1-Rose Creek Oppression 1.55
2-Seven Angels of Vengeance 3.24
3-Lighting the Fuse 1.21
4-Volcano Springs 2.56
5-Street Slaughter 3.22
6-Devil in the Church 2.06
7-Chisolm Enrolled 3.10
8-Magic Trick 2.37
9-Robicheaux Reunion 1.47
10-A Bear in People's Clothes 2.01
11-Red Harvest 2.02
12-Takedown 5.50
13-Town Exodus/Knife Training 2.11
14-7 Days, That's All You Got 1.49
15-So Far So Good 4.32
16-Sheriff Demoted 1.58
17-Pacing the Town 3.53
18-The Deserter 4.52
19-Bell Hangers 1.43
20-Army Invades Town 3.34
21-Faraday's Ride 4.03
22-Horne Sacrifice 2.42
23-The Darkest Hour 4.28
24-House of Judgment 5.25
25-Seven Riders 2.58

Musique  composée par:

James Horner/Simon Franglen

Editeur:

Sony Classical SK 534620

Producteur musique:
Simon Franglen, Simon Rhodes
Orchestrations:
Steven Baker, Carl Johnson,
J.A.C. Redford

Musique additionnelle:
Simon Rhodes
Monteur musique:
Jim Henrikson, Joe E. Rand
Arrangements musicaux:
Simon Franglen, Simon Rhodes

Artwork and pictures (c) 2016 Metro-Goldwyn-Mayer/Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE MAGNIFICENT SEVEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner/Simon Franglen
Remake du western cultissime de John Sturges sorti en 1960 – lui-même un remake d’un film japonais d’Akira Kurozawa, « Les Sept Samuraïs » (1954) – « The Magnificent Seven » (Les Sept Mercenaires) est le nouveau long-métrage d’Antoine Fuqua, sorti en salles en 2016 et reprenant les grandes lignes du film d’origine. L’histoire se déroule dans le grand Ouest américain, vers 1879. Bartholomew Bogue (Peter Sarsgaard) sème la terreur dans la petite ville de Rose Creek afin d’inciter la population à quitter leurs habitations et de céder leurs terres en vue de racheter la ville et d’exploiter la mine d’or qui se trouve quelques kilomètres plus loin. Voyant que certains habitants s’opposent à lui, Bogue ordonne à ses hommes de tirer dans le tas et abat plusieurs personnes, dont le mari d’Emma Cullen (Haley Bennett), tué devant ses yeux. Bogue ne laisse ensuite que trois semaines aux habitants pour prendre leur décision et se retire dans sa luxueuse habitation à Sacramento. Emma, bien décidée à venger son mari, décide de contacter le chasseur de primes Sam Chisolm (Denzel Washington) et le supplie de leur venir en aide. D’abord hésitant, Chisolm accepte la mission et recrute à son tour plusieurs mercenaires : l’aventurier Josh Farraday, spécialiste des cartes (Chris Pratt), le tireur d’élite de la Guerre de Sécession Goodnight Robicheaux (Ethan Hawke), le pisteur solitaire Jack Horne (Vincent D’Onofrio), l’assassin chinois Billy Rocks (Lee Byung-Hun) spécialiste des couteaux et allié à Robicheaux, le hors-la-loi mexicain Manuel Vasquez (Manuel Garcia-Rulfo) et le guerrier Comanche Red Harvest (Martin Sensmeier). Après avoir tué tous les hommes de Bogue restés au village, les sept mercenaires décident d’apprendre aux habitants de Rose Creek à utiliser des armes et à se battre. C’est l’occasion pour les mercenaires de mener enfin un combat juste et noble pour sauver la population de cette petite ville. Mais le temps presse, car Bogue est informé de la situation à Rose Creek et prépare à son tour une armée pour attaquer la ville beaucoup plus tôt que prévu. Chisolm et ses complices savent qu’il ne reste plus beaucoup de temps et que la bataille finale est proche.

