1-Jinguzhou, The Golden Hoop 11.12
2-Xiyi Yaoguai, The Basilisk Demon 6.26
3-Zhu Bajie, The Pig Demon 4.12
4-Baigujing, Lady White Bone 5.35
5-Tang Sanzang, The Monk 6.14
6-Yun Hai Xi Guo, The King
of Yun Hai Xi Kingdom 5.31
7-Jingu Bang, The Monkey King's Staff 4.09
8-Sha Heshang, The Sand Monk 3.20
9-Guanyin Pusa,The Goddess of Mercy 5.20
10-Bianfu Yaoguai, The Bat Demon 10.34
11-Bailongma, The White
Dragon Horse 5.38
12-Sun Wukong, The Monkey King 7.17

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada

Album produit par:
Christopher Young, Max Blomgren,
Jung J. Lee

Producteurs exécutifs CD pour Intrada:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Mixage album:
Peter Fuchs
Mixage additionnel:
Max Blomgren, Jung J. Lee
Monteur musique:
Ben Schor
Assistants scoring:
Kostas Christides, Christian Flanders,
Jared Banta, Murat Selcuk,
Migiwa Isono, Lasse Elkjaer,
Lorenzo Ferrero

Coordinateur score:
Channon Billington
Programmations album/score:
Max Blomgren, Jung J. Lee
Orchestrateurs:
Christopher Young, Sean McMahon,
Peter Bateman, Richard Bronskill,
Kostas Christides, Joohyun Park,
Patrick Russ, David Shephard

Orchestre:
The Slovak National Symphony Orchestra
Dirigé par:
Allan Wilson
Pro-Tools:
Martin Roller
Google Drive:
Lukas Turnovsky
Préparation musique:
Allan Wilson, Natalia Villanueva Garcia
Manager production:
Regina Fake

Artwork and pictures (c) 2016 Filmko Entertainment Limited. All rights reserved.

Note: ****1/2
THE MONKEY KING 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Suite très attendue de « The Monkey King », énorme succès au box-office chinois de 2014, « The Monkey King 2 » est à nouveau confié au réalisateur Pou-Soi Cheang et sort au cinéma en 2016. L’histoire se déroule 500 ans après les événements racontés dans le premier film. Alors que le roi singe Sun Wukong (Aaron Kwok) a été emprisonné dans la montagne des cinq doigts après avoir semé le chaos dans le royaume des cieux, un jeune moine bouddhiste Tang Sanzang (Feng Shaofeng) se rend en Inde à la recherche des soutras, les écritures saintes de Bouddha. Durant son périple, le moine libère accidentellement Sun Wukong et ce dernier apprend par le biais de la déesse de la miséricorde Guanyin (Kelly Chen) qu’il doit protéger le moine au cours de son voyage. Durant leur périple, Sanzang et Wukong croisent la route de Zhu Baije (Xiao Shen-Yang), un démon cochon, et Sha Wujing (Chung Him Law), un moine djinn. Les deux démons, défiés par les deux hommes, sont vaincus au cours d’un combat et s’associent avec le moine et le roi singe, acceptant alors Tang Sanzang comme leur nouveau maître. Ils se rendent ensuite sur les terres du royaume de Yun Hai Xi, un pays terrorisé par la sinistre Baigujing (Gong Li), le démon de l’os blanc capable de prendre n’importe quelle apparence pour tromper ses victimes, et qui capture les enfants du royaume pour se nourrir de leur énergie. Baigujing prend alors l’apparence d’une vieille femme et tente de tromper la vigilance de Sanzang et ses amis. Le démon raconte alors son histoire au moine : elle était autrefois une jeune femme innocente forcée à se marier, et lorsque la famine s’abattit sur son village, les habitants l’accusèrent de tous les maux et décidèrent de la sacrifier en offrande aux dieux, ce qui fit d’elle par la suite un démon. Mais Sun Wukong, qui a le pouvoir de voir la véritable apparence des êtres vivants, ne se laisse pas berner et comprend la supercherie. Il réussit alors à éliminer la vieille femme et ses compagnes, et s’enfuit avec ses amis. Mais Sanzang ne croit pas que les femmes que Wukong a tué étaient des démons et le blâme sévèrement pour les meurtres qu’il vient de commettre. Ils se rendent ensuite à la capitale du royaume dirigée par le roi (Fei Xiang) qui organise un festin en leur honneur. Mais là aussi, Sun Wukong comprend que quelque chose ne tourne pas rond. Le démon de l’os blanc retrouve alors le roi singe et tente de le corrompre par tous les moyens.

