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1-Acknowledgment/Main Title 2.31
2-Batmobile to Airport 2.01 3-A Good Job 2.22 4-Roger Wilco 2.45 5-Just Ring/Yo Ho, Sir/ Let's Find Out 2.21 6-Tricky Buoy 3.24 7-Torpedoes 2.35 8-Holy Polaris 1.01 9-Kitka 1.13 10-Dark Eyes (Source) 0.21 11-Plaisir D'Amour (Source) 1.25 12-Bruce and Kitka 0.44 13-Shades of Smolensic 3.20 14-Jet Umbrellas 1.50 15-Filthy Criminals 1.34 16-Chamber 17 1.14 17-Credulous Creatures/ Fine Finkish Friends 2.19 18-Dehydrated 1.36 19-Stand Clear 2.10 20-Flee For Your Life 2.38 21-False Feathers/ Swallow This Pill 3.19 22-My Very Paradise 2.06 23-The Grotto/A Stitch In Time 3.09 24-Emergency Operation 2.55 25-Small Craft 3.30 26-Attack 3.23 27-Take It In Tow 0.56 28-Vials 4.23 29-End Title 1.10 Bonus Tracks: 30-"Again" 2.05 31-Submarine Battle (Edited Music) 4.37 32-Batman Theme 0.46* *Composé par Neal Hefti. Musique composée par: Nelson Riddle Editeur: La La Land Records LLLCD 1130 Producteurs exécutifs de l'album: MV Gerhard, Matt Verboys Album produit par: Nick Redman, Mike Matessino Direction musicale pour la 20th Century Fox: Tom Cavanaugh Orchestrations: Gil Grau Batman TV Theme: Neal Hefti Édition limitée à 2000 exemplaires. Artwork and pictures (c) 1966/2010 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved. Note: ***1/2 |
BATMAN THE MOVIE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Nelson Riddle
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A l’origine, « Batman » est un comic book crée par Bob Kane dès 1939 et qui sera très rapidement adapté sous la forme d’une série TV très populaire aux USA – un véritable événement culturel sans précédent à la télévision américaine à cette époque - diffusée entre 1966 et 1968. Le ton y était assez enfantin, avec une morale très simpliste (il ne faut pas boire de l’alcool, il faut toujours mettre sa ceinture en voiture, faire ses devoirs et manger des végétaux, etc.), étant donné que le show visait essentiellement un public d’enfants et de jeunes adolescents. Très vite, les concepteurs de la série envisagèrent de créer un long-métrage sur « Batman » mais il fut décidé de sortir tout d’abord la saison 1 du show TV suivi peu de temps après du film qui sorti au cinéma en 1966. Initialement conçu pour booster les audiences de la série, le film « Batman » fut un succès très mitigé au cinéma. Réalisé par Leslie H. Martinson, « Batman » réunit toute l’équipe de la série et met en scène Adam West et Burt Ward dans les rôles respectifs de Batman et Robin, pour une nouvelle aventure colorée où les deux héros vont affronter une horde entière de méchants, qui se sont réunis pour exécuter un plan diabolique visant à éliminer les dirigeants des Nations Unies. Produit avec un budget d’1,5 million de dollars (une somme très modeste pour une production de la 20th Century Fox, même à l’époque !), le film raconte comment Batman et Robin, à Gotham City, se retrouvent aux prises avec le Joker (Cesar Romero), Catwoman (Lee Meriwether), le Sphinx (Frank Gorshin) et le Pingouin (Burgess Meredith), qui, à bord de leur sous-marin modernisé, s’unissent pour kidnapper un chercheur qui a crée une invention révolutionnaire capable de déshydrater un corps humain et de le réduire à l’état de poudre. Lorsque les super méchants kidnappent les membres du conseil de sécurité de l’ONU, Batman et Robin décident de se lancer à la poursuite des criminels et de les neutraliser avant qu’il ne soit trop tard.
