1-Theme from The Nice Guys 2.01
2-Kids Today 3.24
3-Disco Party Fight 4.00
4-To the Car Show/Amelia? 1.36
5-Pornocchio 2.23
6-A Little Favor 2.52
7-Equanimity 2.01
8-Chet in the Dumps 2.04
9-You Got Her/Easy 20 1.37
10-Helping Blue Face/Car Crash 3.11
11-Meeting John Boy 3.26
12-It's Not a Flight 2.01
13-Cars that Drive Themselves 1.46
14-YooHoo Delivery/Breaking In 2.10
15-Car Show Shoot Out 4.42
16-Follow the Yellow Dick Road 1.43
17-P.I. Life 1.49
18-Flight of the Bumble Bee/
The Right Thing to Do (bonus track) 0.55

Musique  composée par:

John Ottman/David Buckley

Editeur:

Lakeshore Records LKS 346962

Musique produite par:
John Ottman, David Buckley
Album produit par:
Joel Silver, Shane Black,
Skip Williamson, Brian McNelis

Orchestre:
The Slovak Symphony Orchestra
Préparation musique:
Candy Emberley, Luke Flynn,
Andrew Rowan

Musique additionnelle:
Roger Suen, Edwin Wendler
Programmation:
Roger Suen
Montage musique:
Amanda Goodpaster
Music clearance:
Christine Bergren
Supervision musique:
Randall Poster
Orchestrations:
Jason Livesay, Nolan Livesay,
Daniel Semsen

Orchestre conduit par:
Allan Wilson

(c) 2016 Misty Mountains/Bloom/Lipsync Productions/Nice Guys/Silver Pictures/Waypoint Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE NICE GUYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman/David Buckley
Nouveau long-métrage du réalisateur/scénariste Shane Black, « The Nice Guys » est une immersion grinçante et satyrique dans le Los Angeles des années 70. Réalisé comme un énième buddy movie à la façon des classiques du genre des années 80, « The Nice Guys » nous plonge en plein coeur du L.A. de 1977. Holland March (Ryan Gosling) est un détective privé alcoolique, escroc et dépressif engagé par une certaine Mrs. Glenn (Lois Smith) pour retrouver sa nièce Misty Mountains (Murielle Telio), célèbre star du cinéma pornographique qui se serait tuée suite à un terrible accident de voiture. Mrs. Glenn clame qu’elle a aperçue sa nièce peu de temps après sa mort et engage donc March pour la retrouver. Son enquête le mène vers une certaine Amelia Kutner (Margaret Qualley) qui serait liée à l’étrange affaire de Misty Mountains. Au même moment, Amelia, qui se trouve dans un autre coin de la ville, embauche Jackson Healy (Russell Crowe), un homme de main spécialisé dans les intimidations musclées. Healy se rend ensuite chez March et le violente brutalement afin de l’inciter – par la force – à mettre fin à son enquête sur la jeune femme. Un peu plus tard dans la nuit, Jackson Healy est brusquement agressé par deux inconnus (Beau Knapp, Keith David), qui cherchent eux aussi Amelia. Convaincu que la jeune femme est en danger, Healy est obligé de s’associer à March pour retrouver Amelia avant les deux gangsters. Au cours de leur enquête, March sera accompagné bien malgré lui de Holly (Angourie Rice), sa jeune fille de 15 ans qui déteste les méthodes et le mode de vie de son père mais décide de le suivre partout, malgré tous les efforts de March pour l’éloigner de cette enquête dangereuse. Au cours de leurs investigations, March et Healy découvrent qu’Amelia travaillait avec Misty Mountains sur un film expérimental réalisé par un jeune cinéaste amateur nommé Dean, film intitulé « How Do You Like My Car, Big Boy ? », dénonçant la pollution des véhicules à Los Angeles. Mais Dean est tragiquement décédé dans l’incendie de sa maison. Peu de temps après, March et Healy se rendent à une soirée organisée par Sid Shattack, célèbre producteur de films X, mais ils ne sont pas au bout de leur surprise et ignorent encore qu’ils vont devoir faire face à une vaste conspiration orchestrée par des personnalités influentes de l’industrie et du gouvernement américain.