« The Magnificent Seven », véritable icône du western américain, revient enfin sur nos écrans dans une version modernisée plutôt respectueuse du film d’origine, même si une partie des décors a changé – l’histoire du film de 1960 se déroulait dans une petite ville mexicaine, ici, il s’agit d’un village de l’Ouest américain – Antoine Fuqua réunit un casting solide pour ce remake 2016 même s’il paraît difficile d’oublier Yul Brynner, Steve McQueen, James Coburn ou Charles Bronson. Le film est plutôt réussi malgré tout hormis un rythme un peu inégal, notamment vers le milieu du film, qui accuse une sévère baisse de régime (les préparatifs de la bataille finale sont un peu longuets). Visuellement, Fuqua s’en tire avec les honneurs, filmant les décors sauvages de l’Ouest américain avec classe et élégance, mais là où le film parvient à tirer son épingle du jeu, c’est dans le choix de ses mercenaires improbables : un afro-américain, un asiatique, un indien, un mexicain et quelques blancs, ces sept mercenaires évoquent une union interraciale plutôt rafraîchissante dans une industrie hollywoodienne constamment accusée de véhicule des stéréotypes raciaux insupportables (sans oublier ces polémiques à répétition concernant le white-washing). Nul doute que la présence d’un réalisateur afro-américain à la tête du film aura probablement joué dans ce choix judicieux qui tort le coup aux préjugés sur les westerns américains traditionnels. Enfin, « The Magnificent Seven » vaut aussi par son quota impressionnant d’action, multipliant les scènes de fusillade et de règlements de compte à grande vitesse. A ce sujet, la longue bataille finale est un véritable festival de fusillades violentes et d’explosions proprement ahurissantes où les morts vont s’entasser dangereusement dans les rues de Rose Creek. A ce sujet, le public en aura pour son argent, bien que l’on puisse reprocher à Fuqua d’être quelque peu tombé dans la surenchère pyrotechnique façon « Fort Alamo ». Quand à Denzel Washington, acteur fétiche d’Antoine Fuqua, il reste fidèle à lui-même en campant un Chisolm charismatique que rien ne semble pouvoir arrêter. Face à lui, Peter Sarsgaard campe un capitaliste pourri absolument détestable, qui n’hésite pas à abattre froidement des innocents pour parvenir à ses fins, et même si l’on devine l’issue de la bataille, on jubile comme des gamins lorsque les mercenaires règlent leur compte à l’armée de bad guys qui s’abat sur la ville à la fin du film.

James Horner signa pour écrire la musique de « The Magnificent Seven » courant juin 2015, soit quelques jours avant son décès accidentel le 22 juin suite au crash de son avion près de Santa Barbara en Californie. Etonnamment, Antoine Fuqua découvre au mois de juillet que le compositeur avait déjà écrit tous les thèmes musicaux et qu’il souhaitait lui faire la surprise, ayant composé une partie du score en se basant sur la lecture du scénario. Les partitions de sa musique sont ensuite retrouvées et son assistant le claviériste anglais Simon Franglen se charge de finaliser le score et d’écrire quelques minutes de musique additionnelles. Rappelons que Franglen, qui travaille avec Horner depuis « Titanic » et a assuré la programmation des synthétiseurs sur « Avatar », a du finaliser le score de « The Magnificent Seven » à partir des partitions originales de James Horner tout en s’occupant de l’enregistrement avec l’orchestre et les différents musiciens solistes, une tâche particulièrement ardue que le compositeur a su relever avec panache, en hommage à James Horner, auquel le film d’Antoine Fuqua est dédié. A la première écoute, il faut admettre que le résultat est assez bluffant, tant le travail d’adaptation et de création de Franglen autour des notes laissées par Horner paraît très crédible et semble avoir été réellement écrit par James Horner lui-même. Enregistrée à Londres, la partition utilise l’orchestre symphonique habituel accompagné de quelques éléments électroniques et des musiciens solistes habituels d’Horner, George Doering aux guitares et Tony Hinnigan aux flûtes ethniques, sans oublier quelques voix féminines. Dès « Rose Creek Oppression », on débute le film au son d’éléments clé du score : des triolets de trompettes en écho qui semblent surgir tout droit du « Battle Beyond the Stars » d’Horner (1980) tout en évoquant le « Patton » de Jerry Goldsmith, des notes mystérieuses de guitare, des percussions éparses et un duo de voix féminines typiques d’Horner qui annoncent ici les premières notes du thème associé aux sept mercenaires dans le film.