« The Monkey King 2 » s’inspire à nouveau de la célèbre « Pérégrination vers l’Ouest », chef-d’oeuvre de la littérature chinoise datant du 16e siècle faisant partie d’un cycle de quatre livres extraordinaires écrit durant l’ère Ming. Le film de Pou-Soi Cheang est assez respectueux du roman qu’il adapte à l’écran et reprend les grandes lignes de l’histoire : la délivrance du roi singe, son amitié avec le moine Sanzang, la rencontre avec Zhu Baije et Sha Wujing, l’affrontement avec les démons, etc. Visuellement, comme pour le premier film de 2014, « The Monkey King 2 » est un véritable festival d’effets numériques en 3D, sauf que le film s’avère un brin plus sage que son prédécesseur, étant donné que le récit se déroule cette fois-ci sur Terre, 500 ans après les événements célestes du premier opus. Du coup, ce second film s’avère beaucoup plus digeste d’un point de vue visuel, et mieux équilibré au niveau de l’utilisation des effets numériques. Succès oblige, cette vaste production hongkongaise réunit un budget conséquent de 60 millions de dollars et s’offre les services de sociétés d’effets spéciaux américaines pour les besoins du film, et plus particulièrement les néo-zélandais de Weta Digital, qui a participé aux effets visuels de « Lord of the Rings » et « The Hobbit », le tout supervisé par Shaun Smith pour les maquillages et Jacques Stroweis pour les effets numériques. Visuellement, le film est à la hauteur de son prédécesseur. Niveau casting, Aaron Kowk succède à Donnie Yen dans le rôle du roi singe (Kwok interprétait dans le premier film le roi démon taureau), avec Gong Li dans le rôle-clé du démon de l’os blanc, grande méchante du film, entouré de quelques stars du cinéma chinois comme Feng Shaofeng, Xiao Sheng-Yang, Him Law, Kelly Chen ou l’acteur/chanteur Fei Xiang. L’histoire ravira à coup sûr les fans de légendes et de conte chinois, et les connaisseurs des Pérégrinations vers l’Ouest, mais pour les autres, difficile de rentrer dans un univers très connoté qui demande une certaine connaissance de cette littérature fantastique constituée de démons, d’esprits, de quêtes spirituelles et de religion bouddhiste (avec un aspect satirique évident). Gong Li apporte de son charme et de sa froideur à l’histoire et Aaron Kwok s’avère beaucoup moins insupportable dans ses grimaces et ses mimiques que Donnie Yen sur le premier film. Du coup, « The Monkey King 2 » est un brin plus réussi que son prédécesseur et reste un blockbuster plutôt attrayant malgré une mise en scène souvent pataude et sans surprise, nouveau triomphe au box-office mondial (le film a rapporté près de 193 millions de dollars !), suivi d’un troisième film qui devrait sortir courant 2018.

Christopher Young rempile pour la seconde fois à la musique de « The Monkey King 2 » après avoir crée la surprise en 2014 en signant une partition monumentale, épique et dramatique (c’était la première fois de sa carrière que le compositeur écrivait la musique pour un film hongkongais). Pour ce deuxième épisode des aventures du Roi Singe, Young enregistre à nouveau sa partition avec les musiciens du Slovak National Symphony Orchestra dirigé par son fidèle complice Allan Wilson avec une pléiade d’instruments solistes (erhu, pipa, shamisen, koto, flûtes exotiques, guitares, violoncelle, etc.), des choeurs et une section instrumentale rock. Comme pour le premier score, la musique de « The Monkey King 2 » s’avère incroyablement puissante, riche et épique, Christopher Young devant relever le challenge de succéder au premier film avec une approche mélodique similaire, bien que le compositeur ait choisi de ne reprendre quasiment aucun thème du film de 2014, étant donné que l’histoire ne se passe plus dans le royaume des cieux mais sur Terre. Le film débute au son de « Jinguzhou, The Golden Hoop » qui introduit un nouveau thème mélodique, dévoilé à l’erhu (violon chinois traditionnel) sur fond de shamisen, de cordes, de cuivres amples et de choeurs imposants sur fond de percussions traditionnelles. Young nous ramène à nouveau dans un univers musical épique et dramatique qui évoque clairement la Chine ancestrale et les divinités. A 3:23, un second thème est dévoilé aux cordes, associé à la quête de Sun Wukong et du moine Tang Sanzang, thème magistral évoquant de par son caractère grandiose et majestueux une grande quête spirituelle – on retrouve ici le style mélodique de certains passages épiques du film « Priest » - Le thème de la quête est par ailleurs l’une des grandes réussites de « The Monkey King 2 ». A noter à 5:25 l’apparition d’une voix masculine – celle du compositeur lui-même – scandant des paroles sur une voix très grave à la manière des chants tibétains traditionnels, évoquant un univers plus mystique et ésotérique assez inquiétant, une sorte de chant de rituel sacré mystérieux. L’erhu reste quand à lui l’instrument-clé du score, à nouveau présent vers la fin de « Jinguzhou, The Golden Hoop ».

