1-He's Here For Us 3.20
2-A Long Ride Ahead 3.56
3-Wobani Imperial Labor Camp 0.55
4-Trust Goes Both Ways 2.45
5-When Has Become Now 1.59
6-Jedha Arrival 2.48
7-Jedha City Ambush 2.19
8-Star-Dust 3.47
9-Confrontation On Eadu 8.06
10-Krennic's Aspirations 4.16
11-Rebellions Are Built On Hope 2.56
12-Rogue One 2.05
13-Cargo Shuttle SW-0608 4.00
14-Scrambling The Rebel Fleet 1.33
15-AT-ACT Assault 2.55
16-The Master Switch 4.03
17-Your Father Would Be Proud 4.52
18-Hope 1.38
19-Jyn Erso & Hope Suite 5.52
20-The Imperial Suite 2.30
21-Guardians of the Whills Suite 2.53

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Walt Disney Records D002424702

Score produit par:
Michael Giacchino
Montage musique:
Warren Brown, Stephen M. Davis
Superviseur monteur score:
John Finklea
Orchestrations:
Tim Simonec, Brad Dechter,
Mark Gasbarro, Jeff Kryka,
William Ross

Direction préparation musique:
Booker White
Préparation musique:
Aaron Meyer

Artwork and pictures (c) 2016 Lucasfilm. All rights reserved.

Note: ****
ROGUE ONE :
A STAR WARS STORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
« Rogue One » est un spin-off de la saga « Star Wars », dont l’histoire se déroule entre les épisodes III et IV. C’est le premier film d’une série de trois long-métrages dédiés à l’univers dérivé de « Star Wars ». Le second opus est prévu en 2018 et le troisième en 2020. On sait par ailleurs que depuis que la franchise a été récupérée par Disney, le merchandising monstrueux autour de la franchise n’a jamais été aussi prolixe depuis ces dernières années. Réalisé par le britannique Gareth Edwards (remarqué pour ses excellents « Monsters » et « Godzilla »), « Rogue One » est un pur film de guerre futuriste qui se concentre sur les événements survenus juste avant « Star Wars Episode IV : A New Hope » (1977). L’histoire se déroule des années après les événements de l’épisode III (« Revenge of the Sith »). Jyn Erso vit sur la planète Lah’mu avec son père Galen Erso (Mads Mikkelsen), un ingénieur qui a fuit l’oppression de l’Empire galactique. Mais les troupes d’Orson Krennic (Ben Mendelsohn) le retrouvent et l’obligent à terminer la construction de la gigantesque Etoile noire, la puissante arme spatiale de l’Empire. Les soldats de Krennic exécutent alors son épouse Lyra (Valene Kane), tandis que la jeune Jyn est obligée de se cacher dans une trappe au fond d’une grotte. Après le départ des troupes ennemies, Jyn est recueillie par Saw Gerrera (Forest Whitaker), un ami de la famille et farouche opposant à l’Empire galactique, qui l’élèvera et complètera sa formation. Quinze ans plus tard, Jyn Erso (Felicity Jones), qui vit sous une nouvelle identité, est capturée et envoyée dans un camp de travail de l’Empire sur la planète Wobani, où elle sera finalement délivrée par des membres de l’Alliance Rebelle dirigés par le capitaine Cassian Andor (Diego Luna). Ils se rendent alors sur la base secrète de l’Alliance dans la lune Yavin IV. Au même moment, Galen Erso charge un pilote de cargo qui travaille pour l’Empire, le déserteur Bodhi Rook (Riz Ahmed), de délivrer un message crucial à Saw Gerrera révélant un important secret : il a placé une faille au cœur de l’Etoile de la mort qui permet de détruire l’arme absolue de l’Empire. Mon Mothma (Genevie O’Reilly), sénatrice dirigeante de l’Alliance sur Yavin IV, apprend à Jyn Erso que son père est le responsable de la construction de l’Etoile noire. Une mission cruciale est alors organisée afin de retrouver le message envoyé à Saw Gerrera, qui s’est radicalisé au fil des années mais acceptera probablement de parler à Jyn Erso. Mon Mothma charge par la même occasion Cassian Andor de retrouver Galen Erso et de le tuer en secret. Les alliés dirigés par Andor se rendent ensuite sur Jedha avec le droïde K-S20, à la recherche de Saw Gerrera et du message secret de Galen. Pendant ce temps, l’Empire décide de tester l’Etoile noire en effectuant un premier tir sur la capitale de Jedha, détruisant la ville de Saw Gerrera et tous ses occupants. Les alliés parviennent alors à s’échapper in extremis, tandis que Jyn est parvenu à écouter le message secret de son père. Désormais, l’Alliance rebelle sait que l’Etoile noire contient une faille qui pourrait provoquer sa destruction. L’équipe de Jyn Erso et de Cassian Andor sera finalement envoyée sur la planète tropicale Scarif, où sont stockés les plans de l’Etoile noire dans une gigantesque base de données ultra protégée. Les rebelles savent que cette ultime mission périlleuse leur permettra de prendre un avantage décisif dans la guerre contre l’Empire galactique.