Dès « Seven Angels of Vengeance », l’équipe des sept mercenaires se réunit au son d’un premier morceau d’action trépidant à base de percussions, cordes agitées et quelques accords héroïques annonçant clairement la tonalité guerrière du score, notamment dans l’écriture caractéristique des cuivres. On notera ici l’emploi de guitares rythmiques et de claquements de mains aux sonorités flamenco qui rappellent par moment « Mask of Zorro ». A noter à 1:17 un premier passage héroïque assez prenant évoquant le courage et la détermination des mercenaires, un moment assez représentatif de la musique de « The Magnificent Seven ». La guitare apporte une couleur western appréciable à la musique dans « Volcano Springs » avec des allusions appréciables au célèbre thème musical d’Elmer Bernstein pour le film de 1960. Le thème héroïque et chevaleresque des sept mercenaires est introduit ici dès 0:54 sur un rythme de cavalcade emprunté à Bernstein, alors que les mercenaires se dirigent vers d’autres horizons, cherchant à recruter de futurs membres pour former leur équipe. Bogue se voit attribué son propre motif, qui apparaît dans « Devil in the Church », alors que Bogue pénètre l’église de Rose Creek et terrorise la population. Le motif se distingue ici par l’utilisation étrange de notes aiguës d’un banjo sur fond de cordes froides et menaçantes. Dans « Street Slaughter », Franglen évoque le massacre des habitants du village avec une série de sonorités sombres et inquiétantes à l’aide de cordes lugubres et de sons étranges des guitares ou des flûtes ethniques, incluant quelques vocalises féminines éthérées tragiques et poignantes et des percussions brutales. « Magic Trick » est un passage de suspense qui se distingue ici par son écriture plus dissonante et l’utilisation adroite du piano incorporé à l’orchestre, pour la scène où Faraday se débarrasse de deux agresseurs. « Robicheaux Reunion » évoque avec ses rythmes tapés dans les mains et ses guitares des sonorités flamenco rappelant là aussi « The Mask of Zorro », tandis que des roulements furtifs de caisse claire évoquent ici les origines militaires de Goodnight Robicheaux lors de son apparition dans le film.

« Red Harvest » introduit le personnage de l’indien comanche avec l’utilisation caractéristique de la flûte ethnique de Tony Hinnigan sur fond de piano et nappes sonores synthétiques, dans un style qui rappelle plusieurs anciens scores de James Horner (on pense ici à certains passages de « Braveheart » ou de « Legends of the Fall »). Dans « Takedown », les sept mercenaires se rendent à Rose Creek et éliminent tous les hommes de Bogue. On retrouve ici les flûtes ethniques rythmiques qui rappellent « Legends of the Fall » ou « Windtalkers », avec quelques percussions guerrières, des nappes de fiddle et le retour des trompettes en écho. « Town Exodus/Knife Training » ramène l’espoir dans le score avec le retour du thème principal des sept mercenaires, évoqué ici de manière plus touchante aux cordes, alors que Chilsom et ses hommes tentent de motiver les habitants pour se préparer au combat final. L’espoir qui se dégage ici du morceau est particulièrement appréciable et contrebalance le ton plutôt sombre du reste de la partition. A noter que le motif du danger habituel d’Horner, entendu depuis presque 30 ans comme une signature musicale récurrente dans ses partitions, est repris dans le score dans un morceau comme « Lighting the Fuse » ou d’autres moments de la partition, annonçant le danger à venir. Un troisième thème apparaît dans « So Far, So Good », thème plus dramatique associé à la ville de Rose Creek, entendu aux cordes dès 0:46, et qui tente là aussi d’apporter un certain sentiment d’espoir dans le film. A noter ici quelques accents rythmiques caractéristiques d’Horner empruntés à la partition de « Courage Under Fire » (1996). « Sheriff Demoted » reprend le motif sinistre de Bango, lorsque ce dernier apprend par le biais du shérif les intentions de Chilsom et abat le shérif devant ses hommes dans un accès de rage.

