1-The Overlords 2.27
2-A Sorry State of Affairs 2.07
3-They Mean Business 2.48
4-Smythe 1.54
5-Mother Earth 2.01
6-Escape! 1.41
7-Stealth Activities 3.25
8-Dad 1.51
9-Fond Memories 2.26
10-The Watchmaker 2.00
11-Brain Scan 2.36
12-Bunsen Burners 1.42
13-More Stealth Activity 3.00
14-To The Edge of Town 1.43
15-Scanning 1.23
16-Robot Mischief 2.02
17-Sean Takes Control 2.01
18-Smythe's Grand Plan 2.50
19-A Close Shave! 4.07
20-The Standing Stones 1.57
21-Sean Takes To The Skies 1.57
22-So You Can Fly? 2.14
23-On A Hero's Collision Course 2.21
24-The Wood-Folk 2.37
25-Sean Accesses the Mainframe 3.38
26-Finale 3.10

Musique  composée par:

Christian Henson

Editeur:

MovieScore Media MMS15009

Score produit par:
Christian Henson
Album produit par:
Mikael Carlsson
Mixage musique:
Goetz Botzenhardt
Orchestrations:
Ben Foskett, Christian Henson
Orchestre:
English Session Orchestra
Supervision musique:
Maggie Rodford
Assistant compositeur:
Sebastian Truman
Direction des choeurs:
Micaela Haslam

(c) 2014 Pinewood Studios/British Film Company/BFI/Northern Ireland Screen/Tempo Productions Limited/Umbra Telegraph Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
ROBOT OVERLORDS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christian Henson
« Robot Overlords » est un film indépendant britannique réalisé par Jon Wright et sorti en 2014. Malgré ses airs de DTV de science-fiction calqué sur « Transformers », « Robot Overlords » s’avère être une sympathique surprise de la part d’un cinéma de genre toujours très inventif du côté des anglais. On se souvient par ailleurs que le jeune réalisateur irlandais Jon Wright s’était déjà fait remarquer sur son précédent film, « Grabbers », petit film de monstre fun et gore sorti en 2012 et déjà bien récompensé au cours des différents festivals où il a été présenté cette année là. Cette fois-ci, Wright met les bouchées doubles avec « Robot Overlords » et livre un long-métrage de science-fiction doté d’un bon budget pour une production indépendante (21 millions de dollars). Visuellement, le film tient parfaitement la route malgré des moyens limités : les effets numériques sont même assez impressionnants, même si l’on sent clairement l’esthétique série TV/téléfilm de toute l’entreprise. Le scénario nous plonge dans le Londres du futur, où une race de robots géants extra-terrestres ont envahi la Terre et exploitent toutes ses ressources. Les habitants sont confinés dans leurs maisons, et toute sortie est prohibée, sous peine de mettre leur vie en danger. Les humains portent tous un implant dans leur cou qui permettent aux sentinelles robots de suivre leurs moindres faits et gestes afin de garder le contrôle sur la population. Lorsqu’un individu quitte sa demeure, il n’a que quelques secondes pour retourner chez lui avant d’être anéanti. Un groupe d’adolescents menés par le jeune Sean Flynn (Callan McAuliffe) découvrent par hasard qu’il existe un moyen de retirer leur implant, ce qui leur permet ainsi de quitter leur maison et de se déplacer librement dans la ville. Peu de temps après, les jeunes fugitifs sont capturés par Robin Smythe (Ben Kingsley), collaborateur humain qui épaule les robots et les aide à garder le contrôle de la population. Mais Sean et les autres échappent à la torture et réussissent à s’enfuir. C’est alors que la jeune homme découvre qu’il a le pouvoir de contrôler les robots par la pensée. Bien décidé à retrouver son père disparu depuis bien longtemps, Sean et ses amis se dirigent vers une mine abandonnée qui abrite en réalité un groupe de résistants dirigés par le père de Sean. Pendant ce temps, Smythe et les robots sont sur les traces des fugitifs, et pourraient bien découvrir à leur tour la mine des résistants.