Le film de Leslie H. Martinson reproduit ainsi le ton volontairement kitsch et des couleurs criardes de la série TV pour capitaliser sur le succès du show qui est encore diffusé à la télévision au moment où le film sort en salles en 1966. Conçu comme une comédie d’aventure enfantine frôlant la parodie de bande dessinée – un message d’introduction au début du film annonce clairement le ton de l’histoire - « Batman » est un hommage au kitsch des sixties dans toute sa décadence : gadgets en caoutchouc, costumes peu crédibles, onomatopées de BD reproduites à l’écran durant des scènes de bagarre (Bam ! Pow ! Zap !), couleurs flashy, décors pop-art, gags idiots, incrustations ratés et dialogues niais, le film se voulait comme un hommage aux serials des années 40 mais tombe finalement dans le pastiche pur, et semble même se moquer de manière outrancière de la culture américaine des années 60 dans toute sa splendeur, avec ses allusions à la Guerre Froide (le conseil de sécurité de l’ONU, les tirs de missile Polaris, le sous-marin atomique des méchants, etc.). Même si l’on retrouve ici tout l’univers et les acteurs de la série TV, le public n’a pas adhéré, et le film est probablement sorti trop tard – il eut été préférable d’en faire un pilote au show télévisé comme il en était pourtant question à l’origine – A noter qu’il faut aussi voir le film en V.F. pour pouvoir apprécier des dialogues d’une platitude absolument géniale : il faut ainsi voir Bruce Wayne, attaqué par surprise par les méchants, lancer un « bande de criminels ! » cinglant, ou les explications nulles des héros lorsqu’ils passent en revue les portraits des super méchants et arrivent à des conclusions vaseuses : comme Batman est attaqué au début du film par un requin qui explose sur l’océan (premier grand moment WTF du film !), ils en arrivent à la conclusion que Catwoman, le Sphinx et le Pingouin sont dans le coup, avec des déductions merveilleuses du genre : « le poisson est l’aliment des chats : c’est donc un coup de la Femme-Chat ! » « Batman » est par ailleurs un véritable florilège de gags débiles et de situations incroyablement invraisemblables, comme cette scène où Batman et Robin sont pris au piège sur une bouée en plein océan avec une torpille qui s’avance droit vers eux. Au plan d’après, on retrouve nos deux héros, l’air indifférent et insouciant à bord de leur bateau, expliquant qu’ils remercient le marsouin qui s’est sacrifié en se mettant sur le chemin de la torpille pour leur sauver la vie (véridique !!!). Autre grand moment du film : ce plan fixe d’au moins une minute sur le visage soucieux d’Adam West lorsque Batman découvre que la femme qu’il aime, Miss Kitty, n’est autre que Catwoman (terrible révélation !), le tout accompagné de la chanson « Plaisir d’amour » en version de cabaret. On pourrait aussi parler de cette scène fabuleuse où Batman court comme un gamin avec une bombe dans les mains (un mème et un gif animé très répandu sur le net !), ou cette scène où Batman et Robin reforment les corps des dirigeants de l’ONU à la fin du film mais ont complètement mélangés leurs corps, les dirigeants continuant de se crier dessus sans même remarquer qu’ils ne parlent plus la même langue et qu’ils n’ont plus la même apparence physique ! La liste est longue (on pourrait aussi parler des pirates du Pingouin qui répondent tous par « yo-ho ! »), et le film a été constamment parodié par la suite sur le net, certains sites lui consacrant même des pages entières comme Nanarland ou le Joueur du Grenier dans une de ses vidéos hors-série sur Youtube. Avec le recul, difficile de juger sans mauvaise foi un film aussi kitsch et démodé que « Batman », qui s’avérait déjà très kitsch à l’époque et semble aujourd’hui totalement ridicule et génialement nanardesque, volontairement ou involontairement ! Le succès mitigé du film et la lassitude du public de l’époque par rapport à la mode de la « Batmania » incitera par ailleurs le studio à se consacrer davantage à la série TV puis à des séries animées dans les années 70 jusqu’au fameux film de Tim Burton en 1989, qui ressuscitera la franchise et permettra à Batman de mettre un pied dans les années 90. La série TV était aussi connue pour son célèbre thème kitsch composé par Neal Hefti en 1966, et encore aujourd’hui indissociable de la Batmania des années 60. On se souvient tous de ce fameux riff de guitare chromatique et de ces chants féminins scandant « Batmaaaaaan ! » sur un accompagnement pop/jazzy et une grille de 12 mesures de blues. Pour le long-métrage sorti cette même année, c’est le compositeur Nelson Riddle qui est chargé d’écrire la musique du film, réadaptant à l’occasion le célèbre thème de Neal Hefti incorporé dans la bande son du film. Rappelons que Riddle était surtout connu à l’époque comme compositeur, arrangeur et chef d’orchestre ayant beaucoup travaillé avec Frank Sinatra, et pour lequel il a écrit une bonne partie des arrangements instrumentaux de ses chansons. Riddle a aussi travaillé comme arrangeur et orchestrateur pour quelques grands noms du jazz comme Ella Fitzgerald, Nat King Cole, Dean Martin, Peggy Lee ou bien encore Johnny Mathis. Après avoir fondé son propre orchestre de jazz dans les années 50, Nelson Riddle va se tourner vers le cinéma et la télévision dès les années 60. On connaît surtout ses travaux sur les séries TV telles que « Route 66 », « The Untouchables » ou des films tels que « A Hole in the Head » (1959), « Ocean’s 11 » (1960), « Robin and the 7 Hoods » (1964), « El Dorado » (1966), « The Great Bank Robbery » (1969), « The Great Gatsby » (1974) ou bien encore « Chattanooga Choo Choo » (1984). C’est pourquoi le compositeur était évidemment l’homme de la situation lorsqu’il fut contacté dès 1966 pour écrire la musique de la série TV « Batman » dès 1966. C’est pourquoi le studio l’engagea ensuite pour composer le score du film sorti la même année. Le score de « Batman » s’inscrit ainsi dans la continuité de ses travaux pour le show télévisé : Riddle reprend le célèbre thème d’Hefti et concocte une partition jazzy/pop plutôt kitsch et typique de la Batmania des sixties. Le film s’ouvre au son du générique de début de « Acknowledgement/Main Title », morceau jazz énergique qui débute sur une fanfare introductive suivi d’un « Main Title » très vif et énergique dominé par un tempo rapide sur fond de cuivres jazzy et de variations agitées autour du thème de Neal Hefti et des différents motifs des méchants du film à travers des harmonies plutôt complexes et vaguement dissonantes façon Lalo Schifrin. Riddle reprend ici l’esthétique et les mélodies mises en place dans la première saison de la série TV à travers une formation orchestrale principalement constitué de bois (clarinettes, hautbois, saxophones, flûtes, piccolo), de 4 trompettes, de 4 trombones, d’un tuba, de 2 cors, d’un piano, de 3 guitares, d’un bassiste et d’un ensemble de percussions incluant une batterie – les cordes sont absentes de l’orchestre qui ressemble davantage à une formation jazz traditionnelle – Dans « Batmobile to Airport », Nelson Riddle introduit l’un des thèmes majeurs du score, une mélodie d’une dizaine de notes rapides joyeuses associées aux bat-véhicules de Batman dans le film. Très présent durant une bonne partie du film aux côtés du thème de Neal Hefti, le motif des véhicules est repris avec ses accents jazzy au début de « A Good Joe ». Dans « Roger Wilco », on découvre des harmonies plus menaçantes des vents et des cuivres pour évoquer les super méchants de l’histoire, incluant un motif ondulant de notes répétitives à 1:12, pour la scène où Batman et Robin voient le bateau disparaître sous leurs yeux au début du film, suivi de la scène totalement ridicule de l’attaque du requin en caoutchouc (et qui explose en tombant dans l’eau !). « Just Ring » introduit d’emblée le motif amusant de 6 notes du Joker qui reviendra régulièrement tout au long du film, sans oublier le motif du Pingouin entendu à 0:22 aux vents, reconnaissable à ses notes sautillantes évoquant la marche grotesque du personnage. Le thème principal d’Hefti est réentendu ici aux cuivres alors que Batman et Robin sont à bord de la Batmobile. Autre motif majeur ici : une série de notes ondulantes et mystérieuses associées au sous-marin du Pingouin à 0:54, qui reviendra tout au long du film pour les plans illustrant le navire de guerre du super méchant. Riddle s’amuse ainsi à juxtaposer le motif des véhicules de Batman et du sous-marin du Pingouin dans « Tricky Buoy » incluant des références au motif titubant du Pingouin tout en accentuant ici le suspense pour la scène où les deux héros se font piéger sur la bouée. L’action culmine dans la scène de la torpille pour « Torpedoes » dominé par un ostinato menaçant des bois et de la guitare électrique basé sur le motif du sous-marin, avec des accords agressifs de cuivres maintenant la tension et une rythmique