Après son précédent polar « Kiss Kiss Bang Bang », Shane Black s’essaie à nouveau au genre de la comédie policière avec « The Nice Guys », inspiré du roman « Blue Murder » de Brett Halliday. Conçu à l’origine comme le pilote d’une nouvelle série télévisée, le script de Shane Black, écrit vers 2001, fut remanié à plusieurs reprises, mais Black devra attendre le succès de son « Iron Man 3 » en 2013 pour saisir l’occasion de porter enfin à l’écran son script sous la houlette du producteur Joel Silver. Au final, Shane Black livre un buddy movie 70’s extrêmement satirique, épinglant aussi bien les vices de la société américaine de l’époque que les dessous de l’industrie du cinéma pornographique dans une Amérique puritaine. Le film doit aussi beaucoup à l’irrésistible duo de losers formé par Russell Crowe et Ryan Gosling, en plein contre-emploi total, où les deux acteurs rivalisent de stupidité et de maladresse, bien loin des flics idéaux incarnés traditionnellement dans ce genre de film. Hormis ses références évidentes (« The Long Goodbye », « Chinatown », etc.), « The Nice Guys » joue constamment sur l’idée du décalage en détournant chaque situation connue ou censée être prévisible par une surprise qui désamorce constamment chaque tentative d’héroïsme ou de bravoure. Exemple simple : Healy qui balance un pistolet à March en pleine fusillade, ce dernier ne trouvant rien de mieux de rater bêtement le pistolet qu’il ne parvient pas à récupérer, sans oublier ce cri suraigu anthologique lorsque March se fait casser le bras par Healy vers le début du film, une confrontation verbale improbable entre les deux hommes dans les toilettes (probablement l’une des scènes les plus hilarantes du film !), ou ce moment où les deux héros prennent la poudre d’escampette lorsqu’ils arrivent dans l’hôtel par l’ascenseur et entendent une bagarre à l’étage où ils viennent de s’arrêter. Fidèle à son humour noir et ses répliques cinglantes habituelles, Shane Black nous offre un festival de dialogues délirants (incluant quelques vannes foireuses sur Hitler !), et même si on est loin des répliques cultes de Black pour « The Last Boy Scout » ou « Lethal Weapon », l’ensemble reste très appréciable, avec un second degré permanent et quelques bonnes scènes d’action. « The Nice Guys » n’est donc certainement pas le meilleur film de Shane Black, mais cela n’en demeure pas moins une très bonne comédie policière divertissante et satirique, idéale pour patienter en attendant son fameux « The Predator », prévu courant 2018 !

Avec « The Nice Guys », John Ottman retrouve Shane Black 11 ans après « Kiss Kiss Bang Bang » (2005), pour lequel il signe une nouvelle partition aux côtés de David Buckley, compositeur anglais pour connu pour ses contributions chez Remote Control, le studio d’Hans Zimmer, et son travail sur la série TV « The Good Wive ». Pour les besoins du film, Ottman et Buckley ont décidé d’opter pour une approche funky/jazz évoquant les musiques de film des années 70, celles de Lalo Schifrin, Don Ellis ou David Shire, à grand renfort de rythmes funky, de cuivres jazzy, de riff de basse, de guitares disco, de saxophones et de flûtes basse, le tout interprété par les musiciens du Slovak Symphony Orchestra dirigé par Allan Wilson. Le score repose sur un thème principal dévoilé en grande pompe dès le début du film dans « Theme from the Nice Guys », thème évoquant l’univers policier du film avec sa mélodie caractéristique de cuivres sur fond de rythmes jazzy/funky typique des seventies. On notera ici le soin apporté aux arrangements et aux orchestrations privilégiant le jeu des solistes avec une section de cuivres apportant la couleur jazz indissociable du film. L’idée provient en fait de Joel Silver lui-même, qui réclama à John Ottman et David Buckley un thème fun et cool évoquant les génériques des séries TV des années 70, et qui serait ensuite associé à March et Healy tout au long du film. Dans « Kids Today », on retrouve l’approche 60/70’s du score dans une esthétique manifestement inspirée du « Bullitt » de Lalo Schifrin, flagrant dans l’écriture des cuivres, de la basse, des petites percussions et de la guitare électrique évoquant la trame policière du film, bien que l’on pense aussi au « French Connection » de Don Ellis. Le thème reste ici très présent, accompagnant les péripéties des deux enquêteurs tout au long du film, avec un aspect fun et cool constant, notamment grâce à l’apport des différents instruments solistes. « Disco Party Fight » est quand à lui le premier morceau d’action du score, utilisant des rythmes électroniques plus modernes en plus de l’orchestre et quelques samples, sans oublier l’apport de rythmes rock nerveux qui rappellent le travail de John Ottman sur « The Losers » (2010). Les morceaux d’action s’avèrent par ailleurs assez réussis dans le film, bien que l’on regrette l’utilisation de ces sempiternelles percussions que l’on entend à longueur de journée dans les scores d’action produit à la chaîne à Hollywood, et notamment dans ceux de l’écurie d’Hans Zimmer.