« Robot Overlords » raconte donc une invasion extra-terrestre vécue de l’intérieur, alors que les envahisseurs ont pris le pouvoir sur Terre et que plus rien ne semble pouvoir les arrêter. Pourtant, très vite, l’espoir est de mise alors qu’une poignée d’ados découvrent par hasard une faille dans le plan des envahisseurs. Le film de Jon Wright est un hommage évident aux films de science-fiction américain des années 50/60, mais aussi aux productions plus récentes, pour ce que l’on a souvent considéré comme une sorte de croisement entre « Transformers » (pour les robots géants) et « Doctor Who » (pour l’univers sci-fi typiquement british du film !). Niveau casting, Wright s’entoure de deux stars bien connues, Gillian Anderson – qui s’y connaît en extra-terrestres ! – et l’indispensable Sir Ben Kingsley pour épauler un casting essentiellement composé de jeunes acteurs comme Callan McAuliffe, James Tarpey, Milo Parker ou la très jolie Ella Hunt. Le scénario pioche des éléments par-ci par-là (on pense évidemment à « Transformers » mais aussi à « Independence Day », « War of the Worlds » et même « The Goonies » pour l’idée d’un groupe de jeunes qui partent à l’aventure tous ensemble), et raconte comment des ados d’un petit village anglais s’unissent pour défier les envahisseurs et sauver le monde. Jon Wright a même la bonne idée de ne surtout pas verser dans le patriotisme mais fonctionne davantage à l’échelle humaine avec une galerie de personnages attachants et quelques bons seconds rôles, même si Gillian Anderson s’avère au final assez fade. Ben Kingsley campe quand à lui un collabo détestable et totalement pourri, mais ce sont les robots géants qui attirent finalement toute notre attention, dirigés par leur chef prenant l’apparence d’un enfant robot à la manière du « A.I. » de Spielberg, auquel le film emprunte là aussi quelques éléments. « Robot Overlords » se conclut par ailleurs sur une longue bataille finale assez impressionnante et visuellement très réussie malgré des moyens très limités. Au final, le long-métrage de Jon Wright est une bonne surprise, un petit film de science-fiction sympathique sans être exceptionnel, rappelant malgré tout la bonne tenue du cinéma de genre britannique, celui d’où sont issus Neil Marshall ou Christopher Smith.

Christian Henson s’est spécialisé au cours des années 2000 dans les compositions pour des longs-métrages indépendants et des films britanniques en tout genre. Le compositeur a même fait un détour du côté de la France en 2004 avec « Les fils du vent » de Julien Seri et « Animal » de Roselyne Bosch en 2005. Connu pour son style souvent inventif et assez personnel, Christian Henson est l’une des valeurs sûres dans le domaine des musiques de film anglais indépendants – on se souvient de ses musiques impressionnantes pour « Black Death », « Triangle », « The Secret of Moonacre » ou « Severance » - Henson retrouve à nouveau Jon Wright pour la deuxième fois après avoir signé la musique de « Grabbers » en 2012. Cette fois-ci, le compositeur met les bouchées doubles et convoque un grand ensemble orchestral incluant quelques solistes (voix féminine, piano, guitare électrique) et une pléiade de synthétiseurs modernes accentuant l’univers futuriste du film. Comme souvent chez le compositeur, la musique s’avère plutôt complexe et inventive, faisant un usage très reconnaissable de l’électronique évoquant les robots géants du film. C’est le cas dans « The Overlords » avec ces notes répétées de façon agressive par un ensemble de cordes, choeur masculin et synthétiseurs en crescendos/decrescendos, de manière mystérieuse. Il s’agit par ailleurs du motif associé aux envahisseurs dans le film, accompagné d’orchestrations solides privilégiant les cordes et le piano avec une certaine ampleur. Dans « A Sorry State of Affairs », un violoncelle soliste dévoile un second thème de 3 notes ascendantes mélancoliques, associées dans le film à Sean et sa quête pour retrouver son père. Très présent tout au long du film, ce motif est repris par une voix féminine envoûtante dans « They Mean Business », avec, comme toujours chez le compositeur, ce même goût pour l’expérimentation et la manipulation des sons et des instruments (parties électroniques saturées, voix et piano samplés, etc.).

