les films d’horreur au début des années 80 (c’était alors la période du rock et des musiques électroniques), Bernard ayant probablement été inspiré par le travail fabuleux de Jerry Goldsmith sur « The Omen », qu’il produisit en 1976. Pour parvenir à ses fins, Baxter enregistra une grande formation orchestrale – plutôt rare pour une série-B horrifique à cette époque – avec une pléiade d’éléments électroniques assez modernes pour un film de 1982. On raconte par ailleurs que les sessions d’enregistrement du score en octobre 1981 furent tellement impressionnantes que les musiciens eux-mêmes applaudirent le compositeur pendant les répétitions. Etant donné la nature même du film, le compositeur fut encouragé par le réalisateur pour expérimenter le plus possible et laisser libre cours à son imagination. Le résultat est d’ailleurs particulièrement impressionnant, d’une complexité et d’une rare violence, servi par les orchestrations brillantes d’Hall Daniels et le savoir-faire d’un compositeur de 60 ans arrivé au bout d’une longue carrière exemplaire au service du cinéma. Le score repose pour commencer sur un thème principal lyrique et dramatique associé à Michael dans le film, introduit dès le « Main Title » par les cordes, les cuivres, accompagné de quelques notes de piano, d’étranges effets synthétiques sonores et d’écho de trompettes et piano – à noter que le « Main Title » n’est pas utilisé dans le film – « The Beast » propose pour le début du film quelques variations autour du thème tragique. On est frappé ici par l’extrême classicisme de l’écriture de Baxter, qui va même jusqu’à reproduire le jeu lyrique et suave des cordes comme on pouvait l’entendre dans les scores des années 50/60 (le film date pourtant de 1982). Au niveau de l’écriture, impossible de ne pas ressentir l’expérience évidente d’un compositeur au sommet de son art, qui a déjà 40 ans de carrière derrière lui lorsqu’il compose la musique de « The Beast Within ». Les synthétiseurs reviennent à la fin de « The Beast » et annoncent l’arrivée de la monstrueuse créature dans les bois, sonorités qui se prolongent dans « Alone in the Forest » pour la scène du viol de Caroline. Baxter accentue ici le travail autour de l’électronique de manière quasi expérimentale avec un orchestre plus incisif et agressif, dominé par des cuivres rampants, des trilles de trompettes, des notes furtives de piano, des timbales en duo avec un caisse claire brutale ou des cordes dissonantes. L’atmosphère horrifique de « Alone in the Forest » est extrêmement impressionnante et révèle l’approche à la fois très classique et avant-gardiste du compositeur, qui n’hésite pas à incorporer l’électronique comme un instrument à part entière de l’orchestre – méthode largement partagée à l’époque par Jerry Goldsmith – « The Scary Dream » débute sur une nappe synthétique particulièrement étrange et des cordes en sul ponticello (jeu avec l’archet près du chevalet). Malgré le côté un peu daté des sonorités électroniques, Baxter parvient à apporter un semblant d’intemporalité à sa musique grâce à la présence de l’orchestre, n’hésitant pas à verser ici dans l’expérimental avec une série de nappes sonores lugubres qui annoncent le cauchemar à venir, et bien évidemment le retour du thème tragique interprétée ici de manière poignante par des cordes dramatiques quasi romantiques, alors que les McLeary décident de revenir à Nioba pour trouver le moyen de guérir leur fils Michael. L’évasion de l’hôpital est illustrée quant à elle dans le brutal « Patient Escapes », où le thème principal apparaît cette fois au synthétiseur sur des sonorités étrangement bourdonnantes, entouré de cordes agitées, de timbales insistantes, de notes rapides de piano, de caisse claire martiale et de sforzandos de cuivres. On appréciera ici la virtuosité et la complexité de l’écriture de Les Baxter, qui passe très rapidement d’un pupitre à un autre avec une rare maîtrise, le résultat étant extrêmement impressionnant à l’écran – certaines critiques de l’époque ont même salué le travail de Baxter en le citant comme l’élément le plus mémorable du film – De la même façon, « Attack of the Newspaper Man » se base sur une série de variations du thème principal autour des 3 premières notes descendantes de la mélodie pour un nouvel assaut orchestral de terreur pure, redoutablement agressif et spectaculaire, y compris dans l’utilisation totalement déjantée des synthétiseurs bourdonnants accentuant