Evénement cinématographique de la fin d’année 2016, « Rogue One : A Star Wars Story » est le nouvel épisode de l’increvable franchise « Star Wars », tourné peu de temps après l’épisode VII, « The Force Awakens ». C’est l’occasion de revenir en arrière dans la chronologie de la saga avec cette parenthèse située entre les épisodes III et IV, qui s’inspire de la phrase d’accroche de l’épisode IV : « des espions rebelles ont réussi à voler les plans secrets de l’arme ultime de l’Empire, l’Etoile de la mort ». Le concept du film était donc de s’imaginer l’histoire de ces rebelles qui iront jusqu’au bout pour accomplir une mission suicide insensée afin de permettre à l’Alliance Rebelle de marquer un point dans ce conflit galactique. Tourné en 3D avec un budget pharamineux, « Rogue One » est une superproduction dans la continuité des films précédents de la saga « Star Wars », à ceci près que Gareth Edwards parvient à insuffler à son film une dimension guerrière et martiale saisissante. Ce spin-off s’avère ainsi beaucoup plus sombre et radical dans son traitement scénaristique, alignant tous les codes habituels des films de guerre américains : des héros qui se sacrifient, des missions suicides, des opérations de sabotage, d’infiltrations, d’espionnage, tout y passe avec une ferveur constante et un rythme très soutenu. Le récit multiplie les sous-intrigues et les personnages secondaires, à tel point que la saga compte un nombre incalculable de personnages, tout épisode confondu. Par ailleurs, la bonne idée de ce « Rogue One » vient du fait que le récit délaisse l’aspect space-opera habituel au profit d’une vraie atmosphère de guerre, avec des scènes comme la séquence du débarquement sur les plages de Scarif à la fin du film, qui rappellent évidemment les scènes de débarquement en Normandie durant la Seconde Guerre Mondiale que l’on a pu voir dans un très grand nombre de films de guerre hollywoodiens. Nostalgie oblige, le film reprend aussi l’esthétique du « Star Wars » de 1977, et marque le retour très attendu de l’emblématique Dark Vador au cinéma, au cours d’une scène démentielle où le célèbre Seigneur Sith combat des rebelles à coup de sabre laser à la fin du film (un grand moment pour les fans de la saga). Pour une question de continuité, les concepteurs du film sont même allés jusqu’à reproduire numériquement Peter Cushing dans le rôle-clé du Grand Moff Tarkin de 77, sans oublier le caméo final de Leia Organa, reproduite elle aussi numériquement. Niveau casting, le film est un festival de têtes connues : outre la jolie Felicity Jones, le film réunit Diego Luna, Donnie Yen, Ben Mendelsohn, Forest Whitaker, Mads Mikkelsen, Alan Tudyk, Riz Ahmed, Warwick Davis, Jimmy Smits, etc. « Rogue One » s’avère donc un film bien plus sombre et martial que ses prédécesseurs, et malgré son final plein d’espoir débouchant sur le début de l’épisode IV, on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au coeur pour la conclusion des aventures de ces rebelles déterminés à voler les plans de l’Etoile noire. Les effets spéciaux sont quand à eux proprement hallucinants, tout comme les nombreuses scènes de bataille du film, d’une intensité et d’un réalisme ahurissant.