« Mother Earth » dévoile le troisième thème du score, probablement le thème le plus important de la partition de « Robot Overlords », celui associé à la résistance. La mélodie est dévoilée par le piano à 0:54 sur fond de rythmique électronique entêtante. Le thème évoque clairement l’idée de l’espoir pour un monde meilleur, libéré de l’oppression. A noter l’arrangement qui vire aux accents rock moderne avec l’emploi de guitare électrique, batterie, clavier et basse (probablement pour évoquer les jeunes ados du film). Dans « Escape ! », le danger semble plus présent alors que les jeunes réussissent à s’échapper, Henson accompagnant leur fuite avec un passage de cordes et choeur plus poignant apportant un sentiment d’espoir. « Stealth Activities » utilise l’électronique de manière plus expérimentale avec l’emploi inventif de trompettes pour évoquer une ambiance d’espionnage furtive, avec quelques cordes plus enlevées – à noter le traitement sonore de l’orchestre sur la fin du morceau, où Henson s’amuse à modifier les attaques des parties orchestrales pour un rendu très expérimental, comme si le fait que l’électronique envahisse les parties acoustiques évoquait malicieusement l’invasion alien sur la Terre. Le thème de la résistance revient dans « Dad » apportant un sentiment d’espoir salvateur, toujours dominé par l’emploi de la guitare électrique. La musique devient plus lyrique dans « Fond Memories » avec l’emploi de cordes dramatiques du plus bel effet et de rappels au motif des robots géants. Dans « Brain Scan », Henson évoque la torture que subissent Sean et les ados dans un passage plus avant-gardiste/expérimental à l’aide de cordes dissonantes et d’étranges effets sonores de flûtes en écho.

L’action domine « Bunsen Burners » avec son flot de percussions, de sonorités métalliques et de cordes dissonantes/stridentes accompagnées de choeurs maléfiques évoquant un sentiment d’horreur et de terreur assez impressionnant. On appréciera la façon intéressante avec laquelle Christian Henson parvient à osciller entre l’acoustique et l’électronique pour évoquer constamment cet affrontement entre les hommes et les machines, un trait caractéristique de sa partition de « Robot Overlords ». « More Stealth Activity » développe le motif des envahisseurs avec une très belle reprise du thème de la résistance sur fond de percussions métalliques pour accompagner les ados dans leur évasion. Plus expérimental, « To the Edge of Town » évoque de manière plus massive le suspense alors que les jeunes atteignent les limites de la ville, accompagnés ici de bourdonnements électroniques menaçants et saturés. La tension monte dans « Smythe’s Grand Plan » avec ses glissandi dissonants de cordes et son instrumentation très hétéroclite. L’action s’intensifie quand à elle dans « A Close Shave ! » où l’on frôle là aussi l’expérimentation sonore pure dans le jeu des percussions électroniques. A noter ici une reprise puissante du thème de la résistance aux cordes pour évoquer les exploits de Sean dans le film, idée qui débouche logiquement sur l’excitant « Sean Takes to the Skies ». La bataille finale est illustrée dans « So You Can Fly ? », le triomphant « On a Hero’s Collision Course » et le dantesque « Sean Accesses the Mainframe » et son final plus optimiste avec ses voix éthérées. « Finale » conclut l’aventure avec une reprise des principales idées de la partition de « Robot Overlords » en guise de conclusion.

Christian Henson signe donc une partition fort intéressante pour « Robot Overlords », avec son inventivité habituelle et son style à la fois moderne, personnel et toujours enclin à l’expérimentation. La musique épouse ainsi le point de vue des ados dans le film, avec un mélange hybride d’électronique et de parties acoustiques qui fonctionnent parfaitement à l’écran. Dans une note du livret de l’album, Henson explique qu’il souhaitait composer cette partition en se plaçant selon le point de vue des jeunes héros, en essayant de ressentir tout ce qu’ils vivent tout au long de leur aventure, le compositeur ajoutant par la même occasion que beaucoup de scores d’action modernes essaient d’être descriptif sans prendre le temps de faire réellement ressentir tout ce qu’il se passe à l’écran. C’est l’objectif qu’Henson s’est donc fixé avec sa musique pour « Robot Overlords », et le résultat, sans être grandement exceptionnel, est assez impressionnant et suffisamment intéressant pour pouvoir être remarqué et apprécié à sa juste valeur : enfin une musique de film d’action moderne qui prend en compte les émotions des personnages et des différentes situations présentées à l’écran et qui ne se contente pas simplement de recycler les formules habituelles du genre pour satisfaire le plus grand nombre ! On est clairement en présence ici d’une musique écrite avec une certaine liberté tout en respectant les conventions du genre, un compromis intéressant qui doit beaucoup au talent de Christian Henson pour tout ce qui touche à l’expérimentation et à la manipulation sonore, sans oublier une pléiade de thèmes agréables et de très bonnes idées musicales.




---Quentin Billard