« To the Car Show, Amelia ! » s’avère plus funky grâce à son orgue hammond et sa flûte caractéristique, incluant un bref passage de suspense assez réussi où les différents instruments se relaient pour ponctuer la musique de touches jazzy appréciables. « Pornocchio » reprend le thème principal de March et Healy dans un arrangement jazzy intéressant, où l’on devine ici un certain humour dans la musique d’Ottman et Buckley qui illustre parfaitement le ton satirique et décalé du film de Shane Black. « A Little Favor » introduit quand à lui un second thème qui s’avère être une variante plus lente et intime du thème principal, motif plus mélancolique associé à Healy dans le film et son lien avec sa fille Holly, pour laquelle il essaie d’être un bon père malgré tout. « Chet in the Dumps » reprend le thème d’Healy/Holly avec son piano et sa trompette mélancolique, incluant quelques passages de suspense – on note ici des effets de flûte en écho, typique des années 70 – « You Got Her/Easy 20 » met l’accent sur les rythmes funky dans le film, apportant là aussi un caractère cool et rebelle aux deux héros du film, même si le second degré est là aussi de rigueur. La confrontation avec le tueur à gages John Boy (Matt Bomer) dans « Meeting John Boy » permet à Ottman et Buckley de nous offrir un autre déchaînement orchestral et percussif pour la scène de la fusillade chez March, alors que Boy tente de récupérer Amelia par tous les moyens. On appréciera ici la puissance de l’orchestre, des éléments électroniques et du jeu des percussions agressives qui renforcent la tension au cours de la fusillade.

L’enquête se poursuit ensuite jusqu’à l’hôtel où se trouve John Boy dans « It’s Not a Flight ». On appréciera ici le jeu funky de la basse et de la guitare électrique typique des années 70, notamment dans l’utilisation de pédale wah-wah (en plus du traditionnel orgue hammond et de la trompette). « Cars That Drive Themselves » développe le thème mélancolique d’Healy et Holly au piano, apportant un semblant d’émotion au film avant de céder à nouveau le pas aux rythmes funky/jazz. Le thème d’Holly est aussi repris dans « Yoohoo Delivery/Breaking In » qui s’avère lui aussi particulièrement touchant et doucement mélancolique. La confrontation finale débute dans « Car Show Shoot Out » pour la fusillade avec John Boy lors du salon de l’automobile de Los Angeles à la fin du film, et un nouveau morceau d’action trépidant et excitant basé sur des allusions au thème principal des « Nice Guys », que l’on apprécie pour ses nombreux rebondissements rythmiques assez prenants dans le film comme sur l’album, sans oublier son final de trompette héroïque assez savoureux. A noter l’excellente reprise funky du thème principal dans « Follow the Yellow Dick Road » avec l’utilisation caractéristique du clavecin, sans oublier les conclusifs « P.I. Life » et la piste bonus « Flight of the Bumble Bee/The Right Thing to Do ». John Ottman et David Buckley signent donc un sympathique pastiche des musiques funky/jazz typique des années 70 pour « The Nice Guys », entre fun, mélancolie, suspense et action cool, un score qui s’apprécie d’autant plus sur l’album, qui révèle une multitude de détails plus difficiles à cerner à l’écran. Situé à mi-chemin entre les musiques de heist movie rétro et les films de blaxploitation des seventies, la partition de « The Nice Guys » s’impose comme une sympathique surprise qui devrait redonner le sourire aux inconditionnels de John Ottman.




---Quentin Billard