Prévue à l’origine pour Alexandre Desplat, la musique de « Rogue One » sera finalement confiée à Michael Giacchino, chargé d’écrire l’intégralité de la musique du film de Gareth Edwards à seulement quelques semaines avant sa sortie en salles. On sait par ailleurs que le désistement de Desplat est dû à un problème d’emploi du temps, en partie lié aux nombreuses scènes additionnelles tournées à la dernière minute pour le film. Pour les besoins du film, Michael Giacchino a dû s’inspirer du style de John Williams sur la saga « Star Wars » en proposant de nouvelles idées thématiques dans la continuité des précédents travaux du maestro américain. Certains thèmes bien connus de la saga sont ici repris, et notamment le thème de la Force, celui de Dark Vador, la fanfare des rebelles de « A New Hope » et le célèbre thème principal de Luke Skywalker. Le choix de Michael Giacchino sur « Rogue One » paraît peu surprenant lorsqu’on sait à quel point le compositeur s’est fait connaître à la fin des années 90 avec ses musiques symphoniques pour la série des jeux vidéo « Medal of Honor » qui étaient déjà très inspirés de John Williams. La suite de sa carrière a semblé très clairement orientée dans la même veine, comme le confirme sa participation à « Jurassic World » en 2015 pour lequel Giacchino avait déjà du adapter des anciens thèmes de Williams. Pour concevoir la musique de « Rogue One », Giacchino a tout d’abord étudié les travaux des deux orchestrateurs attitrés de John Williams sur la saga, William Ross et Herbert W. Spencer, afin de reproduire parfaitement l’esthétique et l’ambiance musicale des musiques de la franchise. Gareth Edwards a néanmoins offert la possibilité à Giacchino de proposer de nouveaux thèmes, un fait plutôt logique étant donné que « Rogue One » est un épisode à part de la saga et que certains personnages introduits dans ce film ne sont pas prévus pour réapparaître dans des futurs « Star Wars ».

Pour bien appréhender le travail de Giacchino sur « Rogue One », il faut donc se pencher sur l’écriture thématique du score, qui respecte la tradition wagnérienne des leitmotive musicaux de la saga. Le premier nouveau thème est celui de l’Empire et de Krennic, entendu sur l’album dans « The Imperial Suite ». Cousin évident du thème de Dark Vador, cette nouvelle mélodie s’identifie aisément par sa mélodie de cuivres belliqueux sur fond d’ostinato rythmique militaire scandé de manière tyrannique. Le nouveau thème impérial s’avère assez présent dans le film bien que son identité reste un peu mitigée, située entre le célèbre thème militaire de John Williams et les thèmes que Giacchino composa pour les allemands dans certains « Medal of Honor ». Le deuxième grand thème est celui associé à Jyn Erso, mélodie dramatique, héroïque et noble pour le personnage de Felicity Jones, mélodie facilement identifiable et très vite entendue dans le film. Le thème de Jyn rappelle vaguement celui de Rey dans « The Force Awakens » et possède cette noblesse d’âme qui évoque la détermination de l’héroïne à accomplir sa quête et à venger l’honneur de son père. Un troisième thème est associé à Chirrut Imwe (Donnie Yen), le Jedi spécialiste des arts martiaux qui accompagne les rebelles tout au long de leur périple. Entendu dans « Guardians of the Whills Suite », ce thème évoque le caractère mystique et noble du personnage, la mélodie de Chirrut étant curieusement calquée sur le Love Theme de l’épisode II « Attack of the Clones ». On regrettera aussi le côté un peu statique du thème qui se distingue surtout par ses notes longues peu trépidantes, évoquant davantage les pouvoirs intérieurs du personnage, avec de vagues ressemblances au thème de la Force – la partie B du thème introduit des choeurs plus majestueux évoquant les pouvoirs de Jedi de Chirrut – Assez présent dans le film, le thème de Chirrut n’est malheureusement pas la mélodie la plus réussie du score, mais elle apporte néanmoins une certaine prestance au personnage de Donnie Yen dans le film, y compris lors de son sacrifice final. Le quatrième nouveau thème est celui de la nouvelle fanfare héroïque associée aux rebelles. Ce thème est introduit dès le générique de début à 3:45 dans « A Long Ride Ahead » et s’apparente comme un lointain cousin de la célèbre fanfare de « Star Wars » : l’orchestration est assez proche (cuivres joués en harmonie, rythme martial marqué de manière triomphale, etc.) tout comme la mélodie qui rappelle celle de Williams.

