1-Checking In 3.34
2-Surveillance 2.43
3-Torture 2.10
4-Under Arrest 2.40
5-Jailbreak 3.54
6-Cat & Mouse 3.29
7-Samantha 2.11
8-Taking Care of Business 1.27
9-Too Close for Comfort 1.55
10-One Man Show 3.56
11-A Junkie's Lament 3.21
12-Intercepted 1.41
13-Contraband 4.04
14-The Hunter 5.15
15-My Life for Hers 1.45
16-Separate Ways 1.26
17-Making the Connection 6.13

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Paramount Music - digital music only

Score produit par:
Henry Jackman
Orchestrations:
Stephen Coleman
Orchestre conduit par:
Nick Glennie-Smith
Montage musique:
Daniel Pinder
Musique additionnelle de:
Paul Mounsey, Alex Belcher,
Stephen Hilton

Artwork and pictures (c) 2016 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: **
JACK REACHER :
NEVER GO BACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
Après un premier épisode réalisé par Christopher McQuarrie et sorti en 2012, Jack Reacher est de retour au cinéma avec ce second épisode intitulé « Jack Reacher : Never Go Back », réalisé cette fois-ci par le vétéran Edward Zwick, et toujours inspiré d’une série de romans du britannique Lee Child. Ce second film est cette fois-ci inspiré du dix-huitième roman de cette série de best-sellers publié en 2013. Tom Cruise reprend ainsi le rôle qu’il avait tenu précédemment en 2012, et retrouve Ed Zwick douze ans après « The Last Samurai » (2003). A la suite d’une opération réussie, Jack Reacher (Tom Cruise) est de retour dans ses anciens quartiers généraux militaires où il retrouve le major Susan Turner (Cobie Smulders), avec laquelle il a travaillé au cours de ses derniers voyages. Le colonel Sam Morgan (Holt McCallany) lui révèle alors que Turner a été mise aux arrêts et accusée d’espionnage. Son avocat le colonel Bob Moorcroft (Robert Catrini) révèle à Reacher qu’il y a des preuves de l’implication de Turner dans le meurtre de deux soldats américains en Afghanistan, mais Reacher n’y croit pas une seconde et comprend que quelqu’un cherche à piéger le major Turner. Reacher découvre par la même occasion qu’une certaine Candice Dayton cherche à intenter un procès en paternité à son encontre, révélant qu’il est le père d’une jeune fille de 15 ans, Samantha Dayton (Danika Yarosh). Alors que Reacher cherche à rentrer en contact avec la jeune Samantha, le colonel Moorcroft est retrouvé assassiné. Reacher est alors soupçonné du meurtre et mis aux arrêts, mais alors qu’on le conduit à la prison où se trouve le major Turner, des assassins tentent de l’éliminer, en vain. Jack Reacher réussit à s’échapper avec Susan Turner, puis ils obtiennent de précieuses informations auprès du colonel Morgan, qui fait partie d’une vaste conspiration militaire orchestrée dans l’ombre par des officiers corrompus. Lorsqu’ils comprennent que la jeune Samantha est elle aussi en danger, Reacher et Turner décident de la protéger et de la cacher en espérant dévoiler toute la conspiration au grand jour et démasquer les traîtres avant qu’il ne soit trop tard.

Passé la surprise d’un premier thriller plutôt rugueux et âpre, « Jack Reacher : Never Go Back » a bien du mal à convaincre au même titre que son prédécesseur. La faute à une réalisation routinière d’un Edward Zwick qu’on a pourtant connu bien plus inspiré – même son polar militaire « Courage Under Fire » en 1996 paraissait bien plus inspiré – Niveau casting, Tom Cruise s’est entouré de quelques seconds rôles solides, incluant Cobie Smulders, Aldis Hodge, Danika Yarosh, Patrick Heusinger, Holt McCallany ou Robert Knepper, spécialiste des rôles de méchants. Curieusement, alors qu’on a été habitué à voir un Tom Cruise enthousiaste et emballé par ses projets – les derniers « Mission : Impossible » étaient de vraies pépites du cinéma d’action moderne ! – ce « Jack Reacher 2 » semble à bout de souffle, sans surprise et surtout sans saveur. Hormis une introduction bad ass plutôt réussie, le film évolue très rapidement vers un ersatz de DTV comme on en voit débouler par centaines chaque année sur le marchée saturée de la vidéo. Le script du film, totalement insipide, recycle toutes les formules du genre avec une paresse étonnante pour une production Tom Cruise : encore un héros accusé à tort d’un crime qu’il n’a pas commis, et qui doit s’enfuir pour pouvoir prouver son innocence ! L’intrigue aurait pu fonctionner dans les années 90 à l’époque de « The Fugitive », mais le concept est totalement usé en 2016 et ne convainc plus personne. Et c’est justement là que le bat blesse, car « Never Go Back » semble trop souvent recycler tous les codes des thrillers et des films d’action des années 90 sans aucune once d’imagination : le héros fugitif et son équipière, ses rapports avec une adolescente rebelle (inutile dans l’histoire et assez insupportable !), un tueur à gage lancé aux trousses des héros et une conspiration d’état façon « Enemy of the States » de Tony Scott.