« Xiyi Yaoguai, The Basilisk Demon » nous plonge dans une atmosphère plus sombre où l’on retrouve le Chris Young des musiques horrifiques à l’aide de dissonances, d’une instrumentation plus massive et de choeurs maléfiques. Comme toujours chez le compositeur, l’écriture de l’orchestre s’avère fort complexe, chargé en dissonances et en masses sonores agressives et brutales. A noter ici l’inclusion des flûtes ethniques qui apportent une couleur étrange à un orchestre tonitruant agrémenté de choeurs féminins démoniaques, pour l’une des scènes de bataille où les héros affrontent les troupes du démon de l’os blanc. A noter à 2:32 la manière dont Young utilise l’erhu modifié électroniquement, pour un rendu sonore plus inquiétant et étrange. Le morceau est assez impressionnant à l’écran même si l’on regrette le mixage parfois mitigé de la musique à l’écran, qui gomme certains détails d’écriture de la musique de Young. « Zhu Bajie, The Pig Demon » introduit quand à lui le matériel associé à Zhu Bajie, le démon cochon. Young montre ici son talent pour les musiques de comédie plus légères, avec un thème reconnaissable interprété ici par le koto et évoquant l’aspect pitre et comique du personnage. Comme souvent chez Young, l’instrumentation est très inventive et colorée, le compositeur utilisant toutes les ressources de l’orchestre et des différents solistes pour nous transporter dans la Chine ancestrale et l’ère des démons et des créatures en tout genre. « Baigujing, Lady White Bone » introduit quand à lui le thème du démon de l’os blanc, brillamment interprété dans le film par Gong Li. Young évoque clairement ici la dualité du personnage, entre la malédiction et son caractère maléfique, brillamment évoqué par l’emploi d’un erhu modifié électroniquement ou des sonorités plus vaporeuses et menaçantes.

« Tang Sanzang, The Monk » introduit quand à lui la thématique autour du moine Tang Sanzang, mélodie mélancolique et gracieuse à l’erhu et aux cordes. Le thème évoque clairement de par son élégance et son aspect contemplatif la quête spirituelle du moine bouddhiste et sa recherche des écritures sacrées, pour ce qui reste à n’en point douter l’un des plus beaux thèmes de la partition de « The Monkey King 2 ». On notera par ailleurs ici l’emploi des voix féminines et des choeurs qui apportent une dimension religieuse impressionnante au morceau, une vraie réussite du score de Christopher Young ! « Yun Hai Xi Guo, The King of Yun Hai Xi Kingdom » nous transporte quand à lui dans un univers plus mystique et ésotérique à l’aide de percussions étranges et du retour des chants rituels conçus par le compositeur lui-même. On retrouve ici un style très proche du « Hellraiser II » de Chris Young, avec l’emploi caractéristique de cette percussion qui se balade de gauche à droite dans la stéréo avec ces cordes stridentes, ces sons de cloche lointaine, ces voix scandées étranges et ces cordes stridentes. On retrouve donc le Chris Young des musiques avant-gardistes habituelles bien que l’approche rappelle aussi le travail du compositeur sur ses collages sonores de « Invaders from Mars » ou sa musique de concert pour « Koku-Ryû » (Black Dragon), que l’on pouvait entendre sur l’album de « Max and Helen » publié par Bay Cities. Le travail autour des cordes stridentes et des techniques avant-gardistes rappelle clairement ici « Drag Me To Hell », notamment dans l’emploi d’une voix samplée dans le grave ou des cris de choeurs masculins maléfiques. Young illustre clairement l’idée que le royaume de Yun Hai Xi est envahi par les démons qui kidnappent les enfants pour d’étranges rituels terrifiants. Plus optimiste et merveilleux, « Jingu Bang, The Monkey King’s Staff » dévoile un thème plus touchant pour le Roi Singe et ses amis, magnifié ici par l’erhu et des choeurs féminins magnifiques, un autre très beau thème de la partition de « The Monkey King 2 ».