« Pacing the Town » reprend le thème des sept mercenaires alors que ces derniers préparent la bataille finale avec les habitants de Rose Creek. Le thème est ensuite repris de manière majestueuse aux cordes dans « Bell Hangers » alors que la ville se prépare à l’arrivée des troupes de Bogue, puis la bataille finale commence enfin dans le brutal « Army Invades Town ». Franglen livre un morceau d’action robuste dans le film et met ici l’accent sur les montées de tension et les rythmes martiaux à l’aide de variantes mélodiques autour du thème des mercenaires (aux cuivres vers 2:22) et du motif de Bogue. La bataille continue dans l’excitant « Faraday’s Ride » et son utilisation caractéristique des percussions modernes que l’on entend dans la plupart des scores d’action hollywoodiens modernes (provenant toujours des mêmes banques de son). Ici aussi, les variantes autour du thème guerrier des mercenaires sont nombreuses, et l’écriture de l’orchestre reste très soutenue, privilégiant surtout les percussions, les cordes et les cuivres en plus des instruments solistes et des quelques éléments synthétiques. Impossible ici de passer à côté du passage dramatique qui débute dès 1:38 avec des accords évocateurs des cuivres ou de la brève envolée du thème à 2:08 ou celle plus poignante du thème de Rose Creek entre 2:53 et 3:38, un moment fort de la partition de « The Magnificent Seven » dans le film, évoquant la complicité des hommes qui se battent tous ensemble pour sauver leur ville. Le tragique « Horne Sacrifice » évoque le sacrifice de quelques héros pour la cause qu’ils défendent avec acharnement, tandis que « The Darkest Hour » illustre la fin de la bataille lors de la séquence où les hommes de Bogue utilisent une mitrailleuse gatling pour massacrer les habitants de la ville. Ne ratez pas ici la superbe envolée chevaleresque et héroïque du thème de Rose Creek qui débute à 1:13, autre moment fort de la partition d’Horner et Franglen, débouchant sur un climax solennel, dramatique et grandiose saisissant à 1:44. « House of Judgment » reprend une dernière fois le motif de banjo et cordes de Bogue lors de son affrontement final avec Chilsom jusque dans la scène conclusive de l’église.

Le morceau se conclut avec une superbe reprise élégiaque du thème de Rose Creek par une voix féminine mélancolique sur fond de cordes douces, un très beau moment d’émotion dans la partition de « The Magnificent Seven », typique de James Horner, qui rappelle que beaucoup d’hommes ont du donner leur vie pour libérer la ville de l’oppression et de la dictature capitaliste. Dans « Seven Riders », Franglen reprend le thème de la ville et le motif des sept mercenaires de manière triomphante, sur fond de rythmes héroïques empruntés à Elmer Bernstein. A ce sujet, le célèbre thème de Bernstein est réarrangé et repris intégralement à l’occasion pour le générique de fin du film dans le morceau « The Magnificent Seven », une façon judicieuse de conclure ce remake de l’un des plus célèbres westerns du cinéma américain. Chacun verra donc ce qu’il aura de voir et d’entendre dans la partition des Sept Mercenaires version 2016, mais il faut surtout considérer le travail de Simon Franglen et ses assistants comme un hommage poignant à l’oeuvre toute entière de James Horner à travers de multiples références et une imitation très réaliste de tous les tics d’écriture habituels du compositeur. Evidemment, le score est parfait dans le film mais n’a ni la classe ni l’intensité des chef-d’oeuvres d’Horner : « The Magnificent Seven » n’est ni « Braveheart », ni « Legends of the Fall » et encore moins « Titanic », mais qu’importe, avec ses thèmes de qualité, ses idées musicales appréciables et son univers d’action et d’émotion si caractéristique du monde musical d’Horner, « The Magnificent Seven » est une sorte de testament musical à l’immense filmographie unique de celui qui fut l’un des plus passionnants compositeurs du cinéma américain, au style aisément reconnaissable. Il faut encore une fois saluer les efforts de Simon Franglen et toute son équipe qui ont su achever un travail de qualité, entre hommage et référence, entre équilibre thématique et développement dramatique, entre lyrisme et noirceur, autant de termes qui permettent de définir l’oeuvre de James Horner, condensée ici à travers une ultime partition qu’aurait certainement beaucoup apprécié le compositeur, s’il était encore des nôtres aujourd’hui.




---Quentin Billard