omniprésente de la batterie. Le morceau se termine sur une reprise héroïque du thème des bat-véhicules alors que les deux héros s’en sortent miraculeusement. Le reste du score s’évertue à développer ainsi ces différents motifs qui s’entrecroisent. Nelson Riddle introduit aussi un thème jazzy et sexy pour Miss Kitka alias Catwoman dans « Kitka », qui prend l’apparence d’un slow jazz romantique et rétro, thème largement développé dans « Bruce and Kitka », « Shades of Smolensic » et « Jet Umbrellas », qui permet de contrebalancer l’énergie et l’agitation du reste de la partition. Le compositeur brille particulièrement lors des passages d’action jazz/swing de « Filthy Criminals » qui rappelle les travaux de Lalo Schifrin, Elmer Bernstein et Henry Mancini composés à la même époque. Le motif comique du Joker est repris dans « Chamber 17 », alors que Bruce Wayne et Kitka se retrouvent kidnappés et enfermés dans une chambre par les super méchants. On notera ici la manière dont Riddle développe plus subtilement le thème de Kitka sur des notes plus longues et calmes aux cuivres. Le morceau est suivi d’une nouvelle scène de bagarre dans « Credulous Creatures/Fine Finkish Friends » et d’une scène de suspense intéressante dans « Dehydrated », pour une scène où Batman et Robin escaladent l’immeuble des méchants à la verticale. Riddle accentue ici la tension à l’aide de couleurs instrumentales plus diffuses, incluant des accords dissonants des cuivres, des bois et des notes mystérieuses du vibraphone. Plus intéressant, « Flee for your Life » illustre la fameuse scène où Batman court avec la bombe dans les mains, pour l’un des meilleurs passages swing du score, particulièrement énergique et entraînant avec une pointe d’humour. A noter que « My Very Paradise » débute avec des allusions au motif du Sphinx aux trompettes, celui des bat-véhicules et celui du sous-marin du Pingouin. La juxtaposition des trois motifs apporte ici une certaine tension à la scène où le super méchant tire un missile sur le bat-coptère des héros. Le motif du sous-marin culmine pour la poursuite finale dans « The Grotto/A Stitch in Time », « Emergency Operation » et « Small Craft », sans oublier l’affrontement final à mains nues dans « Attack », morceau d’action jazz dominé par le jeu du big band durant lequel Riddle a la bonne idée d’accentuer les onomatopées de bande dessinée qui apparaissent à l’écran (« Bam » ! « Pow ! » « Wham ! ») par des pêches rythmiques des cuivres, un effet très mickey-mousing qui fonctionne parfaitement à l’écran. La partition de « Batman » est donc un parfait résumé de tout un pan de la musique de film américaine des années 60, largement dominée à cette époque par le jazz (hormis les musiques symphoniques habituelles) et dans lequel Nelson Riddle et ses collègues sont les plus grands représentants. A la fois comique, nerveuse, agitée et bondissante, la musique de « Batman » est menée tambour battant avec un rythme quasiment continu, si bien que l’ensemble finit par paraître un peu indigeste et répétitif sur la longueur (environ 70 minutes de musique quasi non-stop dans le film !). Néanmoins, Riddle offre ici une extrapolation intéressante de son travail sur la série TV de 66 et propose une partition survitaminée pour les aventures de l’homme chauve-souris, maîtrisant comme d’habitude l’écriture big band traditionnel avec quelques bons moments, une poignée de motifs agréables et une série intéressante de développements autour du célèbre thème de Neal Hefti. Editée précédemment par FSM, la musique de « Batman » a été rééditée par la suite chez La La Land à travers une édition plus complète et brillamment remasterisée (le son s’avère plutôt bon malgré quelques défauts dû à l’âge des bandes), et même si l’on regrette le côté souvent répétitif et monotone d’une composition assez rectiligne dans ses arrangements et ses rythmes incessamment railleurs et hyper-actifs, force est de constater que la partition de « Batman » possède ce charme typique des sixties, un brin kitsch sur les bords mais toujours maîtrisée et indissociable de la Batmania de cette époque. La musique apporte en tout cas une énergie considérable au film et renforce l’aspect bande dessinée de toute l’entreprise, avec une générosité mélodique constante et un certain fun rétro que séduira tous les fans des sixties et des nostalgiques de cette période charnière de la musique de film hollywoodienne ! ---Quentin Billard |