Si vous aimez l’action, vous allez adorer la reprise du thème de Zhu Bajie dans « Sha Heshang, The Sand Monk », arrangé ici de manière plus énergique et rythmique. « Guanyin Pusa, The Goddess of Mercy » évoque quand à lui la déesse de la miséricorde qui apparaît au début du film et à la fin de l’histoire. Young nous offre ici un nouveau thème gracieux et touchant à l’erhu et aux cordes, avec une sensibilité typique de sa musique pour « The Monkey King 2 », plus enclin à la spiritualité, la contemplation et l’émotion. Plus intéressant, « Bianfu Yaoguai, The Bat Demon » introduit une rythmique scandée brillamment par des percussions en bois qui apportent un style plus musclé et énergique assez impressionnant à cette musique dans le film. On retrouve ici le style action habituel de Chris Young, avec des orchestrations toujours très riches et complexes, et de nombreux rebondissements rythmiques assez conséquents. A 7:35, le compositeur introduit une section rythmique rock à l’aide d’un mélange de guitare électrique, basse, batterie, comme dans son premier score de 2014. C’est l’occasion pour le compositeur d’illustrer une autre scène de bataille vers la fin du film avec une énergie rare et communicative, pour ce qui reste un passage-clé du score de « The Monkey King 2 » - on pense clairement ici à l’approche du compositeur sur « Ghost Rider » - « Bailongma, The White Dragon Horse » illustre une scène du début où Sun Wukong vainc le dragon blanc qui devient le cheval du moine Tang Sanzang. Young se fait plaisir et nous offre ici un superbe thème héroïque accompagné de choeurs majestueux et de trompettes chevaleresques et éclatantes assez redoutables, un autre grand moment de la partition du film ! Enfin, on termine avec le nouveau thème guerrier et héroïque associé au Roi Singe dans « Sun Wukong, the Monkey King », entendu en réalité au début et vers la fin du film. A noter que dans le film, toute la longue bataille finale est entièrement accompagnée d’un long morceau repris intégralement du premier « Monkey King », et par conséquent logiquement absent de cet album.

Au final, on ressort assez époustouflé par la richesse et l’incroyable générosité mélodique et musicale de la partition de « The Monkey King 2 ». Le compositeur semble ici plus à l’aise avec son matériau musical et nous offre des thèmes et des idées bien plus abouties que pour le film de 2014. Mieux encore, si le premier score semblait un peu limité dans l’écriture thématique (trop de mélodies secondaires, et parfois certains thèmes un peu simplistes), cette seconde mouture semble bien plus mature et maîtrisée, Christopher Young manifestant une passion évidente pour cet univers asiatique si particulier à travers une partition d’une richesse ahurissante. Le compositeur prolonge son travail du premier film et nous offre de nouvelles idées rafraîchissantes, couvrant un panel complet d’émotion – terreur, suspense, émerveillement, action épique, drame, tristesse, joie – à travers une écriture bien plus aboutie, si bien que la partition de « The Monkey King 2 », évidemment parfaite sur les images, est sans aucun doute l’une des plus belles musiques de film de l’année 2016 et un nouveau petit chef-d’oeuvre à rajouter à l’impressionnante filmographie de l’un des plus passionnants compositeurs de musique de film qui oeuvre encore à l’heure actuelle. On retrouve tout ce que l’on aime chez Chris Young dans cette partition : des morceaux d’action dantesques et agressifs, des passages avant-gardistes d’une noirceur mystique incroyable, des thèmes épiques d’une richesse épatante et des orchestrations de très grande qualité révélant un soin tout particulier accordé au jeu des instruments solistes et des couleurs orchestrales. Encore une fois, Chris Young signe une très grande BO qui devrait mettre tout le monde d’accord et redonner le sourire aux plus récalcitrants : indispensable !




---Quentin Billard