Il faut tout de même remarquer que l’emploi d’une nouvelle fanfare en ouverture du film est assez curieux : pourquoi ne pas s’être contenté de reprendre simplement le célèbre thème de Williams ? « Rogue One » est d’ailleurs le premier film de la franchise qui ne respecte pas la tradition des préludes musicaux de la saga et de l’éternelle fanfare héroïque entendue systématiquement depuis 1977 en ouverture de tous les « Star Wars » - d’autant que ce nouveau thème est sympathique mais manque clairement de personnalité, il n’a d’ailleurs certainement pas le charisme du thème de Williams et souffre quelque peu d’une comparaison forcément inévitable – D’une manière générale, il s’agit là d’un problème récurrent du score de « Rogue One » : à trop vouloir singer l’écriture thématique de John Williams, Michael Giacchino se perd en cours de route avec des thèmes soignés et bien écrits mais qui manquent clairement de personnalité, d’une identité forte, à cause de leur trop grande ressemblance ou de leur parenté semi-avouée à certains thèmes bien connus de la franchise. L’idée de vouloir concevoir une nouvelle identité musicale pour « Rogue One » est intéressant mais peine à convaincre totalement, malgré tous les efforts entrepris par le compositeur. Peut-être aurait-il fallut employer davantage les anciens thèmes de Williams et se contenter de nouveaux thèmes secondaires ? Quoiqu’il en soit, le compositeur établit une base thématique solide pour « Rogue One » et nous propose ainsi une partition symphonique ample et belliqueuse en parfaite adéquation avec le ton militariste et guerrier du métrage de Gareth Edwards. A noter qu’il est par ailleurs recommandé d’écouter le promo de 75 minutes édité par Disney contenant 6 minutes supplémentaires par rapport à l’album officiel – et incluant le générique de fin curieusement absent de l’édition CD normale -