Le public a-t-il encore envie de se farcir un énième clone du Fugitif plus de 20 ans après ? Au vue de l’avalanche de mauvaises critiques que le film a reçu à sa sortie en salles en 2016, la réponse ne fait aucun doute ! Même Tom Cruise semble fatigué de l’exercice, et hormis quelques scènes d’action musclées – dont une violente confrontation finale sur les toits d’un immeuble à la Nouvelle-Orléans en pleine fête des morts – ce « Jack Reacher 2 » ne convaincra pas grand monde, y compris dans son intrigue qui surfe sur la mode des thrillers géopolitiques façon Paul Greengrass (encore une énième histoire en Afghanistan !). C’est d’autant plus regrettable que le premier film de Christopher McQuarrie avait mis quasiment tout le monde d’accord grâce à une réalisation nerveuse et incisive typique de son auteur, mais cette fois, tout le monde semble s’être lassé et le film est d’autant plus ennuyeux qu’il semble s’éterniser étrangement (120 minutes pour un thriller aussi routinier, c’est beaucoup trop long !). Tourné à la manière d’une série-B d’action insipide, « Jack Reacher : Never Go Back » est donc une erreur stratégique flagrante dans la filmographie jusqu’ici quasi impeccable de Tom Cruise, qui sait généralement bien choisir ses projets, mais sombre ici dans la facilité pure avec un polar surgissant tout droit des années 90, aussitôt vu aussitôt oublié !

Après un premier score de qualité signé Joe Kraemer, le score de « Never Go Back » est confié à Henry Jackman, qui enregistre sa musique avec les 60 musiciens du Hollywood Studio Symphony et une pléiade de sonorités électroniques en plus. Le score prend une tournure beaucoup plus moderne que celle voulue par Kraemer sur le premier opus. A l’instar du film, la musique de Jackman est donc absolument sans surprise : le compositeur va là où on l’attend, avec une paresse évidente dans le traitement des sons et des idées musicales. Ainsi donc, le film débute au son d’un « Checking In » qui fait la part belle à l’électronique, au sound design et aux guitares samplées. Un premier thème constitué de quelques notes de piano fait son apparition à 1:25, associé à Jack Reacher dans le film, le thème étant repris dans son intégralité par les cordes dès 2:04 sur fond de loops électro et d’arpèges de guitare. « Surveillance » débute avec une utilisation plutôt intéressante de marimbas dans un style rappelant Steve Jablonsky, le tout accompagné de l’armada habituel de guitares, percussions et samples synthétiques en tout genre. Jackman tente d’instaurer une certaine tension à l’écran, accentuant l’idée d’une conspiration militaire et d’une course contre la montre avec quelques cordes sombres et dissonantes et le lot habituel de drones et de nappes sonores obscures. Dans « Torture », on découvre quelques sonorités orientales plus sombres à l’aide d’oud, de guitares et d’un violoncelle électrique pour évoquer les flashbacks en Afghanistan dans le film. Jackman instaure ainsi une ambiance d’espionnage comme le fit John Powell dans la franchise « Jason Bourne » avec une utilisation similaire de l’électronique et de rythmes contemporains, comme c’est le cas dans le sombre « Under Arrest ».