la sauvagerie de Michael, lorsque ce dernier s’attaque au journaliste à Nioba. « Skeletons Uncovered » suggère quant à lui un début de romance avec le retour très passionné et suave du thème tragique aux cordes – on croirait entendre du romantisme hollywoodien façon Alfred Newman ou Miklos Rozsa – pour la scène où Michael courtise la jeune Amanda (Katherine Moffatt), dont le père est aussi un Curwin, et connaît les secrets partagés par le juge de la ville. A noter ici une série de deux notes répétées qui rappellent le « Jaws » de John Williams, alors que le chien d’Amanda vient de déterrer les restes d’un cadavre enfoui dans le sol. Le reste du score s’avère être du même acabit. Baxter s’évertue essentiellement à développer son motif de 3 notes extrêmement obsédant, basé sur le thème principal, baignant dans une atmosphère de plus en plus oppressante et lugubre, comme le confirme « Embalmed Alive » pour la scène du meurtre du légiste dans la morgue, séquence largement dominée ici par le travail de l’électronique et des sonorités instrumentales discrètes (notes de piano furtives dans le grave, jeu sul ponticello des cordes, glissandi dissonants, etc.). On note quelques moments plus lyriques et tragiques comme « He Ain’t My Father » où l’on se rapproche du twist scénaristique final concernant la réelle identité de Michael et l’origine de tous ses maux, tandis que « Electrocution of an Indian » illustre une autre scène d’attaque près d’un barrage en reprenant les sonorités brutales de la créature – caisse claire et timbales martiales, cuivres enragés – sans aucun doute l’un des morceaux les plus impressionnants et les plus spectaculaires de tout le score. On plonge ensuite dans l’horreur pure avec « Beastly Transformation » pour la scène où Michael se transforme en une créature terrifiante – l’une des scènes les plus gores du film – c’est l’occasion pour Les Baxter de développer et de faire culminer ici ses sonorités pour le monstre à grand renfort de piano martelé, de crescendo ultra dissonant de l’orchestre et de percussions martiales (à noter ici les effets d’écho sur certains instruments), sans aucun doute le morceau le plus horrifique et le plus cauchemardesque de toute la partition. Enfin, le périple se conclut avec « Flight of the Judge » et surtout « Beast Destroyed and End Credits », 9 minutes particulièrement brutales et terrifiantes pour la confrontation finale contre la créature, où toutes les sonorités principales du score culminent pour une coda d’une rare violence. On ressort donc particulièrement secoué de l’écoute de « The Beast Within », qui s’avère être un score extrêmement sombre et agressif, un peu répétitif mais d’une brutalité et d’une complexité assez ahurissante. Le score est dominé par le classicisme d’écriture raffiné de Baxter, qui n’hésite pas à verser dans l’expérimentation électronique et les techniques orchestrales plus avant-gardistes pour arriver à ses fins. L’approche peut paraître datée pour un auditeur d’aujourd’hui, mais le résultat est incroyablement spectaculaire et totalement maîtrisé de bout en bout. On regrette parfois le caractère très répétitif d’un score qui évolue peu tout au long du film, se contentant bien souvent de répéter les mêmes formules ou les mêmes déclinaisons mélodiques sans jamais évoluer vers quelque chose d’autre, si bien qu’au bout de 20 ou 30 minutes, on finit par décrocher devant la relative monotonie du score. Qu’à cela ne tienne, le résultat est pourtant là, la musique restant l’élément le plus passionnant et le plus remarquable du film de Philippe Mora. Encouragé dans ses expérimentations musicales, Les Baxter signe donc un dernier score particulièrement effrayant et brutal pour le cinéma hollywoodien, un travail de très grande qualité à redécouvrir sur l’album d’Intrada publié en 2010, malheureusement atténué par un son relativement moyen (beaucoup de souffle et un mixage assez étrange des synthétiseurs, que l’on entend parfois que d’un seul côté ! En revanche, le mix de l’orchestre est très clair et limpide), du en grande partie à la qualité quelconque des sources audio retrouvées pour réaliser le master de l’album. Ainsi donc, « The Beast Within » vient conclure 40 ans d’une carrière exemplaire pour le cinéma, et même si ce score horrifique reste difficile d’accès pour des non initiés, le résultat est tout bonnement impressionnant et mérite réellement qu’on s’y attarde davantage ! ---Quentin Billard |