Le film débute de manière sombre avec « He’s Here For Us », qui dévoile un nouveau thème guerrier associé à Krennic pour l’introduction du film (aux cuivres à 0:46). Niveau orchestration, Giacchino reste ici dans la continuité de John Williams avec une écriture classique et très caractéristique de l’univers musical des « Star Wars » (à noter quelques éléments électroniques discrets incorporés à l’orchestre). Une flûte alto suggère à 2:53 le thème de Jyn Erso. « A Long Ride Ahead » s’avère plutôt sombre, avec ses percussions diverses et ses cuivres belliqueux typiques de « Rogue One ». Une brève allusion au thème de Jyn débute à 2:50 aux flûtes et le titre apparaît à la fin de l’intro du film avec l’envolée de la nouvelle fanfare héroïque pour les rebelles à 3:45. On retrouve ensuite le thème de Jyn joué par des violoncelles dans « Wobani Imperial Labor Camp », puis au début de « Trust Goes Both Ways ». « When Has Become Now » développe quand à lui le thème impérial. A noter que Giacchino cite par ailleurs le motif ascendant massif de l’Etoile noire entendue dans « Star Wars : A New Hope » (on l’entend ici à 0:24). La musique devient alors plus sombre et menaçante pour les scènes avec Krennic et le Grand Moff Tarkin. « Jedha Arrival » illustre la séquence sur la planète Jedha où se trouve Saw Gerrera, tandis que « Jedha City Ambush » est l’un des premiers morceaux d’action majeur du score de « Rogue One » pour la scène de l’embuscade sur Jedha. Giacchino nous offre ici un premier déchaînement orchestral robuste et tonitruant, faisant la part belle aux cuivres, aux percussions et aux cordes, avec un classicisme d’écriture clairement calqué sur Williams. A noter l’emploi des trompettes sur la partie finale et des percussions tribales, typiques de Giacchino. « Star-Dust » utilise un piano plus intimiste et mélancolique qui apporte un relief bienveillant à une partition somme toute très chargée et extrêmement belliqueuse. L’action reprend ses droits dans le frénétique « Confrontation on Eadu » pour la scène où les rebelles attaquent une base scientifique de l’Empire où travaille Galen Erso.

L’écriture complexe des cuivres et des rebondissements rythmiques rappelle clairement ici certains passages de « The Empire Strikes Back » de John Williams. A noter ici deux allusions thématiques fort appréciables : le thème noble de Chirrut joué de manière héroïque entre 5:01 et 5:11, et une superbe reprise élégiaque et tragique du thème de Jyn aux cordes à 7:05 lorsque la jeune femme pleure la mort de son père tué pendant l’affrontement. « Krennic’s Aspirations » réintroduit quand à lui le thème de Dark Vador dans une reprise sournoise et menaçante du célèbre thème de Williams, juxtaposé ici à quelques variations autour d’un motif sombre associé à l’Empire, repris du premier score de Williams pour « Star Wars : A New Hope ». Ce motif impérial secondaire est entendu notamment par des trombones en sourdine à 1:46. Giacchino se fait plaisir en utilisant même des éléments secondaires moins connu des scores du maestro américain, des détails intéressants qui séduiront à coup sûr les fans des musiques de la saga. « Rebellions Are Built on Hope » nous introduit au dernier acte du film, lorsque les rebelles décident d’organiser un plan ambitieux visant à dérober les plans de l’Etoile noire. Le nouveau thème des rebelles (entendu à la fin de « A Long Ride Ahead ») est repris de manière touchante et solennelle par un cor solo à 1:19, brillamment juxtaposé au thème de Jyn. On ressent ici un mélange émouvant d’espoir et de résignation qui apporte une vraie chaleur aux images, tout en annonçant déjà la destinée des rebelles. Les préparatifs de la mission dans « Rogue One » permettent à Giacchino de nous offrir de belles références au thème de la Force (à 0:30 et à 1:49), avec une coda très contrapuntique des cordes qui rappellerait presque la fanfare des rebelles dans « Star Wars : The Force Awakens ».