L’évasion de prison (« Jailbreak ») permet au compositeur d’accentuer ici le rôle des cordes et des percussions avec, comme toujours, l’emploi des guitares qui apportent une ambiance particulière à la musique. Même les cordes, souvent utilisées de manière staccato dans les passages d’action, sont régulièrement accompagnées des notes rapides de guitare électrique, dans des sonorités modernes typiques des productions Remote Control d’Hans Zimmer. « Jailbreak » est le premier morceau d’action de « Jack Reacher : Never Go Back » et fait la part belle à l’orchestre qui se limite principalement à une série de cordes staccatos et de ponctuations agressives de cuivres (les bois sont absents de l’orchestre !) lorsque Reacher et Turner s’échappent de la prison militaire. « Cat & Mouse » fait monter la tension avec le retour des tremolos de guitares et des cordes staccatos. Jackman recycle toutes les formules habituelles des musiques d’action de ces 15 dernières années, sans aucune prise de risque particulière. Les loops électro sont placés au moment où on les attend le plus, les montées de tension sont sans surprise, et les morceaux d’action sont suffisamment explosifs mais routiniers pour convaincre pleinement. On appréciera néanmoins l’écriture incisive et contrapuntique des cordes dans « Cat & Mouse », même si l’on était tout de même en droit d’attendre autre chose de la part d’un compositeur talentueux comme Henry Jackman, qui déçoit souvent dès qu’il travaille dans le domaine des thrillers et des films d’action modernes ! Dans « Samantha », le compositeur apporte un semblant d’émotion avec un motif plus intime de clavier et de cordes pour évoquer le lien entre la jeune Samantha et Jack Reacher dans le film.

On a du mal à se passionner réellement pour des passages atmosphériques fonctionnels comme « Taking Care of Business », et c’est finalement les moments où Jackman évoque l’Afghanistan qui attire notre attention, comme c’est le cas dans « Too Close for Comfort », où l’on retrouve les sonorités orientales de « Torture », comme une sorte d’ombre menaçante qui plane sur la partition du film. Puis, très vite, la musique plonge à nouveau dans un énième déchaînement orchestral dominé par un flot de cordes et de cuivres agressifs qui rappellent les musiques des « Jason Bourne » ou des derniers « James Bond » de Thomas Newman. La musique est effectivement fort intense à l’écran mais aussi mixée de manière indigente : derrière la bande son, les dialogues et les bruitages, on a du mal à apprécier réellement un score peu valorisé sur les images, utilisé bien souvent comme un simple papier peint musical sans saveur. Dommage aussi que Jackman s’avère aussi peu inspiré dans ses idées, allant même jusqu’à imiter un motif de John Powell de la saga « Jason Bourne » dans « One Man Show », à qui il repique même une utilisation similaire d’un basson soliste (il ne fait nul doute que la musique de Powell a du être utilisé en temp-track pour le film !). Les sonorités orientales reviennent dans « A Junkie’s Lament » où les héros découvrent la vérité au sujet du meurtre des deux soldats américains en Afghanistan - à noter ici aussi le retour du basson soliste vers 2:50 – Le motif de basson développé dans « A Junkie’s Lament » est par ailleurs repris à 1:00 dans « Intercepted » puis de manière rythmique en ostinato de cordes dans « Contraband », alors que Reacher intercepte la cargaison du général Harkness (Robert Knepper).

La confrontation finale à la Nouvelle-Orléans est largement illustrée dans les 5 minutes intenses de « The Hunter » qui récapitule quelques unes des idées majeures du score de « Jack Reacher 2 », Henry Jackman nous offrant ici l’un des meilleurs morceaux d’action du film avec quelques rebondissements rythmiques bien amenés et plutôt intenses. « Separate Ways » conclut le récit avec un retour salutaire à l’apaisement, dans un style plus intime proche de « Samantha ». Enfin, « Making the Connection » reprend le thème principal de Jack Reacher aux cordes pour un final plus lyrique dominé par de très beaux accords mélancoliques de piano et des cordes plus tendres et optimistes. Malgré quelques bons moments, on ressort donc très mitigé de l’écoute de « Jack Reacher : Never Go Back ». Henry Jackman se montre ici peu inspiré par son sujet, oeuvrant en pilotage automatique sur un score d’action banal et ultra prévisible, où il recycle toutes les formules habituelles du genre sans la moindre once d’originalité. Malgré de bonnes idées (les trémolos de guitares, les sonorités orientales, le basson soliste), le score peine à susciter le moindre enthousiasme et reprend tout ce qui a déjà été fois 1000 fois auparavant dans le genre, sans apporter quoique ce soit de neuf ou de vraiment personnel. Il manque à la musique de Jackman un soupçon d’ambition, d’intérêt, son travail se limitant trop souvent à des montées de tension ou d’action d’une platitude affligeante, dans le film comme sur l’album. Décidément, ce « Jack Reacher 2 » aura été une série de déconvenues d’un bout à l’autre, car même Henry Jackman n’aura pas réussi à se distinguer du lot, faisant de ce film un échec cuisant pour l’ensemble de ses concepteurs !



---Quentin Billard