Après l’excitant « Scrambling the Rebel Fleet » qui nous propose une superbe reprise héroïque et guerrière du thème de Jyn à ne surtout pas rater (0:58), une allusion au célèbre thème de « Star Wars » joué par des flûtes (à 1:17), « AT-ACT Assault » illustre la bataille finale sur la plage de Scarif dans un morceau d’action aux rythmes complexes et bondissants, qui rappelle clairement la bataille de Hoth dans « The Empire Strikes Back », notamment dans l’emploi des percussions métalliques et du piano. Les fans vont décoller de leur siège en entendant la superbe envolée triomphante de la fanfare des rebelles du premier « Star Wars » de Williams à 1:35. « AT-ACT Assault » est à coup sûr l’un des meilleurs passages du score de « Rogue One », dans lequel Michael Giacchino exprime une passion évidente pour la musique de John Williams à travers une écriture très riche et des orchestrations extrêmement proches du maestro américain. La bataille s’intensifie dans le dramatique « The Master Switch », incluant une envolée dramatique du nouveau thème des rebelles (à 1:40) et du thème de Chirrut, dans une envolée tragique de toute beauté, avec un violon soliste, l’orchestre et des choeurs élégiaques illustrant le sacrifice final du personnage de Donnie Yen. Généralement peu à l’aise dans le registre de l’émotion, Giacchino se montre extrêmement adroit dans les moments dramatiques de « Rogue One », que ce soit pour la mort de Galen Erso ou le sacrifice final de certains rebelles à la fin du film. C’est d’ailleurs en toute logique qu’on débouche sur le tragique « Your Father Would Be Proud » pour le sacrifice de Jyn et Cassian à la fin du film, un adagio bouleversant et élégiaque d’une grande beauté, accompagné de choeurs dramatiques qui apportent un éclairage émotionnel saisissant à cette séquence, incluant une grande et puissante envolée orchestrale/chorale du thème de Jyn à 3:34. Et si cela ne vous suffit pas, il reste les choeurs apocalyptiques et surpuissants de « Hope » avec une reprise impressionnante du thème de Dark Vador et de l’Etoile noire pour la coda du film.

Michael Giacchino signe donc une partition véritablement impressionnante pour « Rogue One », révélant un savoir-faire devenu rarissime de nos jours à Hollywood. Le score est un véritable hommage à la richesse incomparable de l’univers musical des « Star Wars », Giacchino parvenant avec justesse à mélanger ses propres idées avec celles de John Williams pour un résultat hybride très respectueux des codes musicaux de la franchise. Les thèmes sont nombreux et variés, tout comme les allusions aux célèbres mélodies de Williams et à des idées secondaires plutôt destinées aux aficionados des musiques de « Star Wars » (le motif impérial du film de 77, le motif de l’Etoile noire, etc.). Evidemment, le score n’est guère exempt de défauts, à commencer par une écriture souvent très chargée, notamment dans les morceaux d’action, qui s’avèrent assez compacts et manquent un peu de relief dans les orchestrations, là où Williams parvenait à trouver un juste équilibre grâce à des idées d’orchestration plus fluides et variées. D’autre part, les reprises du thème de la Force ne sont pas toujours bien placées sur les images du film et frôlent parfois le hors-sujet, d’autant qu’elles ne s’imbriquent pas toujours idéalement dans la musique de Giacchino.

Le compositeur se montre ainsi quelque peu maladroit dans ses allusions thématiques aux « Star Wars », oscillant entre le trop ou le pas assez (le thème de la princesse Leia est cité très timidement dans le film, tout comme celui de Luke Skywalker et des rebelles !). Soucieux d’offrir une nouvelle identité musicale à ce spin-off, Giacchino jongle ainsi entre ses idées et celles de Williams dans un véritable numéro d’équilibriste qu’on devine fort peu aisé. Comment satisfaire tout le monde dans ce cas précis ? Ou bien les idées sont trop nouvelles et les fans lui tomberont dessus, l’accusant de ne pas respecter les canons de la franchise, ou bien les reprises des mélodies bien connues seront trop nombreuses et inciteront les critiques à lui reprocher de faire du sous-Williams sans apporter quoique ce soit de nouveau. Giacchino et les producteurs du film ont donc tranché en mélangeant ces deux éléments pour un résultat hybride épatant, certes peu original et parsemé de quelques défauts regrettables, mais d’une richesse impressionnante (le score n’a été écrit qu’en quelques semaines seulement !) et d’un classicisme épatant, à découvrir surtout sur le promo de 75 minutes publié par Disney, bien plus intéressant que l’album officiel de 69 minutes. Indissociable du film, le score de Giacchino devrait donc rassurer les fans de la saga et combler les attentes du public en attendant la prochaine partition de John Williams pour l’épisode VIII, « The Last Jedi », dont la sortie au cinéma est prévue pour la fin de l’année 2017.



---Quentin Billard